Kenneth cherchait une quelconque occupation pour égayer ses journées.
Il avait prolongé son sommeil ce matin afin de ne pas s'ennuyer, et avait donc demandé à son serviteur Liam de le réveiller tard. Il avait ensuite partagé un repas avec sa famille pour le midi, et était ensuite parti se promener au village. Il n'y avait pas de marché aujourd'hui, et les rues étaient désertes. Les femmes avaient déjà fait leurs achats pour le bal qui se tenait bientôt, et étaient ainsi cloîtrées chez elle à faire des essais de tenues. Kenneth fut désolé de ne pouvoir aider des jeunes filles en leur donnant son avis sur leurs robes, mais les règles de bienséance faisaient qu'un gentlemen ne pouvait en aucun cas assister à un défilé de filles en jupons. Il passa devant le salon pour hommes, mais n'y trouva que de tristes visages, qui débattaient de littérature intelligente et terriblement ennuyante. Il soupira. Ses compagnons étaient partis tôt ce matin pour chasser, et avaient sûrement décidé de rester plus longtemps vu le beau temps qu'il faisait.

Il devait être quinze heures lorsque Kenneth décida alors de faire demi-tour, et d'aller faire une balade en cheval. Le temps qu'il arrive aux écuries, et qu'il installe la selle de Tempest, il était déjà seize heures. Il galopa jusque tard le soir, et rentra pile à l'heure pour le tea time. Il passa le reste de la nuit à la taverne the Cave, et finit la soirée en compagnie d'une jolie prostituée.

Et... le lendemain, il recommençait une autre journée. Il décida de se lever plus tôt. Il comptait rejoindre les hommes à la chasse. Il prit ses vêtements les plus confortables, ajusta son chapeau, et demanda à ses domestiques de lui préparer son fusil de chasse. Il devait être six heures du matin lorsqu'il se retrouva dehors, sur sa monture. Il soupira. Il se rendit compte qu'il allait s'ennuyer à la chasse. Les mêmes animaux, les mêmes compagnons, les mêmes paysages. Soudain, un bâtiment retint son attention alors que Tempest était au trot. Kenneth lui fit signe de s'arrêter. Donwell Church.

Kenneth était loin d'être un pratiquant. Il croyait en Dieu, certes, ou plutôt à une force supérieure qui devait connaître tous les secrets de l'humanité et qu'il fallait craindre afin de se destiner à une heureuse existence. Cependant, il trouvait cela bien trop sage à son goût. Du coup, il admettait que Dieu existait, mais ne lui accordait pas toujours le respect qui était demandé dans la bonne société. Kenneth descendit de sa selle, et attacha Tempest à une barrière en bois. Il caressa le bel étalon puis entra dans ce lieu sacré. Kenneth retira son chapeau, qu'il garda contre son buste, et ses yeux bleu-vert se promenèrent dans la pièce. Les vitraux représentaient des scènes de la Bible. Un Jesus en croix trônait derrière l'autel. Des bancs en bois étaient installés toutes parallèles les unes aux autres. L'intérieur de l'église sentait l'encens. Kenneth mit sa main dans de l'eau bénie à l'entrée, et fit le signe de la croix, très religieusement. Puis ses yeux se portèrent sur une sorte de... placard en bois, au fond de la salle. Il sourit, et s'avança. Il devina la présence de Mr. Price dans le confessionnal. Et il lui vint l'idée de se confesser. Et cette idée l'amusait vraiment.

... : Bonjour mon fils.

KENNETH : ... Tiens, vous avez changé de voix, mon père ?

... : Le messager de Dieu n’a pas d’importance.

Kenneth rit intérieurement. Il avait posé une main sur ses lèvres pour s'empêcher de se moquer ouvertement. Il était fou (xD), mais il s'ennuyait... Est-ce que l'ennui pouvait excuser la folie ? Tiens, il mit de côté cette question, pour peut-être plus tard la poser au nouveau pasteur. Kenneth réfléchit. S'il ne s'agissait pas du père Price, ce devait certainement être son apprenti, le jeune Alexander Lovegood. Kenneth se sentit de plus en plus machiavélique. Il allait s'en prendre à un naïf petit nouveau de l'église.

ALEXANDER : ... Je vous rappelle que votre confession est sacrée et que nul ne pourrait briser le sceau du silence qui l’entoure. Dieu restera seul juge de vos actes.

Kenneth nota le ton solennel que le pasteur Lovegood avait pris. Pourtant, il devait tout le temps répéter ces mots à CHAQUE confession, non ? Ne s'en lassait-il pas ? Kenneth ne savait s'il devait se montrer admiratif du sérieux du jeune homme, ou bien moqueur vis a vis d'une vie dénuée de rebondissements. Kenneth haussa des épaules, et s'installa confortablement dans le confessionnal. Quoique, il était difficile de se sentir confortable à l'intérieur. Kenneth avait l'impression d'être confiné dans une boîte, et ses longues jambes peinaient à rester pliées. Il regarda le plafond en bois, et se mit à siffloter.

ALEXANDER : Je vous écoute… Qu’avez-vous à confesser ?

KENNETH : *sifflote* Vous n'avez pas répondu à ma question. En même temps vous avez raison, à chaque fois que je converse avec le Seigneur, il n'est lui-même pas très bavard.

Kenneth gardait un ton calme et neutre en proférant ces paroles provocantes. Il essayait d'entendre un quelconque signe de la part du pasteur qui prouverait qu'il était bien embêté. Puis il s'étira et bailla bruyamment.

KENNETH : Avant de commencer, je tenais à vous dire que c'est assez difficile d'être en "situation" de confessionnal, je veux dire ce n'est pas du tout confortable enfin bon... * s'éclaircit la voix * Je venais donc me confesser mon père, car j'ai pêché.

Sa voix était désormais bien plus sérieuse, et on pouvait presque sentir un soupçon de regret. C'était bien trop inquiétant.

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