Lorsque ce matin là, le léger rayon de soleil qui avait réussi à franchir les gros nuages gris, James eu du mal à ouvrir les yeux. Les divers préparatifs qu’il avait du se charger pour combattre la tempête qui menaçait de s’abattre sur la ville avait retenus toute son attention et surtout toute sa force. Il avait passé la plupart de la semaine dehors à parcourir son domaine pour rendre visite aux fermiers dont il était en charge. Il avait du mettre la main à la pâte après tout c’était son devoir en tant que propriétaire et c’est ainsi que la veille, il était revenu totalement épuisé de sa journée bien chargée.

C’est donc avec difficulté qu’il sortit de son lit, sentant les efforts physiques de la veille pesait sur son corps. Il n’était pas habitué à faire des travaux manuels, ce qui était en équation avec son rang. Un aristocrate ne devait en aucun cas faire des travaux manuels mais pour ce genre d’urgence, il faisait bonne figure des habitudes et n’hésitez pas à y mettre du sien. C’est ainsi qu’après un bon bain que ses domestiques avait fait couler pour lui, il descendit prendre un copieux déjeuner avant de voguer à son activité favorite : la marche.

Fièrement habillé d’un pantalon ¾ de couleur grise qu’il avait accompagné de bas blanc et de souliers noirs en cuirs. Il avait choisi un chemisier en coton blanc auquel il avait ajouté sa veste en coton bleu-gris et son haut de forme en sortant de la demeure. Lorsqu’il huma l’air frais de la campagne, son visage reprit des couleurs, rien ne valait de mieux qu’une balade en début de matinée. Au bout d’une vingtaine de minutes, il quitta les terres de son domaine pour se diriger vers les plaines de Highbury où il se rendait parfois pour changer des bois. C’est ainsi qu’il flâna pendant près d’une heure en admirant les paysages pourtant désormais si familier pour lui mais dont il ne se lassait jamais. Seulement au bout d’un moment tandis que la matinée suivait le cours de son espace temps, il remarqua une forme se dessiner à une centaine de mètres de lui. Plus il s’avançait vers celle-ci plus il pouvait supposer de l’identité de cette personne. La première chose qu’il pu être certain, c'est que que c’était une femme, jeune ou plus âgée que lui, il n’aurait pu le dire avec certitude. D’une taille assez moyenne, des cheveux longs couleurs dorés bien coiffés et plus celle-ci s’avançait vers sa direction plus la silhouette lui semblait étrangement étrangère. C’est lorsqu’elle se trouva à une dizaine de mètre de lui qu’il pu enfin mettre un nom sur un visage : Mary Springbury. Charles avait à une époque beaucoup conversé avec elle et la trouvait très charmante. C’était une fille intègre et timide, de charmante compagnie et surtout quelqu’un d’adorable. Il la considérait comme une amie et ne manquait aucune occasion de lui parler lorsqu’il la croissait. Ça serait surement encore le cas si ce terrible accident ne s’était pas produit. L’oncle de la jeune fille, David Fieldway quant à lui était un homme au total opposé de sa nièce, cupide et cruel, mais avant tout le seul coupable de l’escroquerie dont les Handiltons étaient les seules victimes. Les parents de James lui avait accordait toute leur confiance dans une affaire dont James ignorait les détails mais il avait appris que suite à cette affaire, l’homme en question avait fait du chantage à sa famille. Un acte inqualifiable et surtout bien trop douleureux pour la famille du jeune homme qui rompit tout contact avec les Springbury, du jour au lendemain. Il était donc bien évident qu’ils avaient également interdit à James de voir de nouveau Mary et ce n’était donc que par obligation qu’il avait rompu tout contact avec elle.

Même si James avait le devoir et détestait de manière quasi-officiel l’oncle de la jeune fille, il ressentait toujours de l’amitié pour la jeune fille et ne se montrait jamais désobligeant avec elle et ce même en public mais bien sur dans ses cas là, il la saluait tout simplement sans pour autant lui adresser la parole. Puisqu’ils étaient seuls dans le coin, il ne vit aucune obligation de se montrer austère avec elle. Après tout, bien que David était son oncle, la jeune fille n’avait pas à payer pour les coups bas de celui qui faisait le déshonneur de sa famille, c’est ainsi que lorsqu’ils se trouvèrent désormais qu’à un mètre l’un de l’autre, celui-ci enleva son haut de forme et la salua respectueusement comme on lui avait habitué à le faire.

« Bonjour Lady Springbury, quelle surprise de vous voir seule ici. » Avait-il dit simplement sans aucune animosité. Il trouvait étonnant qu’une jeune fille surtout après cette annonce qui avait bouleversée les habitudes des villageois, se déplace seule sans aucun homme à ses côtés.
« J’espère que vous vous portez bien ? » Ajouta-t-il simplement en relevant la tête avec un petit sourire sur les lèvres gêné de la situation.

Après tout, la jeune fille avait désormais toutes les raisons de le dédaigner puisque lui-même le faisait en présence d’autres personnes. Bien que dans son cas, c’était uniquement par esprit de loyauté familiale qu’il avait recours à un tel acte, qui enlevait singulièrement du prestige à son rang de gentleman.

Mary avait pour habitude de faire au moins une promenade par semaine (autant pour sa forme physique que pour sa forme spirituelle car elle profitait de ses promenades en solitaire pour réfléchir), du moins si la santé de son père le lui permettait, et ce jour-ci était précisément celui qui convenait. Il ne faisait pas trop chaud, le soleil ne promettait pas de taper trop fort et d'entacher le teint blanc de la demoiselle, et son père se portait presque à merveille, autrement dit, il n'y avait aucune objection à ce qu'elle sortit. Le plus cruel de ses choix fut de se décider pour le cheval ou la marche à pied, et il lui couta finalement peu de choisir la deuxième possibilité. Elle s'habilla donc en conséquence, et enfila une robe plus sombre que de coutume, dans les tons bruns, simplement parce qu'elle craignait de tâcher plus facilement une robe claire sur les chemins poussiéreux et boueux qu'elle aurait dans doute à emprunter qu'une robe foncé.

Une fois vêtue, Mary sortit du manoir des Springbury et choisit une destination qu'elle affectionnait tout particulièrement depuis sa rencontre avec Henry en ce lieu même, c'est à dire Highbury Plains. Cet amour coûtait un peu trop qu'elle ne l'aurait souhaité à Mary, car il est assez délicat d'aimer un homme dont on hait si profondément le père, et dont, détail négligeable pour Mary, la réputation risquait d'entacher celle de son aimée. Ce dernier élément ne gênait pas Mary, mais le premier en revanche, la fâchait beaucoup. Son oncle faisait parfois qu'on se détournait des Springbury, de Lord Springbury même, et la jeune Mary, pourtant peu revancharde ou contrariante, en éprouvait un léger sentiment d'injustice.

Elle eut d'ailleurs sous les yeux un exemple frappant des dégâts que pouvait causer son oncle, en reconnaissant non loin d'elle, se promenant sur les landes, Lord Handilton. C'était un homme que Mary estimait beaucoup, même après son mariage avec Isabelle Handilton, bien que cela se soit fait pour des raisons principalement pécuniaires. Mary avait toujours trouvé que James Handilton était l'homme idéal, qui au fond sans doute, si elle avait eu le désir de se marier, lui aurait semblé être le meilleur parti. Cela était en tout cas le cas avant qu'elle ne s'éprenne de son cousin. Il conservait à ses yeux l'image de ce que n'importe quel gentleman aurait du être, et elle ne lui tenait pas rigueur de ne point trop lui adresser la parole lorsqu'elle était avec Mr. Fieldway père-elle aussi éviterait bien de parler à son oncle si cela lui était permis-, et elle lui répondit donc dans les termes les plus respectables et les plus chaleureux, après s'être inclinée comme le voulait les convenances :

"C'est une surprise pour moi également de vous trouver ici, Lord Handilton, mais elle est agréable, assurément." Cela n'avait rien d'une phrase d'aguicheuse dans la bouche de l'innocente Mary, mais cela témoignait plutôt de la sincérité de la joie de la jeune femme, autant que le sourire timide qu'elle avait aux lèvres. Avant qu'elle ne poursuivit, elle remarqua son air gêné, et tenta à sa manière de le tranquiliser : "Je vais bien, merci, et j'espère qu'il en a été de même pour vous depuis la dernière fois que nous nous sommes parlés, il y a fort longtemps, je crois... Lady Handilton se porte-t-elle bien, ainsi que toute votre famille ?" Là, ce fut autour de Mary de paraître gênée. Elle n'était pas sans avoir, même d'une manière floue, que les Handilton avait souffert du comportement de son oncle. Aussi rougit elle.

En signe de réponse Mary s’inclina devant lui et répondit d’un timide sourire :

« C’est une surprise pour moi également de vous trouver ici, Lors Handilton, mais elle est agréable, assurément. »

Il se senti soulagé qu’elle ne lui en tire pas grâce des diverses occasions où il l’avait ainsi pour dire peu témoigné d’amitié comme il avait pu le faire à une époque. James avait toujours apprécié sa compagnie et s’était avec un certain regret qu’il avait du abandonner toute amitié avec elle. Une bien triste décision qu’il avait du prendre pour répondre aux attentes de sa famille.

« Je vais bien, merci, et j'espère qu'il en a été de même pour vous depuis la dernière fois que nous nous sommes parlés, il y a fort longtemps, je crois... Lady Handilton se porte-t-elle bien, ainsi que toute votre famille ? »

Il était vrai que quelques semaines s’étaient écoulés depuis leur dernière rencontre, peut être à ce bal là ou l’annonce de la tempête s’était fait annoncée ? James ne saurait le dire, il avait l’impression qu’un siècle était déjà passé depuis ce jour. Cependant la question de Mary, le prit de court, depuis combien de temps ne s’était il pas retrouvé auprès de son épouse, voir même combien de temps s’était-il écoulé depuis la dernière fois qu’il lui avait parlé en tête en tête ? Trop de temps selon lui, au point qu’il ne su quoi répondre au sujet de son épouse. L’air cependant quelque peu gênée de la jeune Mary, le sorti un instant de ses pensées. James avait toujours apprécié Mary car il avait l’impression de se reconnaitre en elle et c’était d’ailleurs ce qui leur avait permit de lier une amitié, qu’il jugeait sincère. Avec elle, il ne manquait pas de lui parler de ses soucis sachant parfaitement qu’il pouvait compter sur sa discrétion tout comme il pouvait compter sur celle de Georges lorsqu’il se posait mil et une questions.

« Je vais fort bien, bien que nous soyons dans une époque pleine de tourments. Mes affaires m’appellent à tous les coins du conté afin de prévenir aux mieux nos domaines de la future catastrophe. Vous comprendrez donc aisément je l’espère que je ne puisse en dire autant pour ma jeune épouse… » Avait-il simplement répondu en remettant son chapeau.

Il l’invita donc à poursuivre le chemin d’un signe de la main, lui indiquant de cette façon qu’il l’accompagnait dans sa marche. Un silence s’installa tandis qu’on pouvait attendre les bruits des oiseaux. James était reparti dans ses pensées. Il pensait à son comportement envers Isabelle. Se montrait-il trop froid ? Trop réservé ? Il n’osait en toucher mot à quiconque de peur de se trahir pourtant mil questions le persécutait chaque jour, chaque minute lorsqu’il n’était pas occupé par quelque chose. Mary avait toujours été une confidente tout à fait idéale, il pouvait compter sur elle pour avoir un avis correct sur quelque chose et d’ailleurs il s’était remis à son bon jugement plusieurs fois.

« Dites moi, Lady Mary, me jugeriez vous inopportun si je vous demandais votre avis sur quelque chose en particulier ? »

Certes Mary n’était pas sans savoir comme une grande partie du village que le mariage qui le liait à sa femme était une question d’affaires financières et de fierté bien aristocratique. Mais cependant James lui retirait toute incidence et culpabilité dans cette affaire, ce qui faisait d’elle, la seule personne capable à part Georges de pouvoir lui être d’une aide en cette affaire sans avoir à craindre, une fuite.

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La réponse de la jeune demoiselle ne se fit pas trop attendre. Avec douceur et surtout gentillesse, elle répondit positivement à sa requête et qu’elle l’aiderait dans son problème du mieux qu’elle le pouvait. James se sentit à la fois rassuré et reconnaissant envers la jeune femme. Il n’avait jamais été un jeune homme doué en relation amoureuse, on peut même dire que c’était un domaine dans lequel il ne s’était jamais aventuré. Le respect et les valeurs qu’on lui a apprissent ont toujours étaient un frein à son avancé vers ce qu’on appelle communément « la séduction ». Pour ainsi dire, James était un parfait novice en la matière. Donc le fait d’être tombé amoureux de sa femme sans avoir à la conquérir était à la fois une chance et une malchance. S’il ratait son objectif, sa vie de couple deviendrait encore pire qu’elle ne l’était et il n’était pas vraiment sur de pouvoir supporter une situation, mil fois pire que celle qu’il vivait à l’heure actuelle. C’est pour cette raison qu’il avait envie d’avoir l’avis de Mary et qui sait quelques conseils à la matière. Mary était une charmante jeune fille et devait donc être courtisée, ce qui faisait qu’elle serait à même de mieux le renseigner sur ce qu’aime ou n’aime pas les jeunes filles. Mais c’était tout de même un sujet bien délicat à aborder et surtout pour un naturel si réservé que celui de James. Il devait trouver les bons mots et la bonne tournure pour ne pas paraitre trop idiot aux yeux de sa jeune amie. Certes il savait qu’il pouvait compter sur sa discrétion et sa politesse mais cela ne l’empêchait pas d’avoir honte de devoir poser une telle question. C’est pour cette raison qu’il mit un peu de temps pour formuler sa requête.

« Je suppose que vous n’êtes pas sans savoir que mon mariage avec ma jeune épouse…s’est déroulé dans des conditions quelques peu inhabituelles aux coutumes qu’on est amené à voir dans la région.. » Il se tut un instant, se demandant toujours comment il pouvait tourner une telle requête si incongrue. Il se racla la gorge un peu submergé par sa honte et surtout sa réserve qui le clamait de se taire. Ce qu’il aurait surement fait et a toujours fait jusqu’à maintenant mais il fallait qu’il trouve un moyen de parvenir à faire comprendre à Isabelle que malgré son comportement un peu froid du à sa réserve, son cœur lui était acquit et ce depuis le premier jour.

« Pour ainsi dire, on peut dire que c’est un mariage arrangé, mais cela n’est plus un secret pour tout le monde, je pense en être assez convaincu sur ce point. Cependant…Comment pourrais-je le formuler de façon plus claire et précise ?... »

Il se tut de nouveau et arrêta de marcher pour se tourner vers sa compagne de marche.

« Chère Lady Mary, vous connaissez mon tempérament calme et réservé. Je sais que nous nous ressemblons beaucoup sur ce point. De ce fait il me semble que vous êtes la personne la plus bien placée pour répondre à mes questions. Ce que j’essaye de dire par là, c’est que contrairement à ce qu’on pourrait penser, j’éprouve pour ma femme des sentiments bien plus fort que ceux que j’aurai du avoir après un tel mariage où les sentiments n’avaient pas leur place. Et je pense que vous me connaissez assez pour comprendre ce que je veux sous entendre par là. Seulement je ne sais pas quoi faire pour tenter de changer cette situation où mon épouse et moi-même sommes. Je sais que ma demande est quelque peu étrange et déplacée, mais je suis persuadé qu’en tant que Lady vous devez savoir ce qu’il plait ou non à une femme chez un gentleman. Alors si seulement vous pouviez m’éclairer sur quelques points, je vous serai totalement reconnaissant. »

Il avait désormais baisé la tête, gêné et surtout mortifié de n’avoir pas trouvé d’autre moyen pour faire comprendre à la jeune femme, ses tourments. Ce n’était pas des manières de gentleman de formuler une requête et une demande si peu formelle. Mais au fond de lui-même James n’en pouvait plus de cette situation. Ces tourments prenaient entièrement contrôle de son corps dès qu’il ne pensait à rien, c’était devenu une situation totalement désagréable pour lui. Alors si par miracle ou pas compassion Mary pouvait lui donner un semblant d’idée, même si la situation présente était gênante, il ne le regretterait pour rien au monde.