KENNETH : Mais ... mais... LACHEZ-MOI ! JE N'AI RIEN FAIT POUR VOUS IMPORTUNER JE VOUS LE JURE !

Sous un pont, dans un coin bien caché et bien sombre, des hommes entouraient le gentleman. Kenneth se retrouvait collé contre le mur de briques, avec la menace d'un poing sur sa joue. Il n'avait pas spécialement peur, mais il se sentait juste victime d'un malentendu. Il se trouvait là au mauvais moment, et au mauvais endroit. Bon d'accord, ses intentions n'étaient pas des plus innocentes, mais elles n'avaient en rien avoir avec le démantèlement du groupe des rebelles ! Kenneth n'avait pas d'arrières-pensées politiques, il était juste... en manque. Les tavernes mal famées qu'il appréciait tant avaient fermé. Les femmes de joie ne le consolaient plus entre leurs poitrines si bien formées. Il se sentait coincé dans un monde, dans "son" monde, celui des bourgeois et des plus riches, sans le choix de pouvoir changer de vie ne serait-ce qu'un soir. C'était capricieux comme pensée, il en avait bien conscience. Personne parmi ces miséreux n'auraient jamais ce luxe de "choisir". Kenneth avait décidé un soir de n'en faire qu'à sa tête et de partir à la recherche d'un peu de paix. Il voulait juste rire un peu avec des gens simples et peu coincés ! Etait-ce trop demander ? Il avait donc suivi les indications murmurées par un homme croisé dans la rue. Et avait atterri près du QG des rebelles ! Il n'en savait rien lui, que sous ce pont-là précisément, se trouvait l'entrée vers l'antre secrète ! Et qu'est-ce qu'il en avait à ... faire (pour rester poli) ?! Pourtant, on refusait de le croire. Avec ses beaux vêtements et son visage d'ange, il n'inspirait pas confiance. De plus, avec l'arrivée de ce Maire, les rebelles étaient devenus de plus en plus méfiants, soupçonnant le moindre aristocrate d'espionnage.

Kenneth n'avait décidément pas de chance ce soir. Du moins, c'est ce qu'il croyait. Alors qu'il se croyait perdu, et prochainement jeté dans la fosse aux lions, une ombre se dessina sur le sol, juste derrière la troupe d'hommes énervés. C'était la silhouette d'une jeune femme, et ses contours laissaient présager qu'il s'agissait d'une beauté. L'ombre s'agrandit de plus en plus, plus elle s'avançaient vers eux. Les hommes se retournèrent, et reculèrent d'un pas. Kenneth ne savait pas s'il pouvait se dégager du mur. Elle ne prononça pas un mot, mais se fit rapidement comprendre. Leur colère semblait s'effacer petit à petit, et seul le silence se fit entendre. Ils jetèrent un dernier coup d'oeil à l'audacieux, et s'empressèrent de partir. Kenneth ouvrit les yeux, et tourna la tête vers la femme. L'ombre du pont cachait la moitié de son visage, mais c'était assez pour qu'il la reconnaisse.

KENNETH : Lola ?

Un hochement de tête. Aucun doute. C'était bien elle. Lola était l'une des favorites de Kenneth du temps de Meryton. Et elle le lui rendait bien : pas un seul mot, pas un seul baiser. Lola ne lui répondait que par le silence et la froideur. Il n'avait jamais pu la cerner, et c'était resté une énigme jusqu'au bout. Il ne l'avait pas revu depuis... cette fois où il l'avait invitée dans sa demeure chez les Leycester. Aux dires des habitués du bar, elle se cachait. Kenneth n'avait jamais su la raison de sa disparition. Il savait juste que sur le moment, il était heureux de la voir.