&&

Aujourd’hui, comme toutes les autres journées, était une journée tout à fait normale. Elizabeth, comme tous les autres jours, s’était levée, avait déjeunée, et s’était occupée tant bien que mal dans sa longue journée. Sortir ? Elle n’en avait aucune envie, elle s’était levée du mauvais pied. Un rien pouvait l’énerver, mieux valait aller dans le bon sens avec elle et ne pas la brusquer, à moins de vouloir aller tout droit en enfer. Personne n’osait donc l’approcher, et encore moins la dérangeait.

Elizabeth s’était réfugiée dans un coin de la bibliothèque, un coin où elle serait totalement seule et tranquille avec ses pensées. La cause de sa mauvaise humeur. Voilà déjà trois mois qu’elle n’avait plus vu Edme. La dernière fois qu’elle avait vu, et l’unique fois d’ailleurs, c’était à l’Eglise, que cet instant fut douloureux et doux à la fois pour elle. Le revoir l’avait dérouté à un tel point qu’elle ne savait plus comment réagir. Elle aurait voulu le haïr jusqu’au plus profond d’elle-même, mais au contraire, elle s’était laissée surprendre à vouloir le pardonner et à aller de l’avant. Sauf que lui, c’était une autre histoire, il s’était tout d’abord excuser, mais l’instant d’après, il lui demandait du temps. Elle l’avait ainsi laissé partir, sans réellement avoir le choix, acceptant d’attendre sa réponse. Néanmoins, cette attente commençait à se faire sentir, à devenir insupportable. Elle l’attendait depuis bien trop longtemps, et commençait à atteindre un point de non retour. Elle avait peur de ne plus vouloir l’attendre, pourtant son souvenir lui était toujours aussi agréable. Mais maintes questions la tourmentaient, il aurait pu tout de même lui envoyer une petite missive, ou une lettre, mais rien. Rien de tout cela n’était arrivé, c’était le vide absolu. Elizabeth demeurait dans le silence le plus total. Au départ, c’était avec joie qu’elle l’attendait, mais à vrai dire, elle ne savait plus comment aujourd’hui elle l’accueillerait. L’indifférence ? La colère ? La haine ? Mais ce ne serait sûrement pas la joie qui l’habiterait lorsqu’il arriverait. Pour rien au monde, elle n’afficherait un sourire sur son pâle visage. Elizabeth cessa de laisser vagabonder ses plus frivoles pensées. Ce n’est pas aujourd’hui qu’il allait se pointer et venir enfin lui donner sa réponse. Voulait-elle d’ailleurs cette réponse ? ou préférait-elle des explications sur cette absence ? Ni même à l’Eglise, elle ne l’avait vu, et pourtant, elle le connaissait bien pour savoir qu’il ne ratait pas la messe, à moins qu’Edme ait changé. Enfin, tout ce qu’elle constatait c’était une absence, une de plus à son portrait. Elizabeth ouvrit son livre et continua sa lecture.

Une trentaine de minute avait du s’écouler, qu’Elizabeth n’avait pas bougé d’un poil, quand d’un coup, elle entendit qu’un domestique attendait qu’elle daigne lui donner la moindre attention qu’elle pouvait se permettre. Depuis combien de temps était-il là ? Aucune idée, elle n’en savait rien du tout, mais soit, s’il était là, c’était pour quelque chose. Elle lui fit signe qu’il pouvait lui dire ce qu’il avait dire.

« Lady Elizabeth, quelqu’un désire vous voir » lui indiqua le domestique tremblotant « Il s’agit de Monsieur Edme Phitt. Dois-je lui dire d’attendre dans le salon ou le faire entrer ici même ? »

EDME PHITT ! A l’entente du nom de son visiteur, Elizabeth écarquilla grands ses yeux, regardant intensément ce petit domestique, vraisemblablement mal à l’aise. Ainsi l’homme qu’elle attendait depuis des mois venait de réapparaitre, et qui plus est, venait lui rendre visite. Elizabeth aurait pu être ravie de cette nouvelle, revoir Edme c’était ce qu’elle avait espéré, du moins au départ. Du temps, oui, mais pas des mois, c’était bien trop long à son goût. Cependant, ce n’était pas la joie qui l’habitait, bien au contraire, c’était de l’indifférence, il était là et alors, que voulez vous que ça lui fasse. Elizabeth s’en contrefichait, elle posa un regard sur la cheminée ou brûlait un feu de bois. Devait-elle ordonner au domestique de répondre qu’elle n’était pas là. Hum non, il devait se douter qu’elle était ici. Curieuse, elle aimerait tout de même savoir pourquoi cette absence si longue et sans nouvelle. Mais ces explications n’allaient-elles pas engendrées querelles ? Elle lui en avait déjà voulu une première, pourquoi pas une deuxième fois ? Cruel dilemme. Elle se leva et se mit à réfléchir, tandis que le domestique attendait sagement qu’elle prenne sa décision. A coup sûr, Edme devait attendre dans le hall d’entrée, comme il était coutume. Finalement, Elizabeth décida d’ordonner à son domestique de faire venir Monsieur Phitt ici même dans la bibliothèque. Après tout, elle était chez elle, et le salon n’était pas un endroit qu’elle n’appréciait guère. Trop d’oreilles indiscrètes pouvaient se faufiler. Elle reprit place dans le fauteuil attendant qu’Edme entre dans cette pièce. Elle lut encore quelques phrases, quand soudain il se présenta devant elle. Jouant l’indifférence, elle lui envoya.

« Bonjour Edme, que me vaut le plaisir de votre visite ? » lui demanda-t-elle feignant de ne pas le ver le bout de son nez de son livre.