Ce matin-là, Lyssandre se leva en même temps que le soleil, et ne put plus rejoindre le pays des rêves, ce qui la mit d’emblée de mauvaise humeur. Etant lasse de se tourner et de se retourner dans son lit, elle se leva et prit un bon bain. Lorsqu’elle sortit, la jeune femme appela discrètement une femme de chambre, afin qu’elle l’aide à serrer son corsage, puis lady Spencer s’habilla d’une fine robe jaune pastel, avant de descendre dans la salle à manger où un copieux déjeuner l’attendait déjà ; déjeuner qu’elle toucha à peine, grignotant juste une tranche de pain chaud et un verre de jus de fruit : elle ne mangeait presque rien.

Elle décida d’aller se balader autour du village, malgré les stratus cachant le soleil et sa mauvaise humeur, elle n’avait de toute façon rien de mieux à faire. Les sentiers s’y trouvant étaient agréables, et surtout peu peuplés, ce qui lui permettrait de plonger dans les méandres de ses pensées. Les chemins qu’elle emprunta s’avérèrent effectivement presque déserts, et ce pour son plus grand plaisir. De cette façon, lady Spencer put réfléchir tranquillement à ses récentes découvertes. Ainsi perdue dans ses pensées, la jeune femme marcha longtemps, sans même s’en rendre compte.

Lorsque Lyssandre vit le ciel à présent dégagé et le soleil plutôt haut dans celui-ci, elle décida de rentrer au manoir, pour tout de même saluer ses hôtes et quelques autres invités. Ne voulant pas à nouveau faire le tour de Meryton, elle coupa par le village. Son passage suscita des regards peu amènes, et quelques commentaires qui lui passèrent au-dessus de la tête ; ce genre de méchanceté gratuite ne l’atteignait absolument pas. Rectification : rien ne l’atteignait - ou presque. Lady Spencer avançait gentiment en observant alternativement son chemin et les vitrines des boutiques bordant la rue, quand soudain elle entra en collision avec quelque chose ; quelqu’un vu la consistance de cette chose ; une femme vu ses vêtements. Lyssandre ne prit ni la peine de s’excuser, ni celle de réprimander la personne en face, encore moins de s'enquérir de son état. Elle remit sa robe et sa coiffure en place avant de lancer un regard assassin à ... Lady Ambre de Lys. Génial, son humeur allait certainement passer de mauvaise à exécrable. Son regard s’adoucit ; il n’était plus assassin, mais froid et dépourvu d’expression. Nette amélioration. La jeune femme avait décidé que cette Ambre ne méritait guère de percevoir son agacement, ce qu’elle ne ferait pas. Un sourire hypocrite sur ses lèvres, elle fit une petite révérence et salua la lady.