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Sujet: Burning desire & Crystim Mar 27 Sep - 23:48
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« Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées ; le monde n'est qu'un égout sans fond où les phoques les plus informes rampent et se tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de ces deux êtres si imparfaits et si affreux. On est souvent trompé en amour souvent blessé et souvent malheureux ; mais on aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on se retourne pour regarder en arrière, et on se dit : J'ai souffert souvent, je me suis trompé quelques fois : mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui. »
On ne badine pas avec l'amour, Alfred de Musset
Nuit noire. Crépuscule sur mes pensées. Mes pieds pendent dans le vide. Mes doigts tremblent sur mes genoux. Assis au bord du vide -au bord du gouffre ?- je regarde le reflet de la lune onduler sur la surface irrégulière de l'eau. Sa face, pleine, me montre un sourire triste, une grimace de souffrance. Pâle comme mes idées. Mes doigts tremblent sur mes genoux. Je laisse mes yeux grands ouverts sur cette fantastique tâche blanche et ronde, incapable d'échapper au noir des eaux profondes du canal. Respirer me fait mal. Tout me fait mal. Il n'y a plus de repos. C'est une gigantesque course avec le temps, et la vie me glisse entre les mains. Mes doigts tremblent sur mes genoux. Tout a changé. Les jours sont sombres et délavées ; les nuits sont longues et fades. Quand je ferme les yeux, je ne vois plus rien. Quand je les ouvre, un rien me brûle. Je dépéris. Je dessèche, lentement. Je me vide de toute substance, de toute couleur. Mes doigts tremblent sur mes genoux. Ils serrent le tissu de mon pantalon, fort, très fort. Le creux de mon coude me démange. Je ne peux plus penser qu'à ça. La démangeaison, terrible, qui s'insinue dans mes veines comme l'eau dans un mur de sable. Entre chaque grain, infime et minuscule, la douleur me brûle.
Un mois. Mes réserves sont presque écoulées. Rationnement. Voilà une chose à laquelle je n'étais pas préparé. Impossible de trouver de quoi soulager mon corps, ni ma tête. Les entrailles de cette ville m'ont finalement rejeté. Je me rappelle... Je me rappelle la rage, la haine, la folie. Je me rappelle le besoin, le manque. Je me rappelle le contact glacé de la lame dans ma main. Puis celui, brûlant, du sang qui s'écoule de la plaie. Mais ce n'est pas un vieux souvenir. C'est tout récent. Une semaine, peut-être deux. A l'entrée des catacombes, là où j'étais toujours allé depuis notre arrivée ici pour me soulager. Personne n'avait jamais barré le chemin. Et pourquoi m'empêchait-on de me foutre en l'air ? Pour la rébellion ? J'ai déraillé. J'ai fait couler du sang, beaucoup de sang. Il n'y avait que lui, ce pauvre type qui n'avait rien demandé. Qui était-il ? Est-ce qu'il s'était simplement contenté d'obéir aux ordres de quelqu'un d'autre, pour se trouver là, et m'interdire d'entrer ? Surement. Je l'ai vidé. Vidé comme il me vidait de tout espoir de mettre fin à ma souffrance. Je n'étais plus qu'un automate, contrôlé par un compte à rebours géant. Je n'avais plus rien, plus rien...
Juste un murmure. Un baiser. Le frôlement de ses cheveux contre ma joue. Mais même ces images d'elle, d'une puissance incroyable, me semblaient usées, aujourd'hui. Je les avais vues, revues, passées en boucle dans mon cerveau. Elle croyait que j'étais capable d'être quelqu'un. Quelqu'un sans drogues. C'était tout ce qu'il me restait. Mais après ? Lorsque j'aurais délavé entièrement le film gracieux qu'elle me faisait, lorsqu'il n'en restera plus que des cendres, plus qu'une seringue vide... Ce sera la fin. Le froid, le gouffre. La profondeur des eaux troubles du canal. Je n'avais plus qu'à sauter. Me mettre debout sur mon muret en pierre, comme un tremplin pour mon grand saut, puis me laisser emporter. La douleur vaincrait. Elle a toujours été la gagnante ; elle ne faisait que m'accorder un sursis.
Mes doigts tremblent sur mes genoux. Mes bras tremblent. Ma peau brûle. Elle me gratte. Ma tête tourne. Le reflet à la surface de l'eau prend des formes monstrueuses. La brûlure me submerge. Je vais souffrir, lentement. Je vois rouge. Je vois le rond de la lune se couvrir du sang que j'ai versé. Je ne suis pas un assassin. Celui qui a enlacé mon Ange, celui qui lui a apporté la tendresse qu'elle n'a reçu nulle part ailleurs. Lui, c'est mon âme. Lui, c'est moi. Je ne suis pas un assassin. Celui qui tue, celui qui terrorise, lui, c'est la drogue. Je n'ai plus de drogue. Mon souffle s'interrompt, mes bras tremblent, se crispent et ma mâchoire se serre. Mais je n'ai plus de tendresse non plus. J'ai perdu mon Ange. Envolé depuis un mois. Depuis son murmure, depuis son baiser. Impossible de la revoir. Enfermés dans les liens de notre société. La sueur perle sur mon front, mon corps est pris d'un violent spasme. Je n'ai plus de drogue. Je n'ai plus mon Ange. Je n'ai plus rien. Plus qu'un souvenir, délavé comme la lune, mais que je fixe, encore et encore, un sourire triste au visage, une grimace de souffrance.
« Crystal... »
Mes mains serrent le tissu de mon pantalon, encore, encore et encore. Puis mes doigts glissent vers ma poche. A travers le tissu, je sens la seringue pleine. Ma délivrance est juste là. La dernière. Mon corps crispé balance d'avant en arrière. Mes yeux injectés de sang ont un regard fou. La brûlure... La brûlure, c'est moi.
Pour la centième fois, elle ouvrit sa bourse et en versa le contenu sur son lit pour recompter les pièces. C'était donc là tout ce qu'il lui restait ? Après toutes les économies qu'elle avait pu faire, les bijoux qu'elle avait vendu, c'était donc tout ce qu'il lui restait ? Elle cria, de dépit, une fois de plus. Tout ça à cause de sa sottise et de cette foutu brûlure ! Si elle n'avait pas perdu la moitié de ses économies à Meryton ni eu à se ruiner pour essayer de se soigner, elle n'en serait pas là ! Un an. Elle espérait au moins pouvoir tenir une petite année ! Mais cela même lui était refusé... Il lui restait de quoi tenir jusqu'à la fin de la semaine, et encore, il lui faudrait sauter quelques repas. Pauvreté, famine, solitude... En était-elle réellement rendu à cela ? Elle était ce qu'elle avait toujours détesté, une pauvre ! Une semaine et puis quoi... Elle mourrait ? Qui voudrait bien d'elle à présent ? Sa gloire... du passé. Elle avait bien tenté de faire illusions mais dans un monde où tout n'est qu'apparence, on avait vite remarqué qu'elle reportait en boucle les mêmes toilettes, souvent passées de mode, que ses rubans était usés, ses bijoux... inexistants. Elle rangea soigneusement chacune de ses pièces dans sa bourse qu'elle cacha dans un petit coffret dans la penderie. De toute façon elle l'en ressortirait bien assez vite pour être certaine qu'elle avait bien compté...
Sa chambre avait l'air d'un champ de bataille alors qu'à bout de force, elle se rassit sur le lit. Elle avait fouillé chaque coin et chaque recoin, dans l'espoir de trouver une nouvelle bague à vendre, un collier, une petite pièce ou même une simple perle ! Elle n'était pas parvenue à dénicher le moindre penny pour autant... Elle se prit la tête dans les mains en gémissant. Qu'est-ce qu'elle allait bien pouvoir devenir ? Elle l'avait bien vu venir mais avait repoussé le moment où elle devrait réellement s'inquiéter. Il y aurait toujours une petite broutille à vendre pour tenir une semaine de plus ! Mais plus cette fois... Finis ses magouilles avec le pasteur de Meryton pour se faire un peu d'argent de poche, finis les magouilles en tout genre puisque de toute façon, elle ne pouvait même plus approcher les bas quartiers. Elle avait bien essayé, pour Le revoir, d'elle même pour une fois ! Mais il y avait ces rebelles qui bloquaient tous les passages et mieux valait ne pas s'y frotter, d'autant que ses charmes semblaient ne plus l'aider autant qu'avant. Il fallait bien se rendre à l'évidence, elle n'était plus ce qu'elle avait été. Elle n'était plus que... Plus qu'une misérable !
Elle s'essuya les larmes qui barbouillaient son visage du revers de son bras. Non ! Elle s'était reprise en main, elle n'allait pas abandonner au moindre obstacle ! Là, dans tout ça, il devait bien y avoir un petit quelque chose dont elle tirerait quelques pièces ! Se jetant à genoux au sol, elle se remit à faire voler robes et rubans en tout genre. Non... Non... Non... Non non non ! Elle avait regardé des dizaines de fois déjà c'était inutile. Elle irait mourir dans la rue et bien voilà ! Ne sachant trop quoi ressentir entre une infinie colère contre elle même et une détresse sans fin, elle claqua simplement la porte de sa chambre derrière elle et sortit en trombe de l'auberge. Il fallait qu'elle sorte, s'aère, à tout prix. Elle étouffait dans cette pièce minuscule. Il faisait déjà nuit... Et alors ? Sa réputation ne serait plus qu'un joyeux feu de joie dès qu'elle serait mise à la rue alors à quoi bon s'en préoccuper maintenant en se cachant derrière une capuche et frôlant les murs ? Elle jeta un regard assassin à deux gentlemen qui la dévisageait un peu plus loin. Elle devait avoir l'air d'une folle, les yeux écarquillés par le manque de sommeil, les cheveux tout ébouriffés... Mais peu importe, elle se fichait bien de leur air outré et de leur petits reniflements dédaigneux lorsqu'elle passa près d'eux. De toute façon, elle n'avait plus rien à perdre n'est-ce pas ?
Ou du moins presque. Si encore on pouvait imaginer qu'elle pouvait Le perdre. Comment perdre l'insaisissable hum ? Il n'avait jamais à proprement parler était à elle et il était clair qu'elle ne le reverrait pas avant... Avant peut-être d'être dans une totale misère et tout, sauf désirable. Mais la vie n'est pas toujours si injuste après tout... Même si cette affirmation se joue à vraiment peu de chose. Tim.
Il était juste là. Quelques mètres plus loin, le visage fou éclairé par la douce lumière de la lune. Un instant, elle hésita. Ce n'était plus le même que la dernière fois... Il était si crispé, le corps tout en spasmes continus... Il était le fou qu'elle avait craint, pas celui qu'elle avait embrassé... Demi-tour. Pas question. Elle n'avait presque plus rien. Elle ne voulait pas aussi perdre l'unique souvenir agréable qu'il lui restait. Elle ne voulait pas que cette chaleur qu'elle pouvait encore ressentir au creux du ventre en repensant à leurs étreintes s'estompe à jamais face à sa colère. Elle le reverrait, mais pas maintenant. Pas alors qu'il... Demi-tour. Mais c'était trop tard hum? Elle l'avait vu. Jamais elle ne pourrait effacer cette image ! Déjà les souvenirs agréables disparaissaient face à l'obscur de cette vision. Et comment se regarder dans un miroir après cela alors qu'elle l'aurait abandonné, seul, quand c'était lui pourtant qui l'avait sorti de son trou? Stop. Oui mais la milice ! Il était de la Lower Class ! S'ils passaient, là, dans la rue, elle serait arrêtée ! Tous les deux traités comme des rebelles ! Elle reprit sa marche. Qu'elle importance ! Elle était pauvre de toute façon elle aussi ! Et depuis quand cela lui importait-il donc d'obéir aux règles ?
Il était là, juste un mètre plus loin. Il se balançait, inconscient du monde qui l'entourait, d'elle. Elle avait bien fait de venir finalement... Passée cette crainte qu'elle gardait toujours un peu enfouie au fond d'elle, il ne restait plus que la peine qu'elle avait à le voir ainsi. Timidement, elle tendit une main et s'approcha de lui. Ses pas se firent maladroits et ses doigts se mirent à trembler. Et puis sa peau. Sa main sur la sienne qui serrait si frénétiquement son pantalon, revenant toujours à sa poche. Sa chaleur qu'elle espérait réconfortante sur la moiteur de la sienne.
- Il y a une place pour moi ? J'ai vraiment eu une journée affreuse...
Et son sourire pour faire disparaître l'inquiétude de son regard. De leur regards à tous les deux peut-être. Et si elle n'était pas la bienvenue en fin de compte ?
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Sujet: Re: Burning desire & Crystim Mer 5 Oct - 21:05
C'était comme sentir un poison, encore plus dangereux que la drogue, se répandre lentement dans mon corps. Le sentir s'insinuer partout, dans chaque cellule, seconde après seconde. Il prend son temps ; il veut faire les choses bien. Me détruire tout doucement, me vider, goutte après goutte. Ce poison brûlant, c'est le vide. Le manque. Il éradique tout sur son passage, il me réduit en miettes. Il s'empare de mes muscles et les lacère, il charcute mes veines, m'ébouillante la gorge et les poumons. Respirer devient douloureux. Comme d'hurler sans avoir de voix. Tout est sombre autour de moi. Je suis incapable de me concentrer sur quoique ce soit d'autre que la douleur. C'est comme une intense radiation dans tout le corps. Des centaines de milliers de piques se plantent dans ma chair, l'électrisent, et la laissent carbonisée et morte. Mais, au lieu de fermer les yeux et de plonger dans l'oubli à tout jamais, je respire encore. Je suis toujours conscient, je ne suis pas encore mort. Est-ce parce que je mérite de souffrir ? C'est sans doute ça. Mourir vite serait trop facile, pour moi. Ou peut-être est-ce parce que je ne fais pas réellement partie des vivants. J'ai quitté ce monde-là depuis longtemps, n'est-ce pas ? J'erre entre la vie et la mort, incapable de sombrer dans aucune des deux.
C'est pour ça, que j'ai pu la voir, n'est-ce pas ? C'est un Ange tombé du Ciel. Pourquoi personne ne l'a remarquée, à part moi ? Est-elle invisible aux yeux des vivants ? Comme une ombre mystique et fabuleuse ? Est-elle là pour m'accompagner dans la mort ? Mais elle prend son temps, elle aussi. Ou veut-elle me ramener chez les vivants ? Sa chaleur ne me fait pas penser au trépas. Ses courbes, charnelles et fines, n'ont rien de mortuaire. Je ne peux pas croire qu'elle soit une grande faucheuse, venue m'arracher des mains de ce monde étrange que j'habite, à mi-chemin entre vie et mort. Penser à elle combat la douleur. Mais mes idées sont embrouillées. Le sont-elles moins lorsque je ne suis pas guidé par le manque ? Je ne crois pas. Les choses sont tout simplement différentes. Plus rapides, plus acidulées. Sans rien d'autre dans le sang qu'un immense vide, je me sens écorché vif. A fleur de peau, comme si le seul poids de l'air sur mes épaules pouvait m'écraser. J'ai besoin de sa chaleur, de sa douceur réconfortante.
Mais le moindre effleurement ranime ma douleur, me fait sursauter, me met sur la défensive. Je ne dors plus. Je ne mange plus. Je reste assis là, prêt à basculer dans le vide, mais incapable de faire le grand saut. Je ne pense plus qu'à cette dernière seringue, dans ma poche. Je pourrai m'injecter cette dose. Aller mieux pour un temps, soulager la douleur... Mais j'ai peur de la prendre. Parce que je sais que son effet ne durera pas plus de deux heures. Et après, ce sera fini. Plus jamais d'échappatoire possible, plus aucune issue de secours. Alors j'attends. J'attends jusqu'au moment où je vais craquer... Et je fais tout mon possible pour le repousser, encore et encore. Ce n'est plus qu'une question de temps. Je fusille les passants du regard. Leurs visages sont comme ceux de chimères atroces, venues me torturer si jamais j'osais fermer les yeux. Je deviens paranoïaque. Tout le monde veut cette seringue, dans ma poche. On veut me la retirer. M'enlever ma toute dernière évasion. Pour que, à la minute où je ne supporterai plus la douleur, où elle me tordra, me déchirera le corps, je ne puisse pas laisser s'écouler l'antidote dans mes veines. Pour que je ne puisse pas trouver une seconde de paix intérieure. La seconde nécessaire pour faire un dernier pas dans le vide. Et plouf, terminé.
La chaleur sur ma main. Ma vue est trouble. Mon bras se crispe, mon corps, comme attaqué, a un mouvement de recul. J'essaie de distinguer les traits du visage en face du mien, mais il me faut attendre plusieurs secondes. Tout est si noir, si noir... Et puis il y a cette voix, ces intonations familières. Ce sourire, cette tendresse. Ah, je vois... Je suis dans un rêve. Quand me suis-je endormi ? Je n'ai même pas eu conscience d'avoir fermé les yeux.
Mes mains glissent sur son corps pour l'enlacer, à la recherche de sa chaleur fraîche et particulière, la seule capable de me faire oublier le reste. Je la serre contre moi et tout mon corps sourit, comme un enfant idiot qui viendrait de retrouver son jouet le plus précieux après des jours de recherche.
- Mon Ange...
Tout mon corps tremble, mais je m'en moque : cela va bientôt s'estomper, n'est-ce pas ? Puisque ce n'est pas réel. Je monte mon visage vers le sien, je l'attire à moi chaque seconde un peu plus. Je veux qu'elle m'appartienne, elle, toute entière. Juste le temps d'un songe. Qu'on fasse semblant que tout va bien. Mon front se pose contre le sien, et ma peau paraît encore plus terriblement chaude contre la sienne. La brûlure me reprend, mais je fronce les sourcils, et je resserre mon Ange dans mes bras. Je sens son souffle dans le mien. Mon ventre se tord, mes bras sont si faibles qu'ils peinent à l'enlacer encore. D'un coup, mon coeur ma lance, dans un pique de douleur atroce. Mes lèvres se refermèrent sur le vide, juste avant de s'abattre sur sa bouche. Je sers les dents, ferme les yeux, et étouffe un hurlement.
Je viens de me réveiller. Je me plie de douleur. Mes yeux la foudroient. Qu'est-ce qu'elle fait là ? Pourquoi est-ce qu'elle me regarde ? Pourquoi est-ce qu'elle reste là alors que je suis dans cet état ? Je ne veux pas qu'elle me voit. Je veux qu'elle disparaisse. Je ne veux pas qu'elle voit la seringue. Ou la douleur. Elle est trop près... Trop près !
Un nouveau spasme crispe mes mains sur mon ventre douloureux. Je m'étrangle dans ma douleur. Cette fois-ci, je ne retiens pas mes hurlements.
- VA-T'EN !
Mes tremblements finissent pas me faire tomber en arrière du muret sur lequel j'étais assis. Je reste allongé, dos contre terre, tête tournée vers le ciel, à bout de souffle, à la regarder. Mon regard est furieux. Elle vient savourer ma douleur, n'est-ce pas ? Elle va me voler mon évasion. M'écraser, comme tous les autres. Me laisser seul dans ma brûlure. Seul. Seul. Seul. Mes ongles s'enfoncent dans la terre, que je voudrai rejoindre au plus vite. Qu'on en finisse avec ce cauchemar.
Mais la lune dessine des reflets doux dans sa chevelure, et des accents tristes sur son visage. Comme si elle souffrait de l'intérieur. Comme si on pleurait tous les deux à l'unisson.
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Sujet: Re: Burning desire & Crystim Jeu 6 Oct - 6:41
Elle le surprit, un instant, et puis il fut tout autour d'elle. Il l'enlaça si soudainement qu'elle sursauta légèrement aussi, avant de totalement s'abandonner à cette étreinte apaisante quoi qu'inattendue. Ses bras l'entourèrent à son tour alors que ses paupières s'abaissaient. Elle était bien, là, elle avait été sotte de craindre de s'avancer. Il faut dire aussi qu'elle ne se serait jamais attendu à un tel accueil, surtout venant de lui ! Mais peu importe... Sa chaleur, son odeur, sa voix... Elle profitait simplement... Profita. Le bonheur fut de très courte durée finalement: lui revint rapidement l'état dans lequel elle venait de le voir, dans lequel elle le sentait. Sa peau brulait la sienne, ses bras tremblaient autour d'elle dans cette étreinte qu'elle sentait de plus en plus faible, elle pouvait même sentir la transpiration sur son front ! Il souffrait... Et pourtant le plaisir durait encore, quelques secondes de plus. Elle sentait bien que tout allait prendre fin, là, violemment, mais elle ne pouvait se décider à se reculer d'elle même car alors elle sentait que la chaleur qui l'avait si vite enveloppée s'évanouirait aussi soudainement qu'elle était arrivée. Il se crispait, luttait, contre lui, contre elle ? Et pourtant il était là, tout contre elle...
Pour une seconde encore, et puis le froid. Elle s'était trop accrochée peut-être ? Toujours est-il que déstabilisée par son cri, si perturbant aussi attendu soit-il, elle tituba de quelques pas en arrière. Il était là, replié sur lui-même, des spasmes parcourant son corps plus que jamais... Et son regard... Si haineux ! Elle retombait soudainement dans le passé, un an plus tôt... Son corps se raidit, son visage blanchit. Qu'avait-elle fait de si mal ? Elle s'était contentée de lui rendre son câlin après tout ! Pour la première fois, il n'y avait eu nulle crainte, nul affront, rien qui ne puisse risquer de lui déplaire ! L'incompréhension s'emparait d'elle aussi vivement que la peur alors que ses jambes refusaient de s'enfuir comme elle l'aurait voulu. Et si tout à coup la haine quittait ses yeux pour s'étendre au reste de son corps ? Qu'en serait-il d'elle alors ? Elle oubliait tout. Ce semblant de confiance, cet attachement naissant à son encontre, l'âme qu'elle avait cru entrevoir dans son regard... La crainte effaçait des mois d'effort et absorbait toutes ses forces, son courage. Ce regard, vide, ce n'était plus Tim, il était de nouveau l'assassin, le drogué.
Elle crut sentir ses jambes se dérober sous elle, faute de pouvoir servir autrement, quand elle réalisa que ce n'est pas elle qui venait de tomber. La peur s'évanouit, demeura seulement la blessure... La dernière fois qu'elle l'avait vu si mal, elle avait été sa lumière, son ange comme il l'avait appelée. C'était d'elle qu'il avait attendu la libération, quitte à souffrir le temps qu'il lui faudrait pour être prête. Aujourd'hui, alors qu'il se trouvait dans le même état si ce n'était pire, il la rejetait, lui hurlait dessus... La pâleur demeura sur ses traits mais elle se défigea lentement, seule la tristesse perdurant dans son regard. Il était là, effondré au sol, continuant de la foudroyer du regard... Elle voulut fuir, mais plus par peur. S'il refusait qu'elle le voit dans un tel état de manque, elle ne voulait pas qu'il sache qu'il avait déjà le pouvoir de la faire souffrir. Elle était Miss Crystal Radcliffe après tout ! Personne n'avait ce pouvoir sur elle, un drogué des bas quartiers moins que quiconque !
Mais elle ne le put, et il devina sa peine aussi facilement que si elle s'était effondrée à ses pieds. Elle ravala sa salive aussi difficilement que sa fierté, ou du moins ce qu'il en restait après tout ce qu'elle avait vécu ces derniers mois... Et puis, il lui sembla comprendre quelque chose. Peut-être qu'elle se trompait, comme pour tout ce qu'elle avait toujours avancé à son sujet après tout mais... Et si ? Lentement, elle glissa au sol, près de lui. Elle pouvait sentir son coeur s'accélérer à mesure que la crainte d'un nouveau rejet grandissait mais elle ne s'arrêta pas pour autant. Il avait besoin d'elle, il ne le reconnaîtrait simplement pas car lui même ne s'en rendait pas compte... L'une de ses mains en saisit une pour la sortir de la terre tandis que l'autre venait caresser ce visage qu'elle devinait plus marqué encore que d'habitude grâce aux reflets de la lune. Qu'il la repousse s'il le voulait mais quand elle avait quelque chose à lui dire, elle ne s'en privait jamais. Ca n'allait pas commencer aujourd'hui alors qu'il l'avait pour la première fois réellement blessé.
- Ce ne sont pas tes paroles ou tes gestes qui me blessent... C'est ce que le manque fait de toi...
Penchant légèrement la tête sur le côté pour laisser passer plus de lumière et voir mieux son visage, elle caressa doucement les cernes qui creusaient son regard. Ils étaient comme seuls sur ce pont. Elle se fichait que quelqu'un les voient et la milice pouvait bien débarquer maintenant si ça lui chantait, elle aurait affaire à ce qu'avait été Miss Radcliffe de son temps lorsqu'on la dérangeait - et personne ne voulait avoir affaire à elle dans ces moments là-. Non, à présent, il n'y avait qu'elle, Tim, et la souffrance qu'il ressentait clairement. Qu'il la rejette si ça lui chante, elle ne fuirait pas. Il avait dit qu'il la blesserait, il avait réussi... Mais après tout, elle aurait du s'y attendre. La dernière fois, elle avait passé son temps à essayer de le convaincre que cela ne changerait rien, qu'elle serait toujours là... Elle n'allait pas fuir à la première occasion ! Non, elle serait là pour lui, point. Et puis... C'était le seul endroit où elle se sentait vraiment bien finalement, quand bien même il serait l'être le plus effrayant qu'elle ait connu jusque là.
- Mais je suis là à présent...
Et quand bien même ce geste fut atrocement difficile, quand bien même elle le regretta alors même qu'elle l'esquissait à peine, elle délaissa son visage pour rejoindre cette poche à laquelle sa main libre revenait sans arrêt, frénétiquement, pour se glisser dedans et chercher, tremblante, ce qu'elle était certaine d'y trouver. Si s'en priver le faisait tant souffrir, elle pouvait bien blâmer ce geste plus qu'aucun autre, elle ne pouvait tolérer le voir rester ainsi plus longtemps...
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Sujet: Re: Burning desire & Crystim Dim 9 Oct - 2:42
Je réalisais alors, pour la première fois et avec une lucidité déconcertante, ce qui avait toujours différencié mes instants de folie pure des moments passés avec elle. En sa présence, j'étais toujours resté sur la défensive, comme si quelque chose m'avait empêché d'être pleinement moi. De me laisser pleinement aller dans mes élans d'atrocité, de colère ou de torture. Avec elle, j'avais toujours été méfiant, près à déjouer le moindre de mes coups tordus, le moindre de mes accès de démence. Tout ça pourquoi, je ne sais pas vraiment. Dès le départ, dès la première seconde, quelque chose en elle m'a fasciné. Quelque chose que j'ai refusé de briser, que j'ai voulu préservé à tous prix... Même si pour ça je devais faire tous les efforts du monde. Et je voudrais qu'elle soit dans ma tête, en ce moment. Alors qu'à l'extérieur, je ne suis capable que de tremblements et d'un regard noir de haine, à l'intérieur, je voudrais qu'elle puisse entendre ce que je pense. Je voudrais qu'elle puisse prendre la mesure de l'exploit qu'elle a accompli malgré elle. Sans même lever le petit doigt, elle avait déjà parcouru plus de chemin à mes côtés que le reste de l'humanité. Elle m'avait amadoué, plié à ses volontés implicites. Avec elle, je devenais plein de précautions insoupçonnées, pour la garder en vie, la garder en sécurité. La préserver de moi, et de ce dont j'étais capable. Elle n'a, en vérité, jamais vu aucune de mes facettes les plus terribles. Sauf peut-être la toute première fois, lorsqu'elle m'a vu tuer ce type au bord du lac. Mais elle était loin, il faisait nuit, tout était flou... Le choc et le traumatisme lui auront fait oublié à quel point je pouvais être mauvais. Elle s'est laissée approchée, et je suis devenu toujours plus attentif à ne pas la briser. Pourquoi, Tim ? Pourquoi ?
Mais ce soir, je n'y arrive plus. Je le sens avec une force incomparable, et j'en suis mortifié. Je ne pourrai pas faire l'effort de me retenir face à elle. Plus maintenant. La douleur est trop forte, trop omniprésente. Elle me bousille le cerveau. Je ne peux trouver de refuge nulle part. Ce soir, elle devra affronter toutes les parts les plus sombres de moi. Celles auxquelles je lui ai plus ou moins refusé l'accès les dernières fois. Aujourd'hui, plus moyen. Aujourd'hui, je suis différent. Je suis atroce. Aujourd'hui, je suis le monstre dont je lui ai tant parlé, et auquel elle n'a pas cru car je l'en ai toujours protégée tant bien que mal. Cela va être douloureux. Cela va être pénible. Pour elle. Et pour moi. Mais pourquoi pour moi ? Pourquoi, Tim ?
Je ne contrôle plus mon corps. Je me sens comme un spectre au dessus de mon enveloppe charnelle. Je ne suis plus qu'un spectateur, extérieur à toute la scène. Mes tremblements redoublent quand je leur dit d'arrêter. Ma gorge hurle quand je lui dit de se taire. Mon ventre se crispe, mon cerveau se déchire. On me frappe à mille endroits à la fois, on réveille des douleurs là où je ne savais même pas qu'on pouvait avoir mal. Je fonctionne au ralenti, incapable de réagir correctement à ce qu'elle me dit. Voilà que j'hurle de l'intérieur. Et dehors, le silence, aussi déchirant que mes cris. J'ai tellement mal... Tellement mal... Je n'ai même plus la force de vouloir contaminer les autres avec ma peine. Je veux juste qu'on me laisse, et que tout s'arrête. Je suis ébouillanté, carbonisé, haché en morceaux. Je saigne de tous les côtés. Voilà ce que mon esprit me dit. Mais quand je regarde mon corps, je ne vois rien d'autres que des tremblements, minables en comparaison de la brûlure immonde que je ressens. C'est donc ça ? C'est la torture de la douleur sur l'esprit ? me faire croire que je vais y passer, là, maintenant, alors qu'il me reste encore des heures de vie à savourer dans cet enfer ? C'est atroce. Je veux crever. Je vais vomir. Vomir de douleur.
- Ce ne sont pas tes paroles ou tes gestes qui me blessent... C'est ce que le manque fait de toi... Je suis cloué au sol sous ses mains. Mes yeux la dévisagent toujours avec la même violence. Pourtant à l'intérieur, je ne sais plus pourquoi je lui en veux. Ce n'est pas elle qui me fait du mal. Mais la douleur me rend fou. Il n'y a qu'une seule chose capable de faire perdre la tête à quelqu'un n'en ayant déjà plus. La souffrance.
- JE suis le manque, Crystal ! C'EST MOI ! Regarde-moi ! JE suis la douleur, je ne suis rien d'autre que cette brûlure et cette démangeaison ! C'EST TOUT MON CORPS ! C'est toute ma tête ! C'est moi qui ait mal ! C'est ce mal que je projette sur toi, tu comprends ?! JE SUIS LA DOULEUR !
- Mais je suis là à présent...
J'avais envie de hurler, et de ne plus jamais m'arrêter. Non. J'avais envie de hurler si fort que je pourrais ainsi briser la course du temps. J'avais envie que mes cordes vocales, en se déchirant, explosent le cours des choses, et mettent une fin définitive à tout le reste. Tout mon corps criait. Je regardais sa main sur la seringue avec une fureur étrange. Je ne voulais pas regarder la seringue. Je n'en voulais pas... J'en avait besoin. Un besoin immense, comme une tentation atroce, à laquelle il est impossible de résister. A cette seconde précise, je pourrais tuer n'importe qui se mettant sur mon chemin. Voilà ce que mon besoin me dictait. Tue cette fille qui tient dans ses doigts ce qui t'appartient. Mais ma raison elle, si je pouvais encore l'appeler comme ça dans l'état dans lequel elle est, me disais de refuser ce liquide faussement salvateur. Il ne me ferait que plus de mal ensuite. C'était les dernières gouttes, les pires de toutes. Une fois prises, elles ne feraient qu'augmenter la douleur que je ressentirais ensuite. Et je ne supportais déjà plus celle que je devais endurer en ce moment.
- Je n'en veux pas... murmurai-je alors que j'aurais voulu crier.
J'arrachai la seringue des doigts de Crystal et la jetai dans la terre, à une trentaine de centimètres de nous, dans un geste de folie pure. Je ne supportais pas de voir sa main sur ma drogue. C'était à moi. Elle n'avait le droit d'y toucher. Il n'y avait que moi. Et j'avais décidé de m'en débarrasser, pour l'instant. Mais je devenais fou. La douleur, toujours cette douleur, et ce sifflement dans la tête, et ce sang qui bouillonne... Un murmure à l'oreille, un prénom, un regard, un baiser, la douleur...
J'attrapai vivement Crystal par les épaules et la retournai contre terre pour la plaquer au sol avec mon corps, dans une violence incontrôlée. Je la regardais avec toute la démence dont je l'avais préservée depuis toujours. Je la regardais avec tout ce que j'étais, avec toute ma douleur.
- Et pourquoi tu es là, hein ? POURQUOI ? Qu'est-ce qu'une pauvre petite fille dans ton genre en a à foutre d'un psychopathe comme moi ?! Pourquoi tu ne me fous pas la paix ?! REGARDE-MOI ! C'est de ta faute si je suis comme ça ! C'est de ta faute si je ne peux pas mourir ! Avec toutes tes idées, toutes tes croyances à la con ! Tu m'as bousillé, et maintenant tu me retiens ici, et je ne peux plus crever ! ARRÊTE, putain !
Je m'appuyais sur elle de tout mon poids, mes yeux dans les siens, mes mains sur ses poignets que je tenais au dessus de ses cheveux en bataille dans la terre. Mon cri me parut déchirer tout le silence de la nuit. Même la Lune eut l'air de se mettre à pleurer.
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Sujet: Re: Burning desire & Crystim Jeu 13 Oct - 6:15
Elle n'osait plus parler, bouger, penser. Cette boule dans la gorge, dans le ventre, grossissait à vue d'œil alors qu'elle se pétrifiait sur place. La peur reprenait vie en elle, s'emparait d'elle jusque dans ses entrailles et lui hurlait de fuir maintenant alors que son cri résonnait encore dans sa tête qui s'était tout à coup comme vidée. Elle n'aurait surement pas réagi ainsi... S'il ne le lui avait pas dit en hurlant. Il était clair qu'il était la douleur tout autant qu'en cet instant elle était la peur ! Et alors ? Elle le savait ! Non... C'était ce n'était pas tant ce qu'il était que ce qu'il faisait. Son cri contrastait si violemment avec son doux chuchotis qu'il lui sembla s'être faite frappée d'un même geste. Chacune de ses paroles avaient comme secoué son corps si violemment qu'il se retrouvait à présent jusqu'à incapable de trembler. Elle pouvait toujours lire dans son regard cette haine sans nom, cette colère sans fin... A la différence qu'avec il y a seulement quelques secondes, elle ne voulait non plus l'apaiser mais fuir et ne plus jamais avoir à la revoir un jour.
Comment faisait-il donc ? Un jour elle le voyait et priait pour que ce ne soit plus jamais le cas... Puis elle le recroisait et dépérissait de se savoir incapable de le rencontrer à souhait, puis quand enfin le hasard le remettait sur sa route, c'était comme si elle n'avait jamais pu croire en lui, comme si les dernières semaines n'étaient rien car alors seule la vision du sang sur ses mains lui revenait, seuls ses cauchemars où c'était de son propre sang qu'il était souillé. Son estomac se tordit violemment comme s'il l'avait réellement poignardé. Petit à petit, les couleurs quittaient son visage alors qu'elle ne pouvait détacher ce regard meurtrier du sien. Et puis de nouveau la vie, ou du moins ce qu'il en restait en elle. Elle cligna des yeux une seconde et le charme prit fin, un peu de la terreur s'envola. Qu'était-il d'autre que ce qu'elle avait été elle-même depuis qu'elle avait quitté Meryton ? Quelle différence entre son état et le sien lorsque tout ce qu'elle attendait de la vie n'était plus que la mort ? Si elle-même s'était retrouvée à sa place, aurait-elle réellement réagi différemment ? N'avait-elle pas elle aussi détesté, hurlé, pleuré, rêvé de meurtre même pour et contre le reste du monde ? Comment aurait-elle réagi si quelqu'un était venu la déranger alors qu'elle n'aurait été qu'à quelques secondes d'accéder à un moyen de s'échapper un instant de cet enfer ? Si quelqu'un avait retardé sa délivrance ultime ?
Non, rien de tout cela n'était comparable. Et puis, ça ne remontait même pas à son départ de Meryton ! Tout ce cauchemar avait commencé... Avait commencé... La première fois qu'elle l'avait vu. Il était la source de tous ses malheurs, l'origine de son désarroi, et pourtant... Pourtant elle était encore là, à essayer de lui tendre la main ! Et lui, il osait s'en prendre à elle ? Il avait gâché sa vie et pourtant il osait lui reprocher quelque chose ? Il avait gâché sa vie ! Ses lèvres tremblaient, jamais elle n'aurait du s'approcher... Car le pire dans tout ça, c'est qu'envers et contre tout, ce n'était pas tant qu'elle ne pouvait fuir mais qu'elle ne le voulait. C'était quoi son problème exactement ? Était-elle masochiste pour s'accrocher à ce point à la source de tous ses malheurs ?! A lui tendre, une fois de plus, la main... Elle détourna enfin la tête, pour regarder la seringue un peu plus loin, comme hypnotisée. Elle écouta son murmure qui lui sembla tout à coup lointain... Était-ce lui ou elle qui n'était plus qu'à demi-là ? Elle retourna lentement son visage vers lui, tout à coup étonnée de réaliser qu'il n'avait pas crié...
Et cria à son tour. Sans qu'elle ne le sente venir, il s'était tout à coup jeté sur elle, la plaquant au sol violemment. Son poids l'étouffait alors que le choc sur sa tête lorsqu'il l'avait plaqué lui donna rapidement le tournis... Et pourtant, elle n'aurait pu être plus lucide qu'en cet instant. Son regard captivait le sien, lui donnant enfin ce qu'elle avait toujours tant recherché. Elle y voyait absolument tout. Ce noir si profond luisait de cette douleur si vive et qui pourtant n'était rien à côté de toute sa colère, sa violence. Il lui aurait brisé le coeur de voir à quel point il était torturé entre de si violents sentiments si une petite voix ne lui répétait pas sans arrêt que ce regard devait être la dernière chose sur Terre qu'avait pu voir la pauvre victime de la grotte. Ses paroles lui parurent plus violentes encore que les précédentes et sans qu'elle ne s'en rende réellement compte, les larmes commencèrent à ruisseler en masse sur son visage terrorisé. Ses poignets la faisaient autant souffrir que sa tête, son souffle était saccadé, difficile, et elle avait beau tenter de se débattre pour lui échapper, rien n'y faisait. Alors elle baissa les bras et pleura, simplement, laissant l'écho de ses paroles torturer son esprit autant qu'il s'en prenait violemment à son pauvre corps.
Elle l'avait fait exprès peut-être ? Elle avait choisi de s'attacher au méchant alors qu'un parfait gentleman lui avait si galamment fait la cour ? William était venu à son secours quand elle en avait eu besoin, ce n'était pas au contraire à cause de lui qu'elle en aurait eu besoin ! Mais non, c'était vers lui qu'elle était venue ! C'était sa détresse qui avait fait fondre son coeur ! C'était dans ses bras qu'elle avait trouvé le réconfort ! Qu'y pouvait-elle si au passage, elle avait tenté de le secourir aussi ! Il lui avait rendu l'espoir, il était bien normal qu'elle ait tenté de faire de même pour lui ! Et puis c'était sa faute à lui uniquement ! Il lui avait dit de ne rien changer avec lui ! C'était ce qui lui avait sauvé la vie autrefois, ce qu'il avait apprécié chez elle, c'était injuste de le lui reprocher à présent... Quant à lui reprocher de le tenter... Le tenter ! Son ancien soi en aurait bien ri tiens... Mais à présent elle ne sentait plus que le goût de ses larmes, de son incompréhension face à des reproches qu'elle ne pensait pas mériter...
- Je suis là parce que tu as été le seul à croire en moi...
En un sanglot à peine audible, quelques mots avaient finis par lui échapper. Elle détourna le visage, et se remit à pleurer en silence, sans plus chercher à se débattre le coeur aussi lourd que son esprit s'était tout à coup vidé.
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Sujet: Re: Burning desire & Crystim Mer 26 Oct - 18:48
Quand je la regarde, quand je pense à elle, je ne sais pas ce que ça me fait. Je ne sais pas pourquoi je le fais. Je ne sais pas comment ça s'appelle. Si c'est bon ou non. Si c'est ce que je veux ou non. Cette fille m'embrouille. Depuis le départ, elle me met sans dessus-dessous. Elle me donne l'impression de marcher sur la tête. Voilà pourquoi elle m'est d'abord apparue comme une drogue encore plus puissante que la drogue ; non seulement pour l'étrange addiction qu'elle a provoqué en moi, mais aussi pour les effets particuliers qu'elle a eu sur mes pensées. D'un coup, elle a renversé le monde que je m'étais moi-même forgé. Pas pour me reconduire vers celui que j'avais fui, mais pour me conduire dans un univers nouveau, où nous étions deux, tantôt proches, tantôt éloignés. Intouchable et splendide, elle s'arrangeait pour rester plus ou moins hors de portée. Dangereux et instable, je m'arrangeais pour ne jamais l'atteindre, même si je gardais les mains tendues dans sa direction. Et aujourd'hui, là, entre deux roulades dans la terre, c'est comme si la petite bulle que formait notre univers venait d'éclater. On se retrouve nus face au monde, comme des vers, sans la moindre protection. Pas la moindre chaleur réconfortante, pas le moindre abri à l'horizon. On est confrontés à nous-mêmes, dans le violent déchaînement de notre peine, notre colère, sa peur et ma douleur.
Elle provoque en moi un blocage. Quelque chose de violent, que je n'ai ni décidé ni choisi, et je ne sais pas de quoi il s'agit. Quand je la vois, quand je suis en face d'elle, quand je la touche, je me sens prisonnier de quelque chose qui se passe à l'intérieur de moi, et que je suis incapable de comprendre. Cela me paralyse, cela m'empêche d'être moi-même. D'être ce salaud violent, détaché et irresponsable, qui se fout de tout, qui bousille tout sur son passage pour son petit plaisir personnel. Je ne l'ai pas bousillée. Du moins, je ne l'ai pas bousillée volontairement. Je ne l'ai pas frappée. Je n'ai pas abusé d'elle. J'ai même été jusqu'à m'arrêter dans mon élan quand je l'ai finalement embrassée... Cette fille me fait avoir des réactions étranges. Il n'y a qu'elle pour être capable de les provoquer. Et elle ne semble même pas faire exprès. Pire, elle ne semble même pas s'en rendre compte. Se rendre compte à quel point, à ses côtés, je me transforme en petit toutou bien sage -ou presque- ; en véritable marionnette. A ses côtés, je ne suis pas aussi libre que je le prétends être en temps normal. Pourtant, ce frein ne semble pas venir d'elle, pas directement. Elle en est certes à l'origine, mais tout cela se passe en moi. Ses mots, ses gestes, ses regards, son parfum, le toucher de sa peau... Elle est le catalyseur. Le petit déclic nécessaire à réveiller quelque chose dans ma tête et dans mon corps qui demeure flou et incompréhensible. La faute à la drogue. La faute au manque, à la douleur. La faute à mon habitude de me braquer dès que quelque chose m'échappe, me glisse entre les doigts, hors d'atteinte ou de contrôle. La faute à ma foutue absence d'âme. Ou quelque chose comme ça. Je ne sais plus... Je n'arrive plus à réfléchir. Je n'arrive plus à comprendre. Plus rien. Ça me fait mal. Mal au coin du coeur. C'est encore une autre forme de douleur ; plus rien à voir avec la brûlure, la démangeaison du manque. Mais c'est une douleur de trop... C'est plus que ce que je peux en supporter.
- Je suis là parce que tu as été le seul à croire en moi...
Ses mots me choquent. Ses larmes me sautent aux yeux, m'incendient les pupilles. Et, d'un coup, je fais un arrêt cardiaque. Il ne se passe plus rien du côté du coeur, car il vient tout simplement d'imploser. De s'arrêter, de me lâcher, une bonne fois pour toutes. Lentement, en état de choc, mes mains autour de ses poignets se desserrent. Je finis par lâcher prise. Je ne réalise pas vraiment. Je crois que je suis toujours à califourchon sur elle. Ah, oui... Mes doigts sont sur le sol, à présent. De chaque côté de sa tête. Les larmes roulent sur ses joues, et les miettes de mon coeur se répandent lentement à travers mon corps. Je saigne.
Je saigne et je comprends. Les yeux écarquillés, fixés sur son visage, sur la peine que je lui inflige. Je la comprends parce que je la connais. Très bien, trop bien. Dans mon esprit, tout se bouscule. Mais on dirait que c'est pour mieux s'organiser. Cette phrase a eu l'effet d'une bombe sur moi. D'une bombe si puissante qu'elle a même réussi à me faire oublier la douleur et mon obsession de la drogue, l'espace d'un instant. Oui, tout s'éclaire, ou presque. Tout n'est pas parfait, mais j'ai l'impression de finalement ouvrir les yeux. Et, brusquement, presque violemment, mon coeur se remet à battre.
- J'ai cru en toi... Parce que de toute ma vie, tu as été la seule personne à me regarder, et à voir quelqu'un. Tu as été la seule à choisir de rester. La seule à ne pas m'abandonner. Tu as percé mon monde, tu t'y es insinuée... Et tu l'as remplacé par un autre, où tu es devenue la seule chose qui compte, la seule matrice, la seule vérité. Je pense à toi, Crystal. Je m'inquiète pour toi. Je tiens à toi... Tout cela n'existait pas avant que tu n'arrives. Je sens mes mains trembler dans le sol. Ma voix est calme, triste, marquée par la sincérité et la faiblesse. Je parle avec mon coeur ; chaque mot est un battement différent. Mais je ne sais pas ce que c'est. Je ne sais pas comment gérer ça, je n'ai jamais su. Et maintenant, je ne sais plus comment gérer le reste non plus... Je suis en train de crever. Mais tu me retiens en arrière. Tu m'empêches de partir, je ne peux plus, maintenant, tu comprends, ça ? Maintenant que tu es là, dans ma tête, dans chaque cellule de mon corps... Je ne peux pas partir ! Tout mon corps tremble, en réalité. Ma voix se fait plus déchirante avec les secondes, j'en prends peu à peu conscience. Mais je ne maitrise plus rien ; la douleur est trop forte. Alors comment je fais ? Comment ?! J'ai mal ! Et il n'y a rien qui puisse m'enlever ça... Tout est en ruines à l'intérieur de moi ! J'aurais pu mourir... C'était la dernière chose qui me restait... Mais tu m'es tombée dessus, et tu me l'as enlevée. Comme ça, en un battement de cils... En un baiser, en un murmure... Et je te regarde, et je ne sais pas ce qui se passe. A l'intérieur de moi. Rien ne m'a jamais fait cet effet-là.
Lentement, mon corps se penche sur le sien. Mon visage se retrouve niché au creux de son cou, là où roulent quelques uns de ses larmes. J'en vois une sur sa peau, juste à la limite de sa mâchoire. Et je pose mes lèvres dessus, alors que mes doigts s'enfoncent profondément dans la terre.
- La drogue m'a gelé le coeur. Le manque l'enflamme. Mais toi... Il n'y a que toi qui soit arrivée à le faire battre.
Elle pleurait, et bien que son corps ne fut pas en proie à de violents sanglots, jamais elle n'en aurait cru la source tarissable. Il était la seule personne dont elle s'était imaginé qu'il l'appréciait à sa juste valeur mais au final, il n'était qu'un homme parmi tant d'autres. Comme tous, il avait brisé son pauvre coeur. Comme tous, il l'avait laissée espérer là où le seul dénouement possible n'était finalement que le flot de ses larmes. C'était pour cela qu'elle ne s'était plus ouvert à personne depuis des années. C'était pour fuir un énième chagrin d'amour qu'elle avait abandonné sa vie de Londres... Mais ça personne ne le savait, personne n'aurait pu le comprendre même. Une demoiselle respectable n'a pas de chagrin d'amour, elle ne sait même pas ce qu'est l'amour tant que le mot mariage n'est pas prononcé. Mais avait-on déjà connu Crystal respectable ? Non... Elle, elle était froide et hautaine. On l'enviait autant qu'on la détestait, car elle même ne savait faire autre chose ! Tout ce qu'elle désirait, elle l'obtenait, alors un chagrin d'amour ? Quelle idée saugrenue ! Non, la vérité, c'est que personne ne la connaissait réellement.
Elle n'était qu'une pauvre fille en manque d'amour au final... Et ça personne n'avait jamais pu le comprendre... Jusqu'à ce jour avait-elle osé croire. Jusqu'à aujourd'hui, les hommes s'étaient simplement ravis qu'elle ose ouvrir les cuisses sans faire trop d'histoires. Elle était belle et plus qu'accessible. On riait d'elle tard le soir, au comptoir de ces bars qu'ils étaient censés fréquenter aussi peu que sa couche. On soupirait son nom puis on riait qu'elle ait pu faire de même. Jamais personne n'avait songé qu'il y avait un coeur un peu plus haut, des lèvres qui aimaient à être embrassées aussi... Mais lui... Tim. Il l'avait percé sans qu'elle ne puisse l'expliquer. Il touchait son coeur lorsque du bout de ses lèvres il venait caresser les siennes. Mais tout cela... N'était-ce donc qu'une comédie de plus ? Les autres avaient au moins l'honnêteté de ne jamais la laisser espérer. Sans illusions, la peine est moins grande, et Crystal n'était pas de ces filles qui s'attendent à une demande sous prétexte qu'elles ont soulevé leur jupon. Non, elle, elle connaissait les hommes, elle savait ce que signifiait la lueur dans leur regard, elle savait que le désir ne va pas toujours de paire avec l'amour... Et ça, ça vous empêche d'espérer n'est-ce pas ? Oui parce qu'il serait stupide d'espérer qu'un jour, l'un d'eux soit différent, car ils ont tous le même regard au fond !
Non, pas tous. Il n'y avait pas cette lueur dans celui de Tim. Jamais elle n'avait vu danser cette étincelle bestiale dans ses yeux, celle-là même qui suffisait à lui donner envie de pleurer à présent, car elle savait que jamais elle n'aurait droit à autre chose. Elle n'était qu'une catin déguisée en bourgeoise, trop stupide pour oser demander de l'argent en échange. Et quel genre d'homme aime une catin ? Elle regardait ces petites bourgeoises et les détestait pour les mariages auxquels elles étaient promises. Elle regardait ces couples et les haïssait pour oser posséder tout ce qu'elle n'aurait jamais. Et eux tous, ils osaient l'envier ! Qu'avaient-ils donc dans les yeux pour s'imaginer qu'elle vivait une vie de rêve ! Que ce soit à Londres on l'on savait la richesse de sa famille douteuse à cause de sa tante écrivaine ou à Meryton ou tout le monde savait qu'elle vivait à l'auberge et n'avait pas de famille ! En quoi cette solitude, ce rejet évident de la bonne société pouvait-il contenir un quelconque attrait pour qui que ce soit ? Pauvres idiots... Mais elle avait rencontré Tim et tout avait changé. Ses yeux étaient éteints, et elle avait cru être la seule à avoir un jour réussi à les rallumer. Pour elle, ils avaient fini par briller de nouveau, mais sans que les larmes ne lui viennent plus aux yeux. Il n'avait rien attendu d'elle, il l'aimait juste... Comme elle était, et sans nudité...
Mais ce soir il avait tout gâché ! Ce soir elle avait cru que ses pauvres rêves étaient vrais ! Elle avait eut l'audace d'imaginer pouvoir le secourir alors qu'il allait mal ! Et voilà... Voilà. Elle était stupide ! Pour lui aussi elle aurait mieux fait d'écarter les cuisses puis de fuir. Il aurait cru qu'elle était comme les autres et ne l'aurait pas cherché, et elle... Elle n'aurait souffert. Pas autant... Mais non, ses belles illusions avaient pris le dessus et voilà qu'elles explosaient en un joyeux feu d'artifice alors que sa voix perçait ses tympans, son coeur. Comment avait-elle pu imaginer être importante à ce point pour lui alors qu'elle était de toute évidence une gêne plus qu'autre chose... Et puis... La pression sur ses poignets disparut, les cris attendus ne retentirent plus. Était-ce ce qu'elle venait de dire ? Sans même trop s'en rendre compte qui plus est... Elle attendit, immobile, aussi inquiète qu'intriguée de se sentir ainsi libérée. Et puis il reprit la parole, d'un tout autre ton, tint un tout autre discours. Ses yeux revinrent chercher les siens et bien qu'elle ait cru cela impossible, ses larmes... Quelles larmes ? Il ne se contentait plus de parler, il vivait ce qu'il lui disait ! Et ces mots, si beaux, si inattendus de sa part ! Sa bouche s'ouvrit doucement alors que la surprise avait fini par tarir le flot de ses larmes. Tout cela, dit de manière si maladroite et pourtant si sincère, l'intensité qu'il mettait dans ses paroles... ! Jamais personne ne lui avait dit de telles choses. C'était comme vivre un rêve éveillé, comme s'il avait lu dans ses pensées et dit tout haut ce qu'elle avait toujours attendu.
Elle en restait muette, continuant simplement à le fixer, à fixer cette lueur, dans son regard. Celle-là même qu'elle aime tant car elle savait qu'elle n'avait pas à la craindre. Alors elle n'était pas si stupide finalement ? Il se pouvait réellement qu'on tienne à elle ? C'était... Possible. Elle ferma les yeux alors même qu'il nichait sa tête au creux de son cou. Ses lèvres sur son menton, sur une de ces quelques larmes qui finissait de fuir, furent comme une petite décharge au creux de son estomac, pour la rappeler à l'instant présent. Cette soudaine douceur que jamais plus elle n'aurait attendu de sa part fut un délice sans nom. Et ses paroles... Son coeur battait, à toute vitesse, et ses joues s'enflammèrent. Le pont, les passants, la milice, plus rien n'avait d'importance. Elle saisit son menton, délicatement, du bout de ses doigts, et le releva lentement vers son visage. Elle l'observa quelques secondes avant de fermer de nouveaux les yeux, et venir tout en douceur déposer un baiser sur ses lèvres. Un baiser, un murmure...
Avec ces mots, j'ai l'impression de m'être vidé de mes dernières forces. Je lui ai servi une tranche de mon coeur sur un plateau, et maintenant, je suis comme lessivé, épuisé. Le manque crispe toujours mes muscles, alors que mon esprit sombre dans une torpeur étrange, dans un brouillard absolu. Je n'y vois plus rien, n'y comprends plus rien. J'aimerais mettre des mots sur ce qui me traverse en ce moment. Sur mes émotions. Car je sais que là, au creux de mon ventre, je ressens. C'est étrange. Je ne me souviens de rien de similaire à cette chaleur diffuse. Pas désagréable, simplement là, omniprésente, à se répandre dans mon corps avec force. Mais une chose est sûre, Crystal m'a ranimé. Je ne sais pas comment elle fait. Quand elle est là, tout est décuplé. Quand elle disparait, je meurs. Avec elle dans les parages, je suis à la fois capable de tout et paralysé. J'ai l'impression d'être un adolescent timide et maladroit. Et en même temps un homme surpuissant. Elle m'entrave tout en me libérant. Son pouvoir sur moi est immense. Pourtant, je ne sais toujours pas comment l'appeler, comment définir cette influence qu'elle a sur moi, comment considérer ce qu'elle me fait sentir. Ce que je lui ai dit, ce sont les seuls mots que je suis capable de trouver pour ça. Ceux qui s'en rapprochent le plus. Elle donne à mon coeur l'envie de battre, c'est la seule chose que je sais. Elle m'obsède, elle me hante, me possède. Encore plus que tout le reste. Mais je suis sonné à cause de tout ça, à cause du manque, de ma douleur, de ce flots de choses nouvelles et incontrôlables qui se déchainent en moi comme une tempête terrible et qui me laisse sans repos. Formuler ces mots n'a pas été simple, et maintenant j'ai l'impression d'être encore plus confus qu'avant. Que lui ai-je dit, réellement ? Je ne sais pas. Je... Je ne sais pas...
« Moi aussi je t'aime, Tim... »
Le brouillard se dissipe. Le goût sucré-salé de ses lèvres sur les miennes. Une larme s'est glissée par là, et donne à ce baiser une saveur spéciale, déroutante, aussi déroutante que ce qui se passe dans ma tête en ce moment. Que ce qui se passe dans mon corps. Cette chaleur, cette clarté, cet apaisement. Ce baiser... Ce baiser ? J'ouvre les yeux : c'est elle qui m'embrasse. Elle ne pleure plus.
« Moi aussi je t'aime, Tim... » Cet écho dans ma tête. Doux, absolu, subtil. C'est une explosion de sensations dans ma tête ! C'est similaire à de la panique, et pourtant, je me sens toujours très calme. De l'adrénaline ? C'est ça. Elle vient de m'offrir la plus belle décharge d'adrénaline dont un drogué en manque puisse rêver. Mes muscles, bien que toujours raides, me paraissent plus légers. Mon coeur se met à battre à toute allure, et il envoie dans mes membres un sang nouveau, purifié, clair. « Moi aussi je t'aime, Tim... » Ces mots... Ces mots sont si rares, si parfaits... Je me les repasse en boucle. Je ne veux plus jamais rien entendre d'autre que ces mots. Ces mots... Ces mots et les murmures de Cystal. Ces mots et les soupirs de Crystal. Ces mots et le rire de Crystal. Je veux tout. Je veux qu'elle me souffle à l'oreille tout ce qui lui appartient, afin qu'elle le partage avec moi. Elle déclenche en moi une humanité nouvelle. Une humanité... Une humanité ! Et mon coeur bat, bat et bat encore ! Je pourrai verser un million de larmes pour chaque battement qu'il produit, pour chaque seconde d'émotion que Crystal m'a donné. « Moi aussi je t'aime, Tim... » L'Amour... Des larmes d'Amour.
Extérieurement, je ne sais pas de quoi j'ai l'air. C'est un tel chaos dans ma tête ! Mais un chaos doré. Un chaos sublime, un chaos qui me plait, que j'accepte avec le sourire, qui me soulage de mes souffrances. Je détache mes lèvres des siennes, pas vraiment volontairement, mais je suis trop abasourdi pour réaliser quoi que ce soit concrètement. Mes yeux cherchent dans les siens. Alors... Alors c'est ça, ressentir ? C'est cette petite étincelle au coin des prunelles, sublime, enivrante ? C'est ça, Aimer ? C'est ça... C'est ça avoir... quelqu'un ? Ne plus être seul ? Avoir autre chose que son ombre pour compagnie ? C'est ça, accepter l'autre ? C'est se donner à lui, c'est un murmure, c'est embrasser ses larmes, c'est lui réchauffer le corps, c'est mourir sans lui, renaître avec ? C'est ça, qui m'a manqué tout ce temps ? C'est sans ça, que j'ai vécu ? Non, pas vécu. On ne vit pas avant d'avoir connu ça. On respire, on voit, on avance. Mais avec ces sentiments, avec ce déchainement magnifique de ressentis, avec cette fulgurante douceur dans l'âme, on vit véritablement. On vit, et on existe. Parce que pour tout ça, pour continuer à expérimenter tout ça, je pourrais me trouver la force nécessaire à surpasser tous les obstacles. Je pourrais me battre, même contre moi-même. Juste pour pouvoir continuer à écouter les battements endiablés de mon coeur réanimé. Juste pour pouvoir la regarder, et réentendre ces mots magiques. La formule ultime pour réveiller une ombre. Pour faire d'un pantin un être vivant. Je pense comme si j'étais en plein délire hallucinogène. Je me sens euphorique. Pourtant tout est bien là, réel, complet ! Comment ai-je pu faire, sans cette plénitude, avant ? Comment ?
Je me redresse pour me tenir assis par terre, et je l'entraîne dans mon mouvement pour qu'elle soit assise face à moi. Mes mains sont sur ses joues, et mes yeux ne quittent pas les siens. Lentement, dans la quiétude, j'enlève un peu de terre qui s'est logée dans ses cheveux quand je l'ai plaquée au sol. - Alors... Alors je... Je t'aime ? C'est ça ? Je prends sa main dans la mienne, pour la poser sur mon coeur qui bat à tout rompre. Je presse ses doigts contre mon torse, juste à l'endroit où mes muscles se soulèvent, au rythme de ce coeur rendu fou par les mots qui résonnent encore dans ma tête, comme un écho sans fin. Là, juste là... C'est ça, aimer ? Je me mords les lèvres. C'est beau, et c'est tellement incroyable ! Je n'en reviens toujours pas. J'ai l'impression d'être en plein délire. Jamais rien n'avait été si coloré auparavant. Et je suis maladroit ; car je me retrouve d'un coup en terre inconnue.
Ma main sur celle qu'elle a posé sur mon coeur glisse sur son bras pour rejoindre son corps. Je serre ses épaules dans mes doigts, et je la rapproche doucement de moi. Je me surprends même à savourer l'approche, lente et exquise, de son corps vers le mien. De mon corps vers le sien. Mes mains glissent sur sa peau, sur ses bras, son cou, son visage, sa nuque. Je la serre dans mes bras.
- Apprends-moi. Dis-moi comment faire... Je pose mon front contre le sien et je ferme les yeux, tranquille et apeuré à la fois, face à l'immensité de ce à quoi je me retrouve confronté pour la première fois. Ne me laisse pas seul. Je ne veux plus être seul, Crystal... Plus jamais.
Je m'écarte un peu d'elle et serre les dents, car les tremblements dans mes bras tentent de revenir. Mais je reste concentré sur elle. Envers et contre tout.
- Sauve-moi... C'est ce que je veux, à présent. Sauve-moi pour que je puisse t'aimer sans limite...
Car, malgré mes efforts, les tremblements et la douleur étaient toujours là. Je me sentais fiévreux. La seule chose qui m'empêchait de sombrer, c'était de l'avoir. Si elle me laissait, c'était terminé. Mais si elle décidait de me sauver pour de bon, alors... Alors je me battrai. Rien que pour ces mots, rien que pour elle. Rien que pour nous. Dans notre nouveau monde à nous. Dans le monde réel. Où nous nous retrouvions projetés, avec pour seule défense les sentiments que nous inspire l'autre. « Moi aussi je t'aime, Tim... »
- Sauve mon âme, et elle est à toi. Mon Ange...
Mon murmure, comme une promesse, vient caresser le creux de son oreille. Mes doigts glissent sur sa nuque et dans son dos, sur sa hanche. Je la regarde dans les yeux. Je tremble tellement que je dois avoir l'air d'un grand malade. Mais tant pis. Je me mords la lèvre en sentant un pic de douleur dans mes jambes, mais je m'en moque. Car, lentement, je me rapproche d'elle. Et, pour sceller notre étreinte, je pose mes lèvres sur les siennes. Je l'embrasse. J'embrasse celle qui fait du Monstre un Être Humain. Avec un million de larmes d'Amour.
Reputation Famille: Brighton Regiment Age du personnage: 25 ans Relations :
Sujet: Re: Burning desire & Crystim Ven 25 Nov - 1:54
Le goût de ses lèvres sur les siennes, cette saveur douce, agréable, nouvelle... Ce baiser était différent, comme une première fois. La première fois qu'elle pouvait ressentir que ce n'était pas que physique, qu'il était l'expression de sentiments simples et délicats mais qui jusque là lui semblaient inaccessibles, irréels. Comme une pudeur qui naissait alors qu'elle vivait ce qui lui semblait être l'étreinte la plus intime de sa vie, car pour la première fois, elle osait se mettre totalement à découvert. Il n'y avait plus de tabous, de secrets, de peur ou de colère. Ne restait plus que cette douce affection, née dans des conditions plus que particulières qui les reliaient l'un à l'autre. Comment en étaient-ils arrivés là ? Cette question, ce n'était pas la première fois qu'elle revenait, mais cette fois plus que jamais elle hantait son esprit. Le premier regard... Il n'y avait pas eu la moindre compassion, pas de lueur particulière ou de sourire suggestif qui supposait qu'ils auraient pu en arriver là. Il n'y avait eu... que le sang. Le sang et ce regard justement que la nuit rendait plus noir, profond, terrifiant que jamais. Elle en était devenue folle, s'en était rendue malade ! Par sa faute... Et pourtant, c'était comme si aujourd'hui tout cela n'avait jamais existé. C'était une autre époque, une autre ville, un autre état d'esprit. Dans cette grotte s'étaient rencontrées deux personnes totalement différentes. Aujourd'hui, elle le connaissait, elle osait croire en lui. Ce meurtre... Ce n'était plus rien. Jamais surement elle ne saurait ce qui était arrivé à ce pauvre homme pour que sa fin soit si tragique mais il était certain que l'homme qu'elle tenait dans ses bras ne recommencerait pas. Cette crise de colère qu'il venait d'avoir, quand bien même se répèterait-elle, ne voulait rien dire ! Ce n'était qu'une seconde où il s'était perdu, un instant ou la drogue avait parlé pour lui avant que sa conscience ne reprenne le dessus. Mais tout cela, c'était fini, jamais plus il ne tuerait, ne tua depuis la grotte, elle pouvait au moins croire cela, n'est-ce pas ?
Comment imaginer un instant qu'une déclaration si intense, comment des sentiments déclamés de manière si honnête et candide pourraient-ils bien naître de la bouche d'un meurtrier ? L'inconnu aux yeux noirs ne les connaissait pas, il ne pouvait ressentir tout cela ! Tim, il était un autre homme. Il était un homme qui l'aimait malgré qu'à tout instant elle pourrait causer sa perte avec ce qu'elle savait, d'autant plus qu'il avait confiance en elle à présent ! Il croyait en elle, il croyait en elle et jamais n'oserait la trahir de la sorte... Il savait comme la première fois l'avait détruite, comme elle avait du se battre pour survivre à ses souvenirs, il n'oserait la replonger dans cet enfer, elle ne pouvait y croire ! Non, l'homme qu'elle embrassait, il était tendre, innocent. Il découvrait ce monde et le comprenait aussi peu qu'il était compris. Alors qu'au fond, c'est tout ce dont il avait besoin ! Il était simplement comme elle ! Lui aussi ne demandait qu'à ce qu'on le comprenne, qu'à ce que l'on croit en lui, ne serait-ce qu'une seule fois. C'était pour cela qu'il lui rendait son baiser d'ailleurs ! Elle avait été la seule à ne pas le fuir, alors qu'elle était justement celle qui en avait surement le plus de raisons ! Elle l'avait intriguée, avait su trouver les mots justes... C'est pour cela qu'il était là, en cet instant, que sa seringue était jetée plus loin alors qu'il l'embrassait sans chercher un instant à s'en emparer. C'est pour cela que pour la première fois, elle ne fuirait pas ses sentiments. S'il pouvait se passer de son addiction, de toute cette violence et cette haine, simplement pour être dans ses bras, pourquoi fuirait-elle comme elle l'avait toujours fait ? Comment se résoudre à tout quitter alors que pour la première fois, elle trouvait une bonne raison de rester ?
Il se redressa, surpris, plus perdu que jamais alors qu'enfin il se retrouvait, tandis qu'elle... Elle reposa sa tête au sol doucement, plongea son regard dans le sien, luisant. Elle souriait, légèrement mais avec une telle honnêteté qu'il valait bien autant que s'il avait été plus large. C'était la première fois qu'elle se sentait ainsi, aussi apaisée. Ce doux remue au creux de son ventre, c'était étrange, comme passer sur une bosse en calèche, mais ça s'éternisait, chatouillait, c'était agréable... Et puis cette lueur dans ces yeux qui la fixaient quitta lentement son regard et coula sur ses joues sur lesquelles elle passa délicatement ses pouces. Alors, ce léger chatouillis remonta, et c'est son coeur qui s'accéléra, qui battit plus fort. Mais il se redressa, et ses mains quittèrent son visage pour se poser sur ses genoux. Elle attendit, sans rien presser. Cette langueur, bien loin de toute cette précipitation à laquelle on l'avait habituée, c'était agréable. On ne voulait pas se servir d'elle pour la jeter aussi vite, pour une fois. Il ne voulait pas. Cette manière de prendre son temps, dans chacun de ses gestes, dans ses mains qu'il posait sur ses joues, qu'il tendait doucement vers ses cheveux, c'était exquis. Elle appuya doucement sa tête sur l'un de ses mains, pour l'encourager à prendre la parole.
Ses paroles, ses gestes, rien ne vint trahir son baiser. Son coeur lui même ne mentit pas. Il battait, comme fou, sous sa main. Au rythme du sien se dit-elle, un peu naïvement peut-être. Mais c'en était d'autant plus beau ! Ses pensées, c'était comme ressentir tout ce dont elle s'était toujours moquée, mais elle appréciait pourtant, plus que jamais même ! La moquerie vient de la jalousie après tout, et comme elle était jalouse de toutes ces sottes aux belles romances dignes de contes de fée ! Comme elle souriait quand elle les voyait prise au piège face à ce que l'autorité parentale jugeait comme une mésalliance ! Mais elle, elle n'avait plus de famille, plus de richesse, c'était à elle d'essayer de rivaliser mais comment prétendre pouvoir être capable de lui offrir autant que ce qu'il lui fait ressentir en se pinçant ainsi la lèvre, comme un enfant timide ? Elle ne répondit pas, pour la simple raison qu'au fond, elle s'y connaissait surement aussi peu que lui. Quelle expérience pouvait-elle bien prétendre avoir alors qu'elle avait rejeté les assauts de ses prétendants années après années, fermant son coeur à tous jusqu'au jour où il vint en détruire la serrure. Elle se laissait faire, frissonnant au contact de ses doigts, se rapprochant de lui aussi doucement qu'il le désirait. Elle ne le quittait pas des yeux, trop attendrie par ce qu'elle lisait sur son visage, mais ses paupières finirent par se fermer, alors qu'elle se laissait aller contre lui. Sa main toujours contre son coeur serra la chemise qui la séparait de sa peau alors qu'elle tentait de trouver les réponses aux questions qu'il posait.
Elle se colla à lui, et cherche en vain les mots corrects pour le rassurer. Mais comment donc s'y prendre alors qu'elle aimerait être celle qui posait les questions ? Il s'était lancé le premier après tout ! C'était son coeur qui avait provoqué l'écho du sien ! Mais cette peur sur son visage, ces tremblements dans ses bras qu'il ne pouvait contrôler malgré tous ses efforts... C'était lui qui se devait d'être rassuré. Après tout, c'était elle qui avait mis les mots juste sur son flot de sentiments. C'était elle qui avait fait battre son coeur, non ? Il lui serait interdit d'espérer être l'origine de son retour à la vie si elle était même incapable de le rassurer sur ce qu'il devait faire maintenant ! Sa seconde main s'enfonça dans la terre, alors qu'impuissante, elle continuait à chercher sans résultat les mots justes. Pourtant, son regard ne s'affola pas et son coeur s'apaisa alors qu'elle comprit qu'elle n'avait jamais eu à réellement réfléchir à quoi dire. Elle avait déjà trouvé les mots justes, sans jamais avoir à y réfléchir. Tout ce qu'elle devait faire, c'était de nouveau laisser parler son être. Perdre de nouveau la tête face à lui et se laisser guider par son coeur. Elle passa doucement ses deux mains dans ses cheveux alors que sans se détacher de ses lèvres, elle se hissait sur ses genoux. Elle prolongea le baiser une minute, peut-être deux, puis se recula, le plus lentement possible pour qu'il ne pense pas qu'elle le fuyait.
- Tu n'as pas besoin d'être sauvé... Elle vint embrasser son front. Je n'ai rien fait pour que tu en arrives là. Un baiser sur sa joue droite... C'est toi qui a su me trouver dans l'obscurité. Puis sur la gauche... C'est toi qui m'a sauvée. Sur le nez... C'est toi qui a su m'aimer. Le menton... C'est toi mon ange... Ses mains glissèrent sur ses joues alors qu'elle vint poser délicatement ses lèvres sur les siennes. Comment pourrais-je t'abandonner ? Tu es le seul à ne pas m'avoir trahie...
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Sujet: Re: Burning desire & Crystim
Burning desire & Crystim
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