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Depuis quelques temps, la vie de Bethany avait changé du tout au tout. Lorsqu'elle repensait à ce qu'elle était il y avait de cela tout juste une semaine, elle avait du mal à croire qu'une simple maison pouvait à ce point changer un homme, ou du moins une femme en l'occurrence. Alors qu'avant, elle dormait dans une petite cabane de 4 pièces minuscules, dans un lit qui lui donnait plus l'impression d'être un engin de torture qu'un confortable lieu de repos, elle avait à présent une chambre pour elle seule immense avec un matelas qui lui donnait plutôt l'envie de rester des journées entières à traîner au lit. Là où une semaine plus tôt elle avait honte de sortir, que ce soit à cause de la saleté de ses toilettes, ou même de sa propre hygiène, elle pouvait sentir une douce odeur de lilas la suivre à longueur de journée. Mais si seulement il n'y avait que ça ! Elle pouvait manger à sa faim, n'avait pas besoin de travailler pour aider à ramener de l'argent, avait accès à des dizaines de livres qu'elle ne connaissait pas, n'avait plus le temps de s'ennuyer ou de se languir de sa vie passée tout simplement ! Alors certes Danny lui manquait, mais comment y songer au milieu de ce luxe ? Et puis, Mr Dawsey était un tuteur charmant, qui contrairement à ce que certains craignaient, n'avait jamais rien fait qui puisse lui nuire à elle ou sa réputation.

Cette journée là, comme toutes les autres depuis plus d'une semaine s'annonçait donc sous les meilleures auspices. Elle s'était levé pour prendre un petit déjeuner délicieux, s'était exercé au dessin, ce qu'elle n'avait pu faire depuis bien longtemps, et prenait à présent le thé en lisant un nouveau livre. Mr Dawsey était parti tôt pour elle ne savait trop quelle raison. Elle lui savait gré de l'accueillir et essayait donc de se faire la plus discrète possible. Aussi, elle s'évertuait à ne jamais le déranger lorsqu'il était occupé, ni à ne lui poser la moindre question sur ses activités. En fait, elle se plaisait à penser qu'elle n'était pas trop dur à vivre... Il fallait aussi dire que quand bien même elle l'aurait voulu, jamais elle n'aurait osé le déranger ou l'interroger, mais c'était moins gratifiant ainsi présenté...

Elle grignotait paisiblement un petit biscuit lorsqu'elle entendit quelques coups retentirent à la porte d'entrée. C'était la première visite qu'elle recevait sans la présence de son tuteur depuis qu'elle vivait ici. Un peu nerveuse, elle reposa son livre et finit son gâteau, prenant bien soin de n'avoir aucune miette sur sa jolie robe. Elle fixa la porte, s'efforçant de garder un air détendu -alors qu'elle se savait totalement crispée et paniquée- et attendit le domestique. Enfin il ouvrit pour faire place à un jeune homme charmant. Ses mains se crispèrent alors qu'elle se levait pour faire une révérence lorsqu'on l'annonça :

- Mr Timothy Leycester.

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Ses jambes se plièrent bien difficilement à sa volonté pour faire la révérence que l'on attendait d'elle. Timothy était certainement la dernière personne qu'elle s'attendait à voir ici, bien qu'elle soit aussi celle qu'elle avait le plus de chance de rencontrer. Ses joues se rosirent légèrement tant elle était gênée de devoir l'accueillir seule. Son seul réconfort résidait dans le fait que lui aussi paraissait mal à l'aise... Ou bien justement, n'était-ce pas pire ? Elle pria intérieurement de toutes ses forces pour que son tuteur revienne au plus vite, bien qu'elle ait la certitude qu'il n'en serait rien. Mais que pouvait-il bien faire ici ? Pourquoi maintenant, alors qu'elle était seule, sans même prévenir de sa venue ! Non, le problème, c'était elle, pas lui. D'ailleurs, elle aurait parié cher qu'il se posait la même question à son sujet. C'est elle qui n'aurait dû se trouver ici, pas l'inverse. Mais de toute évidence, Mr Dawsey avait gardé cette histoire de tutorat pour lui; la preuve étant que la question qu'elle s'était posé tout bas, il la formula à voix haute.

- P... Pardon ?

Elle avait très compris, là n'était pas le problème, c'est juste qu'elle fut prise de court. Il était évident que chacun se le demandait, le fait est que le lui demander directement avait quelque chose de... vexant ? Comme si elle n'était qu'une importune. Sa bouche s'ouvrit et se referma à plusieurs reprises, mais prenant conscience du silence embarrassant qui s'installait, elle lui répondit enfin, passant outre sa gêne croissante.

- Mr Dawsey n'a pas dû vous prévenir je suppose... J'étais dans une situation embarrassante jusqu'à il y a peu, vous le savez, et c'est à ce moment-là que j'ai croisé votre frère. C'est alors qu'il a eu l'extrême amabilité de me faire sa demande, que bien sûr je n'ai pu refuser.

Totalement inconsciente du quiproquo dans lequel ils s'embarquaient et pensant ses propos clairs (si elle savait xD <3), elle ne poursuivit pas plus avant. Tout ce qu'elle voyait, c'était qu'il aurait été gênant de rappeler la situation précaire dans laquelle elle s'était trouvée. En parler sans le dire clairement était d'après elle un exploit qu'elle avait réussi avec brio après tout. Seulement voilà, Timothy lui offrait la vision d'une grimace qui la fit tout à coup douter de l'effet de sa réponse. N'était-il donc pas heureux qu'elle ait enfin trouver un tuteur ? Elle n'osait imaginer ce qu'il avait alors eu à l'esprit... Elle avait beau, dans son pauvre esprit innocent, ne pas avoir grande conscience de ce qu'une femme aurait bien pu faire dans l'appartement d'un jeune et charmant célibataire, elle avait tout de même entendu assez d'histoires à propos de réputations brisées pour savoir que ce qu'avait du imaginer le jeune homme n'était guère à son honneur. Ses joues n'en rougirent que d'autant plus, sans qu'elle ne réalise pourtant que ce doux rosissement ne les enfoncerait que plus encore dans leur malentendu. Ce n'est qu'alors qu'elle prit conscience qu'ils devaient avoir l'air bien sot ainsi debout à se fixer d'un air gêné.

- Mais je manque à tous mes devoirs, pardonnez-moi. Asseyez vous je vous en prie. Je ne sais quand reviendra Mr Dawsey. Désirez-vous du thé en l'attendant ?

Il pouvait peut-être ne rien y paraître, mais Bethany était alors plus fière que jamais.... au moins autant qu'elle était concentrée. Toute sa vie, elle avait été formée dans ce but précis : être un jour une hôte aussi parfaite qu'elle serait épouse. A défaut d'être mariée, elle pouvait toujours accueillir convenablement des invités. Dans son esprit défilaient alors toutes ses leçons visant à lui apprendre quoi faire dans ce genre de situation... Soit comment proposer et servir du thé convenablement. Et bien elle ne s'en sortait pas trop mal !... Bon elle ferait peut-être mieux de ne pas être s'y fière d'elle pour s'être simplement rappelé d'une question, et après tout, le pauvre garçon semblait toujours aussi mal à l'aise... Aussi ne lui restait-il donc plus qu'à attendre une réaction et se concentrer pour arrêter de se mordiller nerveusement les lèvres.

La pluie cognait les carreaux des fenêtres à meneaux du salon. La couche grise nuageuse se renforçait, faisant grandir un peu plus la pénombre de la pièce. Timothy pouvait néanmoins discerner sans peine le malaise de Bethany. Apparemment, son hôtesse imprévue ne s’était pas préparée à cette rencontre. En entendant son hésitation, Timothy se mordit la lèvre inférieure d’un geste nerveux. Il avait été trop maladroit. Et s’il y avait bien une personne qu’on ne devait pas vexer, c’était bien une jeune femme. Il commençait à préparer une excuse quand Bethany lui expliqua la raison de sa présence ici.
Une… demande ?
Timothy ne pouvait y croire. Son frère… avec… Bethany Shaw ? La bien trop jeune et timide Bethany ? C’était à peine croyable ! Etait-ce une nouvelle farce de Kenneth ? Oui, ce devait être cela.
Cependant, Bethany ne montrait aucun signe d’amusement. Alors le garçon fronça légèrement des sourcils, essayant de cacher toute trace de surprise ou d’incompréhension de son visage. Il ne voulait pas mettre plus mal à l’aise encore que son amie, qui rougissait fortement. Mais il était difficile de cacher une telle hébétude. Ses parents étaient-ils au courant de cette union ? Bien sûr ! Jamais Kenneth n’aurait osé se marier sans les avoir prévenus auparavant. Mais pourquoi ne lui avaient-ils rien dit ?
Non. Décidemment, Timothy ne pouvait se résoudre à cette vérité. C’était tellement… improbable. Surtout venant de la part de Kenneth. Le garçon savait dans quelle situation se trouvait Bethany ; il l’avait croisée plusieurs fois dans les quartiers mal famés de Bath. Alors si une telle proposition lui était faite, elle aurait été bien sotte ! Mais Kenneth ? Avait-il vraiment voulu s’embarrasser d’une épouse, lui, l’homme à femmes ?
Bethany l’attira hors de ses pensées confuses en l’invitant à prendre un thé en attendant le retour de Kenneth. Timothy hocha maladroitement la tête.
« Oui. Oui, bien sûr. Volontiers. »
Il semblait au garçon n’avoir jamais été aussi sonné de toute sa vie. Mais il devait faire bonne figure ! se sermonna-t-il. A nouveau, il tenta de se composer un visage aimable, et s’installa sur un des sofas de la pièce, en veillant à ce que Bethany se soit installée avant lui.
« Vous, hum, vous plaisez-vous ici ? demanda-t-il aussi poliment que possible. »
Il avait retrouvé l’attitude d’un garçon de dix-sept ans un peu timide, qui tentait de faire la conversation. Mais avec des interrogations et des suppositions plus aberrantes plus difficiles les unes que les autres, la tâche se révélait plutôt ardue.

Le manque de réaction de Timothy était assez parlant de ce qu'il devait penser de la situation. Aurait-il donc préféré qu'elle reste ainsi dans la misère ? Elle avait beau apprécier plus que quiconque Danny, cette situation n'était souhaitable à personne ! Et pourtant il semblait tout hébété, incapable de comprendre ce qui avait pu la pousser à accepter... Ou peut-être était-ce le fait que Kenneth lui est fait une telle offre qui l'intriguait à ce point ? Mais n'était-ce alors plus blessant encore ? Était-ce donc si surprenant qu'il ait pu vouloir la prendre comme élève ? Bethany restait donc là, gênée, intriguait de l'origine d'une telle surprise, et incroyablement peinée. Désireuse de conserver les apparences intactes pourtant, elle s'installa simplement à ses côtés, lui servant la tasse de thé qu'il accepta.

Alors qu'elle la lui tendit, ses doigts frôlèrent malencontreusement les siens. Sans qu'elle ne comprenne réellement pourquoi, elle en fut troublée un instant, mais se ressaisit bien vite. Relevant la tête, elle lui offrit un grand sourire et lui répondit, passant outre l'air gêné que lui aussi affiché.

- Oh oui je me plais énormément ici ! Mr Dawsey a eu la bienveillance d'aménager une pièce spécialement pour moi, bien que je n'en ai demandé autant. C'est vraiment un homme bienveillant avec moi, je n'aurais pu espérer trouver mieux.

Elle lui sourit de nouveau, et but une petite gorgée de la tasse qu'elle s'était servie aussi. Son regard vint se perdre sur la fenêtre contre laquelle la pluie tambourinait de plus en plus, juste au moment où un éclair vint illuminer la pièce alors qu'un grognement sourd se faisait entendre. Elle ne put retenir un léger sursaut, reste malheureux de la peur qui était née en elle depuis l'affreuse tempête de Meryton. Elle ne pouvait à présent s'empêcher de craindre que chaque orage était peut-être annonciateur d'une nouvelle tornade qui viendrait ravager le pays, la ville, ou peut-être juste sa maison. C'était ridicule, mais elle ne parvenait à ce sortir cette peur de la tête. Pour ne plus y penser, elle reporta son regard sur le garçon qui lui tenait compagnie.

- Je crains que vous ne deviez rester un moment. Il est impensable que vous remettiez un pied dehors tant que la pluie n'aura pas cessé ! Elle lui sourit timidement et ajouta. Mais j'espère que ma compagnie ne vous dérange pas ? Vous semblez mal à l'aise depuis votre arrivée...

Nul besoin de préciser que ce malaise qu'il laissait paraître était en grande partie l'origine du sien. Elle pouvait bien se prétendre une hôte aussi agréable et charmante qu'elle le désirait, ses joues rouges, ses mains moites et son sourire crispé était assez parlants...

Timothy tenta de se recomposer un visage. Il devait absolument se ressaisir ! Même si Bethany faisait à présent partie de la famille, il n'avait pas à se montrer impoli. Il accepta la tasse avec un sourire aimable. Ses yeux accrocha une seconde leurs doigts qui se frôlaient. Elle avait les mains si douces, si fraîches ! Il était difficile d'imaginer qu'elle avait vécu dans les quartiers pauvres de la ville durant plusieurs mois.
Le jeune homme chassa cette pensée en goûtant le thé chaud. Il avait encore du mal à croire que son amie se soit mariée avec son frère. Cependant, il ne pouvait nier l'évidence devant une Miss Shaw heureuse de sa nouvelle condition. Alors il se contenta d'esquisser un sourire et hocha la tête en signe d'assentiment. Timothy était réellement d'accord avec Bethany. Kenneth pouvait peut-être avoir mauvaise réputation, mais le jeune homme était convaincu qu'il ferait un bon mari. Il n'était pas du genre à s'engager à la légère.
Un grondement se fit entendre au loin tandis que la pluie redoublait de force. Bethany tourna la tête vers la fenêtre. Elle avait une mine étrange. Mais Timothy ne le remarqua pas réellement. Il détailla son amie, se rendant compte qu'il ne l'avait jamais vraiment regarder. Quand ils s'étaient rencontrés, les pensées de Timothy était beaucoup plus dirigées vers la mystérieuse Patricia. Quand ils s'étaient revus à Bath par hasard, Timothy avait juste retrouvé une connaissance de Meryton. Mais aujourd'hui, il la voyait comme une femme. Une femme avec qui il pourrait nouer une véritable amitié.
Elle se retourna vers lui, et il cligna des yeux, reprit une gorgée de thé espérant qu'elle ne l'avait pas surpris.
" Ne craignez rien de cela, répondit-il presque aussitôt. J'ai toujours apprécié votre compagnie, n'en doutez pas. Mais... "
Le jeune homme hésita quelques instants. Il songea qu'il fallait mieux être honnête qu'entretenir cette tension entre eux. Mais Timothy aurait préféré en parler d'abord avec Kenneth. Cependant si son frère était sorti, il ne pourrait revenir avant que l'orage ne soit passé. Le dernier Leycester était donc condamné à rester seul avec Bethany.
" Je dois vous avouez que je suis étonné de votre présence ici, confia-t-il. Ne vous méprenez pas, surtout ! Je suis sincèrement heureux de vous savoir ici plutôt qu'ailleurs. Mais... (Il baissa les yeux vers la tasse qu'il tenait toujours avant de les relever vers la jeune femme.) Je ne comprends pas pourquoi Kenneth ne nous a rien dit à propos de vous. Je ne doute pas que vous ferez une bonne épouse et qu'il fera votre bonheur, mais je pensais qu'il aurait au moins demander conseil à nos parents avant de s'engager. "
Timothy baissa à nouveau les yeux vers son thé qui refroidissait entre ses mains posées sur ses cuisses . Il se mordit un instant la lèvre inférieure. En avait-il trop dit ? Finalement il redressa la tête pour affronter Bethany.

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L'atmosphère inconfortable qui régnait dans la pièce faisait monter d'un cran supplémentaire la tension de Bethany à chaque seconde qui passait. Elle devait se rendre à l'évidence, elle pourrait bien lui servir toutes les tasses de thé au monde, lui faire des centaines de sourire, entamer toutes sortes de conversation, Timothy ne se dériderait pas... Elle en fut navrée car elle avait toujours apprécié sa compagnie, mais elle se rendit compte que ce sentiment n'était peut-être pas aussi partagé qu'elle l'eut crut. Était-il possible que cette amitié qu'ils avaient partagé à Meryton et à leur arrivée à Bath soit surtout du fait qu'elle ait été l'amie de Patricia et qu'il ait recherché sa compagnie ? A présent qu'elle ne pouvait lui donner tant de nouvelles qu'autrefois mais qu'il se retrouvait dans l'obligation de subir sa présence de temps à autre du fait qu'elle soit l'élève de Kenneth, il se trouvait donc être mal à l'aise... Non elle ne pouvait y croire, une telle chose était impossible, qui donc serait assez cruel pour agir ainsi ? Mais on avait si souvent abusé de sa confiance alors comment savoir... Elle retint de justesse un soupir en constatant qu'il l'observait lorsqu'elle se retourna vers lui. La manière qu'il eut d'aussitôt détourner le regard la conforta dans son idée et lui fit un peu plus de peine encore.

Pourtant la réponse qu'il lui fit l'amena à douter un peu et elle se réconforta dans l'idée que peut-être était-ce simplement ce temps maussade qui l'amenait à avoir de si malheureuses pensées. Mais il y avait un mais. Il y a toujours un mais... Quel sorte de mais pouvait bien suivre un "j'ai toujours apprécié votre compagnie" ? Elle préféra ne pas se torturer l'esprit plus encore donc se contenta de lui faire un signe de tête et un sourire encourageant. Il hésita un instant mais finit par se lancer. Elle resta d'abord confuse par rapport à ses paroles, ne sachant vraiment si elle devait mal le prendre ou pas et puis...

Le choc. Qu'avait-il dit ? Épouse ? S'engager ? Stupéfaite, elle garda le silence quelques secondes, de longues secondes. Timothy n'osait la regarder, aussi fixait-il sa tasse... Quant à elle, elle l'observait plus hébétée que jamais. Sa bouche s'ouvrit et se ferma à plusieurs reprises, sans qu'elle ne parvienne à en faire sortir le moindre son. C'était donc cela, il avait cru qu'il l'avait pris... Pour épouse ? Elle chercha dans sa mémoire, tenta de se remémorer si elle avait dit ou fait quelque chose qui aurait pu l'amener à le penser... Non rien, mais elle n'avait pas non plus dit clairement qu'elle était l'élève de Kenneth. Ou plutôt si ! Non ? Non... Le trouble était encore clairement visible lorsqu'il releva la tête vers elle, visiblement gêné de la confidence qu'il venait de lui faire, mais elle avait beau faire son possible, elle ne s'en remettait pas.

- P... Pardon ? Son épouse ?

Enfin elle réussissait à prononcer quelque chose, et comme si prononcer à voix haute son incompréhension l'avait aidé à remettre ses idées en place elle comprit en quoi Timothy pouvait être si gêné. Elle s'était arrêté au fait qu'il l'avait pris pour la femme de Kenneth, omettant de ce fait qu'il lui avait surtout avoué être gêné n'en avoir eu aucune nouvelle directe de la part de son frère, du fait qu'il n'en avait pas même référé à ses parents. Elle s'apprêtait donc à prendre sur elle et cesser d'ouvrir la bouche comme un poisson pour lui expliquer clairement les choses lorsqu'elle croisa le regard encore dépité de son pauvre compagnon. Sans qu'elle ne puisse alors rien y faire, la jeune étudiante fut prise d'un fou rire incontrôlable. Tant bien que mal, elle parvint à poser sa tasse sur la petite table près d'eux et tourna le dos à Timothy pour tenter de se calmer. Elle y parvint à une reprise, une seconde, et même une troisième... Mais à chaque fois qu'elle pensait se sentir mieux et qu'elle se retournait pour lui faire face, elle riait de nouveau. Il n'y avait là nulle moquerie bien sûr, mais c'était simplement toute la tension accumulée qui s'échappait enfin, la compréhension d'un quiproquo ridicule qui les avait tous deux tant embarrassés... Bon et peut-être un petit peu l'air qu'il affichait aussi. Tant bien que mal, elle finit par se retourner vers lui et parvint à articuler entre plusieurs éclats de rire :

- Oh pardonnez-moi Timothy... Sa femme... Non voyons c'est ridicule ! Son élève !