Remember Austen, RPG du XIXe
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Un chat perché | Gabrielle

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InvitéInvité
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MessageSujet: Un chat perché | Gabrielle Un chat perché | Gabrielle EmptyJeu 8 Avr - 22:45

    Si Londres ne révélait la présence d’arbres que dans quelques rares squares et parcs, Meryton et ses environs en offraient à perte de vue. Depuis deux ans que Clive avait quitté la grande ville, il avait taché de s’habituer à cet environnement lorsqu’il se trouvait que son régiment se stoppait en campagne. Les champs, les immenses prairies… Ce n’était pas ce qu’il préférait, non. Il avait une plus grande attirance pour les bois et les forêts. Hêtres, chênes, platanes et ifs, tous ces êtres majestueux lui rappelaient les hauteurs des bâtiments sur lesquels il allait se perdre il y a quelques années encore. Grimper dans un de ces arbres, le jeune homme ne l’avait pas encore fait mais il appréciait faire glisser ses doigts le long des branches, admirer les écorces presque intactes mais vieillies des centenaires, en sentir la sève qui se répandait jusqu’aux racines ou écouter la mélodie du vent s’enfouissant dans leurs feuillages.

    Ce petit plaisir était devenu plus fréquent depuis que le régiment de Brighton s’était installé ici. Le fait de rester désormais en un même endroit n’était pas encore assez mûr pour que Clive soit à l’aise avec les lieux. Le village ? Il le craignait, comme la plupart de ses camarades à vrai dire. Les gens jugent, les gens parlent… Le plus grand risque serait que leur secret, cette horrible tâche étalée et imprégnée sur les différents soldats, circule de bouches à oreilles au sein de Meryton. De toute façon, Clive ne tenait pas à voir les villageois, comme si refuser de voir d’autres personnes que ces bonshommes aux vestes écarlates et gâpettes droites sur la tête qu’étaient les autres hommes du régiment était un remède pour combler le manque qui rongeait son cœur. L’adolescent extraverti et vif qu’il avait été, connu dans les petits quartiers londoniens, aimant bavarder avec les jeunes filles de province, semblait s’être envolé brutalement. Il préférait s’enfermer dans un silence éloquent la plupart du temps, n’allant plus vers les gens.

    C’est dans ce même silence qu’il traversait alors the Wingfield Woods. Seul le froissement des feuilles et hautes herbes sous ses pas pouvaient être audibles, mais encore ! Ce calme fut bien interrompu, en cette matinée fraîche mais belle pour chasser, par les aboiements lointains des chiens terriers courant après les proies de leurs maîtres, ces nobles s’adonnant un de leurs nombreux plaisirs par leurs parties de chasse. Cependant, Clive les ignora, sachant bien qu’il était trop loin pour courir un quelconque risque. Arrivant dans une petite clairière où semblaient se reposer les ruines d’une vieille bâtisse effondrée, à côté du grand sentier qui traversait les bois, Clive admira longuement les lieux, faisant papillonner ses yeux de tout part. Après avoir retiré sa veste militaire qu’il avait d’ailleurs toujours trouvée plus encombrante qu’autre chose, il escalada un grand amas de pierres pour s’y percher. De là, il ne pouvait voir grand chose, ayant la vue cachée par les arbres qui formaient un cercle un peu plus loin autour de lui, mais après une longue inspiration lorsque la brise fraîche vint ébouriffer ses cheveux, il eut l’impression de se sentir revivre. C’est alors qu’il crut entendre un bruit à quelques dizaines de mètres, un froissement de vêtements peut-être, qui avait probablement été porté par le vent. Ne voyant pas si quelqu’un approchait, Clive préféra rester là-haut, regrettant cependant d’avoir laissé son arme aux côtés de sa veste.

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Gabrielle Brawne
Gabrielle BrawneRebel
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MessageSujet: Re: Un chat perché | Gabrielle Un chat perché | Gabrielle EmptyDim 11 Avr - 17:14

    Meryton. C'était au sein de cet environnement que le hasard, ou peut-être le destin, l'avaient menée. Longtemps elle avait erré, de villes en villes, au fil des emplois qu'elle obtenait. Elle n'était pourtant pas d'âme aventureuse. Le danger, la nouveauté provoquaient chez elle bien peu d'excitation. Elle n'acceptait d'intense péripéties que dans les romans qu'elle lisait. D'autres motifs l'avaient en vérité poussée à embrasser une telle existence qui la condamnait invariablement à l'isolement et à l'errance. Mais sans doute était-ce cela qu'elle recherchait, en vérité. Il était probable qu'elle fut habitée par la crainte d'un quelconque lien ou attachement vis à vis d'un autre être humain. Sans l'avouer à quiconque, elle fuyait, par lâcheté sans doute, mais quiconque en ignorait les raisons véritable ne pouvait comprendre. Peu lui importait, d'ailleurs, ce que pourrait en penser le reste du monde. Elle n'était guère bavarde au sujet de sa personne, et préférait amplement conserver le silence. Cela lui était facilité par son statut de gouvernante. Une simple employée n'était pas destinée à solliciter la curiosité des uns et des autres.

    Gabrielle attachait ainsi une grande importance aux petits moments de solitude dont elle pouvait jouir à son aise lorsqu'elle n'était pas sollicitée dans le cadre de ses fonctions. La jeune femme n'aimait rien davantage que les longues promenades à travers plaines et bois, et peu lui importait la présence de boue ou d'intempéries. Elle n'était pas de celles qui accordent une grande valeur à leur toilette. Elle n'en avait par ailleurs guère les moyens. N'étant que gouvernante, elle se vêtait avec simplicité, et sobriété. Nulle trace de coquetterie sur ses vêtements, ou son visage. Sa chevelure même, son imposante crinière d'ébène, était tirée en arrière, domptée, emprisonnée et ne se trouvait libérée qu'une fois à l'abri des regards. Ce tableau donnait à Gabrielle l'apparence d'une grande austérité celle-ci était-elle feinte ou bien réelle? Seuls certains étaient aptes à le dire, et bien peu s'en souciaient réellement. Elle aurait pu paraître imposante et inspirer même de la crainte, si elle n'avait pas été si jeune, ni atteinte d'une infirmité si visible, l'empêchant de se déplacer autrement qu'à l'aide d'une canne.

    Le temps était ce jour là clément, à la fois clair et frais. Une légère brise poussait les arbres et leurs feuillages au murmure. Les bois lui semblèrent particulièrement attrayants. Elle aimait leur présence, leur ombre, ainsi que le sentiment de pleine et entière solitude qu'ils lui procuraient. Une fois, la leçon donnée à son élève, elle prit la décision de quitter la maison des Tiddlers, afin de profiter d'une promenade tant attendue. Il lui était certes moins aisé que d'autres de marcher durant plusieurs heures, mais elle s'était néanmoins accoutumée à le faire, considérant par ailleurs cela comme un excellent exercice, ainsi qu'un loisir dont elle ne se passait plus. La tranquillité qui y régnait l'amenait à se réjouir de la chance qui lui avait été accordée lorsque son annonce avait favorablement été accueillie au sein d'une maison de Meryton. Sans doute serait-ce le lieu qu'elle regretterait plus que tout autre le jour où elle quitterait les environs. Mais, si elle était d'un tempérament nostalgique, elle aimait peu s'encombrer l'esprit de sombres pensées, préférant amplement profiter de ce temps qui lui était accordée, à elle seule.

    Elle avait malencontreusement été distraite tout en marchant, oubliant à quel point elle connaissait peu les environ, comme tout nouveau venu. Elle ne s'était encore jamais trouvée si loin de Meryton et commença à craindre de s'égarer totalement. Ce fut alors que, à son grand soulagement, elle entendit le son bien reconnaissables d'aboiements de chiens, accompagnés d'une agitation qu'elle savait être celle des parties de chasse. Elle résolut alors de continuer à marcher en restant aux alentours, mais tout en conservant cependant une distance suffisante. Elle devait bien admettre cependant qu'elle se sentait épuisée, et sa jambe droite commençait à la faire souffrir. De plus, elle remarquait que, de plus en plus, le chemin s'avérait difficile à pratiquer pour elle. Il ne lui suffit que de quelques pas de plus pour trébucher, et chuter.


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