Je n'aimais pas les impolis. Pas parce que je me prenais pour plus haut que mon rang, plutôt parce que je détestais que les bonnes manières ne soient pas appliquées. S'il m'avait appelée Madame, peut-être encore aurais-je répondu. Mais Mademoiselle me rabaissait à un statut très bas, un statut que je ne connaissais plus depuis un moment et, à l'âge que j'avais, n'avait plus lieu d'être.

J'aurais certainement aimé être tranquille, à me promener dans les plaines sur la jument que l'on m'avait confiée. Je me sentais bien, fraîche, et en pleine forme depuis que j'étais sortie. Je n'aimais pas rester au manoir pour vaquer à des tâches qui ne me correspondaient pas forcément. Je n'avais rien à y faire à vrai dire. Encore aurais-je des enfants, j'aurais la raison de rester auprès d'eux. Mais ce n'était, bien évidemment pas le cas. Ce n'était même pas près du tout d'arriver.

Je continuais d'avancer sur le dos de mon cheval blanc, droite, et ignorant royalement les appels de l'homme que j'entendais se rapprocher de moi. Mes cheveux au vent, j'avais mis ma monture à la marche, ne commettant pas l'impolitesse de le fuir alors que je ne savais rien de lui.

- KENNETH • Bien, on va dire que l'information ne vient pas de moi ! On m'a dit que vous alliez perdre votre ruban ! ;

Je me tournais finalement en entendant cela, et rattrapais de justesse le ruban qui menaçait de s'envoler, stoppant ma monture pour pouvoir le refaire avec grâce et souplesse. Le nœud fait, j'accordais un regard à l'homme qui venait de m'éviter une mésaventure fort ennuyeuse.

- ISABELLE • Merci, Mister. ;

Son habit me disait qu'il n'était ni quelqu'un du bas peuple, ni une personne de la plus haute bourgeoisie. Je lui accordais néanmoins un sourire faible et bienveillant pour le remercier de m'avoir prévenue. L'impolitesse était néanmoins toujours présente dans ma tête...