Remember Austen, RPG du XIXe
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Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA

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MessageSujet: Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA EmptyVen 4 Juin - 6:06


    Wind blowing through the trees.
    Wind playing in the leaves.
    Wind brushing against the sky.
    Wind knocking over you and I.


    MISHAAL JAVED DAWARr ▬ The Wind





        CETTE pluie. Cette eau. Elle l’envahissait, de sa froideur, de sa glacière beauté. Elle l’enlaçait complètement, au fond de ses paumes meurtrières. S’emportant à lui, à cette misère, cette miséricorde qui lui collait à la peau, il maudissait, dans les marchés infinis, dans cette terre qui tâchait sa petite personne, qui n’avait plus rien à offrir. Cet espace extérieur, c’était là où il laissait ses empreintes, qui mourraient après, tranquillement, péniblement, sous l’eau, sous le vent, sous la torpeur de la terre. S’accrochant au panorama qui s’offrait à lui, miséreux, en chute libre, Samuel de ses doigts, attrapait le bois des maisons, emprisonné dans sa douce indolence, perdu dans la folie qui l’aveuglait, renvoyait son corps brutalement à la réalité, dure, révoltée. Il entendait, des cris, au loin. Il entendait le diable dans ses voix qui s’élevaient. Il voyait la peur, devant lui, qui s’attaquait à tout, qui l’étranglait, qui l’empêchait de bien comprendre.

        Il voyait la nature, la nature qui le rendait sourd, muet, à crier dans le vacarme des vivants, à entendre la peur des bouches cousus d’horreur : il voyait sa folie, dans cette nature décharnée, à fleur de peau, qui s’abattait soudainement sur Meryton, si paisible, si ordinaire, si banale.

        La ville devenait l’enfer, soudain. Davis ne pensait plus : il agissait, à bout de souffle, pieds prit dans une glaise trop épaisse, puanteur l’empêchant de respirer, frayeur l’empêchant d’appeler à l’aide.

        « Madame! Mad…»

        Une silhouette trébuchait, devant lui. Il avait haussé la voix, à travers les bourrasques de vents infinis, grandissantes, claquant les portes. Il reconnaissait une femme à travers ses courbes anonymes, pourtant, un peu trop loin, il ne distinguait de qui il s’agissait. Avec hardiesse mal calculée, il s’approcha du corps vacillant, de cette robe maintenant sale, de cette tête qui se tournait vers lui.

        « Venez, ici.»

        À ses côtés, dans un murmure prononcé dans sa nuque, maladroitement, il l’entrainait, innocent, d’une main tremblante, vaincue, dans une allée abritée du vent. Et une porte s’ouvra, comme seule réponse. Dans l’impatience du moment, de l’impulsion que demandaient les mouvements, dans la valse de la nature, violente, elle courut le rejoindre, sans aucune autre ressource, doigts serrant les siens avec vigueur, lui l’aidant à entrer dans une cahute à l’abandon, à l’écart, à l’intérieur des murs de briques.

        Refermant la porte de bois, fendue, il sentait encore la gifle du vent. Il se sentait encore trop étranger. Il se sentait encore perdu, au fond. Se retournant vers la femme, il s’excusa du regard, de tant de précipitation, de manque de manières.

        « Pardonnez-moi. C’est que je ne voulais pas vous voir tomber. »

        Pivotant, recherchant de son regard émeraude, perçant, sombre, il prit une chaise et renforça l’appui que la porte pourrait nécessiter. Presque penaud, il se tourna, réalisant que ses pantalons étaient couverts des dépôts des marchés, vaseux, d’une boue encrassée, dilué par une eau sale. Tants de précipitations, autant d’effarements, les mots lui manquaient, comme pour justifier l’émoi de la scène. La justesse de la nature. Sa force. La frontière qu’elle passait, aujourd’hui, depuis des minutes à peine, à les enfermer dans l’Enfer.



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MessageSujet: Re: Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA EmptyVen 4 Juin - 18:05

    Sa tante l’avait pourtant mise en garde ne lui annonçant que ce ciel gris n’annonçait rien de bon. Mais Victoria n’en n’avait fait qu’à sa tête, allant même jusqu’à semer la soubrette qui était sensée la chaperonner dans les rues de Meryton.
    Vêtue d’une robe légère en mousseline du même bleu que ses yeux, elle avançait nonchalamment entre les étales, se délectant des diverses couleurs qu’offraient les marchandises.
    Ayant une bonne connaissance des marchands qui œuvraient dans la région, elle se dirigea rapidement vers le vendeur des meilleures étoffes. Ses parents avaient prévu de venir lui rendre visite et pour l’occasion elle souhaitait s’offrir une nouvelle toilette. « Peut-être que cette soie dorée pourrait faire l’affaire » songeait-elle quand soudain de grosses bourrasques faillirent lui faire perdre l’équilibre.
    Surprise, elle se mit à observer le ciel, désormais aussi noir que de la cendre. Un frisson parcouru l’échine de la jeune Lady qui ne s’était pas attendue à un changement de temps aussi brutal – malgré les recommandations de sa tante.
    Hypnotisée par les changements de temps qui s’opéraient sans qu’elle ne puisse avoir la moindre influence, elle demeura coite, immobile au milieu des ruelles, alors que tout le monde autour d’elle s’agitait. Les marchands remballaient rapidement leurs marchandises, les gens fuyaient pour trouver refuge dans leur logement. Ces derniers la bousculaient sans la moindre vergogne, sans se rendre compte de l’offense qu’ils accomplissaient. En temps normal, Vicky aurait été tentée de les souffleter, mais elle était paralysée, hypnotisée par le déchainement de la nature.
    Rapidement, le temps se dégrada encore. Désormais, les marchands avaient presque tous fuis. Le vendeur d’étoffe qui sembla la reconnaitre, la secoua, la pressant de rentrer chez elle, mais elle ne bougea pas. Ce n’était pas la peur qui la paralysait, mais une étrange fascination fasse à ce qui semblait être une tempête d’une vigoureuse intensité.
    Brusquement, elle reprit contact avec la réalité. Elle ne devait pas rester là, elle était en danger. Tant bien que mal, elle décida de lutter contre le vent, de quitter le centre de Meryton pour se rendre au Manoir des Tiddler – où elle serait en sécurité.
    Mais rapidement, elle se découragea. Toute force semblait l’avoir abandonnée. Au comble de l’épuisement et de l’accablement, elle ferma les yeux et cria à l’aide. Mais personne ne semblait remarquer sa frêle silhouette prise dans les bourrasques.
    Alors qu’elle était prête à abandonner et se laisser tomber sur place, elle fut brusquement étreinte – elle cru même l’espace d’une minute qu’un bandit voulait s’emparer de ses avoirs. Elle voulut crier, mais aucun son ne sortit de sa bouche.
    Sans qu’elle ne s’en rende compte, on l’a fit entrer dans ce qui semblait être un lieu d’habitation. Un jeune homme semblait s’activer, mais elle le voyait à peine. Elle était perdue dans ses pensées, le regard vide. Elle venait d’échapper à une mort certaine grâce à un inconnu. Cette constatation la fit frissonner. Un frisson irrépressible, qu’elle n’arrivait pas à calmer.
    Sa robe – sale- lui collait à la peau, elle se sentait si différente de la fille de duc qu’elle était sensée être à tout moment.
    Une voix lui parvint à l’oreille – mais elle semblait si lointaine, qu’elle ne distingua pas tous les mots. Elle ne répondit pas, se contentant de poser son regard vide sur la porte fermée, serrant ses bras autour d’elle pour se réconforter et se réchauffer.
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MessageSujet: Re: Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA EmptyVen 4 Juin - 18:51



    It's getting colder outside
    Your rented space
    They shadow box and they
    Paper chase
    It never stops
    And we'll never learn
    No hope without dope


    MASSIVE ATTACK ▬ Splitting The Atom





        IL se doutait de ses moments. Ses moments incertains, à l’aube des changements, aux milles vents, exposés, enfermés, prêts à exploser, devant tant de beauté, tant de monstruosité. Samuel comprenait mal ses moments. Désemparé, enfermé, en sécurité, ses songes se mêlaient, s’étranglaient silencieusement, alors que, contre ses quatre murs, c’était leurs respirations encore essoufflées qui se laissaient fondre dans ce paysage désolant. Les battements de cœurs, les souffles infinis, ils s’apaisaient, dans le temps, au fils de se silence qui les envahissaient, de cet anonymat qui ne les dérangeait pas.

        Ils étaient en sécurité. Ils étaient bien, là, à distance recalculé, à souffle discontinués, tel des vagabonds sans noms, sans futur, sans passé, ayant échappé à l’immortalité du moment, à la grandeur de la nature.

        N’osant parler, Davis s’était plongé dans un mutisme poli après avoir reprit son souffle, après avoir vérifié la porte, après avoir assuré une certaine survie dans un cachot sans fin, sans début, minuscule, sans vie. C’était leur cachot. C’était là, qu’ils allaient être emprisonnés. Regardant autour de lui, à travers les minces fenêtres sales au dessus de sa tête, il soupirait, regardant le paysage s’effondrer, des marchandises s’escamoter dans le ciel, gratuitement, produisant un vue d’irréel, de songes.

        Derrière lui, le regard bleu l’épiait. Derrière lui, c’était cet autre univers, sans fond, sans début : c‘était l’immensité d’une femme inconnue, inconnue à sa vie, le laissant dans le mystère.

        Davis arpentait bientôt la pièce, troublé, même confus, à la recherche de ressources, de drapés, de couvertures, d’eau. Il cherchait la vie. Il ne voulait se confronter à cette autre vie. Il ne voulait se confronter à elle, trop déconcerté, trop décalé, sans doute toujours déplacé, toujours décalé dans le temps, ambigu. Trouvant des tissus épais dans un coffre de bois moisi, le mieux qu’il trouva, c’était de vieilles étoffes de laines bistre. Dans cette absence de mots, ses pieds résonnaient contre le sol, contre la terre, et ce qu’ils pouvaient entendre, c’était le murmure du vent, à l’extérieur, derrière ses murs sans saveurs, les protégeant d’un monde révolté.

        « Tenez… »

        Agenouillé près d’elle, il glissait la couverture sur elle, poliment, avec un faux détachement, ambivalence calculant ses gestes circonspects, doux, presqu’invisibles, à la hauteur du fantôme qu’il représentait, dans un village aux milles visages sales. Et, elle, elle était loin, loin de lui. Ou elle était près. Trop près. Mais l’inconnue l’intriguait, avant tout. Et, dans ce cachot des temps perdus, il se savait égaré, plus qu’elle, sans accroches, sauf elle, sauf cette âme inexplorée, incongrue, muette, aux traits lointains, emplis d’une beauté sauvage, passagère, que la nature, que le moment avait souligné : ils faisaient deux ignorés , un secret, au fond d’un puits, sans fond. Un puits où ils tombaient. Où leurs regards se croisaient, maintenant, confus, brillants. Assit à ses côtés, statue de marbre, statue de glace, antithèse aux bouleversements silencieux qu’elle faisait naître de son regard trop cobalt, il la regardait, ombres cachant son regard qui se voulait pourtant franc, pourtant vrai, sûrement trop troublé.



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MessageSujet: Re: Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA EmptyVen 4 Juin - 22:59

    C’était un peu comme si l’évènement qui venait de se produire avait laissé sur elle un énorme impact. Elle avait perdu contact avec la réalité, elle était dans son monde – un monde où il n’y avait qu’elle et cet homme étrange qui semblait vouloir prendre soin d’elle.
    Une sensation diffuse s’installa en elle. Elle se sentait en sécurité auprès de cette personne qu’elle ne connaissait ni d’Eve, ni d’Adam ; pourtant, elle semblait pouvoir se fier à lui. Il sembla susciter la confiance.
    Elle l’observa timidement. Il semblait si mystérieux, et pourtant, Victoria se sentait attirée par lui comme par un aimant. C’était étrange, jamais jusqu’à présent elle n’avait éprouvé une telle impression.
    Il était si prévenant. Cette constatation la fit sourire. Un sourire franc, qui illumina son visage. On s’occupait souvent d’elle, de par son statut on lui devait une certaine déférence, mais jamais on ne s’était préoccupé d’elle sans connaître son nom. Elle aimait se sentir ainsi chouchoutée, pour sa propre personne et non pour un statut social dont elle n’avait que faire.
    Elle prit la couverture avec une lueur de gratitude dans le regard. Par son mouvement, elle toucha la main du jeune homme et ce fut comme si un courant électrique passait dans tout son corps. Etonnée, elle retira rapidement sa main. Mais elle demeurait très étonnée par ce flot d’émotions et de sensations inconnues qui l’assaillirent dans cet endroit si étrange.
    Pour se changer les idées, elle se mit à observer l’endroit où ils se trouvaient – qui n’avaient rien à voir avec sa chambre au Manoir des Tiddler et encore moins avec les appartements luxueux de l’hôtel familial à Londres, pourtant, elle ne se sentait pas révulsée par cet endroit sinistre, elle lui trouvait au contraire un petit côté chaleureux, ce qui ne cessa de l’étonner.
    Après cet examen, elle recroisa à nouveau le regard d’émeraude, et un frisson la parcourût derechef. Ce mouvement incontrôlé, fit glisser la couverture qu’elle avait remontée jusqu’à sous son menton. Elle se courba légèrement pour reprendre le bout et se recouvrir, découvrant ainsi la naissance de sa poitrine, et ce, sans s’en rendre compte.
    Sa robe lui collait à la peau, moulant son corps, ne laissant rien à l’imagination. Le froid avait durcit ses tétons, et la chaleur qu’elle ressentait en compagnie du jeune homme – dont elle ne connaissait absolument rien – lui colorait les joues. Elle ressemblait beaucoup à une jeune mariée, lors de sa nuit de noce, encore égarée par la sensualité qui émanait de sa personne, et l’attrait qu’exerçait sur elle son compagnon.
    Pour se donner une certaine contenance, elle se racla la gorge et prit la parole.

    « - Merci, c’est très gentil à vous. Mais je manque à tous les devoirs, je m’appelle Victoria, mais mes amis m’appellent Vicky. »

    Elle n’osa prononcer le « et vous ? » pourtant ces mots lui brulaient la langue, et son regard brillait d’une curiosité dévorante face à cet inconnu qui n’était pas pour lui déplaire.

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MessageSujet: Re: Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA EmptySam 5 Juin - 1:20


    (Help me)
    I broke apart my insides
    (Help me)
    I've got no soul to sell
    (Help me)
    The only thing that works for me
    Help me get away from myself


    NIN ▬ Closer






        LE vent s’abattait, sur eux. Dans la nuit qui tombait, le jour qui se renversait, comme en fin de monde, ils étaient à l’abri du mal. Ils étaient pourtant sujets à la tentation, aux vices, dans ses quatre murs. Ils étaient condamnés à souffrir de la beauté de l’autre, à se regarder, à se consoler, vu le décor à l’extérieur, vu le cataclysme qui les atteignait. Mais ce qui troublait Samuel, ce n’était pas le paysage qu’il voyait à travers la vitre tâché : c’était le reflet d’une jeune femme désabusée, innocente. C’était ces courbes qu’il voyait, qu’il pouvait détailler, regard en biais, à travers la fenêtre, indécis. Et ce trouble qui l’envahissait, mais cette envie qui l’envahissait, qui le trahissait. Cette envie qu’il ne comprenait pas. Cette personne qu’il ne connaissait pas, et par-dessus tout, lui,-même, qui ne se reconnaissait pas, qui ne se reconnaissait plus.

        Il essayait vite de se trouver une contenance, un but, dans cette abstraction vivant qu’elle représentait. Les deux tâchés, les deux viciés d’une boue qui annonçait l’ampleur de leur menterie, l’abcès de leur péché, ils se regardaient, sans connaître l’autre, sans vraiment en savoir plus. La couverture glissait contre sa peau fraîche, reluisante d’eau. Lui, de ses yeux, suivaient le dévoilement de corps vertueux, confus, agenouillé à côté d’elle.

        Mal à l’aise, il tentait de se reprendre. Il tentait de retrouver cet air faussement jovial qu’il pouvait avoir; mais, désemparé, la gorge sèche, le cœur palpitant d’une envie animale, il restait silencieux, maudissant son inaction, son manque de droiture.

        Et il entendit sa voix. Davis entendit son nom. Et comme le moment invitait à un rapprochement étrange, à une confidence, à une complicité qu’ils n’avaient pas eux le temps d’affirmer, il semblait naturel qu’il sache son prénom. Il prit bientôt la parole, d’une voix tremblante, de mots simplifiés, d’un accent différent, d’ailleurs :

        « Je suis Samuel. »

        Et, près d’elle, sa voix continua, près du chuchotement, bien que très nette, et par-dessus-tout immorale :

        « Les… Les règles… Elles existent bien parce… »

        Peu sûr de lui, agenouillé bêtement contre le sol, la scène était d’une irréalité prenante, d’une sensualité à fleur de peu, alors, que d’une main hésitante, il vint retoucher la couverture qu’il venait de lui donner. Et, à travers la couverture, au travers de ces doigts, tremblants, dans cette cabane sans nom, il n,’arrivait pas à soutenir son regard.

        « Certains… Certains, ils les enfreignent. »

        Il remonta ses doigts sur son avant-bras, son souffle se faisant lourd, à bout d’explications.



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MessageSujet: Re: Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA EmptySam 5 Juin - 2:08

    Le son rauque de sa voix, la fit frissonner de plus belle. Son corps était devenu incontrôlable, cette personne semblait avoir un effet décuplé sur elle – ce qui ne lui était jamais arrivé.
    Samuel … elle murmura ce prénom, comme pour mieux l’assimiler. Elle ne connaissait personne de ce nom, mais elle trouva directement une certaine connotation énigmatique qui correspondait bien à son interlocuteur. Elle l’apprécia directement, et ce promit de ne jamais l’oublier.
    Enfreindre les règles … A cette pensée, une douce torpeur s’insinua en Victoria. Ce serait un moment si délicieux de se laisser enfin une fois aller, sans penser aux conséquences… Dans cette cabane, ils n’étaient que deux : un homme et une femme, sans distinction de rang
    Une lady – comme toutes jeunes filles bien élevées – aurait dû être effrayée par ce que laissait transparaître le regard de son interlocuteur. Mais au contraire, Victoria se sentait irrépressiblement attirée par ce que ce regard promettait.
    Il était plein de promesses, de sous-entendus à peine voilés, et la jeune femme se laissait prendre doucement au jeu. Et si elle s’y perdait, qu’adviendrait-il des conséquences ?
    Elle s’était déjà compromise une fois, c’était d’ailleurs la raison de sa présence dans ce lieu perdu au beau milieu du Hertfordshire. Était-elle prête à risquer sa réputation, ses amis, sa famille pour la promesse singulière que semblait lui offrir ce regard de jade ?
    Elle avait envie de se laisser tenter, de succomber à cette tentation qui semblait lui promettre de merveilleux instants… Dieu seul savait ce qui se passait dehors, et si c’était la fin du monde ? Et si c’était son dernier moment sur terre ? Comment voudrait-elle occuper ce peu de temps qui lui restait à vivre ? Sacrifierait-elle ce que Samuel semblait vouloir lui offrir au profit d’une vertu qui ne lui serait plus d’aucune utilité dans un autre monde ?
    Le contact sur son bras lui fit avoir la chair de poule. C’était si nouveau pour elle… Jamais on ne l’avait touchée ainsi, pourtant cela lui semblait si naturel…
    Prise d’une subite impulsion, elle porta sa main à sa joue, et lui caressa la joue, savourant le contact de sa peau âpre sous la sienne si douce et soyeuse.
    Elle ne pensait pas être capable d’une telle hardiesse c’était comme si elle était portée par une force extérieure, qui la guidait à commettre l’irréparable – ce dont elle ne se serait jamais cru capable.
    « - Vous avez raison, parfois il faut les enfreindre… »
    Sa voix n’était plus que murmure. Était-ce bien elle qui tenait de tel propos ? Elle ne se reconnaissait plus. Jamais – auparavant- elle n’aurait osé s’aventurer sur une pente aussi savonneuse. Car Dieu seul savait jusqu’où cela allait la mener.


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MessageSujet: Re: Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA Suspendus dans le vide, en chute libre. ▬ VICTORIA EmptySam 5 Juin - 6:38



    So instead of thinking I just act before
    I have a chance to contemplate the consequence of action.

    And I will turn off,
    And I will shut down:
    Burying the voices of my conscience hitting ground.


    STABILO ▬ Flawed Design






        DANS l’irréalité du moment, des mots sortaient d’entre sa gorge déployé, torture de battements qui faisaient trembler le sol. L’envie des frivoles le prenait, forte. Et elle, elle se présentait, comme parfait victime, comme échappatoire secret, promesse silencieuse brillant au fond de ses billes couleur ciel. Ce qui sortait d’entre ses lèvres, ce n’étaient pas seulement des mots : c’était des révélations, des vérités en soi.

        Il ne cherchait pas à se retenir des gestes, de paroles : c’était toujours comme ça. Là, ça n’avait plus d’importance. Il l’avait à lui, inconnu dans sa vie, elle passagère dans un train vers un opium imaginé, délectable, à travers la médiocrité qui les entouraient. Ses doigts effleuraient sa peau, timidement. Inconnu à ce corps, anonyme dans sa vie à elle, il lui avouait qu’il ne la connaissait pas plus qu’un animal, qu’un voyou : mais c’était justement dans ces moments incertains, volatiles, qu’ils redécouvriraient la vraie vie, loin de la futilité, loin du Mensonge éternel.

        Ce qu’il lui proposait, contre toute attente, comme un voleur de cœur, comme un vagabond piteux, comme un chevalier sans âme, c’était de la prendre, indéfiniment. C’était de ressentir en elle le refus d’une société, d’amours trop creux, trop puérils, on disait. Perdu au fond d’une tempête, perdu à côté d’elle, l’homme retrouvait ses pulsions, ses nuances folles, sa sensualité trop exacerbée, qu’on ravivait d’un contact, d’un regard. L’homme, c’était lui, pourtant réservé, mais maintenant, plus qu’ambigu, sans pourtant être provocateur. Certes, il se faisait trop charmeur, mais sa victime n’en était pas vraiment une. Les deux, ils étaient des victimes. Ils étaient des victimes de leurs temps. Ils étaient emprisonnés à leurs règles, à leur règne, elle, éternelle, lui, éphémère.

        « … »

        Il était sûrement trop sale, dans son habit qui n’en faisait presque plus un. Il était déplacé, presqu’arrogant, à demander qu’elle s’abaisse à aimer un homme momentanément. Pourtant, ce charme que les deux avaient, différents, elle, princesse d’Empire, figure presque d’autorité, lui, presque visiteur, homme de passage, homme volage, homme changeant, à cette délicatesse dont il faisait preuve, la scène changeait, elle inspirait quelque chose de bon, mais pas de mieux. Car le danger, ici, il n’existait pas : le danger était à l’extérieur, mais avant tout, il était en eux.

        Ses doigts contre sa peau, les siens contre son visage, ils s’embrassaient, déjà, de leur enveloppe charnelle, à travers une entente damnée, douce et âpre, qui leur brûleraient le cœur, ferait taire leur conscience. Et Samuel attendait, sentait sa peau s’enflammer sous ses ongles, tandis que sa main montait sur son bras, effleurait cette peau mouillé, cette peau étrangère, invitante. Rencontrant le tissu de sa robe imbibé d’eau, contre son épaule, il s’approchait, dans ses frôlements infinis, dans ses troublesauts gauches, il s’invitait à ses côtés, susurrant de sa voix tremblante;

        « Personne ne devrait savoir… Personne ne peut savoir. »

        Reliés par leurs doigts, posés sur l’Autre, sur l’Inconnu, la Tentation, le paysan remonta ses doigts vers sa nuque puis effleura ses cheveux, nomade dans ses terres trop bien cultivés, au cœur d’un corps trop bien conservé, d’une âme émancipée mais d’autant plus curieuse…



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