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Sujet: Can you see the reality ? - Emy & elle même Jeu 17 Fév - 19:59
La pluie n'avait pas cessé de tomber, cette nuit là. Des heures et des heures de pluie sans interruption. Pourtant, elle ne s'était pas muée en orage, se contentant de rester entre le calme et le déchainé. Assise dans son lit, Emily n'avait pas vraiment dormi. Elle avait fait des cauchemars ou plutôt un cauchemar, celui qu'elle faisait pratiquement toutes les nuits depuis quelques mois. Le pire était qu'elle ne savait pas en quoi il consistait mais elle se réveillait toujours la respiration haletante, des frissons sur tout le corps. Elle essayait en vain de se rappeler ce qui pouvait l'effrayer à ce point mais c'était impossible, sitôt que ses yeux étaient ouverts, elle oubliait tout. Le pire était qu'elle ne pouvait en parler à personne. Elle n'allait pas ameuter toute la maison pour un simple cauchemar dont elle ne se rappelait même pas ! Mais le temps commençait à devenir long, et elle dormait de moins en moins. Elle se recoucha, se jetant pratiquement entre ses oreillers moelleux. Elle n'aimait même pas ces oreillers, ils étaient trop gros, trop étouffants. Elle préférait les oreillers qu'elle avait pratiquement toujours connus à la ferme. Sa gorge se serra à cette pensée. Avant après un cauchemar elle n'aurait même pas eu à se poser de question elle pouvait juste.. Aller se faire réconforter. Ou alors il venait sans même qu'elle l'appelle, on ne savait pas par quel miracle. Mais maintenant... Oui, il fallait s'habituer à vivre seule, à la dure ! Elle n'allait pas être choyée toute sa vie et surtout, elle ne le méritait pas. Elle serra instinctivement ses bras contre elle, mais elle non plus n'était plus là. Elle était partie si précipitamment de la ferme qu'elle en avait oublié sa poupée. Elle se maudissait un peu plus chaque jour de cela. Elle était définitivement seule, maintenant.
Elle se tourna et posa son regard sur la table de nuit, sur laquelle elle avait posé le collier qu'on lui avait remis la veille au soir, accompagné d'un mot. Elle avait été tellement perturbée du mot qu'elle l'avait laissé tomber dans un des couloirs de la Pump Room. Tant pis. Mais le collier, lui, elle l'avait gardé précieusement, si précieusement que les jointures de ses doigts étaient devenues blanche à force de serrer le poing dans lequel il se trouvait. Au fond d'elle même, elle savait ce que cela voulait dire, mais ne voulait pas y croire. Elle pensait qu'une nuit de sommeil éclaircirait ses idées, mais ce ne fut pas une réussite. Ne pas dormir la rendait encore plus maussade qu'elle ne l'était à l'habitude. Elle avait néanmoins quelque chose à faire ce jour là, et même si elle tremblait de peur, elle le ferait.
Emily finit par se lever, à quoi bon rester dans son lit, après tout ? Elle s'habilla rapidement, et descendit à la cuisine pour prendre quelque chose à manger, elle mourrait de faim. La gouvernante de la maison était déjà là, déjà bruyante, déjà horripilante. Elle préféra l'ignorer pour se rendre dans la salle à manger. La matinée passa lentement. Très lentement. Emily n'avait rien à faire si ce n'était s'ennuyer, et elle attendait l'après midi avec appréhension et angoisse. Mais elle ne cessait de se répéter qu'elle devait le faire.
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Sujet: Re: Can you see the reality ? - Emy & elle même Jeu 17 Fév - 20:59
Elle avait décidé d'aller au cimetière à pied, prendre l'air lui ferait du bien et surtout, elle repousserait l'échéance. Sur le chemin, elle croisa quelques unes de ses amies qui faisaient des emplettes. Il fallut sourire, faire comme si de rien n'était, être mondaine. Cela lui donnait des boutons, à force. Tout ce qu'elle voulait, c'était s'allonger dans un champ et y rester pour toujours. Mais une carriole qui passait par là faillit la renverser et elle se rappela alors qu'elle n'était plus à la campagne, elle était dans une ville, et il fallait qu'elle s'adapte. Si elle ne le faisait pas pour elle, elle le devait au moins à sa soeur qui s'occupait d'elle comme personne, il fallait bien l'avouer, même si elle en faisait parfois un peu trop. Elle était perdue dans ses pensées, et ne remarqua même pas le trajet passer. Tout à coup, les grilles de l'entrée du cimetière apparurent devant elle.
Le cimetière de Bath était connu pour être très bien entretenu et surtout agréable. On pouvait croire que l'on était dans un parc, et non pas un terrain rempli de tombes. Elle fit quelques pas, puis s'arrêta. Elle ne savait même pas où chercher ! Enfin, le cimetière était organisé par catégories sociales, comme tout le reste de cette fichue ville d'ailleurs. Il fallait qu'elle avance jusque dans ses extrémités. Chaque pas se faisait plus lourd, plus lent aussi. Une fois de plus, elle voulait repousser l'échéance. A un moment, elle fit carrément demi-tour. C'était ridicule, elle n'allait pas parcourir tout le cimetière pour trouver on ne sait qui, peut être que le mot n'était même pas pour elle, d'ailleurs ! Mais ce collier... Elle soupira, puis recommença finalement à marcher. Des dizaines de noms défilaient devant ses yeux, écrits sur des pierres tombales ou de modestes plaques de bois. Elle détestait aller dans les cimetières, il n'y avait rien de plus déprimant. Elle resserra sa cape contre elle, le vent s'était levé. Les noms se s'arrêtaient plus de défiler... Non, il n'y avait rien pour elle, ici. Mais soudain...
Fréderick O'loughlin 1760 - 1815 Père aimant et aimé
Elle était debout, et sa main vint se poser sur sa bouche sans un bruit, sans émettre un son. Elle avait déjà compris depuis la veille mais là, c'était... réel. C'était impossible pas lui pas.. lui ! Lui qui lui avait tout donné, un toit, de l'amour, une famille. Lui qui l'avait recueillie, qui avait cru en elle.
Lo'rage commençait à réellement gronder, Emily l'entendait au loin, et des éclairs silencieux déchiraient déjà le ciel. Elle resta statique pendant quelques secondes. Un coup de tonnerre éclata non loin de là, et elle tomba à genoux sur la terre humide. Ses poings serraient les rares touffes d'herbes qui poussaient difficilement. Il ne pouvait pas être mort, il n'avait pas le droit ! Elle avait déjà perdu un père, elle ne pouvait pas en perdre un deuxième, c'était impossible. Il méritait tant de vivre il méritait... Elle leva les yeux au ciel.
- Vous ne pouviez pas prendre quelqu'un d'autre ?! Vous...
Les mots s'étranglèrent dans sa gorge et elle se mit à pleurer. Elle n'avait pas pleuré pendant tous ces mois, elle savait qu'elle avait provoqué ce qu'il lui arrivait, elle n'avait pas à se plaindre. Mais là c'était... Injuste ! Elle se recroquevilla sur elle même, son front touchait le sol. Elle resta plusieurs heures dans cette position, sous l'orage, à sangloter. Elle maudissait le monde entier, elle haïssait le monde entier ! Et elle, elle n'avait pas été là elle était partie sans un mot, sans une explication. Elle n'était qu'une égoïste et une ingrate. Alors qu'il avait tant donné pour elle, elle avait tout quitté pour une histoire qu'elle aurait pu facilement arranger. Mais non, elle s'était enfuie, comme d'habitude ! Prendre les solutions de facilité, voilà ce à quoi elle était bonne, ce qu'elle faisait toujours. Elle n'affrontait rien et s'enfuyait loin de tout à chaque fois que les choses se compliquaient. Elle était maintenant punie pour sa lâcheté et sa fierté trop mal placée.
***
Au bout de quelques heures, elle finit par se relever, tous ses membres étaient endoloris mais elle s'en fichait. Elle s'essuya les yeux et le nez. Piètre apparence qu'elle avait ! Elle avait surement plus de dignité lorsqu'elle n'était qu'une vulgaire prostituée. Désormais, elle ressemblait à une plaisanterie dans ses beaux habits qui la grattaient, couverte de boue, les cheveux en bataille. Elle tendit la main pour effleurer la plaque en bois indiquant l'endroit où Fréderick reposait pour l'éternité. Tout cela était tellement injuste. Elle relit ce qu'il y avait d'écrit. « Père aimant et aimé ». Elle eut un mouvement de recul. Si Fréderick était enterré ici, à Bath, cela voulait dire que... Non ! Ce n'était pas possible, il serait donc ici il... Emy évitait de prononcer son nom, même dans ses pensées, c'était bien trop douloureux. Mais alors... Mais comment était ce possible ? Et pendant tous ces mois, elle ne l'avait pas vu ? Elle avait été dans sa bulle, c'était certain, mais tout de même, à ce point ? Ou alors, c'était Danny. Oui, ce devait être ça. Mais pourquoi Danny lui aurait il fait passer un mot, il aurait pu venir la voir ! Elle pouvait se voiler la face, mais elle ne pouvait pas continuer à faire l'idiote plus longtemps. C'était lui. Après tout ce temps il réapparaissait... comme ça ! Elle se releva en lançant un dernier regard à la tombe de son père adoptif.
- Je suis désolée... Vraiment désolée.
Elle ne se pardonnerait surement jamais cela. Jamais. La pluie n'avait pas cessée, mais s'était calmée. Au bout de quelques minutes, elle se retourna pour se diriger vers la sortie du cimetière.
***
Elle marcha ensuite comme un zombie jusqu'au Royal Crescent. Ses vêtements étaient couverts de boue, elle était trempée et ressemblait à une souillon. Lorsqu'elle pénétra dans la maison, la gouvernante poussa un cri d'horreur mais une fois encore, elle préféra l'éviter, évitant également les questions de sa soeur, et monta les escaliers à pas lents, sans un mot. Elle pénétra ensuite dans sa chambre, referma sa porte et s'appuya contre celle ci. Ses cheveux dégoulinaient. Elle regarda le tapis quelques minutes, puis releva les yeux jusqu'à sa table de nuit. Le collier était toujours posé dessus. Elle savait ce qu'elle devait faire.