"Les hommes ont mépris pour la religion. Ils en ont haine et peur qu'elle soit vraie"

Blaise Pascal.

Cela faisait désormais quelques jours qu’Alexandre avait du prendre la relève de John Price au confessionnal, étant donné qu’il était partit à Londres pour affaire. Il n’avait pas vu énormément de paroissiens venir se confesser, à son plus grand étonnement. Mais sa plus grande surprise avait surement été toutes les atrocités qu’il avait entendu, et dont il ne pouvait parler à personne. Il avait tour à tour entendu une femme qui trompait son mari avec son amour de jeunesse, un ancien marin revenu sur les terres pour prendre un peu de repos et une retraite anticipée. Il avait ensuite apprit bien malgré lui, sous le sceau du secret, tout ce dont les jeunes hommes étaient capables pour obtenir les faveurs des jeunes femmes de nos jours, et il avait tout simplement outré ! Autant par l’attitude volage de certaines femmes que par l’attitude dépourvue d’honneur de nombres de jeunes hommes. Il se demandait si John Price était au courant du vrai train de vie de tout ses paroissiens, mais après y avoir longuement réfléchit, force lui fut de se rendre à l’évidence. Il était tout bonnement impossible que le pasteur, qui avait fait son métier pendant des années et des années, n’ait jamais entendu de tels confessions que celles qu’Alexandre avait du écouter en l’espace de quelques jours seulement.

Ces derniers jours, Alexandre avait commencé à apprendre à voir la vie sous un jour légèrement différent. Il se rendait peu à peu compte que la vie n’était pas forcément telle qu’on avait voulu lui faire croire et telle qu’il l’avait toujours vu. Tous les jeunes gens n’étaient pas respectueux des valeurs inculquées, des conventions et des obligations dues à leur rang. Cette semaine là, en l’absence de John Price, Alexandre commença enfin à apprendre la vie, comme s’il ne commençait que maintenant à réellement la vivre.

Ce fut donc, nettement moins naïf et emprunt de gaieté qu’il se dirigea vers la paroisse comme tous les matins depuis une petite semaine. Il était devenu blasé par tout ce qu’il entendait, et il se mettait à croire que les hommes étaient foncièrement mauvais, alors qu’il avait crut depuis sa naissance à la profonde gentillesse et honnêteté. Quel naïf il avait été, mais il n’était pas encore tout à fait résigné à abandonner toutes ces croyances qu’il avait acquis au court de sa vie, après tout c’était à lui, en tant que futur pasteur, et apprenti de John Price, de remettre tout ses paroissiens dans le droit chemin. Non, il ne devait définitivement pas se laisser aller et surtout pas se laisser abattre par quelques fauteurs de trouble. Il pouvait le faire.

Ce fut avec ces pensées positives qu’il alla finalement s’installer derrière le rideau du confessionnal. Il tira le rideau derrière lui pour se cacher des futurs arrivants, et se préparer spirituellement à entendre les confessions de ses paroissiens. Ainsi, il attendit une bonne demi-heure, avant de finalement entendre des bruits de pas marteler doucement le carrelage et s’approcher vers lui. A entendre le bruit des pas, il s’agissait assurément d’une femme. En plus de ça, il entendait les froissements d’une robe qui trainait sur le carrelage, ce qui le conforta dans son hypothèse. Enfin, quand elle s’assit à côté et qu’il eut l’occasion de l’apercevoir, il fut certain de la nature de son nouveau pécheur.

La jeune femme, les cheveux blonds vénitiens, un petit air angélique sur le visage, lui inspirait confiance, et il reprit espoir que les péchés qu’elle venait confesser ne soit pas d’une gravité trop grande. Ce fut donc, un léger sourire enjoué aux lèvres qu’il l’accueillit en ces mots.

« Bonjour ma fille. Je vous écoute, n’hésitez pas à vous confier à moi. Tout ce que vous direz ici restera strictement confidentiel. »

Son regard pétillait légèrement de la fièvre qu’il ressentait toujours envers Dieu. Depuis tout petit, il avait été fervent catholique et son rêve de devenir un jour pasteur était sur le point de se réaliser. Il fut empli d’une vague d’euphorie tandis qu’il encourageait la jeune femme une nouvelle fois à parler.

« Libérez votre conscience du poids de vos péchés. Dieu vous les pardonnera assurément, parlez maintenant. Quels péchés voulez-vous confesser aujourd'hui ? »

Heureusement pour la jeune femme, John Price n’avait jamais prit le temps de lui montrer les paroissiens « à risque », ou plutôt les jeunes gens qui étaient le plus des pécheurs, et ainsi, il ne connaissait la jeune femme que de vue pour l’avoir croiser à l’occasion dans Meryton.