Les fameuses soirées « entre amis » de notre charmante société… un supplice pour quelque un comme moi, un immense bonheur pour ces demoiselles. Et malheureusement, si Mr Tiddler, mon oncle, était un étrange et sévère personnage, il n’en était pourtant pas pour le moins amateur de ce genre d’exubérance sociale : ainsi, alors que j’espérais à une première soirée baignée d’une sympathique et reposante solitude, l’on m’avait annoncé que des amis avaient été invité à dîner à Worthington Manor. Et - certainement le détail le plus horripilant de toute cette histoire - sa tante, Mrs Tiddler, l’avait personnellement pris à part pour lui signaler la prochaine présence lors de cette soirée d’une demoiselle que j’avais par le passé - un passé très proche, trop proche même si vous voulez mon humble avis - de déjà rencontrer et même à qui j’avais fait l’honneur d’accorder un peu de moi-même le temps d’une danse, lors d’une des dernières soirées et autres bals ou j’avais été convié dès mon arrivée, il y a, à peine une semaine de cela.

Je parle bien sur de la gracieuse et splendide : Lady Solange de Chateaubriand. Une jeune demoiselle comme toutes les autres ? Peut-être ? Peut-être pas? Si elle est d’un naturel qui me convient assez et ne semble pas pour le moins du monde difficile en compagnie, elle garde un apparent mystère, qui la rends moins ennuyeuse que beaucoup d’autres de ses semblables. Aussi, bien que l’idée de cette énième soirée ne me réjouissait guère, je me fis force d’y participer tout de même. Habillé dans un simple costume élégant noir, comme toujours, je me fis prévenir par la gouvernante de l’arrivée de nos invités. Et mis un point d’honneur à accueillir ceux-ci avec la plus grande amabilité possible, je saluais donc tout ce beau monde avec le sourire. Le repas se passa tranquillement. Agréable pour tout le monde… sauf pour moi, qui ne rêvait que de m’isoler et de peut-être me plonger dans un bon livre.

Une fois celui-ci terminé, nous eûmes droit au traditionnel passage au salon avec tasses de thés, petits desserts gastronomique légers - ou pas - suivis rapidement de partie de carte pour ces messieurs - auxquels je me refusais à participer - et tout cela avec le sourire, s’il vous plait! Tandis que ces dames parlaient des dernières histoires du village, de toilettes et de bals. A mon grand soulagement, aucune ne se proposa au piano, le silence m’entourait donc tandis que je me trouvais dans un fauteuil à l’écart proche des fenêtres qui donné sur le lac qui miroité des lueurs de la lune sous la nuit sombre. Mes pensées dérivant tandis que je me plaisais à faire croire que j’étais perdu dans ma lecture - l’un des points positifs à habiter chez un éditeur, c’est qu’on a toujours de la bonne et variée lecture sous la main. En réalité, il faisait longtemps que j’avais terminé celui-ci mais plutôt qu’on m’oblige à jouer du piano ou à discuter avec ces dames que de me joindre aux jeux de cartes de ces messieurs. Me voila d’humeur « ronchon », un manque de sommeil, certainement…