La nature était une chose que j'avais toujours apprécié. Les grandes étendues vertes. Les plaines, voilà ce qui était agréable et beau en Angleterre. Pour le reste, c'était différent. J'avais toujours apprécié les balades à cheval, ou à pied dans ces endroits. C'était à la fois reposant, divertissant et fort agréable. Il m'était arrivé plusieurs fois, d'en faire tout en étant accompagné. Avec elle par exemple. Ces instants avaient beau faire partie des souvenirs qui m'étaient les plus chers, j'aurais préféré les oublier, il y a plus de quatre ans de cela. Les choses auraient sûrement été moins compliquées, si cela avait été le cas.

La cousine de Kenneth, tourna autour de l’arbre, avant de me regarder la mine surprise. Baliverne. Elle essayait sûrement de me faire croire qu’elle ne m’avait pas suivi jusqu’ici mais comment pouvais-je la croire ? Elle qui passait la grande majorité de son temps libre à m’embêter et à me chasser telle une proie innocente. Je ne le pouvais guère. Je savais pertinemment, que cela l’amusait d’étudier minutieusement chacune de mes réactions, espérant surtout que j’allais finir par craquer. Je n’en étais pas loin, mais pourtant je faisais tout mon possible pour me contenir. Je prenais sur moi et ce n’était pas aisé. Elle s’amusait et j’étais certain qu’elle devait jubiler intérieurement. La jeune Ambre avait l’air de trouver son petit manège fort divertissant pour elle, en tout cas. Ce n’était pas réellement la même chose pour moi. Elle avait du mal à me faire sourire. Avant je faisais partie des personnes que l’on pouvait qualifier comme étant drôles, joyeuses et fort divertissantes. Ce n’était plus le cas depuis quelques années. J’avais ôté le sourire de mon visage, j’avais retiré de mon vocabulaire courant, l’expression être joyeux comme un pinçon. Je n’étais pas en train de dire là que j’étais un homme morne, dépressif, cela n’était point exact. Les journées, je ne les passais guère à me morfondre dans le noir, seul à l’abri de tout le monde. Ce comportement ne me ressemblait point. J’avais juste beaucoup moins envie de rire aux éclats, que par le passé. Etait-il réellement nécessaire d’expliquer la raison de ce changement ? Je n’en avais pas très envie. Parler de mes sentiments, de mes états d’âme pendant des heures ne faisait nettement pas partie de mes occupations favorites. En plus de ça, personne dans ce petit village du Hertfordshire ne savait pour cette période de mon existence. Pour eux, j’étais aussi pur que l’air, malgré mon caractère de séducteur froid. Je ne comptais point changer cela, en leur parlant d’elle, durant des nuits entières et en leur expliquant à quel point le manque de sa présence à mes côtés pouvait m’atteindre ces derniers temps. En quatre ans, il aurait été logique d’imaginer, que la douleur de son absence ou la tristesse se seraient dissipé voire même qu’elles auraient disparu, mais au final, c’était tout le contraire qui se produisait. Le temps n’avait pas agi sur les sentiments que je pouvais éprouver à son encontre. Bien au contraire. J’étais même en mesure d’affirmer que la solitude avait accentué ce que je ressentais. Elle n’était sûrement pas le meilleur remède pour combattre les maux auxquels j’étais sujet. C’était plutôt étrange comme sensation, pourtant bien réelle.

Le regard de la Miss ne m’avait pas quitté un seul instant. Elle m’observait, espérant sûrement une réaction de ma part vis-à-vis de sa présence à mes côtés. Et je devais bien reconnaître, qu’à peine arrivée, elle arrivait déjà à me faire fulminer. La solitude était une chose que j’appréciais grandement, tout comme le calme. Encore plus ces derniers temps. Et les voir ainsi brisés, par une personne si horripilante au quotidien, était très désagréable je crois. Allais-je lui montrer pour autant ? Sûrement pas directement, l’intérêt de tout cela régnait dans la subtilité et dans l’indirect. Elle m’était détestable mais je ne comptais pas agir comme tel avec elle. Pour le moment en tout cas.

« Ma chère Ambre, n’entendez-vous pas à quel point le silence est agréable et reposant ? Observer, la nature sans un bruit, sans le moindre son et seul c’est nettement mieux, que de gâcher ces instants en parlant futilement, vous ne croyez pas ? »

La jeune cousine des Leycester avait deux facettes bien distinctes dans son caractère, avec moi en tout cas. Elle pouvait se montrer à la fois horripilante à souhait, mais parfois il lui arrivait d’être la personne la plus agréable qu’il soit. Et tout cela, dans le simple but de jouer avec mon sang froid et moi-même. Elle devait parfaitement savoir, qu’elle réussissait avec brio son petit jeu. J’étais une proie assez facile à chasser, quand il s’agissait de m’énerver en tout cas. Pour le reste, c’était différent. Elle me lança un regard suppliant et qui se voulait touchant. Elle savait comment faire pour passer pour une personne un peu moins horripilante et diabolique. Est-ce que cela marchait ? Légèrement. Ambre était une séductrice, cela se voyait dès le début. Elle agissait comme tel en tout cas. Tous ses gestes envers les hommes étaient calculés, toutes les mimiques de son visage étaient destinées à les faire céder. Elle ne devait pas avoir de difficultés à obtenir ce qu’elle désirait, d’après moi en tout cas. Je n’étais pas non plus un expert, mais depuis quelques années, j’avais quand même connu de…nombreuses conquêtes et après tout, j’étais un homme. J’étais donc en mesure d’affirmer, que je connaissais assez bien la réaction de mes congénères de la gente masculine et la gente féminine aussi. Peut-être que pour une fois, la jeune femme n’était pas si horripilante et peut-être que je pouvais rentrer dans son jeu une seule et minuscule fois ? Après tout, qu’avais-je à perdre ? Sûrement rien. Au contraire, j’allais pouvoir découvrir jusqu’où ma patience pouvait tenir en sa présence. Et j’étais sûr d’une chose, cela risquait d’être fort intéressant.

« Je n’ai jamais osé dire que votre présence à mes côtés me dérangeait, Ambre. Après tout, quel homme censé n’apprécierait pas d’avoir une jeune fille telle que vous près de lui ? »

Tout en lui disant cela, je lui fis un sourire qui se voulait sincère et convaincant. Etais-je un bon menteur ? L’un des plus doués. Il me serait sûrement facile alors de jouer avec elle, autant qu’elle le faisait avec moi depuis mon arrivée. J’allais juste devoir quitter la solitude et le calme, que j’appréciais vraiment.

Spoiler:

FEEDER - FEELING THE MOMENT


« Il est vrai que le silence ne m'adresse que peu la parole, vous savez, alors je ne suis pas la mieux placée pour vanter ses mérites puisque je l'entends que très peu. Et pour ce qui est d'observer la nature, je le ferai en dernier recours, quand j'aurais décidé que la vie ici n'est plus supportable, alors dans ce cas, je pourrais observer cette nature et me laisser gagner par un ennui mortel.»
Le visage d’Ambre trahissait chacune de ses émotions et de ses sentiments à cet instant. Je voyais bien là à quel point, le fait de contempler la nature pouvait l’ennuyer et lui déplaire, elle l’avouait elle-même d’ailleurs. Elle devait trouver cela incroyablement soporifique comme activité et horriblement rébarbatif. Elle n’essayait même pas de cacher son ennui dans sa voix, ou de feindre un intérêt inexistant. Chose qui n’était pas très convenable pour une Miss, mais pour autant je ne trouvais pas cela désagréable. Au contraire. Je préférais largement les demoiselles ayant un caractère hors du commun. Elle en faisait partie d’après moi, mais ce n’était pas pour autant, qu’elle m’apparaissait comme étant agréable. Et c’était là que je n’arrivais pas à comprendre. Elle était ce que j’avais tendance à apprécier chez une jeune femme et pourtant, je la trouvais plus horripilante qu’autre chose.

La morale voulait que les femmes ne donnent leurs avis, que quand leurs maris leur demandaient et c’était chose rare. Les différences entre les deux gentes, étaient plus qu’innombrables. Le seul acte, que l’on leur demandait était d’être de bonnes épouses. Ce qui dans les classes sociales élevées revenait à faire un héritier. Ma tendre mère, Margaret, était typiquement ce genre de femmes et c’était ce qui avait toujours eu tendance à m’irriter dans son comportement. Je n’avais jamais compris, quel était son intérêt en n’exprimant pas ses pensées et ses opinions. Après tout, elle avait toujours été une femme de « pouvoir » ayant suffisamment d’influence pour se retirer du joug insupportable de mon paternel. Malheureusement ; elle ne l’avait jamais fait. Etait-ce l’amour qu’elle ressentait pour lui qui lui en avait empêché ? Je ne le savais guère et d’après moi elle ne risquait pas de me le dire un jour. J’espérais sincèrement qu’un jour, la condition des femmes changerait. Drôle de pensée pour un homme de ma classe, pourtant je le désirais vraiment. Il fallait que j’arrête de divaguer dans mes pensées, à chaque instant, et surtout que j’arrête les monologues.

« Vous n’observez pas la nature comme il le faut, chère Ambre. Vous ne cherchez à voir que les aspects néfastes et ennuyeux de la chose, ce qui est bien dommage d’ailleurs. N’avez-vous jamais apprécié une balade dans l’herbe fraîche avec quelqu’un qui vous est cher ? Il y a des choses fortes passionnantes à faire dans les plaines vertes, Miss Turner, dis-je en arborant un sourire en coin, qui voulait tout dire sur mon visage »

« Il est bien charmant de vanter la Dame Nature, mais quand vous vous en servez pour me faire subtilement comprendre, qu'il vous serez plus agréable d'être ici seul à vous ennuyer, au lieu de supporter ma présence, alors non ce n'est plus si charmant »
C’était techniquement ce que l’on pouvait appeler une défaite. Magistrale. Moi, qui me voulais subtil, c’était tout le contraire qui s’était produit. Elle avait compris mon manège bien rapidement et c’était dommage d’ailleurs. Mais au moins, maintenant, elle savait que sa présence à mes côtés ne m’était pas des plus agréables. Bien au contraire. Ce n’était pas plus mal comme cela. Même si pour le coup, j’aurais préféré, qu’elle ne le sache pas. Après tout, n’était-ce pas moi qui avais déclaré quelques minutes plus tôt, vouloir rentrer dans son jeu et jouer avec elle autant qu’elle le faisait avec moi ? J’étais en mesure d’affirmer que oui. J’allais devoir essayer de me rattraper le plus finement possible, même si la volonté ne me submergeait pas. Loin de là, d’ailleurs. Pourtant, j’étais dans l’obligation de faire semblant, et d’essayer d’être nettement plus convaincant. J’en étais capable il me semble. Le regard peu sympathique qu’elle m’adressa eut pour effet de me refroidir un peu. Essayait-elle de me faire peur ? Si tel était le cas, elle allait devoir s’accrocher pour y parvenir.

« Ai-je laissé sous-entendre que votre présence à mes côtés était déplaisante ? Il ne me semble pas Miss Turner. Je ne suis point ce genre d’hommes. Je faisais simplement une remarque sur la beauté de la nature, quand l’Homme ne vient pas la gâcher avec tous ces bruits nuisibles. Vous me voyez fort désolé si vous avez pris cette remarque à votre égard. Mon désir n’était pas de vous froisser ma chère »

Je lui lançai un sourire franc, tout en la regardant fixement. Je savais que ce genre de mimiques marchait assez bien. Mon visage « angélique » allait m’aider à la convaincre de ma bonne foi. Ou pas d’ailleurs.

« Mais fi, quel flatteur vous êtes! Vous m'en ferez presque rougir par tant de compliments! Mais dites-moi, mon cher, pouvez-vous éclaircir vos propos? Qu'entendez-vous par une jeune femme telle que moi? Et ensuite qu'est-ce pour vous un "homme censé" ... en faites-vous partie ? »
Un homme censé ? Je me retins de ne pas laisser échapper un rire. Pensait-elle vraiment que j’étais ce genre de gentleman ? Si tel, était le cas, elle risquait d’être fort déçue. J’étais l’antithèse même de ce que l’on pouvait appeler un homme « censé », je n’agissais pas comme tel en tout cas. A moins, que dans son esprit, un jeune homme bon sous tout rapport soit quelqu’un appréciant les plaisirs de la chair, jouer aux jeux d’argent, boire à outrance du Whisky purement Ecossais. J’étais certain, de ne pas pouvoir être rangé dans la catégorie des gendres idéaux, ce qui tombait fort bien, car je ne comptais guère me chercher une épouse. Malgré les multiples tentatives de ma mère, à ce sujet. Je n’avais pas la moindre envie de trouver quelqu’un avec qui partager ma vie. Cela reviendrait à m’enfermer dans une cage sans liberté et avec des obligations plus nombreuses. Ce n’était pas pour moi.

Une jeune femme telle qu’elle. Il était certain, qu’elle devait déjà savoir ce que je voulais entendre par là. Elle n’était pas sotte, après tout et elle était suffisamment futée pour s’en douter. Malgré, son parler un peu franc, pour une femme de notre époque, elle avait tout plaire aux hommes. Jolie. Charmante, pas avec moi néanmoins. Intéressante et cultivée. Les « gentlemans » devaient rechercher sa compagnie, et son caractère de séductrice devait être comblé, dès que l’on s’occupait d’elle.

Le sourire hypocrite qu’elle me lança, suffit à me convaincre avec l’idée que j’avais dans l’esprit. Je faisais un piètre menteur aujourd’hui et j’allais devoir changer cela, si je ne voulais pas la voir passer son temps libre à m’énerver. Le pire dans tout cela, était que je ne cherchais même pas à être désagréable avec elle. J’étais comme elle. Je voulais m’occuper et j’avais trouvé ma future occupation.

« Vous savez pertinemment ce que je sous entends en parlant d’une jeune femme telle que vous. A moins, que vous vouliez vraiment, que je vous explique ce que je veux dire par là. Est-ce cela que vous attendez de moi, ma chère? Un homme censé ? Je n’en suis point un, croyez-moi, car pour en devenir un, il faudrait que je sois quelqu’un de respectable et bon sous tout rapport. Et voyez-vous ce n’est point le cas »

VAST - DON'T TAKE YOUR LOVE AWAY


« Vous savez Mr.Livingston, je suis -du moins je l'étais- une femme de ville, les plaisirs d'une balade dans l'herbe fraîche, ou "autre occupation" dans les plaines vertes ne faisaient pas partie de mon quotidien. Donc oui pour l'instant mon regard est très négatif, peut-être que cela changera si une personne se dévoue à me faire découvrir les ... vertus de la campagne. »
La jeune femme était une citadine et cela se voyait dans sa façon d’être et son caractère. Plus délurée, plus libre, plus en avance sur son temps que les Miss et Lady de la compagne. Et c’était normal d’ailleurs. Les choses se passaient différemment dans les grandes villes et je devais bien avouer que cela était fort agréable parfois comme ambiance. Au moins, personne ne nous connaissait vraiment là-bas à part nos voisins, contrairement aux villages où les rumeurs sur tous les habitants allaient bon train.

Elle n’avait jamais eu la chance de goûter aux occupations dans les plaines ? C’était fort dommage pour elle. Elle n’imaginait même pas à quel point il y avait des choses à accomplir dans ces espaces. A quel point cela pouvait être agréable en plus de cela. Je parlais par expérience bien évidemment. J’avais déjà eu la chance de connaître plusieurs fois les plaisirs que pouvaient offrir la nature et les plaines vertes anglaises. Peut-être devrait-elle essayer un jour. Cela lui ferait sûrement changer d’avis sur Dame Nature.

« Vous préfériez les plaisirs que la vie en ville pouvait offrir, comme toutes les citadines. Et vous avez fort raison d’ailleurs. Ils sont presque aussi nombreux que les plaisirs offerts par les grandes..plaines. Je suis à peu près certain, ma chère Ambre, que vous n’auriez pas de difficultés à trouver quelqu’un prêt à vous faire découvrir les vertus et les joies de la campagne, croyez-moi, je m’y connais sur le sujet, déclarai-je en souriant »

« Mais ! ... non, il est vrai que .. que vous n'aviez rien laissé sous-entendre! Il est vrai que je me laisse facilement emporter par des préjugés pour baser mon opinion »
Etait-elle en train de dire que j’avais raison ? Elle qui agissait toujours avec pour simple but de me mettre à bout ? Avait-elle reçu un coup sur la tête sans que je ne le remarque ? Ou agissait-elle de cette manière avec une idée bien précise en tête comme cela semblait être le cas à chaque fois quand il s’agissait de moi ? Je n’avais pour ainsi dire pas la réponse. Ambre semblait être un mystère à elle toute seule. Il était impossible de savoir quand elle était sincère ou non. Fort déplaisant tout de même. Malgré tout, commençant à la connaître légèrement il m’était aisé de penser qu’il y avait un plan bien orchestré la dessous, comme toujours. A croire qu’il était difficile de lui demander d’agir de manière naturelle. Peut-être me trompais-je. Peut-être l’était-elle mais j’en doutais fort malheureusement.

« Etes-vous en train de reconnaître là que j’ai raison ? Ou faites-vous semblant dans le simple but de m’attendrir ? Lui demandai-je en la regardant longtemps dans les yeux »

« Est-ce surprenant venant de moi, Matthew, si oui, j'attends bien de vous que vous me fournissiez plus amples explications? Vous deviez vous en douter. »
Ce n’était pas surprenant, venant d’elle. Bien au contraire. Mais je ne comptais pas lui faire ce plaisir de lui expliquer ce que je voulais entendre par là. C’était trop facile si je le faisais. C’était comme si je lui donnais simplement la victoire et je n’aimais point cela. Elle savait pertinemment ce qu’elle était comme style de jeune femme. Séductrice. Charmante.. Mais horripilante, malgré tout. D’après moi en tout cas. Je n’étais point sûr que les autres hommes soient de mon avis. Mais après tout, il m’était aisé de penser, qu’elle n’agissait de la même manière avec moi, qu’avec eux. Peut-être me trompais-je, mais c’était mon intime conviction, tout de même.

« Effectivement, vous connaissant, je me doutais déjà que j’allais devoir expliquer plus longuement ce que j’entendais par là. Mais ne pensez-vous pas que conserver le mystère pourrait se montrer nettement plus intéressant pour une fois ? »

« Dois-je comprendre par-là, que vous avez accompli de très.. vilaines choses? Des choses que vous cachez à l'intérieur de vous, et qu'il serait gênant si elles venaient à être découvertes? »
Etait-elle en train de me charmer et de me séduire ? La réponse semblait bien évidente. Je n’arrivais pas à savoir si elle cherchait vraiment à me faire succomber ou si elle jouait encore avec moi comme cela semblait être le cas depuis mon arrivée chez les Leycester ? Je n’avais pas accès à ses pensées, c’était bien dommage d’ailleurs. J’étais donc condamné à rester dans l’ignorance la plus totale. Chose qui me déplaisait vraiment. Il fallait avouer que j’avais toujours été une personne curieuse, aimant cerner les autres individus en en sachant le plus possible sur eux. Et je devais bien avouer qu’avec Ambre j’étais dans l’impasse la plus obscure et la plus perdue. Un instant, elle pouvait se montrer déplaisante, horripilante et le moment suivant, elle était capable de souffler sensuellement sur mon cou. Acte qui eut pour conséquence de provoquer un frissonnement involontaire de ma part, que j’essayai de dissimuler en me décalant légèrement. Il fallait avouer que le cou était sûrement la partie la plus sensible de mon corps avec mon dos. C’était les deux endroits capables de déclencher en moi, des pensées et de pulsions pas très chastes et catholiques. Chose pas convenable du tout. Mais après tout, quelle personne ayant goûté au moins une fois, nettement plus dans mon cas, au plaisir de la chair était capable d’être pure comme l’air ? Point moi en tout cas.

La jeune Ambre jouait à un jeu bien plus dangereux pour elle, que pour moi, dans cette histoire en cherchant à me séduire mais elle n’avait pas l’air d’y prêter attention. Elle devrait pourtant. J’avais dépassé le stade des relations adolescentes purement platoniques, il y avait de cela quelques années déjà. Les convenances voulaient qu’elle non, mais était-ce réellement le cas ? Etait-elle aussi blanche qu’une colombe derrière ces airs de séductrice ? Il aurait mieux valu pour elle en tout cas, si elle ne voulait pas être traitée comme une femme de la pire espèce. Mais je ne le savais guère. C’était un mystère de plus sur la demoiselle que je ne pouvais point élucider pour le moment. En tout cas.

S’attendait-elle réellement à ce que je lui révèle mes secrets les plus sombres et les plus obscurs ? Si tel était le cas, la jeune femme risquait d’être fort déçue. Je n’avais pas pour habitude de parler de moi. De m’étaler sur ma vie, et sur toutes les choses que j’avais pu commettre par le passé. J’étais une personne remplie de part d’ombres et de mystères. Je l’avais toujours été mais c’était devenu pire avec les années. En plus de cela, je savais ce qui risquait de se produire si je commençais à me confier à quelqu’un. Rumeurs, encore et toujours, comme cela avait été le cas à Hertford et ailleurs. Les individus ne pouvaient s’en empêcher. Toujours ce besoin de raconter des balivernes sur la vie des autres. Je n’aimais point cela. Surtout lorsque cela me concernait. Malgré tout, je n’allais pas m’exprimer comme cela avec elle. J’allais lui faire comprendre qu’il était hors de question que je m’étende sur le sujet, d’une manière plus subtile, plus fine. Ce n’était pas le moment de la contrarier.

« Vous n’imaginez même pas à quel point j’ai fait de vilaines choses, dis-je un sourire en coin sur les lèvres. Mais voyez-vous je préfère ne rien vous dévoiler et vous laissez imaginer toutes les horribles choses que j’ai pu commettre et que je continue de faire d’ailleurs, lui chuchotai-je à l’oreille en insistant sur la dernière phrase, ma main frôlant doucement son cou »

Je lui lançai un sourire qui se voulait franc et sincère, tout en la regardant longuement dans les yeux. Œillade qui se voulait clairement déstabilisante. Elle voulait jouer, tout son corps le criait et elle risquait de ne pas être déçue. Je l’espérais en tout cas.

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« Et êtes-vous, mon cher Matthew, un-quelqu'un-prêt-à-me-les-faire-découvrir? »
S’attendait-elle réellement à ce que je la pervertisse plus que ça n’avait l’air d’être déjà le cas ? J’espérais que non. J’avais beau être plutôt doué à ce jeu-là, elle n’était pas ma prochaine cible pour le moment. Pour l’unique raison, que je n’allais pas risquer de me faire surprendre par sa famille entière. Famille qui m’avait accueilli de la manière la plus courtoise, qu’il soit possible et que je ne désirais pas froisser par mon comportement et cela était compréhensible après tout.

En temps normal, je n’aurais sûrement pas dit non, à une proposition aussi peu subtile et à un jeu de séduction aussi peu masqué. Mais dans le cas présent, tout n’était que jeu, encore et toujours. Le simple but que j’avais dans cette histoire était de remporter la partie, et pas autre chose, pour le moment du moins. Il était rare de me voir agir de manière.. Raisonnable. Surtout lorsque je pouvais gagner l’occasion d’initier une personne à des plaisirs fort nombreux et fort agréables, et que je connaissais très bien. Mais dans le cas présent, elle n’était pas une demoiselle de passage que je pouvais évincer de ma vie en un simple revers de main, j’allais devoir cohabiter des mois encore avec cette Miss écervelée, séductrice et horripilante. Les faux pas passagers étaient donc à exclure définitivement de mes pensées.

La jeune Turner devait apprendre à être un peu moins entreprenante, avec les hommes tout de même. Dans le cas contraire, il risquait de lui arriver des choses fortes déplaisantes si elle continuait à jouer à ce jeu si dangereux. Comme son agression par exemple, qui illustrait assez bien, la stupidité innée de l’Homme. Elle ne se doutait même pas à quel point, elle avait eu de la chance, de n’avoir qu’aussi peu de séquelles physiques. Les dégâts auraient pu être beaucoup plus nombreux, et bien pire. J’espérais pour elle, que l’âge allait la rendre moins téméraire.

« Cachez donc un peu plus vos intentions ma chère Ambre, cela risquerait de vous porter préjudice un jour. Je suis bel et bien ce genre de personnes mais pas avec vous, et j’espère que vous allez bien assimiler cela, lui dis-je »

« Que les choses soient claires! Je n'ai pas reconnu que vous aviez raison, quelle drôle d'idée! Mais j'ai reconnu que... enfin, je m'étais peut-être trompée, mais ce n'est pas pour autant que vous avez raison. »
Un petit rire s’échappa de ma bouche, quand elle eut fini de prononcer ces paroles. Elle était toujours en train d’essayer de tourner la situation à son avantage et ne voulait pas admettre son échec. C’était fort intéressant comme comportement, surtout chez une femme, car c’était peu fréquent d’en voir une, s’affirmer autant. Apparemment, reconnaître que j’avais marqué quelques points, n’était pas dans ses futurs plans et c’était bien dommage d’ailleurs. La victoire avait un goût affreusement appréciable et agréable. Surtout pour un joueur comme moi. Heureusement, j’avais toujours été assez chanceux, il ne me restait simplement qu’à patienter et je finirais par pouvoir savourer pleinement sa future défaite. Car j’étais certain, de pouvoir gagner, contre elle.

« Rattrapez-vous ma chère Ambre, déclarai-je en souriant. Mais croyez-moi, cela ne suffira pas à ce que je crois votre petit mensonge. Vous n’osez simplement pas avouer, que j’avais raison. Si cela vous plaît, faites-dont, Miss. »

« Allons, pourquoi perdrai-je mon temps à vous attendrir, alors que je sais pertinemment que, rien de ce que je ferai ou dirai, le pourrait? N'ai-je pas raison? »
Elle commençait enfin à comprendre, qui j’étais et à me cerner. Elle était assez douée, je devais bien l’avouer. Elle avait raison et elle le savait, d’après moi. Il n’y avait que peu de choses qui réussissaient à m’attendrir, et elles se faisaient de plus en plus rares avec le temps. Surement un des effets de la construction de ma carapace, qui se faisait ressentir. Je ne le savais guère, alors je ne pouvais être que des suppositions. De multiples suppositions, mais en vain. Par le passé, je n’étais guère une personne sensible, il était vrai que je l’étais plus que maintenant. Malgré tout, il en avait toujours fallu beaucoup pour réussir à m’attendrir ou à ce que je m’apitoie sur le sort des gens. Après tout, l’espèce humaine méritait-elle que je sois triste pour elle ? Sûrement pas. L’Homme était capable du pire comme du meilleur, mais je devais bien avouer, que par les temps qui couraient. Il préférait garder bien au chaud, ses qualités, pour ne laisser un aperçu que de ses défauts.

« Vous savez Ambre, peu de choses réussissent à m’attendrir et vous n’en faîtes pas partie en effet. Donc je dois bien avouer, que pour une fois vous avez raison. Profitez-en, cela risque d’être la première et unique fois, m’exclamai-je un petit sourire aux lèvres »

« Je pense que nos avis divergent, le mystère n'est pas forcément la solution pour tout rendre intéressant. Mais bon, je me doutais fort bien que vous ne me fourniriez pas plus amples informations. Vu votre attitude, j'ai bien l'impression que quoi que je vous demande, vous ferez l'inverse. »
Le mystère avait sa part d'intérêt. Dans mon cas en tout cas. Les personnes mystérieuses, étaient nettement plus intéressantes que celles, dans lesquelles on pouvait lire, comme dans un livre ouvert. Pour ma part en tout cas. Certains individus détestaient les secrets, je le savais suffisamment, pour en avoir rencontré, mais après tout, cela dépendait du caractère. Personne sur cette Terre, n'était semblable à une autre.

Elle commençait à bien comprendre mon comportement et c'était bien dommage d'ailleurs. J'aurais préféré qu'elle continue à rester dans l'incompréhension la plus totale, cela était plus amusant pour moi. Mais je devais bien avouer, qu'elle était douée. Elle n'avait mis que peu de temps pour deviner et venait de gagner un point.

« Vous n'avez pas tort en effet. J'aime beaucoup faire l'inverse de ce que l'on attend de moi. C'est fort divertissant, vous comprenez je suppose? »

« Vous ne devriez pas confier ça au bon soin de mon imagination. Il paraitrait que je suis quelqu'un de très créatif, et mon imagination risque d'aller tellement loin, que vous deviendrez une... obsession. Et comptez alors sur moi, malgré vos objections, pour que je découvre votre passé le plus noir. »
Une obsession. Cela risquait de ne pas arriver tout de suite et je l’espérais sincèrement. J’avais toujours détesté ce genre de comportements, incroyablement dépendant de la personne pour qui l’individu portait cette « obsession ». Par le passé, j’en avais vu des jeunes demoiselles qui avaient cru que j’étais leur homme idéal. Celui qui les épouserait et avec qui elles auraient des enfants. Elles s’étaient toutes bercées d’illusion mais je devais avouer que pour certaines, je les avais peut-être aidé légèrement. Malgré tout, je n’avais jamais particulièrement apprécié quand les personnes s’attachaient à moi, et je n’étais pas en mesure de savoir la raison de ce comportement. Je savais simplement, qu’il m’était impossible de m’attacher réellement à un individu, autre que ma famille et mes proches. Je ne voulais pas prendre le risque d’apprécier suffisamment une personne qui risquait de disparaître un jour ou l’autre. J’avais déjà commis cette erreur une fois, et je ne voulais vraiment pas revivre cette souffrance une deuxième fois. C’était juste… Impossible. Et incroyablement douloureux.

J’espérais pour elle, qu’elle ne passerait pas son temps libre à essayer de dévoiler le mystère : Matthew Livingston. Dans le cas présent, elle risquait d’être fort déçue par ce qu’elle découvrirait ou peut-être de prendre peur, mais la connaissant légèrement, j’en doutais fort. Rien n’avait l’air de l’effrayer, même après la malheureuse agression qu’elle avait connu. Etait-elle si insensible que cela ? Ou s’était-elle construit une carapace impénétrable comme c’était le cas pour moi ? Je ne pouvais pas le savoir. Il fallait avouer, que je ne la connaissais que peu, et c’était aussi son cas. Elle ne doutait même pas un seul instant, de qui était Matthew Livingston. Elle n’était pas en mesure de savoir, tout ce qu’il avait fait par le passé et à quel point il pouvait être un homme…affreusement détestable quand il s’y mettait. C’était bien moi cela. Ce libertin, coureur de jupons, sans morale que les gens décrivaient souvent comme étant infréquentable. Le nouveau Matthew Livingston. C’était la personne que j’étais devenu avec les années, mais ce n’était pas moi. C’était l’image que je m’étais façonnée alors que dans le fond, cet homme me ressemblait peu. Je n’étais pas « mauvais », ou je ne sais quel autre adjectif péjoratif utilisé pour me décrire. J’essayais simplement de dissimuler tous les sentiments qui pouvaient me submerger et la seule solution que j’avais trouvé, c’était celle-ci. Devenir une nouvelle personne, différente. Ce n’était pas chose facile tout de même.

Je la vis frissonner, lorsque ma main frôla son cou. Je dissimulai du mieux que je pouvais, le sourire qui ne demandait qu’à apparaître sur mon visage. Tout cela devenait de plus en plus intéressant et ce petit jeu me plaisait vraiment. J’étais prêt à faire craquer Ambre Turner, et à la faire perdre en plus de cela. La jeune Miss montait peu à peu dans mon estime, au fur et à mesure que la conversation avançait. Mais je ne risquais pas d’oublier mon but premier : Remporter la bataille contre elle.

Elle changea de position, tout en continuant à me regarder. Cette jeune Miss était peut-être plus intéressante que je ne pouvais le penser. Inattendue en tout cas elle l'était, j'en étais certain. Je la regardai et me décala légèrement, de telle manière à occuper totalement son champ de vision.

« Vous savez ma chère Ambre, vous ne seriez pas la première pour qui je deviendrais une obsession, croyez-moi, j’en ai connu bien d’autres avant vous. Sachez simplement, une chose Miss, je suis bien plus dur à cerner et bien plus mystérieux que la majorité des personnes se trouvant sur cette Terre. Vous ne découvrirez jamais mes pires secrets j’en fais le serment, si vous voulez, lui dis-je en la fixant longtemps pour la déstabiliser légèrement »

APOCALYPTICA - I DON'T CARE

« Un jour ... si vous le dites. Mais bon, je ne vois pas en quoi ça vous regarde mon cher, surtout que pour une raison inconnue, vous me faites l'honneur de m'éviter ces.. préjudices, c'est bien trop aimable de votre part, c'est vraiment très noble, vraiment je suis touchée. »
Elle mentait, je pouvais le sentir. Elle n’était pas sincère, quand elle me disait, qu’elle était touchée. Chaque trait de son visage le prouvait. Elle préférait jouer la carte de l’ironie plutôt que de me croire. C’était son choix, elle faisait ce qu’elle voulait après tout. Pourtant, je savais pertinemment que j’avais raison, en lui conseillant de se comporter différemment. J’en avais connu des femmes comme elles et je devais bien avouer, que certaines avaient mal fini à cause de tous ces hommes sans principe, qu’il pouvait y avoir un peu partout. Ambre n’était pas différente de celles que j’avais connu. J’espérais, donc, qu’elle allait écouter mon conseil. Je ne cherchais pas à la changer, je la connaissais trop peu pour le faire, je n’avais simplement pas envie qu’il lui arrive quelque chose. Elle avait beau m’énerver, être née pour m’embêter. Elle ne méritait pas, la souffrance que les hommes risquaient de lui infliger, si elle gardait éternellement son caractère de séductrice, qui n’a pas froid aux yeux. Personne ne méritait ça après tout et encore moins une femme. Je n’étais pas en train de dire là, que j’étais un pacifiste dans l’âme. Bien au contraire. Je m’étais assez souvent battu, pour des pacotilles la plupart du temps mais ça faisait un bien fou, quand même. Ca défoulait. J’avais continuellement besoin, de sentir l’adrénaline envahir chaque pore de ma peau lorsque je buvais, lorsque je séduisais. Lorsque je jouais. Lorsque je me battais. Elle me rendait vivant et me retenait en vie. C’était grâce à elle, que j’étais toujours là. Elle était le remède qui apaisait le moindre de mes maux, elle pansait mes plaies. L’adrénaline était un substitut à ma douleur. Le seul que j’avais trouvé jusqu’alors.

« Vous ne savez point dissimuler votre ironie, ma chère Ambre. Mon avis ne vous importe peu, je peux le lire sur votre visage et c’est votre droit d’ailleurs, mais je ne cherchais pas à vous faire la morale. Je ne vous délivrais qu’un simple conseil. Libre à vous de l’écouter, mais je parlais par expérience dans tous les cas et je sais que j'ai raison. »

« Comme c'est surprenant, et un homme modeste en plus! Original! Vous en avez l'air si persuadé, que ça ne fera que rendre votre défaite plus agréable. Et croyez-moi, il est très difficile, pour vous: hommes tous puissants perdre, qui plus est contre une femme. Vous allez mal le vivre, très mal le vivre, surtout qu'en se croisant chaque jour, je n'aurais de cesse de vous le rappeler. »
J’avais beau détester la défaite, cela ne faisait pas de moi un machiste, comme elle avait l’air de le croire. Je devais bien être l’un des seuls dans les environs d’ailleurs. Je n’aimais pas la misogynie et je détestais par-dessus tout, la façon dont les femmes pouvaient être rabaissées. Etrange propos venant de quelqu’un qui passait ses nuits à séduire des jeunes filles, pour ensuite les laisser. J’aimais les charmer mais dès le début, elles savaient que jamais il n’y aurait une histoire entre elles et moi. Je n’avais jamais promis monts et merveilles, à qui que ce soit. Ce n’était pas moi ça.

Pour autant, je n’allais pas la laisser gagner. Je ne voulais pas la voir chaque jour fière d’elle et de sa victoire. Cette situation risquait d’être très vite désagréable à vivre pour moi. Pour elle, il était certain que ce serait le paradis. Mais pas pour moi. Bien au contraire. Il fallait que j’arrive à gagner, mais pourtant, plus le temps passait et plus elle recommençait à m’énerver. La conversation avait été amicale pendant quelques minutes, mais maintenant ce n’était plus le cas. Son ton ironique, ses paroles, elle me cherchait de nouveau, je pouvais le sentir et le voir. La conversation risquait de devenir électrique.

Vous croyez encore que vous allez gagner ? Vous vous bercez d’illusion, Ambre. Par contre, vous me connaissez mal. Je ne me prends guère pour un homme tout puissant, loin de là d’ailleurs. Je vous conseille donc, de ne pas vous faire d’idées sur moi, sans savoir qui je suis »

« Pourtant, je pensais que vous étiez plus futé. Mais apparemment vous commettez encore l'erreur de me comparer avec mes semblables, pour elles, il suffit qu'un homme soit séduisant, et leurs résiste pour se jeter à cœur perdu dans une romance qui les détruiront. Je pensais que vous aviez compris... que j'étais différente. Si vous devenez une obsession, alors non, ça sera une première de cette sorte, j'aime être originale. Et excusez-moi de briser vos croyances mon cher, mais votre égo vous brouille un peu la vue. Certes vous n'êtes pas une personne qu'on cerne du premier coup d'œil, mais vous n'êtes pas plus dur à cerner. Vous êtes un homme, par conséquent il va être très probable, que toute votre attitude découle d'une histoire impliquant une femme. Je l'ai bien remarqué, vous avez beau être des hommes redoutables, votre talon d'Achille est souvent le même: une femme. Alors comptez sur moi pour les découvrir, surtout si vous me mettez au défi. »
J’avais bel et bien compris qu’elle était différente, des autres femmes. Mais cela ne changeait rien. Elle avait beau dire, ne pas être comme ses semblables, dans le fond elles étaient toutes les mêmes. Elles avaient toutes des parties de leur être, qui étaient similaires. Même en ayant des différences. C’était inévitable. Chaque personne faisant partie de la gente féminine avait des ressemblances, avec les autres. Ambre n’échappait pas à la règle. Même si elle avait l’air de penser le contraire. Ce n’était pas parce qu’elle avait des convenances divergentes des autres, qu’elle ne leur ressemblait pas un peu dans le fond. Il était certain, qu’elle aussi, chercherait l’époux idéal, ou l’amour, un jour ou l’autre. A moins, que ce n’était déjà le cas. Ce que je ne savais guère. Elle avait raison, pourtant, quand elle décrivait les autres « femmes ». L’explication qu’elle donnait, leur ressemblait assez bien tout de même. J’en avais connu plusieurs, dans ce style. Elles étaient tout ce que je détestais. Tout ce qui m’énervait. Et pourtant, elles étaient nombreuses. La convenance était de leur côté après tout. On ne pouvait donc pas leur en vouloir, de désirer la suivre. Toutes les femmes avaient si peur de déroger aux règles, qu’elles préféraient suivre à la lettre, ce que leurs mères leur conseillaient. C’était plutôt stupide comme comportement, mais bon. Certaines ne suivaient pas les convenances. Ambre par exemple. Elle préférait séduire, les autres. Mais elle n’était pas si différente, pour autant. Après tout, la séduction n’était souvent qu’une façade et rien d’autre. C’était mon cas par exemple. J’avais beau aimer ce jeu, j’agissais de cette manière pour simplement brouiller les pistes. Par obligation. Je faisais tout à cause de cela d’ailleurs.

Je n’étais pas dur à cerner apparemment. Il me semblait pourtant, que je regorgeais de mystères, tous plus cachés les uns que les autres. C’était elle, qui risquait d’être déçue pour le coup. Je ne comptais pas lui en dévoiler davantage sur ma personne. Mais après tout, croyait-elle sincèrement qu’elle était plus difficile que moi à cerner ? Elle était comme tout le monde. Sa façon d’être cachait quelque chose, comme pour chaque personne. Elle avait simplement pris soin de tout dissimuler derrière une carapace, d’après moi en tout cas. Peut-être que je faisais fausse route avec elle. Cela se pouvait. Je n’étais pas devin après tout. Mes théories n’étaient pas irréfutables. J’espérais pourtant avoir raison, comme elle, quand il s’agissait de moi. Car elle disait la vérité. C’était une femme qui m’avait fait devenir comme j’étais aujourd’hui. Pas n’importe laquelle, d’ailleurs, mais ça en était une quand même. Une de celles, qui avait la capacité à nous transporter vers un autre monde, avec un simple regard. Avec un simple sourire. Chacun de ses rires suscitait la passion. Chacune de ses paroles, je les avais bues. Malheureusement, c’était fini à présent et je ne pouvais rien faire pour revenir en arrière. Je n’avais pas la capacité à remonter dans le temps, et quel dommage d’ailleurs. Il était certain que dans le cas contraire, j’aurais déjà utilisé cette capacité depuis longtemps, pour la retrouver. Mais je ne le pouvais guère.

Ambre avait beau avoir raison, ce qui m’énervait au plus haut point d’ailleurs, je ne risquais pas de lui dire. Je n’avais strictement pas envie qu’elle découvre mes secrets et qu’elle cherche dans ma vie. J’avais horreur de ce genre de comportements cachottiers et indiscrets, car après tout, cela faisait partie du domaine du privé. Et cela allait le rester. Je n’étais guère enthousiasmé à l’idée que les habitants de Meryton soient au courant de ma vie. Ils n’en avaient point besoin, par ailleurs.

« Vous avez beau aimer être originale, Ambre, vous êtes comme les autres dans le fond, croyez-moi. Personne n’est différent. Tout le monde est semblable à quelqu’un d’autre. Par ailleurs, je vous conseille vivement de ne pas fouiller pour découvrir mon Talon d’Achille ou mes secrets. Ma vie ne regarde que moi, et personne d’autre. Dans le cas contraire, si vous n’écoutez point mon conseil, je risquerais de me montrer fort déplaisant, et je ne pense pas que c’est ce que vous souhaitiez. »

Je me relevai doucement, prenant soin à étirer légèrement mon corps.