C'était un jour sans grand intérêt, la pluie incessante empêchait toutes activités extérieures et cette atmosphère grisâtre n'arrangeait rien au moral des troupes. L'ambiance chez les Lefroys était comme le temps: pas au beau fixe. Inutile de rappeler que depuis la mort du père Lefroy, la mère Lady Catherine Lefroy devenait de minute en minute plus insupportable. La fraterie, William & Alice, faisaient de leur mieux pour se soutenir mutuellement, de façon à mieux faire passer le mauvais quart d'heure. Souvent ils aimaient investir une pièce du manoir, très éloignée de leur mère et bavarder de tout et de rien. Soit pour libérer leur frustration vis à vis de leur mère, soit ils n'abordaient pas du tout le sujet et préféraient se changer les idées en parlant de tout et de rien.
William aimait faire son curieux et taquiner sa petite soeur sur sa vie sentimentale. Il est vrai qu'elle restait assez secrète et discrète, et elle avait bien raison... car pour ce qui est de William, il aimerait bien savoir qui au village n'est pas au courant de sa misérable vie sentimentale. Promis à une autre que l'élu de son coeur... amour impossible, et peu raisonnable... il trouvait son histoire bien trop compliquée, et il était agacé qu'elle se retrouve au centre des discussions, il faut dire que les Lefroys faisaient beaucoup parler en général.
Cette après-midi là, les deux jeunes gens avaient comme à leur habitude investi une pièce du château pour être au calme et échapper aux griffes de leur mère, mais apparemment elle en avait décidé autrement et ne leur laissait aucun répit. Agacés, ils choisirent de quitter le manoir et trouver un autre endroit au sec où ils pourraient être tranquille. William indiqua au chauffeur, le salon de thé, chose surprenante car il en avait horreur, et n'y mettait jamais les pieds.
C'était bien connu que le salon de thé, était le lieu de réunion de toutes les femmes de Meryton, où elles pouvaient s'étendre et parler de tous les sujets possible. Pas besoin de préciser que le cas William Lefroy était un sujet maintes fois débattu qui ne cessait encore et encore de délier les langues.
C'est pour cela, que la "fuite" des jeunes Lefroy, n'était en aucun cas discrète. Alors qu'ils venaient à peine de mettre un pied dans l'établissement tous les regards -étonnés- les dévisagèrent. De un, c'était surprenant de voir des gens de la Haute venir ici... n'avaient-ils pas dans leur palace, plusieurs salons de thé mainte fois plus vaste que celui-ci? Et de deux, de quoi allaient parlé toutes ses commères si leur principaux sujets de discussion : Les Lefroys, étaient à la table voisines?
William, suivit de sa jeune soeur s'avança pour aller à la rencontre du gérant. Après quelques échanges, ce dernier les emmena dans un salon privé, où ils pourraient discuter en toute tranquillité. Tout en avançant, William jetait des regards à droite et à gauche, on sait jamais, peut-être qu'Elle serait là? A chaque regard qu'il croisa avec une jeune miss, cette dernière se mettait à rougir et bien même une d'entre elle, qui buvait son thé, fut prise d'un quinte de toux et manqua de s'étouffer. William lança un regard amusé à sa soeur.... il n'avait jamais compris pourquoi et comment il émoustillait autant les femmes, mais souvent il s'en amusait.
Une fois dans le salon privé, il s'assit et se détendit.


- Et bien... un vrai parcours du combattant n'est-ce pas? *observe la décoration très cosy et rose xD* Hum... je trouve cette décoration.. bien trop féminine à mon goût ><

Spoiler:

Alice avait passé le plus clair de sa matinée, comme d'habitude, en compagnie de l'affreuse Miss Owen, sa gouvernante. Celle-ci, au courant des événements douteux de la veille -à savoir l'histoire de l'inconnu qui les avait agressées Talia et elle dans les Ruines de Meryton- avait été très sévère avec Alice, qui en gardait d'ailleurs quelques marques bleutées et rougeâtres sur le corps. Elle avait de ce fait choisi une robe aux manches mi-longues, afin de cacher quelques blessures sur ses bras. Les femmes de chambre d'Alice avaient cependant pris soin de la vêtir dans une couleur claire pour lui donner un peu de fraîcheur, ce qui ne faisait pas de mal en cette saison et par ce temps gris. Le reste de la journée s'était passé normalement... si on mettait à part le fait que les pensées de la jeune fille étaient toutes accaparées par Talia, par le baiser qu'elle avait échangé avec elle au retour des Ruines, par son premier baiser. Alice avait d'ailleurs bien du mal à se concentrer, et fut heureuse lorsque William eut l'idée folle de s'échapper pour quelques heures du manoir et des plaintes incessantes de leur Mère.

Arrivés au Salon de Thé de Meryton, qu'Alice n'appréciait pas particulièrement car il y régnait une ambiance trop hypocrite à son goût, Alice suivit William dans le salon privé sans rien dire, mais un peu amusée par le petit manège qui s'était joué : comme d'habitude lorsqu'il faisait une entrée quelque part, William avait fait tourner toutes les têtes. Alice ne se doutait pas qu'elle aussi, pouvait être la cible des discussions de ces Dames de la Bourgeoisie, toujours à l'affût pour de nouveaux ragots.

Alice s'assit en même temps que son frère à la petite table qui trônait fièrement au milieu du douillet salon... rose bonbon. Elle se mit à sourire à William : l'espace d'un instant, elle oubliait tous ses tourments et ses préoccupations du moment.

- Rassure-toi, tu es bien trop masculin pour la décoration également ! Elle lui lança un regard complice. Et il est vrai que tu as fait une sacrée impression... De quoi faire parler Meryton pour la semaine xD

Aussitôt qu'elle arrêta de parler, l'esprit d'Alice revint vers Talia, et son regard sembla se perdre.

- Mais je suis contente d'être sortie. Parfois j'étouffe à la Maison, William.

Spoiler:

William se détendait un peu, depuis ce matin il avait l'impression d'être remonté comme une pile électrique, à faire des allés-venus inutiles un peu partout dans le manoir, ayant peut-être pour seul et unique but d'abîmer le parquais. Ses pensées se bousculaient dans son esprit et l'empêchaient d'y mettre de l'ordre. Alors si ajouté à cela leur mère s'y mettait derechef, ses nerfs auraient lâchés sans doute. Donc à présent il se détendait un peu. Cela faisait depuis un très long moment qu'il n'avait pas pris le temps de parler calmement avec Alice, tellement longtemps qu'il ne savait pas par quoi commencer. "Rassure-toi, tu es bien trop masculin pour la décoration également ! Et il est vrai que tu as fait une sacrée impression... De quoi faire parler Meryton pour la semaine xD" Il répondit à son regard complice par un petit sourire amusé, puis il secoua la tête en entendant la suite, tout en levant les yeux au ciel.

- Pour la semaine et même plus... tout va dépendre du contexte, si je suis le seul client-homme à être entré ici, alors on va en entendre parler pendant beaucoup plus longtemps ...

Et hop, voilà comment placer discrètement et avec raffinement ce côté trop barbie de ce salon de thé xD. Il reprit son sérieux quand Alice ajouta quelque chose. Un petit air triste traversa son regard.

- Je me demande pourquoi on ne l'a pas fait plus tôt ... en ce moment j'étouffe tout le temps.

Alors qu'en arrivant ici, il semblait s'être un peu détendu, toute la tension semble être revenue d'un coup, il se leva brusquement, et commença à se diriger vers la porte pour mieux la refermer, comme s'il ne tenait absolument pas à ce que leur conversation soit interceptée.... il faisait des gestes précipités, sa démarche était énergique, comme s'il était parano ou même un peu fou <3 . xD Il retourna s'assoir près d'Alice. Et se tut un instant puis plongea un regard plein de tendresse dans celui d'Alice.

- Et je sais que tout le dénouement de cette histoire est à ma portée de mains... que si je fais le choix que Mère veut, tout cela ira mieux. Mais j'ai beau m'y forcer, m'en convaincre... j'ai l'impression que c'est un choix bien trop dur à faire.

Voilà une des raisons principales pour laquelle, il tenait tant à lui parler. Il n'avait pas l'habitude de confier ses gros problèmes à sa soeur, son côté protecteur trouverait ça illogique, alors pour qu'il se confie aujourd'hui cela montre bien dans quelle impasse il se trouvait. Il voulait parler avec elle de ça, car depuis le début, il pesait le pour et le contre mais il n'avait jamais demandé à sa soeur ce qu'elle ressentait vis à vis de ça... les dettes de leur père, se marier à un beau partie pour sauver la renommer.... Epouser Lady Susan pour continuer leur vie d'avant, mais au final est-ce que ça importait seulement à leur Mère ou est-ce que ça importait aussi à Alice, c'est ces choses là qu'il voulait apprendre aujourd'hui.

Spoiler:

Alice hocha la tête à la remarque de son frère en pressant ses lèvres l'une contre l'autre, ce qui devait être une sorte de "tic" chez elle, car elle le faisait bien souvent.

- Un rien ferait parler tout le village pour des mois, de toute manière. A croire qu'épier et commenter la vie des autres est la meilleure activité que l'on puisse trouver par ici ! Le ton d'Alice était vraiment empli d'amertume, et c'était bien parce qu'elle était proche de William qu'elle se permettait ce genre de réflexions : elle savait qu'il pensait à peu près la même chose des ragots, et qu'il ne lui en tiendrait donc pas rigueur.

A vrai dire, Alice commençait sérieusement à redouter cet aspect-là des individus en général. Elle avait à présent deux grands secrets à cacher, et elle était une piètre menteuse. Elle savait que la rumeur courait déjà sur les bleus parfois trop difficiles à dissimuler qu'elle avait sur le corps, mais faisait toujours de son mieux pour ne rien laisser paraître. D'ailleurs, elle rabaissa un peu sa manche sur son poignet, par automatisme, car il s'y trouvait une vilaine griffure de la veille. Le deuxième secret, en revanche, devrait rester caché à jamais... Non seulement, en tant que jeune Lady de famille respectable -bien que ruinée- elle avait failli à son devoir en ayant un contact plus que rapproché avant toute alliance, mais il avait en plus fallu que cela soit avec une femme !

Voir William s'agiter tout à coup remit à Alice les pieds sur terre et la fit se tourmenter quasi immédiatement. Toujours si altruiste, Alice se faisait un sang d'encre dès que quelque chose n'allait pas pour les autres... Mais quand il s'agissait en plus de son frère, elle ne le supportait pas. Elle comprit tout de suite de quoi il retournait et se mordit les lèvres en serrant le tissu de sa robe entre ses doigts frêles. Son frère était dans une posture difficile, leur mère n'aidant vraiment en rien dans l'affaire. La situation devait vraiment être compliquée à gérer, et William impressionnait vraiment Alice pour la force et la classe avec laquelle il parvenait à gérer tant de pression, de dont elle n'avait jamais été capable.

- Et quoi, sacrifier ton bonheur pour sauver nos finances ? Alice baissa timidement les yeux et regarda ensuite son frère avec un petit sourire tendre. Si tu cherches ma bénédiction, William, laisse-moi te dire que je suis profondément offensée... Que tu n'aies pas réalisé plus tôt qu'elle t'était toute accordée. Alice baissa de nouveau les yeux pour fixer l'atroce nappe rose bonbon qui recouvrait la petite table en face d'elle. Elle parla d'une voix basse. Simplement, je n'ai aucun pouvoir de décision à la Maison, comme tu le sais, et reste donc impuissante pour t'ôter ton fardeau.