Reputation Famille: O'Loughlins Age du personnage: 24 ans Relations :
Sujet: Two separate ways # Liam Ven 1 Avr - 0:56
Certaines blessures guérissent. Cela peut prendre quelques jours, voire quelques semaines, mais bientôt, elles sont comme oubliées. D'autres en revanche ne se referment jamais véritablement. Cicatrices invisibles de peine et de souffrance. Et on a beau avoir le courage nécessaire pour avancer, le chemin semble parfois insurmontable.
Ces cicatrices lacéraient le coeur de Liam, le mettaient chaque jour devant une nouvelle épreuve. Ses amis le trouvaient souvent changé. Enfermé dans quelque chose que lui seul semblait saisir. Son silence était parfois pesant. Puis son sourire venait rattraper les choses. Froid, puis doux, mais toujours fermé et insaisissable.
Toutes ses connaissances n'étaient pas dupes. Ses plus proches amis se doutaient des raisons de son changement d'attitude. Maintenant plus que jamais, il était ailleurs, et préoccupé. La réalité ne l'intéressait plus. Rien ne l'intéressait plus. La seule chose sur laquelle il semblait capable de concentrer ses idées se trouvait ailleurs.
Liam n'en devenait pas moins serviable pour autant. En fait, ses heures de travail avaient même redoublé. Il ne rentrait parfois pas chez lui en un jour complet. Et lorsqu'il passait enfin le seuil de la porte, il dormait, puis repartait, un sourire agréable aux lèvres. Il continuait de remplacer les collègues qui avaient d'autres obligations certains soirs, il continuait de rendre visite aux vieux voisins qui avaient toujours besoin d'aide pour l'entretien de leur maison. Il restait Liam, l'homme bon que Joan avait rencontré il y avait de nombreux mois. Mais il était faux. Car intérieurement, il se moquait de tout ce qu'il faisait. Il n'avait plus qu'un seul intérêt, et cela n'avait rien à voir avec faire le bon samaritain. C'était un but égoïste, et compliqué à atteindre.
Joan le regardait changer de loin. Elle avait mis du temps à réellement comprendre la nature de ce retournement de situation. Elle vivait avec un Liam qui n'était plus l'ombre de ce qu'il était auparavant, qui avait été anéanti par une nouvelle précise. Et pourtant, plus les jours passaient, plus son sourire s'affirmait. Plus il s'enfermait dans le silence, plus elle voyait son regard se renforcer. C'était le terme exact. Contrairement à ce qu'elle avait d'abord cru, Liam ne s'enlisait pas. Il se redressait au contraire chaque jour un peu plus face aux obstacles qu'il croisait sur sa route. Elle avait cru saisir la nature de ses sentiments pour Emily. Mais elle avait eu tort. Elle avait comparé son rapport avec cette femme avec celui qu'elle avait eu avec son mari. Elle l'avait fait parce qu'elle avait pensé que leurs séparations étaient semblables, en quelque sorte. Que la souffrance qui en découlait également. Mais elle s'était trompée. C'était à force de nombreuses réflexions que Joan en était arrivée à cette conclusion. Ce qui la faisait souffrir, elle, c'était que la mort de son mari avait brisé leur lien à jamais. Mais peu importait le temps ou la distance, Liam ne pourrait jamais être autrement qu'avec Emy. Voilà ce qui l'accablait et le portait chaque jour.
C'est une des raisons pour lesquelles Joan avait pris une décision.
***
« Je sens la terre, un peu boueuse, glisser sous mes pas. Les éclaboussures d'eau trempent ma chemise. J'entends la rivière couler, et par dessus, son rire. On joue comme deux grands idiots. Mais nous ne sommes plus des enfants : je ne veux pas la laisser gagner si facilement. Je lui ai mouillé les cheveux. Elle, la figure. L'eau vole dans tous les sens, un peu comme s'il pleuvait. Elle mouille sa robe. Nous sommes dans la rivière, baignés de soleil et d'eau.
★ I set fire to the rain ★
Je me penche vers elle. Nos rires résonnent dans la forêt. Elle m'aura vite fait oublier que j'avais failli mourir coursé par un sanglier ou d'un coup de hache ! On se rapproche. Peut-être que ce n'est que moi. Ce n'est sûrement que moi. Je ne sais pas si elle la ressent aussi. Cette envie folle que j'ai de l'embrasser. Je ne le pense pas. Pourtant...
Elle a fermé les yeux. »
Liam se réveille lentement. La lumière du jour l'agresse, et il plonge son visage dans son maigre oreiller en poussant une sorte de grognement plaintif. Quelques secondes plus tard, il se tourne sur le lit puis se redresse en se frottant le visage.
En ouvrant les yeux, il va voir que Joan se tient devant le lit, mais il va surtout voir le sac volumineux qu'elle tient à la main.
- Qu'est-ce que ?... - Ah, tu es réveillé, fait simplement la jeune rousse dans un sourire. Cela tombe bien, comme tu vois, poursuit-elle en désignant son sac. - Joan, tu... - Oui, le coupe-t-elle en hochant la tête. Je m'en vais. Il est temps, tu ne crois pas ? Son sourire ne quitte pas ses lèvres. Elle est résolue et sereine. Liam se lève pour lui faire face. - Pourquoi ? - Liam... Cela fait des mois maintenant. Des mois que je t'écoute parler d'elle, de vous. Des mois que je te vois souffrir pour ça, des mois que je ne te connais qu'à travers ça. Tu crois que je n'ai pas conscience d'être un obstacle ? Et tu croyais que j'allais l'accepter ? - Mais... J'ai besoin de toi. - Ne dis pas de bêtises. Ça fait des jours qu'on ne se parle plus, tous les deux. Tu crois avoir besoin de moi, mais en réalité, tu as toujours tout fait tout seul. Je pense que tu es prêt. Tu sais, je me demande parfois s'il n'y a pas eu que cette fameuse nuit, où tu as finalement eu besoin de moi pour ne pas commettre l'irréparable. - Là c'est toi qui dit n'importe quoi. Je ne suis pas aussi fort que tu le prétends. J'aurais craqué sans toi. - Mais plus maintenant, je le sais. Sourire. Silence.
- Alors tu t'en vas pour de bon ? - Oui. Je préfère que les choses soient comme ça. Et puis... Je ne voulais pas que ce soit l'inverse, tu comprends ? Si je reste, le jour où tu la retrouveras enfin, c'est moi qui serait seule. Et moi je ne pourrais pas le supporter. - Je sais... Mais je n'avais pas pensé que ça finirait comme ça. - Qui parle de fin ? Ce n'est que le commencement pour toi. - Tu me manqueras, Joan. - Je sais. - Où est-ce que tu vas aller ?
Sa seule réponse fut un sourire.
*** FLASHBACK : 8 mois plus tôt, quatrième jour d'exode ***
« Je suis fini. C'est bon. Je n'y arrive plus. Je les ai perdus. Elle... Et maintenant, mon père. Je n'arrive plus à avancer. Partout autour de moi, des pleurs, de la souffrance. Tout s'effondre. On m'a arraché ce qui me maintenait en vie, et je suffoque. Voilà l'impression que j'ai. Mais je n'arrive pas à en finir pour de bon. C'est tout ce qu'il me reste à faire après tout, non ?
Je l'ai envoyée ailleurs. Loin. Loin de moi. Pourtant, je ne digère pas ses mots. C'était exactement ce que j'avais cherché, exactement ce que je m'attendais à entendre pendant toutes ces années. Deux mondes différents. Mais l'entendre vraiment avait été... La déchirure absolue. Et c'était ma faute. Dans la seconde qui avait suivi, j'avais regretté. J'avais senti mes erreurs. Mais c'était trop tard. Je veux mourir. Je ne la retrouverai pas. Je l'ai envoyée là-bas, je l'ai envoyée trouver son bonheur ailleurs. C'est fini. Je suis fini. Je le suis depuis son départ. Je veux mourir.
Et je ne retrouverai pas mon père non plus. Je l'ai laissé partir sans lui avouer mes erreurs, sans avoir le temps de me faire pardonner. Sans avoir le temps de lui avouer mes faiblesses, ma lâcheté. Sans lui dire qu'il avait eu raison. Que je le remerciais. Que je l'aimais. Que m'élever sans mère n'avait pas été facile, mais qu'il y était parvenu comme nul autre homme. Qu'il était quelqu'un de bon. Que j'espérais le rendre fier. Que j'étais... J'étais désolé de ne pas être à la hauteur. Que j'étais désolé. »
Dans la soirée, Liam s'isola dans une petite grange abandonnée, à l'écart du campement de fortune que sa famille avait établi pour passer la nuit, avant de reprendre la route pour le lendemain. Il s'était isolé avec une idée en tête.
Mais la rouquine qu'il avait rencontrée la vieille et avec qui sa famille faisait le chemin désormais - car elle avait tout perdu dans un incendie - l'avait suivi. Et elle le retint d'enfoncer cette lame dans sa gorge.
Il passèrent la nuit à parler. La nuit à se connaître. Le lendemain, les idées noires de Liam semblait s'être envolées. Mais l'état de Joan restait le même. Et d'avoir vu Liam près à se donner la mort lui rappelait que c'était l'unique moyen pour elle de retrouver son mari, de l'autre côté. La nuit suivante, ils étaient restés ensemble. Pour s'empêcher mutuellement de sombrer. Mais Joan n'allait pas bien. Elle ne cessait de pleurer. Elle était seule, et les paroles ne suffisaient pas à panser ses blessures. Seul l'oubli était la clé pour elle. Elle tremblait lorsqu'elle regarda Liam, et lui demanda de la serrer contre lui.
*** FIN DU FLASHBACK ***
Joan passa sa main dans la tignasse emmêlée de Liam et lui fit un dernier sourire tendre.
- Tes cheveux sont trop longs.
Et elle partit. C'était un Adieu silencieux. Disparaître sur une phrase de tous les jours, c'était plus simple que de faire de grands discours larmoyants. Cela leur ressemblait plus.
Liam se passa une main dans les cheveux à son tour, et se dit qu'elle n'avait pas tout à fait tort. Il faudrait qu'il y remédie. Il eut un sourire pensif, et regarda la porte d'entrée, que Joan avait fermée derrière elle pour la dernière fois.