Léonora jura entre ses dents. Elle avait passé la matinée à flâner dans les ruelles de Meryton à la recherche de quelques tissus pour se tailler des robes ainsi que quelques légumes, aussi n’avait-elle pas fait attention au temps qui s’était dégradé depuis son départ quelques heures plus tôt.
Désormais, le ciel s’était obscurci et elle n’était pas sûre d’arriver dans le petit cottage qu’elle occupait depuis son retour, avant que la pluie ne tombe. Affichant un sourire contrit, elle prit rapidement congé d’un marchand qui vendait pourtant de belles étoffes. Ces dernières avaient directement attiré son regard ; et elle en aurait acheté des mètres de toutes les couleurs si elle avait eu le temps. Malheureusement pour elle, elle n’en n’avait guère, et elle ne voulait pas prendre le risque de s’appesantir plus longtemps devant cette étale, au risque de rentrer trempée, ainsi que ses achats.
Serrant contre elle son sac de paille, elle fonça – d’un pas rapide - droit vers son cottage, la tête baissée. Néanmoins, elle n’eut pas de chance. Comme elle l’avait imaginé quelques minutes auparavant, de fines gouttelettes finirent par tomber du ciel. Mouillant ainsi, son décolleté qu’elle n’avait pas pris la peine de couvrir par un châle, ainsi que ses cheveux – retenus dans un chignon serré. Soupirant, elle décida de courir dans les allées dallées, mais comme toujours, sa maladresse la prit par défaut, et elle dérapa, juste sur le pas de sa porte.
Jurant comme un charretier, elle se redressa vivement, sans se soucier des regards moqueurs que certains dardaient sur elle ou de sa veste qui était désormais mouillée. Glissant furieusement la clé dans sa porte, elle poussa celle-ci d’un geste vif pour vite rentrer chez elle, et enfin être à l’abri de ce temps qui ne lui seyait guère.
Jetant ses courses sur le sol, ainsi que ses vêtements trempés, elle défit son chignon, et passa une main dans ses cheveux pour les démêler, avant de se diriger vers le coin salon pour s’asseoir sur un fauteuil.
C’est à cet instant, qu’elle distingua une silhouette sur le divan. Surprise, elle dut se retenir de ne pas crier. Elle était prête à s’emparer d’un couteau ou d’un autre objet contondant, quand elle s’aperçut qu’il s’agissait en fait d’Allyson.
A la vue de sa nièce, elle sentit la tension diminuer en elle, mais un petit pincement au cœur se fit sentir, comme à chaque fois qu’elle découvrait la jolie adolescente qu’était devenue celle qu’elle avait abandonnée cinq années auparavant.
La demoiselle ne remarqua même pas sa présence, et Léonora en profita pour l’observer quelque instant. Elle ne pouvait la regarder sans se rappeler sa sœur, celle qui lui manquait tous les jours depuis si longtemps…Elle sentait la nostalgie s’emparer d’elle, aussi, décida d’elle de rompre le sort, et de faire remarquer sa présence à sa nièce.
Léonora posa une main rassurante sur le bras d’Allyson, et lui sourit :

« -Alors jeune fille, quel bon vent vous amène céans ? »