Every girl wants to go to the ball [Sarah]

Rebel

Le bal de Meryton. Un événement tant attendu par bon nombre de jeune fille. Dans chaque maison, les principales discussions tournaient autour de voitures, toilettes, ainsi que de tel ou tel individu qui serait présent, en particulier lorsqu'il s'agissait de beaux partis. Il semblait que toutes se réjouissaient à la venue de cet événement. Toutes, exceptée Sarah Tiddler qui semblait désapprouver une telle distraction, et le laissait entendre. Gabrielle, malgré toute l'affection qu'elle pouvait éprouver envers sa jeune élève, n'avait le loisir de la satisfaire. Mrs Tiddler, la mère de la jeune fille, s'était montrée fort clair dans l'expression de ses désirs, et qu'elle le veuille ou non, Sarah se rendrait au bal, accompagnée de sa gouvernante, chargée de veiller sur elle. La jeune femme, intérieurement, n'éprouvait aucun enthousiasme à l'idée de s'y rendre, sentiment que la bienséance, ainsi que sa condition, lui empêchaient d'exprimer à haute voix. Il était par ailleurs rare que son visage, calme et impassible, laisse entrevoir le moindre de ses sentiments. Elle se contentait ainsi de presser la jeune demoiselle afin que celle-ci ne soit pas trop en retard. Déjà, la voiture qui devait les mener à destination.

Usant de sévérité mêlé à un agacement certain, dû autant à la perspective de se rendre à ce bal qu'aux protestation de Sarah, elle parvint malgré tout à la faire monter en voiture. Elle ne s'était guère apprêtée pour l'occasion. Vêtue d'une robe aussi sobre que toutes celles qu'elle portait chaque jour, ses cheveux noués comme d'ordinaire, il était aisé de deviner du premier coup d'œil sa condition. Elle avait malgré tout pris soin d'apporter un masque, certes simple, mais qui lui permettrait malgré tout de se trouver dans le ton de la soirée. Durant le trajet, elle ne cessa de jeter des regards vers l'extérieur, contemplant Meryton. N'y vivant que depuis peu de temps, elle connaissait encore bien mal les lieux, mais aimait à les explorer. Elle ignorait combien de temps elle y demeurerait. Elle refusait à s'attacher à un lieu précis. Se perdre, vagabonder d'une maison à une autre était la meilleure solution qu'elle ait pu trouver afin d'échapper aux trop nombreux fantômes qui la hantaient. Jamais elle n'évoquait son passé, ni ne répondait même de façon claire et précises aux questions portant notamment sur sa jambe infirme.

Elle sursauta légèrement lorsque la voiture s'arrêta, puis invita sa jeune élève à descendre, puis la suivit, avant de s'avancer vers la salle. Puis, à mi-chemin, elle vit que Sarah n'était plus à ses côtés. Elle se retourna, et aperçut la jeune fille, restée en arrière. Elle rebroussa chemin.

« Que faites-vous Miss Sarah? Ne trainez pas je vous pris, nous y sommes presque. »

Elle comprenait à vrai dire parfaitement le peu d'enthousiasme de cette enfant. Elle-même n'appréciait guère ce type de fantaisies, et estimait qu'une jeune personne n'aurait du être contrainte à y participer. De plus, son infirmité l'empêchait de pouvoir apprécier les plaisirs de la danse, ou du moins d'être une cavalière acceptable. Nul n'avait l'idée d'inviter une boiteuse à danser. Elle ne s'en formalisait guère. Elle n'était, après tout, qu'une simple gouvernante et n'éprouvait nul besoin d'attirer les regards. Ce soir là son seul objectif consistait à obéir aux directives de Mrs Tiddler et garder un œil sur Sarah tout au long de la soirée.

Miss.

Spoiler:

Une enfant. C'était exactement ce que Sarah était dans sa tête. Une enfant n'a aucune envie de se montrer à la société et d'avoir des conversations d'adultes avec des gens superficiels. Une enfant a envie de jouer à ses propres jeux d'enfants, et de rester chez soi pour s'amuser. C'était encore pire avec une enfant comme Sarah Tiddler, puisque cette dernière n'appréciait que peu la compagnie des êtres humains (préférant celle de ses rats et autres grenouilles), n'avait donc pas de camarades de "jeu", et détestait qu'on la chouchoute de belles parures. Ses cousines Lydia et Victoria quant à elles raffolaient de ce genre d'événement : un bal ! l'occasion rêvée de montrer qu'elles étaient devenues des femmes ! Sarah avait refusé de les accompagner faire leurs courses à la boutique de rubans, et avait grimacé lorsque son autre gouvernante Rose lui avait fait sa coiffure. Ses cheveux noirs étaient lâchés, indomptables malgré tout l'effort du peigne et de la brosse, mais Rose avait ajouté des rubans bleus sur les côtés, ainsi qu'une petite tiara qui maintenait la coiffure. Physiquement, Sarah n'était plus une enfant. Elle était d'ailleurs plutôt jolie. Ses yeux bleus ressortaient grâce à cette robe bleue ciel très simple, et à ce masque en argent qui couvrait la moitié de son visage. Les hommes qui passèrent à côté d'elle en descendant de leur calèche purent admirer les formes d'un corps qui devenait plus mature. Cependant, son air gauche stoppait toute attente de grâce et de féminité. Elle avait manqué de trébucher en sortant de la voiture. Elle aurait du trébucher, ainsi sa robe aurait été tâchée et elle n'aurait pas pu s'afficher au Gold Crown. Mais non. Sarah traîna des pieds, lentement derrière Gabrielle.

Gabrielle était une nouvelle gouvernante au manoir des Tiddlers. Sarah appréciait sa compagnie, et admirait sa patience. Gabrielle avait été au début légèrement chamboulée par la vision de toute la "basse-cour" qui se tenait dans l'arrière-chambre de la jeune fille, mais avait vite appris à respecter le drôle de monde de sa jeune maîtresse. Cependant, elle était plus stricte que Rose, qui gâtait la petite Tiddler depuis son plus jeune âge, et c'était donc à elle que les Tiddlers avaient confié la responsabilité d'amener (ou plutôt forcer) Sarah au bal. Défi qu'elle semblait avoir réussi jusqu'à ... ce qu'elles arrivent toutes les deux devant l'hôtel de ville. Sarah faisait encore preuve de résistance.

GABRIELLE : Que faites-vous Miss Sarah? Ne trainez pas je vous pris, nous y sommes presque.

Justement. pensait Sarah. Plus que cinq pas, non dix (Sarah se mit à calculer la distance de manière très mathématique) et elle entrait en Enfer. Sarah soupira. Elle n'était pas très bavarde, et manifestait donc son comportement autrement que par des paroles. Elle faisait la moue d'ailleurs. Sarah arrêta de traîner des pieds, et s'arrêta juste derrière Gabrielle. Sarah secoua la tête, négativement. Elle leva la tête vers le ciel, et le pointa du doigt.

SARAH : J'observe les étoiles.

Rebel

Gabrielle, au cours de sa courte vie, avait déjà été employée au sein de deux maisons, et occupé le poste de gouvernante auprès de plusieurs enfants. Cependant, elle devait admettre n'en avoir jamais connu de si étrange que la jeune Sarah Tiddler. En vérité, cette dernière était davantage une jeune fille qu'une enfant, elle aurait presque pu être considérée en tant qu'adulte. Et pourtant, elle semblait résolue à se comporter telle une enfant. La jeune femme ne pouvait nier avoir été surprise les premiers jours où elle avait découvert son élève, constatant que celle si préférait au contact d'autres être humain, celui de sa ménagerie, constituée de créatures que beaucoup auraient trouvé absolument répugnantes. Et pourtant, Gabrielle était parvenue à s'habituer à cette originalité qu'elle avait trouvé au fil du temps, rafraichissante. Elle sentait qu'elle faisait une différence entre la jeune Sarah Tiddler, et tous les autres enfants à qui elle avait enseigné. Cependant, il s'agissait là d'un sentiment qu'elle se refusait à montrer, se comportant avec la jeune fille tel qu'elle l'avait toujours fait, avec sévérité mais demeurant toujours juste. Bien qu'elle apprécie la compagnie de son élève et aime à lui enseigner, elle se défendait d'éprouver une quelconque forme d'affection à son égard. Et pourtant, bien malgré elle, elle sentait au fil du temps une affection à l'égard de la jeune fille s'emparer d'elle peu à peu. Elle tentait de se protéger, s'emmurer autant que possible afin de ne pas s'attacher, ce qui pouvait selon elle s'avérer dangereux. Elle avait toujours eu pour principe de conserver une certaine distance avec ceux qui pouvaient l'entourer.

Elle avait eu quelques difficultés à convaincre Sarah de se rendre jusqu'ici. La jeune fille semblait décidée à n'en faire qu'à sa tête. Elle ne semblait éprouvée aucun plaisir à être parée pour le bal, comme ses cousines qui elles ne songeaient qu'à cet événement où elles pourraient s'amuser. Gabrielle s'efforçait de ne pas encourager son élève en lui faisant partager son peu d'enthousiasme à l'idée de passer cette soirée au bal de Meryton. Bien que les individus de toutes classes y étaient réunis, elle-même estimait n'être aucunement à sa place. Et pourtant, elle se devait d'obéir aux directives de la maitresse de maison qui l'avait employée et lui versait un salaire pour qu'elle fasse uniquement tout ce qu'on lui demandait, sans protester. L'esprit souple de Gabrielle avait parfaitement intégré ces préceptes et elle se montrait toujours docile lorsqu'il s'agissait de suivre des ordres. Mais, face aux protestation de la jeune Tiddler, elle se sentait peu à peu perdre patience. Sarah ne cessait de trainer, de protester, comme une enfant, et bien que la jeune gouvernante partage son appréhension face à la soirée, elle aurait apprécié que la jeune fille fasse preuve de davantage de retenue et ne lui rende pas la tâche plus difficile qu'elle ne l'était. Elle comprit cependant que son approche n'était absolument pas efficace et résolut d'en adopter une autre. Elle se tourna et s'approcha d'elle de sa démarche douloureuse.

« Songez que si vous vous pressez, vous verrez la soirée plus rapidement achevée. »

Elle savait que cela constituait une épreuve pour Sarah, qui ne songeait visiblement qu'à rentrer chez elle où elle pourrait se consacrer à des activités davantage de son goût.

Miss.

Sarah songea un moment à ce que sa gouvernante désirait. Elle la voyait se retourner, et revenir à elle, de manière déterminée, malgré son handicap. Sarah n'en voulait pas à Gabrielle de la forcer à aller au Bal. Elle n'en voulait pas plus à sa mère qui pourtant avait donné cet ordre. Elle s'en voulait à elle-même. Elle s'en voulait de ne pas être comme toutes les autres jeunes filles, qui aiment s'amuser à de pareilles occasions. Pourquoi lui était-ce si difficile de supporter tout ce monde ? de supporter tout ce bruit, toutes ces paroles qui s'entendaient déjà de l'extérieur de la salle de bal ? Des rires jaillirent de l'intérieur, ou plutôt des gloussements de jeunes filles enivrées par la fête. La musique retentissait d'autant plus que les pas de danse battaient son rythme. Les gens semblaient bien heureux. Et c'était justement ce qui effrayait la petite Sarah. Elle craignait que dans l'euphorie du moment, le nombre de ses prétendants ne cesserait de s'accroitre et de lui proposer de danser - proposition qu'il serait bien inconvenant de refuser pour une jeune fille de la bonne société. Elle craignait aussi créer un autre scandale au nom de sa famille, en trébuchant lors d'une valse ou en manquant de respect à un partenaire en lui écrasant le pied. Sarah soupira, les yeux au ciel, à cette pensée. Elle se doutait bien aussi qu'elle serait la risée de ses cousines, et que Blythe ne manquerait pas le lendemain de lui faire une subtile remarque. Ce dernier ne cessait de l'observer récemment, comme si elle était ... (anachronisme xD) un personnage de dessin animé ! (*BAF*) Sarah était presque comme un enfant sauvage, presque indomptable. Pour l'amadouer, il fallait parler son langage. Elle ne se montrait pas tout le temps aussi capricieuse. Les rares fois où elle s'entêtait à rester sur ses positions impliquaient souvent ses animaux et son besoin de solitude.

GABRIELLE : Songez que si vous vous pressez, vous verrez la soirée plus rapidement achevée.

La jeune fille ne répondit pas. Elle entendait au loin l'argument que lui présentait sa gouvernante, et la considérait de manière réfléchie, mais restait obnubilée par le ciel étoilé. Elle espérait voir apparaître une étoile filante, symbole d'un miracle qui la déroberait de ce calvaire qu'elle devait endurer.

SARAH : Est-ce que vous auriez aimé être à ma place ? Pouvoir danser avec tous ces bons partis ?

La réponse pouvait être évidente ou s'avérer être tout autre. Sarah ne regardait pas Gabrielle, qui boitait en venait à ses côtés. Elle n'avait jamais cherché à savoir d'où venait cet handicap. Elle n'avait jamais essayé de comprendre non plus. Elle se demandait par contre si le physique de sa gouvernante avait un lien avec son caractère si intransigeant et moral. Sarah ferma les yeux.

SARAH : Si une étoile filante passait, j'aurai souhaité que nous échangions nos rôles. Je suis certaine que vous auriez fait une Miss bien plus convenable que moi.

Rebel

Gabrielle sentait qu'une soirée passée au bal serait une véritable épreuve à ses yeux. Ce le serait sans doute également pour elle-même. Mais elle serait invisible. Elle resterait sans doute assise sur une chaise, observant d'un regard vague les convives présents, animés du même désir de danser et s'amuser. Elle songeait que cela aurait pu être sa vie, elle, fille de gentleman et destinée dès sa naissance à porter le titre de Miss. Sarah, elle devrait répondre aux invitations qui lui seraient faites par de jeunes gentlemen masqués, ce qu'elle semblait redouter. La jeune gouvernante connaissait suffisamment le caractère de son élève pour comprendre ses réticences. Cependant, elle savait également que Miss Tiddler était désormais âgée de dix-sept ans. Bientôt elle serait femme, et devrait être suffisamment accomplie afin de paraître dans la bonne société. Pour cette raison, Mrs Tiddler avait insisté pour qu'elle soit menée au bal, et surveillée. Elle ne connaissait que trop bien les penchants originaux de sa fille. Gabrielle ne pouvait se permettre de protester, juger ou même donner la moindre opinion au sujet de telles directives. Elle se devait au contraire de rester à sa place et obéir sans poser la moindre question. Elle n'était cependant pas insensible au comportement de la jeune fille et se sentait partagée entre l'agacement et la compassion. Elle était en règle générale une enfant, certes originales, mais qui n'en demeurait pas moins attachante. Cependant, de tels caprices lui rendaient la tâche bien difficile et elle aurait souhaité que Sarah accepte plus aisément de passer une soirée qui serait à ses yeux cauchemardesque.
Elle tentait de la convaincre par divers argument, mais tout en doutant de leur efficacité. Elle n'avait nul autre choix que la faire entrer dans la salle afin qu'elle ne fasse ce que sa mère exigeait d'elle, à savoir apparaître en société au cours d'un bal.
Elle ne s'était pas attendue à une telle question. En vérité, elle n'avait jamais réfléchi au fait qu'elle aurait pu se trouver à la place de son élève. Elle savait ce qu'aurait pu être son existence si les circonstances avaient été différentes. Mais elle n'aimait guère à s'y appesantir. Elle se prénommait Gabrielle Brawne, gouvernante de son état. Il n'y avait rien à savoir de plus.

« Une telle question est absurde. Nul ne décide sa naissance. »

Elle s'était montrée dans sa réponse, plus sèche qu'elle ne l'aurait désiré. Ce type de question ne lui plaisait guère, elle ne savait que trop bien ce sur quoi cela pourrait déboucher. Et la remarque qu'elle redoutait ne tarda pas. Ce fut pire encore. Cette simple idée la faisait frissonner. Miss Tiddler était si innocente, elle n'était encore qu'une enfant. Gabrielle avait cessé d'en être une trop tôt. Elle pâlit et sentit soudainement la colère l'animer devant le peu de réflexion qui semblait avoir précédé une telle remarque.

« Miss Tiddler, vous êtes fille de gentleman, vous possédez la position et la fortune, et vous désireriez l'échanger contre les difficultés imposés par la pauvreté, ainsi qu'une faible condition sociale? Je vous prierais de réfléchir avant d'ouvrir la bouche. À présent suivez moi à l'intérieur. »

Elle tenta de reprendre sa contenance. La jeune gouvernante était d'apparence froide. Il lui était arrivée d'être stricte et de faire preuve de dureté à l'égard de son élève, mais jamais encore elle n'avait élevé la voix de cette façon envers elle.

Miss.

GABRIELLE : Une telle question est absurde. Nul ne décide sa naissance. (...) Je vous prierais de réfléchir avant d'ouvrir la bouche.

La gouvernante avait haussé la voix, et sa langue avait claqué sèchement contre son palais. Sarah avait eu l'impression de recevoir comme un fouet contre sa joue. Elle prenait très rarement la parole. Et Gabrielle venait de la conforter dans cette résolution : elle devrait rester silencieuse le plus possible. Sarah ne suivit pas la gouvernante pour autant. Elle se mit à réfléchir, comme elle lui avait suggéré. "(...) vous possédez la position et la fortune, et vous désireriez l'échanger contre les difficultés imposés par la pauvreté, ainsi qu'une faible condition sociale?" Ces mots résonnaient dans la tête de la petite Sarah. Elle était encore si naïve, et avait une vision si erronée du monde. Etait-elle vraiment "erronée" ? N'était-elle pas plutôt "imaginaire" ? Sarah vivait dans sa bulle, ce n'était pas pour rien, elle fuyait les difficultés de la réalité. Parce qu'en effet, comme le pointait sa gouvernante, elle en avait les moyens financiers. Comme Victoria, sa cousine, lui avait dit, au pire des cas, elle finirait mariée à un homme indifférent ce qui lui laisserait la liberté de s'occuper de ses animaux sans se soucier de sa réputation. Sarah secoua de la tête. Elle ne voulait pas dépendre de qui que ce soit. D'ailleurs, elle n'était pas devenue riche de naissance, son père avait bataillé pour monter sa librairie et sa maison d'édition, et la faire perdurer. Il avait réussi son empire en publiant des classiques sans ayant-droits et avait ainsi pu offrir une vie financièrement confortable à sa famille. Elle voulait faire pareil : se battre. Pourquoi ne pas devenir professeur, après tout ? Ou bien infirmière ? C'était des métiers de plus en plus acceptés dans la communauté. Mais le rêve ultime de Sarah était d'illustrer des livres pour enfants. Leur imaginer justement des mondes où ils seraient à l'abri de toute sombre réalité. Elle avait commencé des croquis en s'inspirant de ses animaux. Elle se servait aussi des punitions qu'elle avait reçues étant petites, mais aussi des maximes que ses gouvernantes lui sortaient. Les paroles de Gabrielle avait donc un impact important sur l'esprit de la jeune fille.

SARAH : Pardonnez-moi, Gabrielle. Je... suis souvent comme Epiméthée, vous savez ? Le frère de Prométhée, au début de la création, dans la mythologie grecque. "Celui qui agit avant de réfléchir". Je ne voulais pas vous manquer de respect ><.

Sarah baissa la tête, avec une touuuute petite voix.

Rebel

Gabrielle Brawne semblait d'un tempérament mesuré en toutes choses. Ses traits eux-même ne semblaient animés d'aucun sentiment particulier. Ainsi, il était fort rare qu'elle s'emporte aussi soudainement, en particulier contre l'une de ses élèves. Elle savait faire preuve de sévérité, mais aucun de ses actes n'aurait pu être qualifié d'impulsif. Mais cette fois-ci, elle n'avait pu contenir ses émotions plus longtemps. Elle avait pâli et réprimandé sa jeune élève, qui parlait à tort et à travers de choses qu'elle ne connaissait pas, et dont elle n'avait pas même la moindre idée. Lorsqu'elle la regardait, malgré son apparence et ses formes de femme, la jeune femme voyait avant tout une enfant innocente, inconsciente du monde réel qui l'entourait. Une petite fille, à peine sortie du berceau, et qu'on avait d'instinct l'envie de protéger des duretés de la réalité. Mais ce n'était aucunement son rôle. Son rôle était de lui enseigner le nécessaire afin de faire d'elle une jeune fille accomplie, apte à satisfaire les exigences de sa famille. Elle n'avait aucune autre opinion à formuler, et se gardait bien par ailleurs de le faire. Respectueuse de ses employeurs, elle suivait à la lettre leurs directives. Mais elle savait que Sarah était une jeune personne particulière. Elle avait sa propre vision du monde, parfois totalement fantasmée. Il s'agissait d'une caractéristique que, sans jamais l'avoir avoué, Gabrielle appréciait chez elle. Mais elle ne pouvait permettre d'entendre de telles sornettes, blessée par un passé qui lui avait bien trop coûté. Elle ne pouvait supporter le fait que la jeune Miss Tiddler émette soudainement le désir que toutes deux échangent leurs places. Elle était trop touchée de ce qu'elle venait d'entendre pour faire preuve de rationalité. Elle n'avait pu gardé son calme, et avait sévèrement réprimandée la jeune demoiselle. Loin d'être idiote, celle-ci avait parfaitement compris qu'elle avait fait quelque chose de mal et s'en excusa presque immédiatement, d'une voix à peine audible, mais avec des mots suffisants pour que sa froide gouvernante finisse par s'adoucir. Sa rigueur habituelle, dont elle ne semblait pouvoir se défaire, était toujours présente, et pourtant son ton s'était fait plus aimable, et son regard, moins sévère.

« Fort bien, n'en parlons plus. À présent, il vous faut faire votre entrée au bal, tel que votre mère l'a exigé. »

La soirée serait sans doute pénible, mais la jeune fille se devait d'y assister. Elle était bien jeune encore pour comprendre les duretés que lui offrirait une vie de labeur et de pauvreté. Sans doute ne réaliserait-elle que bien plus tard la chance qui lui avait été offerte de grandir au sein d'une famille fortunée dans laquelle son avenir lui était assuré.

Miss.

Il est vrai que Gabrielle s'emportait très rarement. Cela avait surpris sa "petite" protégée. D'habitude sa gouvernante faisait preuve d'intense froideur, et devenait aussi droite qu'un piquet. Sa voix se crispait, et ses mots venaient glacer le sang de Sarah, qui obéissait malgré tout. Mais cette fois, c'était différent, et Sarah obéissait quand même mais pour une différente raison : savoir que derrière cette carapace se cachait un être humain susceptible à de pareilles remarques la rassurait, et Sarah préférait écouter sa gouvernante en bonne connaissances de cause. Elle gardait toujours la tête baissée, culpabilisant d'avoir pu touché Gabrielle involontairement. Elle ressemblait à une petite souris comme cela (L), attendant le jugement dernier xD.

GABRIELLE : Fort bien, n'en parlons plus. À présent, il vous faut faire votre entrée au bal, tel que votre mère l'a exigé.

Sarah grimaçait, le nez toujours pointé vers le sol. "Faire son entrée", c'était assez ambigu. Sarah saurait faire une entrée remarquée... si elle se mettait à trébucher, en manquant une marche ou en se prenant un bout de sa longue robe dans les pieds. Sarah soupira. Ces cousines allaient encore se moquer d'elle. Ou bien, dans le meilleur des cas, personne ne la remarquerait, et ses parents ne l'obligeront pas à se présenter à tel ou tel prétendant. Sarah hocha de la tête, docile, et emboîta le pas à sa gouvernante. Elles entrèrent dans la salle de bal...

(FIN)

Spoiler:

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