Le printemps étant annoncé, Lord Ferrars en avait profité pour aller errer dans le parc en début de l'après midi. Son esprit rêveur l'avait entraîné plus loin qu'il ne le voulu, jusqu'à en perdre la notion du temps, et quand Charles revint à la réalité, il se rendit compte qu'il avait déjà passé plusieurs heures dans ce parc et qu'il était temps de rentrer au Royal Cresent.
Lorsque Charles passa la porte de son appartement, il fut tout de suite accueilli par Albert, Bertie pour les intimes (oui vous le connaitrez bientôt, le PV est en préparation), fidèle "valet" depuis que la famille Ferrars posa ses bagages à Bath. Après quelques phrases polies que Charles trouvaient plutôt inutiles, mais qui était instauré dans le protocole depuis des années (qu'est ce que Bertie pouvait bien en avoir à faire de savoir si sa promenade avait été agréable ?), Albert lui annonça que quelqu'un attendait Charles dans son bureau. Le quelqu'un mit la puce à l'oreille de Charles, quelqu'un ne désignait personne, c'était une étrange façon de désigner un hôte, c'était donc avec une curiosité aux aguets que Charles lui demanda qui était ce quelqu'un. Mais Bertie fit mine qu'il n'avait pas entendu la question de Charles, puis lui dit qu'il ne se souvenait plus. Charles fronça les sourcils, soit quelqu'un avait payé Bertie pour qu'il ne dise rien, soit Bertie se payait sa tête (haha). Charles opta pour la première option, qui le rassurait un peu plus quand même ... mais qu'il l'intriguait aussi, pourquoi une personne voulait-il le voir, sans pour autant s'annoncer. Bizarre autant qu'étrange non ? Plus qu'intrigué, Charles fila en direction de son bureau ou le mystérieux inconnu l'attendait.

Pour le côté comique de ce poste, disons que Charles se prit les pieds dans le tapis dans le couloir, oui, il est maladroit et c'est un boulet, je suis donc bien obligée de placer quelques gags ici et là, pour rester fidèle à sa description. Bien sur, Charles jeta un coup d'œil autour de lui, c'était bon, personne ne l'avait vu, il pouvait continuer à marcher comme ci de rien était. Mais évidement, sa maladresse légendaire le rendait quelque peu grognon, il ne pouvait pas se passer un jour sans qu'il casse quelque chose ... D'ailleurs il n'avait toujours pas dit à a femme qu'il avait malencontreusement cassé la petite flasque qui contenait son parfum préféré, mais chut, cela était un secret. Charles arriva alors devant la porte de son bureau. Il était très curieux de savoir qui pouvait bien être cet inconnu qui avait réussi à faire tenir sa langue à ce bon vieux Bertie. Charles se racla la gorge et ouvrit la porte.

- Qui donc me vaut l'honneur ... Winston ?!

Et oui lorsqu'il vit la personne qui l'attendait se retourner, Charles s'arrêta net et ouvrit grand les yeux, comme si ça allait l'aider à savoir si ce qu'il voyait était bien vrai. Alors ça, il ne se serait jamais douté qu'en ouvrant cette porte qu'il allait tomber sur son cher frère adoré qu'il n'avait pas vu depuis ... il ne s'en souvenait même plus tellement cela faisant longtemps. S'en suivit une série d'accolades, de tapes dans le dos, de rires, d'abord enclenché par Charles, qui comme on le savait bien, était beaucoup plus démonstratif que Winston.

- Mais qu'est ce que tu fais ici ? Et ...

Et s'en suivit une série de questions, Winston n'avait surement pu oublier que son frère était un tantinet bavard. "Depuis combien de temps es-tu à Bath ? Comment as tu su que j'étais ici ? Tu as changé de coupe de cheveux ? (oui, côté humour, n'oublions pas) Tu n'es pas en mission ? Mais ça fait combien de temps qu'on ne s'est pas vu ?" et blablabla, Charles un vrai moulin à parole, et Win avait eu le malheur de l'enclencher, il allait devoir trouver un moyen de l'arrêter, sinon il allait regretter ces retrouvailles.

Ca faisait quelques jours à peine que Winston était rentré au pays, après une blessure de guerre peu glorieuse qui l'avait contraint a dire adieu à a sa brillante carrière militaire. Fichu soldats qui ne savent pas contrôler leurs gâchettes une fois quelques bières ingurgiter. Mais peu importe. Avec l'épidémie qui s'était propagée, Winston avait eu de quoi s'inquiété pour son frère, du coup il avait fait des recherches à l'hotel de ville, pour découvrir qu'un certain Charles Ferrars, sa femme et sa belle soeur vivait justement à Bath, ici-même au royal crescend. Hormis une coïncidence énorme, ça devait être son cher frère! Surtout que dans une de ces dernières lettres, toujours plus longue les unes que les autres, Charles lui avait justement parlé de sa belle-soeur Emily, et qu'elle vivait dorénavant avec eux.

Enfin bon, du coup ce matin là, Winston s'était rendu à l'adresse qu'on lui avait adressé. Pas de chance pour lui, le seul présent était alors le valet de Charles. Un certain Albert, enfin personne qui n'intéressait vraiment Winston en fait. Il lui expliqua vite fait la situation, et que Charles était son frère aîné. Il lui demanda de ne pas dire qui il était, juste de l'informer qu'on l'attendait dans son bureau. Winston n'a peut-être pas le capital boullititude de Charles, mais il sait très bien faire le couillon lui aussi xD Et puis ça faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas vu, et il comptait sur l'effet de surprise, pour le voir surexcité xD

Ca faisait une bonne demie-heure que Winston poireautait dans le bureau de Charles, à faire les cents pas. Il avait hâte de revoir son frérot xD Il commençait à en avoir marre d'attendre mais en même temps... il était ici, et ça faisait des années qu'ils ne s'étaient pas revus, donc il pouvait bien patienter encore un peu, avant de déclarer forfait. Il s'assit. Sa jambe le lançait >< Fichu balle qui s'était logée dans sa cuisse. Ça continuait à lui faire mal, même s'il arrivait à marcher sans trop de difficulté.
Il entendit alors la porte s'ouvrir, et même si il ne le montrait pas, il était enthousiaste comme pas possible xD... Et l'effet de surprise recherché ne loupa pas. Il avait le droit à du grand Charles dans toute sa splendeur, exactement comme dans ses souvenirs, la barbe en plus. xD
Il avait le sourire jusqu'aux oreilles, contents de lui xD Et plus qu'heureux de revoir Charles <3 Mine de rien, il lui avait manqué quand même (mais Winston est un sentimental qui ne le sait pas xD). Après cet élan de franche camaraderie très virile, Winston fut submergée de questions, dont certaines étaient plus qu'idiote xD Mais qu'est-ce que Charles en avait à faire de ses cheveux franchement? XD Du coup, il l'interrompit à la 55ème questions, avant qu'il s'étouffe xD

- C'est une longue histoire, mais j'aurais bien le temps de te raconter tout ça! Tu as l'air en forme!

Ou comment envoyer valser une tonne de questions en moins de temps qu'il ne faut pour l'écrire. Charles allait être frustré par ces non-réponses mais... c'est ça qui est drôle xD

Caiterina était bien joyeuse en cette belle journée de printemps 1816. Elle sortait du salon de thé où elle avait retrouvé Lady Le Cornec, Lady Zwisler et Lady Accardo pour s’échanger les derniers potins. Aujourd’hui elles s’étaient particulièrement défoulées sur Lady Sergheraert : la pauvre n’avait pas une vie facile ! Une fille aînée invisible et déprimée qui aime les femmes, un cadet stupide et bon à rien, le troisième qui est un drogué notoire psychologiquement instable et la malheureuse petite dernière au mari alcoolique… pas étonnant que tout cela ait des répercussions sur la santé mentale de leur mère !
Et puis Emy était spontanément sortie se promener dans la ville, ce qui était assez rare pour renforcer la gaieté de Cait. Bref, elle revint de sa sortie suffisamment satisfaite pour ne pas s’irriter à cause d’un petit mendiant insultant qui vint l’accoster pour lui réclamer de quoi manger (casse-dédi à Caillou xD).

En entrant dans l’appartement, elle entendit la voix de Charles en provenance de son bureau. Apparemment il avait de la visite. Et comme d’habitude il monopolisait la parole, impossible d’entendre la voix de l’étranger. Elle déposa son ombrelle sur la commode de l’entrée (Albert se chargerait de la ranger plus tard), se posta devant le miroir afin de remettre sa coiffure bien en place et se redressa. Elle voulait faire forte impression au visiteur. Après avoir souri à son propre reflet, elle se dirigea vers le cabinet de son époux. La porte était entrouverte et elle se glissa à l’intérieur, sans prendre la peine de frapper. Le mystérieux invité lui tournait le dos. Lorsque Charles vit sa femme entrer dans la pièce, un large sourire illumina son visage. Ce même sourire béat qu’il affichait dès qu’il la regardait. Caiterina lui sourit à son tour, à moitié par réflexe, à moitié parce qu’elle était de bonne humeur. Du moins jusqu’à ce que l’invité mystère ne se retourne et qu’elle puisse apercevoir son visage. Oh con.

Cette personne, Caiterina la connaissait. Un peu, mais c’était déjà trop. Elle l’avait rencontrée il y a quelques semaines seulement, un soir où elle était de sortie. Il lui avait dit être de passage en ville juste pour quelques heures. C’était un jeune militaire qui se déplaçait avec sa troupe, apparemment promis à une grande carrière. Le lendemain, il devrait repartir en Inde, pour une nouvelle mission. Même s’ils ne discutèrent que peu de temps, Cait eut le temps d’apprécier pleinement son côté tête brûlée - je m’en foutiste téméraire. Tant mieux pour lui étant donné la réaction de son père lorsqu’il avait appris qu’il se destinait à l’armée. Heureusement qu’il avait un grand frère qui le soutenait. Mais en fait, elle ne connaissait même pas son nom, elle savait juste qu’il venait d’une très bonne famille d’aristocrates. « Appelez-moi donc Winny » avait-il lâché avec un sourire angélique. Et Caiterina était malicieusement rentrée dans son jeu : « Enchantée Winny, vous pouvez m’appeler Cait. » Nos joyeux lurons ont donc bien vite sympathisés et se sont trouvés des points communs. Au fur et à mesure que la soirée avançait, une espèce de familiarité s’installait. Jusqu’au moment où l’heure devint tardive et qu’ils durent se séparer.
Ou pas, car Cait proposa très gentiment à Winny de lui tenir compagnie pour la nuit, avant qu’il ne reparte briller sur les champs de bataille.
Hé oui, sans le savoir, Caiterina s’est tapée son beau-frère.

Charles était content. Très content. Son frère dont il était si proche et pourtant si loin (c'est beau) était enfin revenu au pays, certes blessé, mais bien là. Il ne pouvait pas s'empêcher de poser toutes ces question, comme si il voulait rattraper toutes ces années d'absence. Il se souvenait encore très bien quand Winston avait annoncé qu'il s'engageait pour l'armée ... et du poing qu'il lui avait envoyé. Mais le passé, c'était le passé. Charles allait finir par avoir des crampe aux maxillaires à force de sourire. Mais en même temps un peu frustré par ses non réponses. Il savait très bien que Winston faisait ça pour l'énerver. C'était bien ce qui différait entre les deux frère, l'un parlait tout le temps, l'autre était plus en retrait et plus mystérieux .
Charles donna une brave tape dans l'épaule de son frère. Tout ça était gentil, avec le temps, Charles avait appris à contrôler sa force, qui, même si on pourrait ne pas le croire, était quand même existante. Et il fallait qu'il fasse attention, Win risquait de répéter, juste pour l'embêter, mais problème, Winston avait fait l'armée, donc pouvait être dangereux.

- Mieux que toi en tout cas !

Quand il entendit du bruit derrière lui, Charles se retourna et vit sa sublime femme, il ne pouvait pas s'empêcher de sourire de plus belle. Il était impossible pour Caiterina, qu'en les voyant tout les deux comme ça, avec le même sourire idiot sur le visage, de ne pas remarquer qu'ils avaient un lien de parenté. Les mêmes yeux, mêmes fossettes, mêmes sourire colgate. Charles dépassait juste son frère en taille, mais sinon, on pourrait les confondre si on ne les connaissait pas plus que ça. Charles s'approcha alors de Caiterina et lui prit la main.

- Win, laisse moi te présenter la plus belle femme du pays, Caiterina, mon épouse.

Si seulement Charles savait, il ne serait pas si heureux de les voir ensemble dans cette pièce. Mais pour l'instant, Charles ne savait rien, donc nous n'allons pas bouder notre plaisir. La famille Ferrars réunit, il ne manquait plus qu'Emy pour compléter ce beau tableau. Le chef de famille cocu, par son propre frère, qui à le béguin pour sa belle sœur, belle sœur amoureuse d'un petit paysan, petit paysan cousin de son propre demi frère ... N'allez pas dire que la famille Ferrars n'était pas compliquée, surtout que j'ai omis quelques détails.




Spoiler:

Winston qui était si content et si enthousiaste à l'idée d'enfin revoir son cher frangin, lui qui était si emballée d'enfin découvrir la femme qui illuminait sa vie chaque jour un peu plus, et qui la comblait de bonheur... il tomba littéralement sur le cul!
Il n'avait pas pu assister au mariage, puisqu'il était en mission dans un pays lointain et exotique, et ainsi il n'avait jamais vu Caiterina, et la vague idée qu'il s'en faisait était basé sur les descriptions à n'en plus finir que lui en avait fait Charles dans une de ces lettres. Bien sur, on peut aisément imaginer qu'en amoureux transi, Charles ait pu largement exagéré la beauté fatal de sa femme, et même si Winston l'imaginait jolie, il n'aurait jamais pu imaginer quelle beauté fatale son frère avait épousé!

En la voyait arrivé dans la pièce, Winston ne la reconnut pas tout de suite, et il fallut attendre que Charles les présentent, et lui redise son prénom. Caiterina... Et là ce fut le drame. La soirée et la nuit qu'ils avaient passé ensemble lui revint en pleine figure, et bon dieu que c'était violent! « Enchantée Winny, vous pouvez m’appeler Cait. » Sourire charmeur, compliment bien placée et récit de bataille passionnée avait joué leur rôle: séduire cette Cait, qui ne demandait que ça de toute façon. Il l'avait alors trouvé d'un charme renversant, et ce côté espiègle et effrontée, il était tombé dedans à une vitesse folle! Pour une femme de l'aristocratie, elle était d'une impertinence, d'une franchise et d'une liberté d'expression qui lui plaisait énormément! Et puis sans parler de la nuit qu'il avait passé... oh bon sang Charles était un sacré veinard. Et là, double drame! Winston venait à peine de se rendre compte qu'il avait couché avec la femme de son frère. Qu'en toute logique, son frère était cocu, et pas qu'un peu, car vu la débrouillardise dont Cait avait fait preuve, ce n'était surement pas le premier à bénéficier de ses faveurs). La seule chose qui venait à l'esprit de Winston c'était "Oh mon dieu" et encore, c'était bien faible comparé à l'état de panique dans lequel il était! Il resta complètement ailleurs quelques instants, avant de se rendre compte qu'il fallait qu'il fasse bonne figure.

-Pardonnez moi Lady Ferrars, je manque à tout mes devoirs. Il s'avança vers elle, et lui fit un baise-main. Enchanté d'enfin faire votre connaissance, mon frère m'a tellement parlé de vous, j'ai l'impression de déjà vous connaitre.

ET CE N'EST PAS QU'UNE IMPRESSION! XD Winston se sentait honteux et géné...quelque chose d'affreux! Il essayait de faire bonne figure, mais il n'en menait pas large, loin de là. Si on lui proposait de partir, on n'aurait pas eu à lui demander deux fois! Mais surtout, il était peiné pour son frère, qui était éperdument amoureux de sa femme, a tel point qu'il ne voyait pas qu'elle lui était infidèle, sans la moindre gène ni remords...