©Silk Stocking & Mélodique

Assis par terre, sur la terre humide et froid qu'offrait la forêt, devant cette cabane en désordre, les yeux noirs d'Asling scrutaient dans le vide cette bâtisse en bois qui n'avait pas eut de chance d'avoir échappé à la dévastation qu'avait fait la tempête quelques jours auparavant. Bien sûr, Meryton avait connu des jours funestes lorsque cette tempête s'était tout simplement abattue sur eux mais Asling n'avait pas connu un aussi grand chagrin de voir son antre quelque peu détruit. C'était comme si on avait encore plus cherché à le détruire lui-même. Cette cabane, ça faisait déjà plusieurs années qu'il y traînait, il y vivait même plus que dans son manoir qu'il avait hérité de ses parents adoptifs. C'était normal qu'il soit atterré de la voir dans un état lamentable. Cela faisait déjà trois jours qu'il allait ici et venait observer les morceaux de bois d'arbres qui s'étaient tout bonnement arrachés de leur source pour aller s'écraser sur le toit peu fiable de cette petite maison. Il restait assis par terre à contempler ce désastre sans faire quoi que ce soit et partait bien des heures plus tard rejoindre son manoir sans rien toucher. Il aurait pu déjà commencer à travailler pour restaurer son petit chez soi mais non il restait là à contempler, juste contempler. Rien d'autre.

Son visage se baissa soudainement et regarda la terre qui était devant lui lorsque soudain une voix familière vint lui parler. Cette même voix qui lui parlait toujours, son inconscient tout compte fait. Pourtant lorsqu'il releva son visage il vit sa copie conforme juste en face de lui, de dos, debout contrairement à lui.

-On ne peut plus rien faire. Elle a tout détruit. Tu as vu. Elle a tout détruit, absolument tout.

Son jumeau lui ne répondait pas, restant dos à lui, sûrement en train d'observer les dégâts que ce foutu temps avait pu faire sur leur coin à eux, rien qu'à eux. Asling souleva ses sourcils tout en en les rapprochant légèrement, marquant alors une expression de tristesse sur son visage, les yeux légèrement brillants tandis que ses mains qui s'étaient posées sur la terre, s'enterrèrent encore plus profondément dans cette matière.

-Je dois faire quoi ? Hein dis-moi ? Je dois faire quoi ? Faudrait-il que je fasse quelque chose pour retrouver notre chez nous ? Hein dis moi ?

Ses yeux supplièrent ce fantôme, son fantôme de répondre, cependant il ne bougeait pas, il ne lui répondait pas. Rien, il ne faisait rien. Asling baissa de nouveau son regard qui se perdait dorénavant devant cette terre. Cette terre qui enterrait ses mains.

-Est-ce qu'il faut que je demande de l'aide ?

Ses sourcils se soulevèrent, d'une tout autre manière que la première fois, laissant apercevoir une expression neutre ou même fataliste puis il rit doucement en secouant la tête.

-C'est stupide, pourquoi je demanderais de l'aide alors que je n'ai pas envie d'être entouré, surtout voyant notre maison dans cet état. Surtout que j'ai toi. Alors... alors pourquoi je demanderais de l'aide ?

Il rit encore plus fort puis s'arrêta, moulant la terre à l'aide de ses mains.

-Après tout je t'ai toi. Je n'ai pas besoin d'avoir quelqu'un d'autre. Non non. Je n'ai pas besoin de quelqu'un d'autre.

La tempête était enfin terminée. Lord Tiddler avait privé de sortie Lydia et ses cousins depuis un bon moment et celle-ci ne rêvait que de longues promenades, de rencontres et tout ce qui en découle. Et tout cela loin du manoir et de ses habitants qui l'insuportaient depuis qu'elle avait été obligée de les fréquenter 24heures sur 24.
Trois jours que la tempête avait pris fin. Il avait fallu attendre trois longs jours avant que son oncle juge que tous les dangers furent éloignés.

C'est donc le coeur léger que Lydia avait pointé le bout de son nez dehors. Elle voulait aller en ville, voir ses amies et échanger les derniers potins ! Tous ces gens rassemblés dans les manoirs ! Captivant ! De folles histoires avaient dû se produire. Elle se mit donc en route.
Son autre dessein était de passer au manoir d'Asling Sheldon. Juste pour vérifier que celui ci n'avait pas décidé de s'envoler avec la tempête, une nouvelle lubie peut etre ? Lorsqu'elle atteint son but, les domestiques l'informèrent que Monsieur se rendait chaque jour dans la forêt, sans qu'on sache vraiment ce qu'il y fasse.

Son coeur se serra et elle pensa directement à la cabane. Elle ne pouvait que trop bien imaginer celle-ci, après avoir aperçut tous ces arbres à terre.
Elle se mit à courir, sans d'autres pensées que celle de rejoindre Asling. Sans vraiment savoir comment, sans vraiment savoir pourquoi, elle se trouvait désormais face au dos de l'homme. Il parlait. Seul. Ce que cela pouvait l'exaspérer ! Il avait plus de conversation pour une pierre que pour elle. Le petit crétin. Ses excès de folie, elle les comprenait sans vraiment les cautionait. Bien sur elle le trouvait excessif et différent (l'hopital s'fout de la charité) mais quand elle le regardait dans les yeux, elle fondait.

Son regard allait du dos à la cabane, de la cabane au dos, tout cela sur un fond sonore : celui de la conversation avec celui qu'elle décida d'appeler Monsieur Lapin, aussi connu sous le nom de l'ami imaginaire. Elle avait toujours voulu avoir un ami imaginaire, d'ailleurs, si ce crétin s'était un jour montré elle l'aurait appelé Mr Lapin, mais comme il n'était jamais venu, l'ami imaginaire d'Asling s'appellera ainsi.

"Après tout je t'ai toi. Je n'ai pas besoin d'avoir quelqu'un d'autre. Non non. Je n'ai pas besoin de quelqu'un d'autre."

Lydia se dit qu'elle rêvait, elle qui aimait tellement avoir de la compagnie. Enfin voyons ! Monsieur Lapin reste... un lapin !
Elle décida de se manifester. Non en parlant ou en lui faisant comprendre qu'elle était là. Non, elle avait décidé de passé tout en discrétion, histoire de lui faire peur. Au passage, elle se dit qu'elle pourrait peut etre écrasé Mr Lapin, comme elle ne ne voit pas, elle pourrait pretextait l'ignorance, il fallait juste repérer la bête.
Elle s'avança, tout en discrétion, ou presque, disparut, donnant des petits coups de pieds de temps en temps, histoire de tater du lapin, et réaparut pile devant le nez du beau brun en claironant dans un flot de parole continu et bien trop fourni :

- Bonjouuuuuur ! Sain (humfr) et sauf ? Quelle tempête ! Une véritable tornade ! que dis-je un ouragan (quiii tombaiiiiit sur moiiiii *stéphanie de monaaaco !) qui a tout dévasté ! Mon Dieu votre atelier est si abimé ! Oh mais j'ai une idée ! Vous pourriez en profiter pour refaire la décoration ! Un petit atelier rustique mais tout confort, avec une décoration à tomber parterre ! Oh ! et je pourrais même vous aider ! Ici je planterais un magnolia, et là des hortensias, enfin... je.... ma bonne ! Et le majordome viendrait porter quelques meubles ! Oh ouiiii de jolis meubles et ...

Lydia s'était emballée. Surement par peur se faire renvoyer chez elle, elle essayait de caser un maximum d'idées, dans l'espoir que Monsieur Sheldon soit intéressé par l'une d'elle et done ne la congédie pas. Et puis, peut etre qu'ainsi elle le consolerait pour sa cabane, et ferait disparaitre Mr Lapin, en prenant sa place. La nouvelle tornade, c'était elle. Et qu'est-ce qu'elle était soulante !

Spoiler:

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Asling attendait patiemment qu'il puisse lui répondre, quoi que ce soit qui puisse enfin faire taire ce silence pesant. Parce que oui, il voulait lui parler, c'était bien le seul qui le comprenait et qui avait toujours su le comprendre. Lui au moins ne le cherchait pas à savoir s'il était fou ou bien tout simplement à le fuir. Cependant il gardait le silence, ayant les mains sur son dos et ne se mettant pas face à Asling qui était à terre en train de jouer avec la terre. Ce dernier soupira, le regard accroché à cette matière lorsque soudain il bougea enfin de son moment de contemplation, ce qui fit réagir tout de suite Asling qui releva sa tête vers lui qui regardait maintenant derrière lui. Il fronça les sourcils doucement lorsqu'une apparition plutôt anodin vint le faire sursauter. Il eut le temps de diriger son visage sur son interlocuteur que ce dernier, ou plutôt cette dernière, se mit à parler ... à parler et... à parler xD.

Asling reconnut la jeune femme, ou plutôt la jeune fille à ses yeux. La petite Lydia. Tiens, que faisait-elle ici ?

-C'est vrai ça...

Il ne répondit pas à elle, d'ailleurs il avait dit ces mots de façon "secrète" en ayant quelque peu dirigé son visage vers lui. Il ne comprenait pas tout ce qu'elle disait, en même temps vu la vitesse de ses paroles il n'avait pas pu tout assimilé. Et elle parlait de décoration, mais elle ne voyait pas qu'il n'y avait plus de cabane ? Ou du moins, pour l'instant. Il fallait juste que lui puisse se bouger pour pouvoir remettre à neuf sa petite maison, rien qu'à lui. Il enleva ses mains de la terre tout en concentrant son regard noisette vers elle. Lorsqu'il vit au coin de ses yeux, lui se positionner vers elle, la regardant. Asling, lui, voyait son manège. Il se mit à sourire puis à regarder Asling lorsqu'il parla. Enfin, dans sa tête bien sûr mais pour Asling, son fantôme existait bel et bien ! « Et bien, tu ne vas pas la faire taire ? » Et là il disparut d'un coup.

-Attends !

Son regard fut quelque peu perdu un instant puis il se mit enfin debout et regarda de nouveau Lydia.

-Mademoiselle Shatterney, je n'ai pas besoin d'aide. Merci.

Juste ça, puis il la contourna et alla vers sa cabane.

-Et puis vous devriez être en train de jouer avec vos cousins, au lieu de traîner dans la forêt.

Encore une remarque qui signait parfaitement de ce qu'il pensait de Lydia : une enfant encore. Il arriva enfin vers la porte de sa cabane recouvert par les feuilles des arbres. Il se décida à les enlever.

-Oui, oui. Ce n'est pas très correct je sais, mais il faut bien vous enlever.

Le voilà maintenant en train de parler aux feuilles xD. C'était juste qu'Asling avait un profond respect pour la nature. Tout était vivant ici et contrairement aux autres personnes, lui il voyait des choses que les autres ne pouvaient absolument pas voir.

Après une looooongue tirade sur la décoration intérieure et les bienfaits de la couleur rose pour l'harmonie d'une pièce, Lydia se tût. Un vraie délice après tant de paroles. Elle posa ses yeux bleus sur lui et vit qu'il l'observait, enfin, il l'observait mais observait aussi quelque chose derrière elle. Foutu monsieur Lapin ! Elle se retourna fixa le même lieu qu'Asling, et recentra son attention sur lui.
« Attends ! »

Elle aurait bien enchainer là-dessus en lui demandant qui devait attendre et pourquoi. Mais elle n'en eût point le temps. AU moins, elle avait la satisfaction de pouvoir penser, que Mr Lapin s'était évaporé pour quelques temps. Ou alors il avait plusieurs amis imaginaires... why not ?
Mais plus contrariant encore étaient ces deux phrases tranchantes. En résumé : "pas besoin d'aide" & "allez jouer dans l'herbe avec vos cousins". Elle fronça les sourcils. Etait-il si fou qu'il ne voyait pas en elle la femme qu'elle était devenue ? A 20 ans, elle n'avait plus rien d'une enfant, et nombre de gentlemen, à Meryton, l'avaient remarqué. Qu'Asling la traite comme une petite fille l'agaçait au plus haut point, et elle décida de lui prouver le contraire. Elle avait désormais l'âge d'être digne d'intérêt. Il l'avait toujours intriguée, et maintenant, elle avait décidé que c'était à son tour, à lui, d'être intrigué.

Il lui passa sous le nez, et se mit à parler... à des feuilles. Singulier. Très Singulier. Elle ne pouvait point le blâmer, elle qui parlait à ses robes. Converser avec ce qui ne parle pas avait un fort avantage : celui de ne jamais être contredite. Contrariée, peut être, comme pouvait l'être Asling face à des feuilles qui râlent, mais jamais contredit. Et ça c'était un pur bonheur pour Lydia. Elle admit donc qu'il était fort intelligent et digne d'estime que de parler à ... des feuilles. Par contre ces feuilles semblaient mortes. Il parlait donc aux fantomes des feuilles, et non plus aux feuilles elles-mêmes... Elle cogita et pensa "OH DU SPIRITISME !". L'homme parfait *-*
Ce qui la contraria davantage : il semblait en avoir fini avec elle. Il la considérait comme repartie jouer à cache cache dans le parc du manoir. NOON MAIS OH ! On se débarrasse pas ainsi de Miss Shatterney, petit naïf !
Deux solutions s'offraient à elle. Faire semblant de s'évanouir dans un grand bruit, histoire qu'il ne puisse pas l'ignorer. Ou repartir à l'attaque. Vu qu'elle avait déjà testé la première solution et que cela n'avait pas été vraiment fructueux (Rupert avait fini par comprendre qu'elle était bonne comédienne) elle se décida pour repartir en guerre. Elle se rapprocha, et se remit face à lui.

- Pardonnez-moi, Monsieur, mais il me semble que vous avez oublié qu'une femme *insiste sur le mot lourdement* de vingt ans, n'a plus l'âge de jouer. Mais plutot celui de trouver un bon mari. Qui plus est, je viens de remarquer que votre ami était parti. Nous sommes à présent seuls, nous pourrions... discuter ! Si mesdames les feuilles nous accorde cet honneur, évidemment.

Et tiens, dans ta face, comme ça il verrait bien qu'elle avait grillé Mr Lapin (à la broche avec des ptites carottes). Cela l'intriguerait, forcemment. Elle bomba le torse histoire de se mettre en valeur, battit des cils à toute allure, en le fixant. Autant mettre TOUS ces atouts en valeur. Elle ajouta à sa panoplie un regard angélique. Soit il répondait, soit elle restait plantée là, jusqu'à devenir un arbre avec des racines enfoncées dans le sol. Peut-être qu'à ce moment là, elle serait digne d'intérêt. Une colère sourde montait en elle. Il avait tout intérêt à reconsidérer la question s'il ne voulait pas la voir devenir hystérique.

Asling avait du dégager les feuilles pour pouvoir avoir la vue sur la porte de sa cabane. Cependant, il l'avait totalement oublié que Lydia était toujours là, croyant dorénavant qu'elle était partie jouer avec ses cousins, donc croyant qu'elle lui avait obéit. Pourtant il se doutait qu'au fond Lydia n'était pas du genre à obéir aux ordres comme ça. D'ailleurs, lorsqu'elle était adolescente et qu'elle n'arrêtait pas de le suivre et que lui lui disait d'aller voir ses cousins, elle ne fit rien et restait avec lui. Ce qu'il ne comprenait pas c'était que maintenant, elle avait bien grandi. Mais bon pour lui, Lydia restait la petite Lydia. Il avait du mal à voire réellement la Femme qu'elle était devenue. C'était un blocage peut-être xD. Enfin sûrement même. Peut-être qu'il se disait que c'était impossible de voire Lydia autrement que petite parce qu'elle était tellement pas comme les autres miss qu'il rencontrait. C'était vrai, elle parlait beaucoup xD et ne se laissait pas faire alors qu'une Miss normale n'aurait pas la langue aussi bien pendue.

Il regarda sa porte en bois fissurée. Une lueur de tristesse vint passer sur son regard noir puis il leva la main sur cette même porte pour passer sa paume doucement dessus. Il entrouvrit légèrement ses lèvres et murmura,

-Ne t'inquiètes pas. On est là. On va te remettre à neuf, tu verras.

Le "on" signifiait, lui et son inconscient. Bien sûr, il irait plus vite s'il demandait de l'aide mais Asling n'était pas du genre à quémander. Et puis de toute façon il était bien mieux lorsqu'il était seul, à se débrouiller tout seul, sans personne. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas la compagnie des autres, c'était juste qu'il était différent aux autres et ces autres, pour la plupart, n'acceptaient pas cette différence. C'était très dérangeant pour lui. en faite les seules personnes qui pouvaient le comprendre et qui savaient pourquoi il avait perdu la tête, étaient les femmes de la Cave. Ces femmes de joies, surtout les anciennes à vrai dire. Elles savaient son histoire, ce qu'il avait pu endurer et connaissaient très bien la nature de sa folie. Depuis la mort de ses parents adoptifs, Asling passait du temps avec elles, amenant son attirail de peintre et les peignant. Il ne discutait pas, lorsqu'une de ces femmes -qu'il considérait comme une deuxième mère- lui posait des questions sur sa vie, s'il avait une dame pour qui son coeur battait, il haussait les épaules et leur disait qu'il y avait que son art qui faisait battre cet organe vitale à l'intérieur de lui.

Ce qui inquiétaient les femmes. Oui parce qu'elles ne voulaient pas le voir seul. Déjà qu'il était confiné depuis la mort de sa vraie mère, dans sa folie, sa maladie, elles ne voulaient pas qu'il ne puisse jamais rencontrer l'amour. Cependant Asling ne ressentait pas les réelles sentiments qu'un homme normale et qui avait une raison, pouvait éprouver. Malgré qu'il puisse quand même tomber amoureux, ça serait différemment des autres, c'était indéniable. En même temps il était trop malade de l'esprit pour pouvoir bien distinguer les sentiments humains. Mais attention, ce n'était pas parce qu'il était fou, qu'il ne pouvait en aucun cas ressentir quelque chose pour une personne. C'est juste qu'avec lui, c'est différent.

Il sentit soudainement la présence de Lydia se rapprocher de lui, pourtant il ne la fixait toujours pas. Le regard accroché à sa porte. Il l'entendait mais ne l'écoutait pas réellement. Pourtant une phrase vint lui titiller les oreilles et son visage se tourna vers la jeune femme.

-Mon ami ?

Oui il avait retenu que ça xD. La tirade de Lydia sur son statut de jeune femme ne l'avait pas scotché. Il fronça les sourcils, mais pas en signe d'énervement puisque le regard qu'il lui jetait dorénavant, était tout simplement perdu. Pourquoi elle disait ça ? Et soudain, Asling se précipita vers elle. La collant contre le mur de la cabane, lui très proche de son corps. Il avait posé une main sur le mur de la petite bâtisse alors que l'autre était sur la taille de la jeune femme. En faite, il venait tout juste de la sauver d'un bout de bois qui s'était décroché -de l'arbre qui avait abattu le toit de sa cabane- pour tomber sur la tête de Lydia. Mais cet acte l'avait rapproché de la jeune femme sans vraiment vouloir cette proximité étant donné que lui, il n'aimait pas qu'on le touche.

Lydia était exaspérée. Elle avait beau parler (et parler, et parler, et parler...), Asling ne daignait pas lui offrir un regard. Qu'est ce que cettte porte pouvait bien avoir de plus qu'elle ? Elle se demanda s'il ne préférait pas finalement les filles sans poitrine, plates comme une porte. La porte 1 point, Les feuilles 1 point, Lydia 0. Elle décida donc de rentrer tout le matériel en enfonçant sa cage toracique en ne respirant qu'une fois sur trois. Ainsi elle arrivait à dissimuler quelques peu sa poitrine. Elle était en pleine apnée quand il se retourna vers elle. BINGO, il avait apprécié qu'elle mentionne Monsieur Lapin. Il lui jeta un regard, qui à son avis, fut totalement admiratif. En plus, sans poitrine, elle devenait la principale concurrente de la porte, et ça c'était bien. Et oui, toi la porte là ! oui c'est à toi que je parle ! tu n'es pas assez intelligente pour deviner Mr Lapin, grosse nulle va ! Lydia était en pleine conversation intérieure avec le bout de bois donc.

Puis, soudain, tout se passa si vite ! Elle décela dans son regard une pointe de curiosité, puis un froncement de sourcil, puis il fonça sur elle. La peur de sa vie ! Nombre de fois où on lui avait dit de ne pas l'approché ! Qu'il était bizarre, différent, associal. Elle s'en fichait, elle voulait le connaitre. Puis vu le nombre de fois où elle lui avait trainé dans les pattes, elle serait morte depuis longtemps s'il lui avait voulu du mal. Au lieu de cela, il se bornait à la traiter comme une enfant à qui l'on demande de partir, puis à faire comme si elle n'était pas là. Dans ces moments-là, elle perdait courage et partait... pour l'espionner en douce. Mais aujourd'hui, c'était différent! Elle était restée, et le voilà qui se jetait sur elle. Peut être qu'il allait la tuée. Elle se dit que dans ce moment là, elle devrait voir défiler toute sa vie. Pourtant elle ne voyait rien et fut très déçue. Elle décida donc d'essayer de rembobiner elle-même sa vie. Le problème c'est que la seul chose qu'elle voyait étaient les yeux d'Asling qui daignaient enfin se plonger dans les siens. Il n'avait pas l'air de vouloir la tuer. Elle cligna des yeux et vit alors la branche qui s'était écrasée là où elle se trouvait quelques secondes auparavant ! SON HERO *-* son coeur s'accéléra, elle avait failli mourir pour de bon, écraser comme un vieux moustique, ce n'était pas du tout glamour. Son coeur s'accéléra de nouveau quand elle prit un peu conscience de la réalité : il n'y avait pas que les yeux d'Asling. Il y avait aussi TOUT Asling si proche d'elle. Et sa main sur sa taille qui lui provoquait des petits papillons dans le ventre. Elle n'avait plus du tout peur, et être ainsi bloquée entre son sauveur et la cabane était même rassurant, agréable. Elle ferma les yeux, et se mordilla les lèvres. La respiration courte elle essayait de reposer les pieds sur terre. Ces foutus papillons la faisaient voleter avec eux.
Pour reprendre contenance elle décida de parler.

- ...
(que c'est bon un silence !! surtout celui de Lydia )

Mais en fait elle ne réussit pas à parler, elle se demandait vraiment pour quoi ce moment, si doux, tant espéré, durait plus que de raison. Puis elle réussit à balbutier :

- Vous... vous m'avez... sauver la vie ! Comment pourrais-je jamais vous remercier ! Vous êtes mon sauveur ! Oh Merci merci merci merci ! Cette horrible branche, aurait pu... m'écraser ! Mais heureusement vous étiez là !

Oh s'il-te-plait Lydia, tais toi !

Asling avait des réflexes, et étant donné qu'il avait un bon fond malgré ce qu'on pouvait penser de lui et de sa maladie mentale, il n'aurait pas aimé que Lydia se fasse mal à cause de cette branche. Heureusement qu'il l'avait vu venir, sinon il ne saurait pas ce qu'il aurait fait si la jeune femme s'était évanouie devant lui. Il resta tout de même dans cette position un sacré bon moment. Évaluant d'ailleurs sa posture. Il tourna la tête un instant vers Lydia qui commença à parler, leur visage à quelques centimètre l'un de l'autre. Il baissa les yeux puis se défit d'elle de suite après s'être rendu compte qu'ils étaient VRAIMENT proche. Il recula d'elle, marchant en arrière puis mit ses mains derrière son dos, les yeux regardant un peu partout sur le sol.

-Faites attention la prochaine fois s'il vous plaît !! Vous ne voyez pas que ce n'est pas un endroit pour vous ?!?

Son ton de voix avait changé. Il n'était plus calme à vrai dire, commençant légèrement à s'énerver.

-Pourquoi vous ne m'écoutez pas dites le moi ?!? Ici, ce n'est pas un endroit de jeu !!! Il y a des branches de partout et... et des pierres par terre qui peuvent faire mal si jamais vos pieds les rencontraient !!! Il y a des ronces, des épines et toutes sortes de plantes qui peuvent vous piquer et vous faire mal !!!!

Il s'arrêta de reculer en arrière et releva son regard vers Lydia.

-Pourquoi vous ne partez pas ?!?

Il s'était énervé d'un coup. En même temps, Asling était très lunatique et son instabilité mentale renforçait ce trait de caractère contre son gré. Mais peut-être que c'était pour lui faire la morale qu'il agissait de la sorte ? Car c'était vrai, la forêt n'était pas un endroit pour les jeune lady. Particulièrement pour elle en faite... Lydia était encore une enfant pour lui et ce n'était pas concevable pour lui de la voir se promener dans ce genre d'endroit. Il déglutit quelque peu puis secoua la tête et commença à faire les cents pas devant elle, se triturant les mains et se parlant à lui-même, à voix basse.

-Pourquoi elle ne m'écoute pas ? Elle ne comprend pas que c'est dangereux pour elle cet endroit ! Elle n'est pas à sa place ici, n'est-ce pas ? Non, impossible que ça soit sa place, c'est la mienne, pas la sienne !!! Il ne faut pas qu'elle reste là !!

En faite, il appréciait énormément Lydia malgré qu'elle peut être imbuvable par moment. C'était peut-être aussi pour ça qu'il ne voulait pas qu'elle ait quelque chose à cause de lui. Oui, à cause de lui. Cette branche d'arbre s'était détachée alors qu'elle s'était approchée de lui. Si elle n'avait pas été aussi proche, peut-être que ce bout de bois ne se serait pas détaché ? Non ? Ou bien tout simplement, il se serait détaché et... et aurait tombé par terre, tout simplement. Il n'aurait pas eu ce genre de réflexe envers elle et il n'aurait pas été aussi proche avec elle. Tout le problème avait été là tout compte fait. cette proximité qu'ils venaient d'avoir, il n'avait pas supporté parce que... parce qu'elle était encore une enfant et une jeune Lady pour lui... Cette proximité n'était pas une bonne chose...

Spoiler:

Spoiler:

Durant ce contact rapproché, la jeune Miss demeura troublée un instant. Avez-il enfin compris ? Evidemment, sinon il n’aurait pas maintenu ce rapprochement merveilleux certes, mais terriblement gênant. Elle s’imaginait que, dans quelques secondes, il allait -enfin- l’embrasser fougueusement, oubliant lapin, feuilles, portes, cabane. Parlons cabane et lapins justement. Elle se voyait bien repeindre les murs des la cabanes en rose pâles. Ils viendraient y passer de courts séjours en amoureux, en souvenir de ce jour. Ils vivraient au manoir, et, s’il le souhaitait, ils aurait un élevage de lapins. Enfin ils auraient des domestiques chargés des rongeurs. Elle viendrait leur balancer quelques carottes sur la tête et essaierait de les refiler au voisinage comme animaux de compagnie. Personne n’y avait penser mais un lapin comme compagnon, ça peut être sympa. Puis c’est pas grand, s’il devient pénible, un coup de pelle et un trou dans le jardin et c’est réglé. Ou un coup de pelle et une nouvelle écharpe, en soit, c’est pour éviter le gaspillage. Quand à Asling, il pourrait venir converser à loisir avec eux. Après tout, c’est un passe temps comme un autre. Elle revint à ses lapins, moutons et elle essaya de plonger dans son regard un instant mais il se déroba à ses yeux en même temps qu’il recula, loin d’elle.
Retour à la case départ. Elle suivit avec attention la gradation de sa tirade. Du calme absolu il passa au ton inquisiteur avant de carrément s’énerver.
Tout en reculant il lui expliqua ô combien les vilaines plantes pouvaient venir s’attaquer à elle. Et au lieu de faire mine de comprendre, elle sourit. Il était si… craquant. Voilà qu’il s’inquiétait pour sa santé. Tout n’était peut être pas perdu. Dans sa tête, mille idées défilaient au pas de course. Mais elle fut stoppée net quand il se mit à s’énerver pour de bon.

« -Pourquoi vous ne partez pas ?!? » avait-il lancé avec rage.

Son ton n’échappa pas à Lydia : il désirait réellement la voir partir, loin de lui. Il voulait vraiment qu’elle aille jouer ailleurs, comme une vulgaire enfant qu‘elle n‘était plus, pour voir si l’herbe y était plus verte. Saleté de porte, saleté de Monsieur Lapin, Bande d’enfoirés ! Le sieur préférait donc un bout de bois et un vieux lapin qui ne serait bon que pour un civet. Soit. Elle prit alors une décision qui lui coutait. Elle se décida à partir, histoire de garder un semblant de dignité. Mais il se mit à parler à Monsieur Lapin. Elle se dit que si celui-ci ne lui répondait pas convenablement, elle se ferait un manteau avec ses poils. Les manteaux en fourrure de lapin étaient de nouveau à la mode, et Mr Lapin avait l’air d’être un lapin géant, à en juger l’endroit où se poser le regard d’Asling. Une taille humaine. Un sacré lapin, en soit.



« - Elle n'est pas à sa place ici, n'est-ce pas ? Non, impossible que ça soit sa place, c'est la mienne, pas la sienne !!! Il ne faut pas qu'elle reste là !! »

Jusque là, sa dignité en avait pris un sacré coup. Mais là, c’était de trop. Il parlait d’elle avec une porte, des feuilles, un lapin, et tout un monde imaginaire. (On se croirait presque dans Alice aux pays des merveilles *BAF*) . Et il osait dire à tout ce beau monde que, contrairement à eux tous, ELLE n’avait pas sa place dans ces lieux. Or, ces lieux étaient toute la vie d’Asling, elle le savait pour avoir espionner à de nombreuses reprises. Donc il ne voudrait jamais d’elle. Des années d’amours d’adolescente puis de jeune femme lui retombèrent sur les épaules. Elle ne trouva plus la force de s’en aller la tête haute et fondit en larme avant de se laisser tomber lamentablement le long du mur où il l’avait précédemment plaquée. En pleurs, elle balbutia péniblement que personne ne l’aimait et qu’alors qu’elle comptait sur lui, il ne faisait que la rejeter. Elle se recroquevilla sur elle-même en continuant de pleurer à chaudes larmes. Et pour une fois, elle ne jouait pas la comédie.

Asling commençait réellement à perdre patience tout seul dans son coin. Il ne voulait pas que Lydia se fasse mal et c'était sûr qu'en restant ici, avec lui, il allait lui arriver malheur. Ce tronc d'arbre n'était juste qu'une mise en garde. Oui c'était ça une mise en garde pour elle, et bien sûr pour lui. Lui dictant peut-être que toute personne qui restait près de lui allait un jour ou l'autre connaître le malheur ou connaître la souffrance. En même temps toutes les personnes qu'il avait pu connaître, avaient connu une fin tragique alors c'était peut-être parce qu'il était maudit après tout. C'était vrai, être né dans un bordel n'était déjà très facile à assumer alors avoir vu toutes les personnes qui comptaient à ses yeux mourir tour à tour, cela rendait encore les choses plus difficile pour lui. Et cela renforçait encore son envie d'être solitaire. Enfin ce n'était peut-être pas une envie, mais en tout cas toutes les choses qu'il avait pu vivre dans sa vie le rendait inexorablement solitaire.

Les flots de paroles incompréhensibles sortaient de sa bouche à toute hâte sans qu'il puisse franchement reprendre son calme. Il ne faisait même plus attention à Lydia qui semblait ne plus avoir de quoi à dire. En même temps, qu'est-ce qu'elle pourrait bien lui dire ? Elle ne pouvait pas l'arrêter dans sa folie, ou même l'arrêter dans la culpabilité qu'il ressentait par rapport à ce qui venait tout juste de se passer. Asling, lui ne pouvait rien faire non plus. Il n'avait pas de raison, ni de lucidité alors il parlait sans vraiment savoir au fond la nature profonde des paroles qu'il déversait. Lorsque soudain une complainte vint à lui. Des pleurs. Il entendait des pleurs tout près de lui. Un souvenir lointain d'une adolescente en mal d'amour. Il tourna son visage vers la cabane et vit en face de lui une image floue, troublée. Un lointain souvenir, c'était ça un lointain souvenir.

Une jeune fille, d'une quinzaine d'année, qui se recroquevillait sur elle-même, pleurant à chaude larme, n'ayant pas trouvé chaussure à ses pieds, se disant peut-être que les personnes ne pouvaient la comprendre vu son caractère et sa personnalité peu commun. Asling la revoyait, Lydia. Lydia... Il avança alors d'un pas incertain vers cette image, peu à peu, levant une main et la tendant vers celle-ci. Ce souvenir était si douloureux pour lui et n'avait pas réellement une cohérence à ce moment précis. Il ne comprenait pas trop d'ailleurs pourquoi cette jeune fille pleurait mais il savait que ça lui avait fait quelque chose...

Plus il avançait pour la rejoindre, plus son image se précisait. Il la voyait nettement mieux. Cependant la lumière se changeait, il n'y avait plus ce brouillard qui semblait refléter cette réminiscence soudaine qui était dans sa tête, non il était de nouveau dans le présent et dans ce présent il était à genoux devant Lydia, cette jeune adolescente devenue femme. La main qui était tendue vers elle, posée sur sa joue alors que le visage de cette dernière accueillait toujours les larmes qui ne cessaient de couler.

Asling, lui, la fixait du regard et l'expression de son visage était tout simplement perdu face à cette vision que Lydia lui offrait... Il resta figé comme ça devant elle, ne sachant pas réellement ce qu'il fallait faire... Il entrouvrit ses lèvres, essayant alors de parler, de sortir quelque chose mais rien ne venait... La voir dans cet état...

Spoiler:

Mauvaise journée pour Lydia. Une terrible journée même. Adossée contre son mur, pleurant toute les larmes de son corps, ses pensées, une nouvelle fois divaguèrent. Ce net refus d’Asling envers sa petite personne n’était rien face à la terrible nouvelle qu’elle avait apprise ce matin...

Bubulle, poisson rouge de son état, aurait fêté ses 15 ans cette année. Bubulle, être amorphe et franchement idiot, était le compagnon de Lydia depuis de longues années. Il était un peu highlander des aquariums. De temps à autre, environ une fois tous les ans, Miss Shatterney retrouvait Bubulle faisant la planche à la surface du bocal. Dans ce cas là elle le laissait dormir, et le soir, elle retrouvait ledit Bubulle en pleine forme. Aujourd’hui était un de ces jours. Elle avait trouvé le poisson dormant, était partie voir Asling, sauf qu’elle avait oublié d’enfiler un chandail, elle était donc revenue. Et avait trouvé William, son frère bien aimé, une main dans l’aquarium, une autre tenant fermement un Bubulle suffoquant (?) hors de l’eau. Elle s’était jetée sur lui criant au meurtre. Il avait alors été obligé de lui révélait la terrible nouvelle. C’était Bubulle 15ème du nom qui venait de trépasser. Il lui présenta donc Bubulle XVI. Blasphème, trahison, régicide, Lydiacide, BUBULLECIDE ! Elle lui avait crié dessus telle une hystérique, et était partie comme une furie, exigeant un enterrement et une sépulture dignes de ce nom pour les 15 poissons rouges. Elle précisa au passage qu’il n’était plus son frère.
Bref, elle était toute entière à ses pensées bubulienne quand elle s’aperçut que « l’autre » était face à elle à la regarder avec un air perdu de… poisson rouge !! Quel choc ! Elle se demanda si Bubulle Ier venait de s’accaparer du corps d’Asling pour lui parler et tenta une approche ?

- C’est toi ? Tu … as quelque chose à me dire ? Je sais ce qu’il t’a fait, c’est horrible. Mais tu restes le seul et unique dans mon cœur. Oh s’il-te-plait parle moi !! Ton silence face à moi m’a toujours tuée !!

Amis des quiproquos, bonjour ! Comment parler à un poisson sans honte ni scrupules ? Appelez Miss Shatterney !

Tout s’expliquait. Asling n’avait pas pour ami Monsieur Lapin mais Bubulle qui depuis le début venait lui parler d’elle. Ce pour quoi il était troublé, et ce pour quoi il la regardait avec cette air de poisson dans son bocal !

Elle posa sa main sur la joue d’Asling, le regardant de ses grands yeux tout prêts à écouter ses malheurs de poisson rouge spolier de son identité par 14 autres poissons et un frère trop attentionné. Ses joues s'enflammèrent, il fallait qu'elle sache. Qu'il lui parle. Qu'ils parlent.

- Je t'en supplie, murmura-t-elle.

Asling la regardait, les larmes coulants toujours sur ses joues. C'était vraiment frustrant de la voir ainsi et cela le bouleversait énormément. Il l'avait toujours vu si forte, si excessive, si enjouée, si... si folle à sa manière. Et de la voir triste comme ça, ce n'était pas facile à gérer surtout pour lui qui n'avait pas du tout l'habitude d'être avec les personnes, préférant se terrer avec lui-même au fin fond de sa cabane dans la forêt. Non, il ne savait pas comment réagir face à toute ces émotions humaines qui l'accablaient malgré lui. Et lorsqu'il était confronté de près avec ce genre de ressentis -la tristesse- il ne comprenait comment il pouvait faire pour la lui enlever, la faire disparaître. Il n'était pas l'homme à qui on pouvait se confier, il était vraiment à part et là il se devait peut-être de faire un effort mais il n'y arrivait pas. Ce n'était pas son truc tout ces sentiments qui s'accaparent d'une personne, la laissant complètement la submerger et c'était le spectacle que Lydia lui offrait et ça le rendait extrêmement mal à l'aise.

Puis soudain, il la regarda le fixer des yeux et à sortir des phrases qui sortaient du contexte. Qu'est-ce qu'elle était en train de lui dire ? Asling ne comprenait pas à tout ce charabia qu'elle déballait... Puis il la vit lever une de ses mains pour la poser sur sa joue. Ce geste était vraiment doux et cela faisait un moment que personne ne lui avait accordé cette douceur palpable que Lydia venait de lui attribuer. Les yeux noisettes d'Asling vint s'ancrer sur les yeux bleus transparents de la jeune femme puis il l'écouta encore, murmurer et automatiquement son regard se baissa vers ses lèvres. Il fronça légèrement les sourcils et détourna le regard.

-Je... Vous ne devriez pas être ici...

Un sentiment de gêne différent vint le prendre. C'était étrange ce qu'elle pouvait faire ressortir et il ne comprenait rien à rien. Il secoua légèrement sa tête.

-Je ne comprends pas... Je ne comprends pas... Je dois réparer ma cabane.

Il se releva alors instantanément, loin d'elle, loin de son toucher. Et il commençait à chercher du regard tout autours de lui, du bois ou n'importe quoi qui puisse le faire changer ses pensées qui étaient rivées juste sur Lydia. C'était frustrant pour lui, il agissait étrangement, comme d'habitude mais là c'était par rapport à Lydia et ça le perturbait beaucoup. D'habitude il ne ressentait rien du tout lorsqu'elle était là, c'était vrai, c'était juste une adolescente et rien de plus, alors il y avait de quoi de changer maintenant ?

Lydia sécha ses larmes. Elle en avait vraiment marre de cet idiot de Bubulle. De toute façon, il ne servait à rien, ce poisson crétin et interchangeable à souhait. Ce soir, elle briserait son bocal en mille morceaux avant de jeter le tout par la fenêtre. Demain, elle se promènerait avec Georgiana, lui racontant tout ses malheurs et la malchanceuse qui lui servait d’amie arriverait, au travers de ses fines chaussures, à se faire transpercer le pied. Demain, Lydia accuserait cet incompétent de majordome laissant traîner des débris de bouteille, pauvre Rupert.

Voilà que l’autre benêt, après avoir eu un moment de faiblesse, retournait à sa cabane de pacotille. Qu’est ce que cette cabane pouvait l’ennerver !D’abord elle était loi du manoir Tiddlers et il fallait risquer mille dangers et mille déchirures de robes pour y accéder : impossible de mettre une robe délicate, dire que la magnifique résidence, la vraie, de Mr Sheldon était si proche du manoir… Ensuite, le deuxième handicap de la cabane était le fait, primordial, qu’il était hors de question que Lydia y vive ! Elle se voyait duchesse et non garde forestière. Et voilà le crétin qui reparle à Monsieur Lapin et qui l’ignore. Elle se demanda alors si le viol d’un homme était punissable par la loi, après tout, il n’y avait aucune jurisprudence à ce sujet, en tout cas, pas dans les livres juridiques de son oncle. Au pire, elle enverrait Georgiana charmer William Lefroy pour qu’il puisse la défendre, même si elle doutait fort des chances de son amie à devenir la femme du beau William. Mais elle revint sur son propre cas, il lui fallait trouver quelque chose pour le détourner de ces foutus morceaux de bois unis péniblement pour former un… truc qui… servait à dormir. Elle avait bien une boite d’allumettes mais cela n’était pas très discret. Elle se rapprocha de lui, et se positionna juste dans son dos, et resta silencieuse. Retourne-toi. Et oh retourne toi ! BON TU VAS TE RETOURNER OUI ? Non il restait pensif. Bon… Oh un papillon l’est joli, j’aime les papillons. Je m’en ferai bien une broche. Oh il se pose sur moi ! Attends je vais l’attraper. CRAC. Erkkk il est tout gluant quand il est applati. Tiens qu’est ce que je fais là déjà… ah oui, Asling. Plus ça allait et plus il l’exaspérait. Depuis l’âge de ses 15 ans, elle le trouvait fort à son goût et depuis ces temps là, elle lui tournait autour sans succès. Plus ça allait et plus ça lui tapait sur les nerfs, plus ça allait, et plus cela risquait de finir en haine profonde.

Le seul problème c’est qu’elle l’aimait. Et que le peu de raison qu’elle avait lui demander de ne pas l’insulter, de ne pas donner des coups de hâche dans les portraits de nombreuses jeunes femmes du village qu’elle venait d’apercevoir parmi les ruines. Ah oui ? Monsieur peignait tout ce qui avait des attributs féminins, passer des heures avec elles et ne daignait même pas lui accordait une entrevue sans la sermonner sur le fait qu’il était risqué pour elle de venir dans les bois ? et Elles ? elles venaient bien !! Elle mémorisait tout ces visages familliers pour pouvoir incendier chacune des demoiselles. On ne touchait pas à son dû. Elle respira un grand coup et fit genre d’être une fille super gentille. Elle prit sa main qui pendait près de son corps. Six ans qu’elle jouait les demoiselles prudes face à cet énergumène. Aujourd’hui c’était caliente (ouais bah on est dans les années Austen, une main c’est chaud chaud *BAF*)

- Asling, j’aimerais tant que vous me compreniez un jour…

Puis elle décida de ne pas donner dans le mélodramatique.

- Je vois que vous faites des portraits ! J’en exige un ! Peignez moi ! Et ne refusez pas, je vous en prie ! Je ne suis peut être pas belle, mais j’ai le droit d’être peinte !

Si après cela, il ne se jetait pas à ses pieds en lui disant « Mais si Lydia vous êtes magnifique je n’ai d’yeux que pour vous, plaquez moi contre le mur et murmurez moi des mots d’amour en suèdois » elle pourrait rendre les armes. Enfin avant, elle lui mettrait peut être un petit coup de pied mal placé, histoire de se venger de ces six longues années infructieuses.

Je voulais tant la comprendre. J'avais envie de lui montrer combien je pouvais être sociable comme homme. Cependant je n'y arrivais pas. D'ailleurs je ne pense pas que j'allais arriver à être lucide pleinement avec quiconque. Encore moins avec elle. J'ai cette étrange sensation que mon coeur allait sortir de ma poitrine tant qu'il battait la chamade lorsqu'elle était près de moi. C'était bien la première fois que je ressentais cela auprès d'elle. Pourtant ce n'était qu'une adolescente encore. Une jeune fille qui n'avait pas grandi. Une petit fille encore innocente, rien comparable avec les femmes qui venaient me voir. Car elles, elles étaient des femmes. Mais elles n'arrivaient pas à me faire le même effet que Lydia me faisait. C'était incompréhensible pour ma personne. « Quand vas-tu te décider à la mettre dehors alors ? » Je me tournai vers lui, les yeux légèrement perdus et lui répondis tout simplement que je n'avais nul besoin de l'éloigner de ma cabane car de toute façon, elle n'allait pas m'obéir.



❝ Depuis tout à l'heure je lui dis de partir tu sais... Mais rien. Elle reste avec moi et... Et je ne peux rien faire d'autre !! QUE VEUX-TU QUE JE FASSE D'AUTRE ?!? ❞

J'avais crié. Contre lui qui restait impassible à mes sauts d'humeurs. Il haussa juste les épaules et tourna son visage vers Lydia qui se rapprocha de moi et me prit la main. Mon corps se figea à nouveau. Pourquoi toutes ces femmes cherchaient le contact avec moi ? Je n'aimais pas. Je n'avais pas confiance en mes actes. En même temps, je ne pouvais pas deviner ce que je ferais. C'était vrai ça. Comment je pourrais anticiper tout ce que je pouvais faire alors que la seule pensée que j'avais était de m'éloigner des personnes et de reconstruire ma cabane. Je voulais juste prendre ces feuilles, ces bois que j'avais posé juste devant la porte et me mettre au travail avec lui. Oui, c'était tout ce que je voulais faire. Mais Lydia, elle... Non, non... Elle ne voulait pas. Elle insistait à être proche de moi. Je restai immobile face à cette affection intime, parce que oui c'était intime !!! Lorsqu'on prenait la main de quelqu'un, c'était parce que cette personne était proche de vous non ?! « Oui, et toi, tu n'as pas d'expérience en tout ça. » Oui, c'était vrai, je n'avais pas d'expérience. Je ne connaissais pas ce genre de chose. Je ne faisais jamais ce genre de chose. Si je voulais rester seul, c'était bien pour ne pas avoir ce genre de contact avec les autres parce que... Parce que... Je ne savais pas comment faire... Je ne savais pas ce qui était bien ou mal. C'était ça le problème.

Elle ne semblait pas du tout vouloir me lâcher. Que devais-je faire ? Elle continuait encore parler et plus elle parlait, plus je sentais mes muscles se crisper. Elle voulait que je la peigne... Comme les autres et pourtant elle n'était pas comme les autres... J'entrouvris mes lèvres, voulant sortir quelque chose mais je n'arrivais pas à trouver mes mots. « En même temps, tu ne sais pas pourquoi tu agis ainsi lorsqu'elle est présente. » Tais-toi... Je devais lui répondre quoi ? En plus elle se dénigrait alors qu'elle était... « Très belle. » Oui, c'était ça. Elle était magnifique. Soudain je parlai, vivement, sans vraiment réfléchir à ce que je voulais lui répondre.



❝ Oui, bien sûr, si vous le voulez mademoiselle Shatterney. ❞

Comme un automate. Regardant toujours devant soi. Je ne l'ai même pas regardé dans les yeux, je lui ai juste dis oui. Et en plus de cela, je ne lui avais pas dit qu'elle se trompait sur sa beauté. Non, c'était just un oui. C'était tout. Je lâchai soudainement sa main et m'engouffrai dans ma cabane, commençant à tout ranger et à préparer ma toile. Un automate, c'était ça. J'étais un automate.