"Lapin triste" "Panda rose" et "Bulles de savon". Ce sont les seuls éléments visuels dont je peux me souvenir. Oh je me rappelle aussi de ma gouvernante Gabrielle, qui devait contenir son sang froid face aux caprices de mes cousins, et à la cage que j'avais choisi de prendre avec moi. J'avais aussi pris une mallette aux trésors avec moi. S'il fallait quitter mon manoir, je tenais au moins à en conserver des souvenirs : des bouts du plancher en bois, des livres cachés dans la bibliothèque interdite de Papa, le parfum du vieux grenier (capturé dans une fiole), des morceaux de vitre cassé (on avait toujours cru entendre le sifflement d'un fantôme, alors que c'était simplement la fenêtre du couloir !)... Je n'étais pas tellement triste de quitter cette demeure sombre, symbole de mon emprisonnement. Ce qui allait surtout me manquer ? La mare aux grenouilles et les vastes plaines verdoyantes de Meryton. Seulement, à cause de l'épidémie, ces endroits autrefois si chers à mon coeur s'étaient transformés en cimetières géants. Les amis de mes animaux, autrement dit, "mes amis", étaient tous morts sur le champ de bataille. Je ne pouvais plus me promener sans rencontrer sur mon chemin un animal luttant pour survivre à la maladie, ou finalement y succomber. Bientôt ma mère m'interdit de sortir, et je dus affronter le décès un à un de mes compagnons : mademoiselle Désirée (le rat), Crow (mon corbeau apprivoisé)... et monsieur Petit Pois. Je les enterrai dans un coin du jardin, juste avant que l'on s'en aille. Je ne me suis jamais autant sentie triste. Master Peter, mon lapin, semblait couiner à mes côtés. Je le pris dans mes bras... et mangeai les champignons que ma cousine Lydia m'avait conseillés.
LYDIA : "Prends les quand tu te sentiras mal, je te JURE, tu verras le monde autrement !"

Mes parents n'ont jamais été aussi fiers de moi que ces derniers mois. Ils pensent que Bath m'a changée, m'a fait grandir. Je pensais qu'en quittant la prison euh je veux dire le manoir de Worthington, je me sentirai libérée. J'imaginais Bath comme une possibilité d'accomplir mes rêves d'illustratrice ou de savante. Hélas, je compris que la vraie prison... c'était ma famille. Et je ne pouvais pas m'en détacher facilement. Vivre en ville m'obligea à me confronter plus à la société. Des bals étaient organisés tous les soirs, et les jeunes gens se rencontraient aussi en matinée pour boire un thé et converser. J'obtins mes dix-huit ans en février dernier. Ma majorité apparut pour mes parents comme un signal d'alarme : il fallait que je devienne une dame. En sept mois, ils m'ont transformé en parfaite "lady". Je suis capable de me mêler à d'autres êtres humains sans avoir envie de vomir. Je peux même accepter de danser avec un homme, sans lui marcher sur les pieds. On m'a déjà vu sourire aussi, et même parler avec certaines personnes. Fini les robes pleines de boue, bienvenue aux jolis rubans qui font que mes cheveux sont bien coiffés !
Ce que j'ai vite compris de Bath, c'était que les apparences... faisaient tout. Et si je faisais attention à l'impression que je pouvais donner, on me laisserait tranquille. Les gens de toute façon ne s'intéressent pas à la personne que l'on est réellement. Ils sont tellement habitués aux mensonges, que leur interdire l'accès à ma chambre sous prétexte qu'elle est mal rangée leur suffit. Leur dire qu'en vérité je garde un lapin en cage, et que je cache des produits de laboratoire dans mon placard ne serait pas utile.
Merci à ma cousine Lydia pour son petit tuyau. En effet, les champi, ça aide à voir le monde... différemment.

Kenneth avait décidé de faire le voyage à cheval. Le Captain avait pourtant insisté pour qu'il rejoigne la calèche familiale, auprès du reste de sa famille, mais Kenneth n'en avait fait qu'à sa tête. Miss Leycester avait chuchoté à son mari de laisser faire. Ils avaient déjà eu beaucoup de peine à raisonner Ambre de venir avec eux. Ils le devaient à Kenneth d'ailleurs, puisque c'était ce dernier qui l'avait convaincu... par la force. Le rideau de la calèche fut tiré soudainement, et Kenneth perçut la voix de sa cousine justement qui s'adressait à lui. Il ordonna à Tempête de ralentir son allure, et de marcher au même rythme que la calèche.

AMBRE: "Je croyais que vous seriez plus enthousiaste que moi à l'idée de s'installer à Bath !"

Kenneth se contenta de répondre d'un sourire. Ambre continua le trajet en faisant de multiples comparaisons entre Londres et Bath, persuadée que cette conversation changerait les idées à son cousin bien silencieux. Mais Kenneth avait trop d'idées en tête. En effet, il était "enthousiaste", lui qui s'ennuyait ferme à Meryton depuis des mois, non des années ! Il y allait ENFIN avoir du changement dans sa vie. De nouveaux lieux à découvrir, de nouvelles rencontres, de nouvelles sensations... Mais justement, Kenneth se demandait s'il ne fallait pas en profiter pour donner une tournure radicale à sa vie. Et pour ce faire, il savait qu'il devait se détacher de sa famille d'adoption.

Kenneth n'a jamais été aussi occupé de sa vie. A Bath, il n'a pas une minute à perdre ! Tant de nouveaux lieux à découvrir de jour en jour, tant de nouveaux visages à rencontrer ! Ce n'est pas comme à Meryton, qu'il connait depuis sa naissance.
Toujours aussi optimiste et pragmatique, Kenneth ne voyait que le bon côté de cette expérience nouvelle. Il avait perdu toutes ses terres à Meryton, celles que la famille Dawsey lui avait confié après le naufrage. Il n'avait plus aucun contrôle sur les terres de Wyatt non plus. Il n'avait pas revu sa chère Jane depuis l'exode, et n'en avait jamais entendu parler depuis. Et pourtant, il aimerait tant pouvoir lui déclarer qu'elle était libre, et qu'ils pouvaient entretenir comme avant une amitié sans quelconque hiérarchie l'un envers l'autre... !
Aussi, Kenneth avait profité de la proximité des lieux à celui des archives nationales, pour mener son enquête. Il ne s'était jamais remis de la mort de sa famille, et ne s'était jamais vraiment pardonné d'avoir échappé à cette même destinée. Il le fit bien comprendre à la famille Leycester, en décidant de prendre son indépendance et en s'installant dans ses propres appartements. Depuis sept mois, l'image d'un médaillon venait le hanter chaque soir. Il savait qu'il y avait un rapport avec son passé. Mais lequel ? Le Capitaine et lui ne se parlaient plus depuis.

KENNETH : "Comprends moi ! J'ai besoin de retrouver la paix avec mon passé ! J'ai besoin de retrouver des traces de ma famille !"
CAPTAIN : "Nous SOMMES ta famille, Kenneth ! Ce n'est pas en choisissant maintenant, à seulement 27 ans, d'entreprendre une vie de vieux célibataire que cela changera."

✎ NOM, Prénom : Shatterney Lydia
✎ Rang : Miss
✎ Comment s'est déroulé le voyage ?

Le voyage a été fort désagréable. Lydia a le mal des transports. Elle a passé des heures à se plaindre et martyriser son entourage. Par ailleurs son frère, trop faible, a du s'arrêter en route. Il a ordonné que sa soeur parte sans lui. Ce qui a rendu Lydia, , encore plus insupportable. Après le voyage, le cocher personnel des Tiddlers a changé de métier pour aller élever des chèvres dans les montagnes...

✎ Quelle a été sa vie pendant les sept mois derniers ?

Lydia est arrivée à Bath en même temps que tout Meryton. Dès son arrivée, elle a commencé à entretenir une correspondance très fournie avec ses parents. Elle désirait profiter du déménagement pour vivre dans une grande ville, une capitale : Paris (et je vous zut :D ). Au bout de deux mois de harcèlement continu, elle obtint son déménagement pour la capitale, où elle vivrait désormais chez ses parents. Elle organisa ses adieux et promit à chacun de ses amis, ex habitants de Meryton, de leur envoyer de belles lettres. Elle se jura de leur rappeler leur médiocrité par rapport à elle dans chacune de ses lignes. Elle confia Bubulle 36ème du nom à Georgiana, car elle savait ô combien Georgi aime les petits poissons aux yeux globuleux. Pendant cinq magniques mois, Miss Shatterney put profiter des joies de la vie mondaine. Elle savoura chaque instant, en bonne compagnie. Une vie remplie de plaisirs futiles s'offraient chaque jour à elle, et, avec le temps, les quelques lettres arrivant directement de son ancienne vie la lassa. Les missives s'entassèrent, elle ne prit plus la peine de les lire ou bien encore d'y répondre. Ses nouvelles amies étaient françaises, suédoises, espagnoles, ou bien encore, directement arrivées du nouveau monde. Tout cet exotisme effaçait lentement mais surement les vestiges d'une vie bien morne passée à Meryton.
Les soirées se succédaient, mais ne se ressemblaient pas. Miss Lydia était appréciée de tous, connue comme étant une jeune femme charmante, bien élevée, et de caractère. Les femmes recherchaient son amitié et la demoiselle s'efforçait chaque jour de créer la fascination et la dépendance de sa cour. Quand aux hommes, Miss Shatterney avait décidé de vivre avec eux le meilleur d'une relation : la phase de séduction, sans jamais leur donner ce qu'ils désiraient vraiment.
Mais un jour, Lydia tomba dans les bras d'un capitaine d'infanterie. Pour ses beaux yeux elle se laissa entraîner dans une arrière salle. Leur histoire s'arrêta nette quand, quelques minutes, son frère William, venu passer quelques jours à Londres, entra dans la pièce et trouva sa sœur un peu trop proche du beau militaire. Après avoir crier sur sa sœur, il pria leur parent de renvoyer leur fille à la campagne, désormais elle vivrait à Bath, dans son appartement. Il se félicita d'avoir arrêter cette relation avant que Lydia ne fut déshonorée et se jura de ne plus jamais donner une telle occasion aux prédateurs masculin.
Lydia est revenue à Bath depuis quelques jours, tout le monde sait qu'elle est de retour mais personne ne l'a revue. Elle se cache, ne sachant pas quel accueil elle va recevoir de ses amis délaissés.