Ce simple mot suffit a lui transpercer le cœur de façon bien cruelle. Elle ne se souvenait même pas de lui. Et lui qui songeait nuit et jour a ses yeux, son sourire…En cet instant, il se trouva bien sot. Mais cela suffit-il a le ramener sur terre ? Non…Et il en faudrait d’ailleurs bien plus pour lui faire abandonner ses douces illusions. Ses doigts serrèrent d’avantage la bride du cheval a cette déconvenue, mais il tenta de faire bonne figure. Esquissant un sourire, il se repencha en avant, pour se re-présenter.

« Monsieur Ezeckiel Stanley, Mademoiselle… »

Pourquoi s’était-il senti obligé de se représenter ? Tout simplement parce qu’il avait perçut son malaise dans cette simple phrase en suspend, et que, il était dans sa nature de vouloir satisfaire la personne qui avait toutes ses pensées. Alors oui, si cela pouvait la mettre a l’aise et que cela l’agréé, il se serait présenté une centaine de fois, si tel était son désir.
Mais ce simple coup de poignard ne fut malheureusement pas le seul, car elle s’apprêtait a refuser sa proposition lorsqu’une averse orageuse se mit a tomber sur la campagne. L’averse était forte, et rafraichissait rapidement l’air ambiant, les trempant, par la même occasion, rapidement. Tous deux furent bientôt trempés de la tête aux pieds. Ezeckiel n‘avait plus rien de sec, des mèches de cheveux lui collant au visage, sa chemise blanche étant totalement trempée, comme son mince veston de coton.

Et il est inutile de vous énoncer le trouble qui prit possession de son être quand il la vit ainsi, ses mèches blondes lui collant au visage, elle avait l’air fragile, tellement attendrissante. Son émoi fut si vif, qu’il faillit pendant un instant écarter les quelques mèches de cheveux de son visage, pour les glisser derrière son oreille. Mais ce n’est pas geste que l’on a envers une inconnue.

« Finalement trouver refuge ne serait pas de refus.... »

Et malgré le temps maussade, cette simple phrase suffit a lui redonner baume au cœur. Affichant un large sourire, il acquiesça d’un signe de tête. Puis, décidant qu’ils serraient plus rapidement rendus a cheval, il se hissa sur la monture, montant a crue, puis tandis la main a la jeune demoiselle.

« Nous serons plus rapidement au sec si nous y allons a cheval… »

Il la regardait droit dans les yeux, et ce, malgré la pluie qui lui gâchait un peu la vue, il faut dire. Attendant qu’elle acquiesce…ou non…

Elle avait peur, et cela se voyait a sa manière hésitante de se rapprocher de lui et de l’animal. Pourtant une fois que sa main fut dans la sienne, il ne put s’empêcher de sentir une douce chaleur l’envahir. Il regarda un instant la douce main fragile de la jeune femme, dans la sienne. Et alors qu’il reportait son regard sur le visage trempé d’ambre, un doux sourire vint se dessiner sur ses lèvre a son insu.

« Je... n'est-ce pas dangereux? Monter à crue, avec toute cette pluie.. Non pas que l'idée d'être vite à l'abris soit stupide, mais ... je .. ces bêtes d'ordinaires ne m'inspirent pas confiance. »

Et elle baissa le regard, comme une enfant prise en faute, et qui espère que nul ne la remarquera. Geste qui eut comme conséquence de renforcer la conviction que nourrissait Ezeckiel a son égard. Oui, elle n’était pas ce que les autres pensaient d’elle, du moins, pas uniquement. Et voir transparaitre cette fragilité chez elle, le poussa a vouloir la réconforter. Serrant doucement la main de la jeune femme, ses doigts entourant les siens, en un geste réconfortant, il se penchant légèrement en avant, son autre main allant se placer sous le menton de la jeune femme, pour lui faire relever le visage. Une fois que son regard fut planté dans le sien, il la regarda un instant, se délectant de ce spectacle. Il en profita même pour enlever une ou deux mèches qui lui collait au visage avant d’ôter sa main. Mais il resta penché en avant pour lui parler.

« Si vous n’avez pas confiance en cet animal, ayez confiance en moi… »

Dit-il avec un léger sourire en coin. Après tout, il était bon cavalier, et cette brave bête était loin d’être un pur sang indomptable. Ils allaient donc sans nul doute arriver sans encombres, mais s’il fallait la rassurer…

« Je vous promet, qu’il ne vous arrivera rien… »

Sur ces mots, il se redressa doucement, ne la quittant pas du regard, lui tenant toujours la main doucement mais fermement, alors qu’il s’apprêtait a la soulever dans les airs pour al faire assoir sur cette monture dès qu’elle aurait donné signe d’approbation.

Une fois la demoiselle installée sur la croupe du cheval, ne lui ayant pas laissé l'opportunité de l'aider vraiment, il se réinstalla correctement sur le cheval, tenant fermement les rênes.

« Accrochez vous Miss »

Il s'en voulait, était en colère contre lui même. Non, mais quel idiot ! Agir ainsi avec elle ! Bien sûr qu'elle allait fuir, enfin, en tout cas, devenir plus distante, n'ayant pas vraiment le choix quant au fait de le suivre si elle ne voulait pas attraper la mort...Mais quel idiot ! Et le sang bouillonnait dans ses veines, bandant ses muscles de façon involontaire. Il attendit qu'elle fut bien accrochée pour partir au petit trop. Après tout, il aurait été mal venu de risquer une chute, surtout aux vues de la façon dont ils étaient installés sur la croupe du cheval. Ils avançaient plus rapidement qu'à pieds, c'était déjà cela de gagné.

Baissant le regard, il se sentit obligé de lui fournir une quelconque explication, ne voulant pas laisser le malaise s'installer durablement.

« Je suis navré, Miss Turner, si je vous est importunée, ou si je me suis montrée maladroit, mais...Vous me rappeliez ma jeune cousine, elle a la même peur que vous...Et je ne encombre pas de bienséance en famille... J'espère que vous m'excuserez... »

Piètre excuse, et léger mensonge, non, gros mensonge, mais elle n'était pas obligée de le savoir. Après tout, Mary avait bien peur des chevaux, mais il n'avait pas du tout pensé a elle... Il ne se retourna même pas légèrement vers elle, pour voir son visage et son expression, se sentant bien trop...stupide pour le faire...Et puis, ils seraient bien assez tôt au sec, cela ne les empêchait pas pour autant de faire la conversation...

Le jeune homme accéléra légèrement la vitesse de sa monture. Après tout, s'il ne voulait pas qu'ils attrapent la mort tout deux, ils devaient se hâter. Et pourtant, malgré ce malaise, il ne put s'empêcher de ressentir ce trouble lorsqu'elle se serra contre lui. Il déglutit un instant, baissant le regard vers ses petit bras noués autour de sa taille. Il avait rêvé tant de fois qu'une telle chose puisse arriver... Et elle était là, derrière lui, se blottissant contre son dos. Et il pouvait ressentir sa chaleur au travers se ses vêtements mouillés, elle le réchauffait, même si ce n'était que pour éviter de tomber. Et il aurait tellement voulut que cet instant s'éternise, qu'il ne s'arrête jamais...Mais ils ne pouvaient pas rester sous un temps pareil.

« Ne vous torturez pas pour cela monsieur, c'est tout oublier. Vous êtes très aimable de me proposer un abris durant cette averse. »

Ainsi, c'est pour cela qu'elle voulait bien lui pardonner ? Parce qu'il lui offrait un gîte contre cette tempête ?! Et il ne put s'empêcher de répondre, d'une voix légèrement moins bien assurée.

« C'est tout naturel Miss...Et je ne voulais pas passer un rustre a vos yeux. C'est la raison pour laquelle je me suis sentis obligé de vous expliquer les raisons de cette conduite cavalière.  Et je vous suis gréé de bien vouloir effacé cet épisode malheureux.»

Non, elle ne devais pas le comparer avec tous ses autres hommes qui passaient leur temps au bordel, a se saouler. Il n'était pas ainsi, et qu'elle puisse l'associer avec ces bêtes, cela lui serait tout bonnement insupportable. Et le simple fait qu'elle puisse oublier cet incident lui enlevait un poids des épaules, et ce, même si ce n'était que parce qu'elle lui était redevable.