"Je ne sais vraiment comment décrire la place de notre famille au sein de Meryton. Bien sûr, je ne suis pas aveugle ni trop candide, et je sais que nous ne sommes pas aimés autant que nous le devrions. Il semblerait que mon oncle par alliance soit la cause de ce malaise entre le reste des familles respectables de Meryton et nous, mais comment le saurais-je précisément ? Je ne sors que trop peu pour me rendre compte de pareilles choses. Je sais pourtant que c'est bien mon oncle qui cause dans notre demeure les plus grandes gênes, et ses fils dont les frasques nous sont imputées. Mais je ne crois pas avoir entendu grand chose contre mon père ou moi, ou bien ma tante, soit parce que l'on en dit rien, soit parce que l'on a voulu me préserver de trop mauvaises surprises. Je m'efforce de rester aussi respectable et digne que ce que l'on peut exiger de moi, au sein des familles de Meryton, mais aussi dans ma propre demeure, car je suis maîtresse de maison. Je m'occupe de certaines questions domestiques sous l'oeil attentif de ma défunte mère et grâce aux conseils rares mais avisés de mon père. Mon père est l'être que je chéris le plus au monde, dont le confort m'est le plus cher. Il est depuis maintenant quelques années, atteint d'un mal que l'on ne sait guérir totalement, et la santé de mon cher père doit donc être sujette aux plus grandes attentions. Sa maladie et son caractère introverti quand il est mis face à d'autres que moi ou ma tante, nous ont conduit, lui et moi à n'apparaître que peu en société. Mais sa récente détermination à vouloir me marier semble l'obliger à me pousser plus souvent en dehors de notre foyer, dans un monde que j'ai du mal à appréhender, mais dans lequel je parais toutefois assez bien m'intégrer. Du moins pour le moment, alors qu'on ne m'associe pas trop à mes cousins..."

"Lady Elizabeth m'a appris ce matin qu'un jeune aristocrate venait de louer une villa à seulement une dizaine de lieues de chez nous. En toute honnêteté, j'ai trop bien compris l'air entendu qu'elle affichait lorsqu'elle m'a annoncé la nouvelle. Mais j'ai pu dissimulé la rougeur qui me montait au visage, un peu de gêne et de colère que l'on veuille ainsi me voir m'enticher du premier venu. Mais peu importait. Du moins c'est ce que j'ai pensé sur le moment. Mais l'idée m'est apparue plus séduisante au fur et à me sure que je m'y habituais. Après tout, s'il était de bonne famille, et qu'il projetait de s'installer ici, près de mon père, je ne le rejetterais pas. Mais il est hors de question que je me jette volontairement à son cou. Cela n'est pas ce qui correspond à ma nature. Il faudrait qu'il soit un homme de bien et honnête, cela me suffirait. Du moment qu'il ne soit pas comme Henry Fieldway ou comme les hommes de son espèce. Oui, tout dépend de la nature de cet homme. Il semblerait qu'une rencontre soit le meilleur moyen de juger de moi-même ce que ce gentleman pourrait être, car je suis dans cette affaire le meilleur juge que je ne puisse trouver. Peut-être que ma tante pourrait m'aider dans cette entreprise. Mon père, s'il connait les raisons qui guiderait cet acte, voudrait probablement bien sortir pour lui rendre visite, et permettre de poser les premièrs fondements de nos relations sociales. "

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