Remember Austen, RPG du XIXe
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Breakaway

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MessageSujet: Breakaway Breakaway EmptySam 25 Sep - 22:35

https://www.youtube.com/watch?v=fhqF1UAkcaE

Jeudi après-midi, journée plutôt ensoleillée et calme. Pourquoi ne pas faire un petit tour à l'église? Qui sait si je rencontrerai quelqu'un que je connais?

Nous n'étions pas Dimanche, mais j'avais quand même décidé d'aller à l'église. J'avais été élevée dans une famille très pratiquante, et aller à l'église avait toujours été un devoir pour moi. Mais pas une tâche que l'on fait à contre-coeur, étrangement. Je ne devais pas être la seule à aimer aller à l'église, mais je ne connaissais pas beaucoup de gens qui acceptaient de venir avec moi, un autre jour que le dimanche. Je me retrouvais donc à nouveau seule, vers le chemin de l'église. Il faut dire qu'ici à Meryton, je n'étais pas souvent accompagnée. Ma ''famille'' m'exaspérait, et je n'avais que très peu d'amis. Pas faute d'avoir essayer de faire connaissance avec d'autres personnes pourtant! Mais les femmes de Meryton ne semblaient pas m'apprécier en général. Et pour les hommes, je n'en avais rencontrés que très peu, mais je savais qu'il me trouvait un minimum jolie. Ils étaient sûrement rebutés par ma réputation, puisqu'ils ne venaient jamais à ma rencontre.

Parfois, je me sentais maudite. Aujourd'hui c'est ce que je ressentais. C'était peut-être une des raisons qui m'emmenait ici par cet après-midi calme. Je ne savais plus quoi faire, j'étais confuse. Et lorsque je me perdais moi-même de vu, j'avais pour habitude d'aller à l'église. Là-bas, on ne me dérengeait pas, et c'était mieux de cette façon, vu mon humeur massacrante. J'entrai donc dans la petite église silencieuse. J'avais revêtue une robe jaune pâle et un châle assorti, et je m'étais attaché les cheveux minutieusement. Car oui, je devais tout faire, puisque j'habitais dans une ferme!! Il ne fallait pas se demander pourquoi je m'entendais si mal avec ma famille d'accueil. Celle-ci vivait d'une façon si différente de mon ancienne vie! Je m'étais peu à peu habituée à tout faire moi-même, mais je n'étais pas prête à aider les Wyatt avec la ferme. Il ne fallait pas m'en demander trop non plus.

J'allai donc m'asseoir sur un des bancs en bois dur de l'église, et me plaçai en position de prière, les mains jointes. Ce n'était pas si évident de s'agenouiller avec ma robe ample, mais au moins tout ce tissu me faisait un petit coussin. Je commençai par les prières habituelles, remerçiant le Seigneur. Puis, j'implorai Dieu de me faire un signe, de me guider, afin de savoir ce que je devais faire de ma vie ensuite. Je savais qu'on ne devait pas demander quelque chose au Seigneur, mais j'étais perdue et j'avais besoin de savoir ce que je devais faire. Aussi, je me sentais un peu stupide; comme si Dieu allait me faire un signe! Comme s'il savait plus que moi quoi faire de ma vie. Toutefois, je n'avais personne d'autre à qui m'adresser. Avec les autres, j'étais différente, jamais sincère. C'était ma protection, mon bouclier contre toutes les douleurs que je pouvais ressentir en m'attachant et me révélant à quelqu'un. Je n'étais tout simplement pas capable d'être moi-même avec les autres! Premièrement, parce que je ne savais pas vraiment qui j'étais. Mais aussi car j'avais de la difficulté à ne pas être froide avec des gens que je n'avais pas envie de voir. Je n'avais pas envie d'être à Meryton, et tous les habitants de ce village me détestait. Ça ne donnait pas vraiment envie d'être polie.

Alors que j'étais concentrée dans ma prière, quelqu'un vint s'installer sur le même banc que moi, tel le signe que j'avais demandé. Je relevai les yeux que quelques secondes après. Et voilà qu'un visage familier était à l'église en même temps que moi. Mais je n'en étais pas fâchée. Ce visage familier n'était nul autre que Rupert Cassian. Après la fin de notre rencontre la dernière fois, je devais avouer que je ne savais plus comment réagir en la présence du majordome. De plus, l'église n'était pas un lieu pour parler. Toutefois, lorsque je croisai le regard de Rupert, je lui fis un sourire sincère. Un peu comme pour m'excuser de mon attitude devant mon chauffeur. Si le majordome voulait apprendre à me connaître, il comprendrait bien assez vite mon jeu. Pour ma part, j'avais bien envie de connaitre un peu plus le majordome des Tiddler. Mais pas en public. C'était quelque chose de très important pour moi de conserver ma réputation.

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MessageSujet: Re: Breakaway Breakaway EmptyDim 26 Sep - 12:31

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Jeudi. Pour la plupart des habitants de Meryton, ce n'était qu'un simple jour de la semaine, pareil à tant d'autres. Cependant, ce jeudi était une journée assez spéciale pour un habitant du village. Cet habitant était la personne que l'on surnommer le "fantôme de Meryton" ou encore "l'homme au cœur de pierre". cet homme, c'était Rupert Cassian, majordome de l'immense manoir appartenant à la famille Tiddler. Exceptionnellement, il avait demandé à son maître une journée de congés, chose qu'il ne faisait qu'une seule fois par an et toujours à la même date, depuis qu'il avait été engagé au manoir. Ce jour-là, chaque année, il se rendait à l'église de Meryton pour faire brûler un cierge en mémoire à Heather, sa fiancée. Vous l'auriez peut-être compris, ce jeudi était l'anniversaire de la mort de Heather. Cela faisait exactement deux ans que la maladie l'avait emporté, et le cœur de Rupert avec. Son maître lui accorda sans problème sa journée et c'est à pied, sous un ciel dégagé que Rupert quitta le manoir pour se rendre à l'église de Meryton.

Tandis qu'il marchait d'un pas rapide, nullement gêné par le chemin cabossé, le majordome se remémora le jour où Heather avait poussé son dernier soupir. La maladie l'avait lentement dévorée, l'affaiblissant énormément, la forçant à rester au lit nuit et jour. Durant cette longue période, Rupert n'avait pas quitté son chevet une seule seconde, ne voulant pas perdre ne serait-ce qu'un instant en sa compagnie. Le dernier jour, Heather était dans un état lamentable: le visage blanc comme de la craie, les traits tirés et les yeux profondément cernés, mais elle avait trouvé le moyen d'adresser son plus tendre sourire à Rupert avant de le quitter. Ce dernier, dans un état tout aussi pitoyable, avait écouté avec attention la dernière requête qu'elle avait formulé. Elle lui avait demandé de refaire sa vie avec une autre femme une fois qu'elle serait partie. Bien qu'il ne l'interrompit pas pour ne pas la blesser, Rupert avait songé cela était impossible: elle seule comptait. Heather avait poursuivit en lui demandant de faire brûler un cierge à l'église en sa mémoire, chaque année à la même date. Ainsi, elle saurait qu'il pensait toujours à elle. Rupert avait promis et sa fiancée s'était éteinte... Bien qu'il n'ai jamais eu l'intention de refaire sa fiancé, il comptait bien faire brûler un cierge chaque année, jusqu'à la fin de sa vie, comme il l'avait promis à sa bien-aimée.

Lorsque Rupert arriva au village de Meryton, il prit la direction de l'église sans tarder. Lorsqu'il entra dans le lieu saint, il constata qu'il n'y avait que peu de personnes qui s'adonnait à la prière. Ne prenant pas la peine de voir s'il connaissait les personnes présentes, il s'approcha des cierges. Il en choisit un, enflamma la mèche et le posa au milieu de tous ceux qui avaient déjà été allumés. Rupert contempla le saint représenté en face de lui mais ne formula pas de prière: il n'en connaissait pas. Chose qui déplaisait à beaucoup de personnes, Rupert n'était pas croyant. Il n'avait jamais cru à l'existence d'un Dieu bon et généreux puisqu'il n'avait jamais eu de chance dans sa vie. Lorsqu'il avait rencontré Heather, qui était très pratiquante, il l'avait accompagné à l'église chaque dimanche et avait presque réussis à croire en une force supérieure. Mais à sa mort, il avait perdu complètement la foi et ne pensait pas la retrouver un jour. Seulement, il regrettait de ne pas connaître de prière qu'il pourrait adresser à Heather. Il ne pouvait que se contenter de formuler silencieusement des mots d'amour son égard. Sans qu'il s'en rende compte, des larmes silencieuses s'étaient mises à couler sur ses joues. Il ne chercha pas à les dissimuler: cette journée était la seule de l'année où il s'autorisait à pleurer Heather.

Le jeune majordome resta immobile quelques minutes, repensant au bonheur passé puis, séchant ses larmes, il fit volte-face dans le but de quitter l'église mais son regard fut attiré par une silhouette assise sur l'un des bancs de bois. Joyce Dereham. Assise et légèrement courbée, elle priait, les mains jointes. La dernière fois qu'il l'avait vu, le jour de leur rencontre en somme, il n'avait su quoi pense de cette jeune femme qui avait été si naturelle avec lui et si hautaine en présence du cocher. Devait-il la saluer? Dans une église, ce n'était peut-être pas convenable, elle risquait de le prendre mal. Néanmoins, il avait envie de parler à quelqu'un et la seule personne qui convenait pour cela était sans nul doute Joyce Dereham. Silencieusement, Rupert se glissa sur le banc où elle se trouvait. Il imita sa posture pour ne pas éveiller des doutes et murmura doucement afin qu'elle seule l'entende.

-Puis-je me permettre de vous tenir compagnie en ce lieu de prières?




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MessageSujet: Re: Breakaway Breakaway EmptyDim 3 Oct - 4:09

-Puis-je me permettre de vous tenir compagnie en ce lieu de prières? chuchota Rupert.

Je me contentai d'un signe de tête affirmatif, ne voulant pas dérenger les autres dans l'église. En regardant encore un peu le visage de Rupert, je remarquai un changement chez lui, depuis la dernière fois. Je ne pouvais pas affirmer le connaître réellement, puisque nous nous étions croisée que brievement. Toutefois, j'étais en mesure de voir que l'air sérieux et froid du majordome s'était transformé en expression de... confusion et de tristesse. Ce n'était pas comme si Rupert était d'un habituel joyeux, mais on voyait quand même une différence. Quoi qu'il en soit, je finis ma prière comme il se doit. Puis, ayant terminé mon ''passage à l'église'', je me levai silencieusement, invitant d'un signe Rupert à me suivre. Je sortis de l'église et me posai sur un banc, laissant suffisament de place pour le majordome.

-Si vous avez besoin de parler... commençai-je.

Bon, je ne savais pas avec certitude si Rupert allait mal, mais j'avais un doute, alors aussi bien lui proposer mon écoute. Je lui devais au moins cela, vu la façon dont je m'étais adressé à lui la dernière fois. D'ailleurs, Rupert Cassian semblait, disons étonné, que j'agisse différement encore une fois. Il faut dire que nous étions à la vu de tous ceux qui passaient devant l'église, mais j'étais prête à supporter cette apparition en public avec lui, cette fois. Je ne savais que trop bien comment on se sentait quand tout allait mal. Et je n'allais quand même pas faire ma petite prétentieuse en ce moment. De plus, je me sentais très à l'aise avec Rupert.

-Je dois être une des dernières personnes à qui vous voulez parler j'imagine. La dernière fois... Je n'étais pas moi-même. En présence du chauffeur je veux dire!

Bon, voilà que j'essayais de m'expliquer. Les excuses n'étaient pas mon fort, même si j'avais l'habitude de mentir aussi souvent. Enfin bref, je ne savais pas trop quoi dire au majordome des Tiddlers. Il était triste, c'était évident, alors je me disais que l'écouter était le mieux. Rupert toutefois, semblait réticent, mais avec raison. Il finit par s'asseoir à mes côtés, et je fis un geste qui me surprit moi-même: je pris la main de l'homme. Ce n'était pas approprié, vu notre relation inexistante, mais ce n'était pas vraiment déplacé non plus. Je ne voulais que reconforter Rupert, peu importe la raison de sa tristesse. Et puisque je ne savais quoi dire, j'avais remplacé les mots par ce geste.

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MessageSujet: Re: Breakaway Breakaway EmptyDim 3 Oct - 12:13

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Rupert ne savait pas exactement ce qui l'avait poussé à venir s'assoir près de Miss Dereham. Après tout il n'avait aucune raison d'agir ainsi: cette journée était un jours de tristesse pour lui, c'était le seul jour où il s'autorisait à pleurer sa fiancée et, de plus, la dernière fois qu'il l'avait vu, la jeune femme avait eu une attitude pour le moins surprenante! Elle s'était montrée très sympathique avec lui, et plus naturelle qu'aucune autre femme l'avait été en sa présence et, dès qu'il y avait eu une nouvelle personne présente, à savoir le cocher, son attitude avait complètement changé. Le jeune homme n'avait absolument pas compris ce revirement. Ou plutôt si, il avait compris qu'aussi naturelle soit-elle en sa présence, Miss Dereham tenait à conserver son image et sa réputation. Voilà pourquoi elle s'était soudain montrée si hautaine. Finalement, elle n'était pas si différente des autres femmes...

Lorsqu'il lui demanda s'il pouvait rester en sa compagnie, la jeune femme se contenta de hocher légèrement la tête, certainement pour ne pas déranger les autres personnes présentes. La tête légèrement courbé comme s'il priait, alors que ce n'était pas le cas, Rupet sentit le regard de Miss Dereham sur lui pendant l'espace de quelques instants. Il tacha de ne pas y prêter attention et resta parfaitement immobile. Enfin, la jeune femme près de lui termina sa prière et, se levant, l'invita à la suivre à l'extérieur. Rupert quitta le banc et sortit de l'église, sur les talons de Miss Dereham. Cette dernière prit place sur un banc, laissant assez de place pour qu'il puisse s'assoir. Néanmoins, Rupert choisit de rester debout pour ne pas afficher une quelconque intimité entre eux. Miss Dereham fit alors une chose qui surprit le majordome: elle lui proposa de se confier à lui... Rupert fronça légèrement les sourcils: sa tristesse était-elle donc si apparente malgré tout ses efforts pour rester aussi neutre que d'ordinaire? Personne à part la jeune femme l'avait remarqué. Cela le troublait d'avoir été si facilement perçu à jour par une personne qu'il n'avait rencontré qu'une seule fois. Restant parfaitement immobile comme s'il n'avait pas entendu ce qu'elle venait de lui dire, Rupert observa quelques instants la jeune femme. Cette dernière se mit alors à s'excuser. Elle lui avoua alors que la dernière qu'ils s'étaient vu, elle n'avait pas était elle-même en présence du chauffeur... Voilà qui confirmait bien ses pensées: elle cachait son jeu pour garder son image de jeune femme bien élevée.

-Si je puis me permettre, vous n'avez pas à vous excuser devant un simple majordome Miss Dereham. Vos raisons d'agir ainsi ne regarde que vous.

Rupert ne tenait pas à entendre ses excuses. Il n'avait aucune raison de les écouter, une femme de la haute société n'avait pas à s'excuser auprès de quelqu'un aussi insignifiant que lui. Poussant un léger soupir, Rupert finit par s'assoir près de la jeune femme. Sans qu'il s'y entende, Miss Dereham prit soudain sa main dans la sienne. Rupert ne put s'empêcher de hausser les sourcils et de jeter un regard d'incompréhension à la jeune femme. Il comprit alors qu'elle tenait de le réconforter... Elle avait perçut sa tristesse et, à présent, elle voulait l'aider à aller mieux. Ce geste le touchait, certes, mais pourquoi se souciait-elle de lui? Personne ne se souciait jamais de lui, simple majordome fantôme du manoir Tiddler. Sans qu'il sache pourquoi, il ne retira pas sa main de celle si douce et si chaude de la demoiselle alors que c'était ce qu'il y avait de plus raisonnable à faire. Il fut également pris d'une envie de lui parler, de se confier à elle, chose qu'il n'avait jamais faite de toute sa vie. Se mordant légèrement la lèvre, Rupert lâche du bout des lèvres, si bas que Miss Dereham devait sûrement tendre l'oreille pour l'entendre.

-Ma fiancée est décédée...

Prononcer ces mots lui fit plus mal qu'il ne s'y attendait. Il sentit son cœur se serrer devant cette horrible réalité. Il l'avait souvent pensé mais il n'avait jamais dit à voix haute que Heather était désormais partie. Cela faisait déjà deux ans qu'elle l'avait quitté, et il n'arrivait toujours pas à s'en remettre. Il n'arrivait pas à avancer malgré tout ses efforts. Mais, en vérité, faisait-il vraiment des efforts? Au contraire, est-ce qu'il ne faisait pas tout pour rester dans le passé? Rupert resta la tête basse pour ne regarder le visage de Miss Dereham. Prenant une inspiration qui lui fit presque mal, Rupert poursuivit:

-Il y a deux ans, la maladie l'a emporté... Je... Je lui ai promis de faire brûler un cierge chaque année pour l'anniversaire de sa mort... Et aujourd'hui, je suis venus à l'église pour tenir ma promesse...

Rupert sentit soudain ses yeux le picoter horriblement et les larmes commencèrent à s'accumuler au coin de ses paupières. Prenant une inspiration pour se ressaisir, le jeune homme essuya ses yeux de sa main libre. En un sens, même s'il avait mal, il se sentait un peu plus léger. Se confesser l'avait aidé à aller un peu mieux.


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MessageSujet: Re: Breakaway Breakaway EmptyVen 15 Oct - 3:46

-Si je puis me permettre, vous n'avez pas à vous excuser devant un simple majordome Miss Dereham. Vos raisons d'agir ainsi ne regarde que vous.

J'étais d'accord avec lui, mais je ne le mentionnai pas, pour être polie. De toute manière personne n'était à proximité de nous. Car oui, même si je prétendais par mes gestes n'avoir aucun problème à me tenir ''en public'' avec Rupert, je ne voulais pas non plus que l'on sache ce que je disais à celui-ci. Il y a des personnes qui changeait pour quelqu'un, mais je ne faisais pas partie de celles qui remettaient tout en question, pour un homme par exemple. Et d'ailleurs, je ne voyais pas pourquoi je remettrais en question ma personnalité parce que j'avais une simple discussion avec un majordome... Un majordome très beau, certe, mais un majordome tout de même. Celui-ci s'assit finalement à mes côtées, et je lui pris la main. Quoi qu'on en dise, j'étais très sensible aux émotions des autres. Mais habituellement, je m'en servais justement à mon avantage, pour les manipuler. Après un moment durant lequel Rupert n'avait pas enlevé sa main de la mienne, celui-ci parla mais en chuchotant presque.

-Ma fiancée est décédée...

Je ne pus qu'ouvrir la bouche, voulant émettre un ''oooohh'' qui exprimerait mon soutien et mon pardon, mais aucun son ne sorti. En fait, je trouvais tout simplement stupide d'avoir ce genre de réaction, alors que ça n'aidait en rien à surmonter le deuil. Je n'avais jamais vraiment vécu de pertes dans ma famille rapprochée, mais je pouvais assez bien m'imaginer la douleur... Ou pas. On disait souvent que les gens n'ayant pas affronté la mort ne pouvait même pas imaginer! Alors là, je ne savais vraiment pas quoi dire. Les phrases comme ''Je suis sincérement désolée'', ''Mes condoléances'' ou ''Je comprend votre souffrance'' me semblaient inutiles. Voyant que je ne parlais toujours pas, Rupert Cassian continua:

-Il y a deux ans, la maladie l'a emporté... Je... Je lui ai promis de faire brûler un cierge chaque année pour l'anniversaire de sa mort... Et aujourd'hui, je suis venus à l'église pour tenir ma promesse...

Les larmes commencèrent à perler au coin des magnifiques yeux du majordome des Tiddler. Pour une des premières fois dans ma vie, je me sentais mal à l'aise et incertaine. Je n'avais jamais été confrontée à cela, et même lorsque je ne savais pas quoi dire, habituellement je sortais tout simplement ce qui me passait par la tête. Mais ce n'était tout simplement pas le moment de sortir une réplique cinglante. Et le silence non plus n'était pas de mise dans ce genre de situation. Cela exigeait plus de délicatesse. À ce mot, j'aurais éclaté de rire en un autre instant. Joyce et délicatesse faisait tout simplement deux! Regardant Cassian dans cet état de tristesse, cherchant à dire quelque chose, j'eus presqu'envie d'essuyer les larmes sur ses joues. Cet homme faisait... pitié en ce moment. Quoi qu'il en soit, je ne le fis pas. Cela aurait été plus que déplacé, déjà que je lui avais pris la main, geste hors de l'ordinaire vu le genre de relation que nous avions.

- Je sais que cette phrase ne vous aide en rien mais, je suis désolée pour vous. Personne ne mériterait une telle souffrance, et c'est tout en votre honneur de tenir la promesse que vous avez faite à votre fiancée.

Je me demandai soudain si son air sévère de tous les jours venait de ce sombre évènement. Il y avait de fortes chances que ce soit le cas. Est-ce que l'on guérissait un jour de la mort de l'être cher? La était la question. Et je doutais que la réponse soit positive. Je voulais toutefois vraiment réconforter Rupert, alors je continuai.

- Je crains que je ne puisse faire grand chose, malheureusement. Tout ce que je peux vous offrir est une oreille attentive, si vous ressentez le besoin de parler.

C'était déjà ce que je lui offrais, mais je voulais qu'il sache que ça ne me posait aucun problème de l'écouter, même dans un lieu public. Dans ce genre de situation, personne ne pouvait tourner le dos devant tant de tristesse. Ou seulement une personne sans coeur. Et il se trouvait que j'avais un coeur, bien caché sous la superficielle, menteuse, et incontrôlable Joyce que tout le monde connaissait.

Et alors que je me disais que je devais consoler Rupert du mieux que je le pouvais, que je me disais qu'il fallait vraiment que je fasse quelque chose pour lui, quelqu'un passa devant nous. Et mon réflexe fut d'enlever illico presto ma main de celle du majordome. Geste pouvant être vexant pour lui, j'imagine. Je me retournai vers lui, un regard désolé à la figure. Je n'étais pas pour encore m'excuser. C'était inutile et ce serait répétitif à la longue. Je me levai donc d'un bond, et pris la main de Rupert pour l'entrainer avec moi, ailleurs. Celui-ci semblait surpris, mais le majordome allait bien vite se rendre compte qu'on ne pouvait savoir à quoi s'attendre avec moi.

J'entrainai donc Rupert à l'arrière de l'église, là ou se trouvait le cimetière. Un lieu certainement pas adéquat pour le majordome qui portant tourjours le deuil. Mais je m'aventurai quand même à travers les rangées de pierres tombales, jusqu'à me retrouver dans un champs, au milieu duquel se trouvait un arbre solitaire. Je savais que cette partie de terre était destinée à accueillir des défunts enterrés, mais pour l'instant il s'agissait d'un endroit paisible où personne n'osait s'aventurer. Devant le regard interrogateur de Rupert, et à sa plus grandre surprise, je m'assis au pied de l'arbre, à même le sol.

- Je sais que vous dîtes qu'il m'est inutile de m'excuser pour mon comportement, surement vexant, mais je tiens à ne pas agir comme cela avec vous, surtout dans un moment difficile. Et comme il semble que ce soit plus fort que moi, de sauver les apparences, je me suis dis qu'ici nous serions calmes, et que personne ne viendrait nous dérenger, dis-je avec un sourire enthousiasme.

La situation ne se prêtait pas nécessairement à un sourire, mais je m'étais donné pour mission de consoler au moins pour une journée le majordome. Je n'avais aucune idée de la technique dont j'allais user, mais j'allais réussir. Il le fallait. D'une manière ou d'une autre, j'allais changer les idées du Rupert Cassian. Et peut-être même si possible, lui arracher un sourire.

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