J'étais dans ma chambre à regarder par la fenêtre, il pleuvait dehors, le ciel était encore sombre par la nuit et le vent frappait de façon violente la fenêtre. Pourtant, la tempête était passée et elle ne risquait pas de revenir. D'ailleurs plusieurs choses ont changé depuis cette tempête, il y a eu des règlements de compte tout le monde déposaient plainte contre tous et pour des broutilles. Je m'étais tenu à l'écart de ces affaires, car je ne voulais pas me faire remarquer, puis savoir que Lord Cael Vaughn représentait la famille Lefroys m'a fait bien rire. N'y avait-il pas quelqu'un de plus distingué pour représenter une famille aussi puissante ? A part moi non, puis les Lefroys n'étaient plus aussi puissants, ils sont endettés et ceci est un secret bien gardé. Le plus riche était moi et je ne donnais même pas un cent à cette famille. Pourquoi ? Car je m'en fichais de cette famille, William est un boulet, Cael..c'est Cael et les femmes je ne leur adressais même pas la parole. En réalité je me demandais ce que je faisais ici, pourquoi ne pas construire un manoir rien qu'à moi et me détachais des Lefroys ?
L'horloge derrière moi sonnait cinq du matin, mon valet frappait à la porte.

" Lord, Miss Sarah Tilders est à la porte. Elle vous demande."

Je soupirais, je lui avais dit d'être discrète, elle faisait tout le contraire. Je répondais d'un ton froid :

" faites la entrer directement dans le laboratoire, discrètement."

Et j'avais bien insisté sur le discrètement. Car mes recherches en laboratoire étaient classés secret défense. Lady Lefroy m'avait donné cette pièce sans broncher et sans poser aucune question. D'ailleurs plus personne n'avait la clé de cette pièce, même pas un double, j'avais fait en sorte de changer la serrure.

Si j'avais été quelqu'un de bien j'aurais accueilli Miss Tilders à la porte et l'aurait dirigé avec moi dans le laboratoire, mais je ne suis pas quelqu'un de bien. Je descendais les escaliers jusqu'au sous-sol très bien aménagé et ouvrit une porte bien caché avec quatre clés différentes, puis j'entrais en claquant la porte. J'allumais toutes les lumières et je mettais en évidence la blouse et accessoire adéquate pour Miss Tilders. Puis la porte s'ouvrit.

"Vous êtes en retard de cinq minutes. Je vous ai dis cinq heures comprenez qu'à cinq heures vous devez commencer votre travail et ne pas arriver à cinq heures au manoir. Prenez votre tenue de travail."

"Comment une femme de la bonne société se doit d'être", livre que sa gouvernante Gabrielle lui avait prêté. Sarah s'endormait à moitié dessus, sachant pertinemment que c'était sa mère en vérité qui avait veillé à ce qu'elle ait ce livre en sa possession. Sarah était loin d'être une jeune fille modèle avec ses robes toujours tâchées de boue, et ses nombreuses autres habitudes bien étranges. Elle avait l'esprit sauvage, elle aimait courir après la nature, et surtout observer les animaux. Elle aimait utiliser son cerveau pour raisonner de manière savante, et faisait de temps en temps des observations scientifiques dans son carnet. Heureusement, son père ne l'avait jamais surprise à emprunter des livres de recherche, sur lequel justement elle se basait. Sarah était tellement curieuse et avait toujours soif de connaissance que... la rencontre avec le Lord Chesterfield était presque inévitable.
Elle était en train d'attraper des grenouilles pour voir si elles pouvaient effectivement prévoir la météo, quand une ombre s'était dessinée derrière elle. Elle avait entendu un rire mesquin retentir, et s'était retournée. Puis, une chose entrainant une autre, Alexander lui avait proposé de l'assister dans son travail. Cela faisait aussi parti d'un chapitre du bouquin cité ci-dessus : "une femme ne doit pas concevoir d'exercer un métier, de se sentir l'égale de l'homme, sa place est au foyer et elle doit s'entraîner à plaire et à s'occuper des enfants en apprenant à peindre, à faire de la musique, à cuisiner, à..." etc. etc.
Apparemment, cela ne posait pas de problèmes pour Alexander. Naive comme elle était, elle pensait même qu'il allait la sauver de son ennui quotidien, et la prendre au sérieux, la considérer comme une intellectuelle. Ce qui l'avait aussi attiré dans ce traquenard travail, c'était son côté confidentiel. Alexander lui avait confié que personne n'était au courant de son laboratoire, et qu'il comptait surprendre l'humanité lors de l'aboutissement de ses recherches. Elle se sentit honorée d'avoir été mis dans la confidence, et accepta donc de le suivre. Il lui avait dit d'être là impérativement à cinq heures, et pour faire bonne figure elle se montra ponctuelle à la porte. Elle avait suivi pour une fois les recommandations du livre, qui étaient de se présenter à la porte, pour faire preuve de politesse. Elle aurait du deviner que Alexander était loin d'être un conservateur qui se plie aux règles de convenance, et qu'au contraire, il préférait les contourner.
Elle attendit silencieusement dans l'entrée, après que le valet soit parti avertir de sa présence. Elle regarda de haut en bas le manoir dans lequel elle avait été convié. Elle n'avait jamais été chez les Lefroys avant, et les murs du lieu l'intimidaient fortement. Elle n'avait jamais été très à l'aise dans un endroit qu'elle savait habité. A Worthington - chez elle - le manoir se remplissait de plus en plus de cousins, ou d'amis, et elle se sentait de plus en plus inconfortable dans sa propre demeure. Le valet revint, l'air sévère et lui demanda de le suivre, d'un ton désagréable. Sarah ne comprit pas qu'il venait de se faire sermonné par Alexander. Toute innocente, la petite Sarah lui emboita le pas et ... réalisa qu'ils s'aventuraient dans un coin secret du manoir. Le coeur de Sarah s'emballait : devant elle apparut un laboratoire comme elle l'avait toujours imaginé ! Il y avait des fioles partout sur des plans de travail qui n'en finissaient pas de remplir la salle, il y avait des flocons de toute odeur, il y avait des loupes, des couteaux... Sarah était tellement émerveillée qu'elle ne remarqua pas la disparition du valet. Mais cet instant de joie fut court.

ALEXANDER : Vous êtes en retard de cinq minutes. Je vous ai dis cinq heures comprenez qu'à cinq heures vous devez commencer votre travail et ne pas arriver à cinq heures au manoir. Prenez votre tenue de travail.

Sarah eut à peine le temps de faire une révérence adressé au Lord que ce dernier lui envoyait déjà sa blouse. Sarah attrapa au vol cette tenue de travail, et se raidit d'un seul coup. Elle n'aimait vraiment pas le contact humain, surtout lorsqu'il était aussi froid et sec que l'était Alexander. Elle oublia un moment cette autorité malvenue, et se hâta de mettre ce drôle de costume. C'était loin d'être élégant, et loin d'être féminin. Sarah... se sentit étrangement TRES bien dans cette tenue. Elle se sentait dans son élément.

SARAH : Ve..veuillez m'excuser, Lord Chesterfield ><. En parlant de travail... vous voulez que je commence par ... où?