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Sujet: All is fair in love and war & L. O'Loughlin Mer 12 Oct - 23:49
Je ne t'aime plus, Emy. Elle ouvrit les yeux, presque sûre de ne les avoir fermés que l'espace de quelques minutes. Assise dans un coin en boule, le menton sur ses genoux repliés, le regard d'Emy se perdit dans le vague, au loin devant elle. Après tout ce qui s'est passé, je n'en suis plus capable. Elle poussa un profond soupir lent, triste. Renoncer à mon amour pour toi, ça a été le plus grand de mes sacrifices. Réagissant d'un coup après avoir passé un long moment inerte, elle prit subitement sa tête entre ses deux mains, agrippant ses cheveux au passage. Elle poussait, elle tirait. Elle voulait enlever ces mots de son esprit. Ces mots qu'elle retournait en boucle encore et encore depuis trois jours, dans l'espoir d'y trouver une signification cachée, quelque chose qu'elle n'aurait pas compris et qui lui aurait prouvé qu'ils ne voulaient rien dire, que tout cela était faux. Pourtant, plusieurs indices auraient du lui mettre la puce à l'oreille, avant même qu'ils disent ces paroles fatales qui l'avaient immédiatement plongée dans l'obscurité. Elle aurait du voir que sa haine était sans limites, et dirigée en partie vers elle. Qu'il n'était plus le même, et qu'ainsi il n'éprouvait probablement plus les mêmes choses. Elle aurait du voir dans les regards mauvais qu'il lui avait lancé qu'elle n'était qu'un poids en plus qu'il devait supporter, et c'était tout. Pourtant, pourtant... Elle avait cru voir à quelques rares reprises quelque chose qui l'appelait. Elle ne savait pas si c'était dans ses paroles ou dans ses actions. Mais quelque chose ne clochait pas, il y avait quelque part une petite contradiction qui lui chuchotait qu'il ne faut pas se fier aux apparences. Au début, elle avait été choquée et avait passé de longue heure au sol, collée contre les barreaux dans l'espoir qu'il revienne. Puis progressivement, elle s'était reculé dans sa cellule, toujours plus au fond. Elle se trouvait désormais dans l'un de ses coins, recroquevillée contre elle même. On aurait pu croire que la cellule était inoccupée, si on ne savait pas qu'elle était ici. Elle prenait désormais conscience de combien on pouvait faire mal avec de simples mots, et elle regrettait d'autant plus toutes les atrocités qu'elle avait pu lui dire. Des heures durant dans son coin, elle avait pleuré en silence, laissant les larmes couler seules. Aucun sanglot étranglé n'était sorti de sa gorge, elle n'avait pas reniflé à cause de ses pleurs. Il n'y avait que des larmes, qui avaient refusé de s'arrêter de couler alors qu'elle faisait tout pour. Elle se trouvait ridicule, à agir ainsi, mais c'était comme si son corps avait décidé de prendre le contrôle pendant qu'elle tentait péniblement de soigner son coeur.
Elle se trouvait toujours dans son coin lorsqu'elle entendit le grincement de la porte de sa cellule. Elle leva les yeux pour voir la silhouette d'un homme. Elle ne se fit pas d'illusions un seul instant, ayant bien compris que tout cela était fini.
- Debout ! Tu es ici depuis quatre jours maintenant et chez nous, tout le monde doit mettre la main à la pâte ! Emy leva un sourcil, masqua toute trace de tristesse de son visage et se leva péniblement. Elle n'avait toujours pas mangé, se contentant de boire quand on lui donnait de l'eau. Ce n'était plus parce qu'elle voulait faire la forte tête, seulement parce qu'elle n'avait plus d'appétit. - Je peux savoir ce que je suis sensée faire ? Elle se rapprocha de la porte, pour reconnaitre vaguement l'un des deux hommes qui l'avait capturée, mais il faisait trop sombre pour qu'elle en sache pllus. - Tu verras bien ! Tend moi tes mains, que je te mette ça. Il agita des menottes. Encore des menottes. Mais cette fois ci, il les lui attacha devant elle, et elles avaient une longue chaine, ce qui lui permettait de faire des mouvements avec ses bras et ses mains. N'étant pas vraiment d'humeur à riposter, elle tendit les mains, qu'il saisit sans grande cérémonie pour lui passer les menottes de bois. Il lui fit ensuite signe de la tête. de sortir de la cellule. Cette fois ci encore, elle fut plutôt docile, même si elle traînait le pas.
Ils marchèrent sur plusieurs dizaines de mètres et une fois encore, Emy regardait autour d'elle, analysant l'endroit dans lequel elle se trouvait. Il faut dire que la dernière fois, elle était tellement en colère qu'elle n'y avait pas pris plus attention que cela. Elle vit différents groupes de personnes parler entre elles, dans une immense salle qu'ils traversèrent. Son regard furetait partout, à tel point qu'il finit par se poser sur Noah. Ce fut alors qu'elle vit qu'il avait l'air dans un sale état. Son oeil droit était gonflé et noir, il avait des coupures sur tout le visage, et des bleus couvraient ses bras. Sa curiosité fut piquée au vif, et son attirance pour les rebelles et leurs actions prit le dessus.
- Une bataille qui a mal tourné ? Du menton, elle avait désigné ses multiples blessures. Noah eut l'air surpris qu'elle s'adresse ainsi à lui, elle n'avait pas été agressive ni sauvage, cette fois ci. Elle avait simplement semblé s'interroger. Il sembla qu'il réfléchit un instant, puis haussa les épaules, tout en continuant de marcher. - Non, ça a été ma punition, pour l'erreur que j'ai commise ! Il se garda bien de lui dire qu'elle était l'erreur en question. Le chef n'aime pas qu'on prenne des décisions et qu'on fasse n'importe quoi, et il a raison ! Il me l'a juste rappelé.
Emy eut alors comme un déclic, qui la fit s'arrêter de marcher. Elle revit l'état de ses mains écorchées, trois jours plus tôt, les tâches de sang qu'elle avait vues sur ses bras, mais sur lesquelles elle ne s'était pas réellement posé de question. Et maintenant, elle voyait l'état de ce type, qui semblait avoir été bien amoché. Cela signifiait donc que... C'était lui qui lui avait fait cela ? Sans qu'elle puisse contrôler quoique ce soit, le visage d'Emy prit un air horrifié. Elle savait que le changement était brutal, mais pas à ce point. Non, surement pas à ce point. Son estomac se serra tellement qu'elle crut qu'il allait exploser, mais elle ne dit rien, et se contenta de continuer à marcher. Elle ne faisait même plus attention où elle mettait les pieds. Soudain, Noah l'attrapa par le bras pour l'arrêter.
- Je dois passer voir quelqu'un une minute, tu vas rester ici et après, je t'emmènerai aux cuisines pour les corvées ! Il la laissa plantée là, dans un des coins de la grande salle. Elle sentait le regard de tous les rebelles ou presque posés sur elle, il lui sembla même que quelques uns chuchotaient en la regardant avec des yeux noirs. C'était donc cela, ils étaient investis d'une telle haine qu'ils la déversait sur chacun de leur ennemi. Elle pouvait comprendre. Excepté qu'elle ne se considérait pas comme une ennemie.
Le regard un peu perdu, elle ne savait pas vraiment où se mettre. Elle avait l'habitude d'être une solitaire, et n'avait pas forcément besoin d'amis pour être épanouie. Mais ici, entre la peine, la colère et ce sentiment d'étouffement qui ne la quittait plus d'un instant, elle supportait difficilement d'être ainsi la cible de tous les regards. C'est alors qu'elle sentit une pression sur sa robe sale. Elle baissa les yeux pour voir une petite fille. C'était celle qui lui avait souri lorsqu'elle était dans sa cellule. Elle avait un air très sérieux, presque autoritaire.
- Dis, pourquoi est ce que t'as ça aux mains ? Elle désigna les menottes. Je croyais que c'était que les garçons qui en portaient. Et il était vrai que le plus grand nombre de prisonniers étaient des hommes. Emy, surprise que quelqu'un lui adresse la parole, ne réagit pas immédiatement. Mais elle finit par se baisser pour être à la hauteur de la petite fille. - On m'a mis ça pour que je n'aille pas fureter de partout, et aussi pour ma sécurité... Enfin, je crois. Elle n'était pas bien sûre de ce dernier point, tout cela n'était pas très clair dans son esprit. - Et ça fait mal, dis ? Emy tenta de lancer un sourire rassurant à la petite fille. - Non, pas du tout regarde, il y a de l'espace pour que ça ne serre pas trop. Elle appuya ses paroles en faisant bouger les menottes, qui roulaient autour de ses poignets fins. Les fines traces rouges que lui infligeaient les petits morceaux de bois et qui se dessinait progressivement sur sa peau blanche indiquaient le contraire, mais cette explication suffit apparemment à la petite fille, qui défronça ses sourcils et continua à regarder Emy. Etrangement, elle ne se sentait pas mal à l'aise, elle qui avait toujours eu beaucoup de mal avec les enfants.
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Sujet: Re: All is fair in love and war & L. O'Loughlin Jeu 13 Oct - 1:35
Liam s'engouffra dans l'étroit passage qui reliait la cave du Golden Dragon à la cour des miracles, un gros sac rempli de miches de pain sur le dos. Il avait les mains chargées de plusieurs paniers regorgeant de nourriture. Derrière lui, deux rebelles portaient ensemble un grand bidon d'eau, ce qui était sans doute le plus important sous terre, puisqu'ils ne disposaient pas d'une source d'eau courante. Plusieurs fois par semaine, les rebelles allaient rendre visite à Candice sous son auberge, afin qu'elle refasse leur stock de provisions. Sur le trajet, alors que les deux rebelles -de bons amis- bavardaient de tout et de rien, Liam se plongea dans un profond mutisme. Il revivait la scène qui avait eu lieu, quelques minutes plus tôt.
FLASHBACK
Liam et les deux rebelles attendaient sous la trappe, comme prévu. A l'heure entendue, Candice leur ouvrit, les salua et commença à leur faire passer les provisions. Liam se hissa au dessus de la trappe pour rejoindre la jeune aubergiste sur le plancher de la cave, afin de l'aider à faire passer les paquets aux deux rebelles en contrebas. Ils durent s'enfoncer vers le fond de la cave pour aller y chercher le grand sac de pain. Liam allait s'en emparer lorsque Candice l'arrêta en posant sa main sur son bras. Son regard avait l'air soucieux, ce qui intrigua tout de suite Liam.
- Qu'est-ce qui se passe ? - Est-ce que c'est vrai, Liam ? Que la nouvelle prisonnière... Candice n'eut pas eu le temps de terminer sa phrase que Liam se braquait déjà, ôtant sa main de son bras d'un geste impatient. C'est, vrai, n'est-ce pas ? C'est elle ! C'est cette fille dont tu parlais... Emy. - Comment en as-tu entendu parler ? - Oh, arrête ! Comme si les bruits ne couraient pas à toute allure, même en bas ! La moitié de la cour des miracles a entendu vos petits règlements de compte. Alors ? - Oui. C'est elle. Le regard de Candice s'illumina une seconde, en opposition totale avec l'air froid et distant de Liam. Elle réalisa alors que le fait qu'ils se retrouvent enfin tous les deux au même endroit n'avait pas l'air de l'enchanter, loin de là. - Et alors, qu'est-ce que tu vas faire ? Fit-elle, une pointe d'anxiété dans la voix face à l'air sombre de son ami. - Que veux-tu que je fasse ? Je vais la garder prisonnière, et c'est tout. - Mais je ne te parle pas de ça, Liam ! C'est Emy, c'est la... - Je sais très bien qui c'est, merci ! Tu crois quoi, que c'est facile pour moi ? Que je peux être tout content de la voir à nouveau ? Non, je ne peux pas. - Je... Je sais. C'est simplement que c'est tellement... Triste. - Je sais. Mais ce n'est pas comme si j'avais le choix. On est ennemis, dans cette guerre, après tout. Tant qu'elle reste ce qu'elle est, et moi ce que je suis... Je peux faire quoi ? La relâcher, tout foutre en l'air ? Je ne peux rien faire. - Est-ce que tu lui as expliqué tout ça, au moins ? Est-ce que vous avez parlé ? Est-ce que tu lui as dit ce qu'il s'est vraiment passé ? - Et comment va Curtis, dis-moi ? Fit Liam en croisant les bras, pas disposé à lui répondre, pour la déstabiliser. Cela eut l'effet escompté, car elle se mit à rougir, à serrer les poings de colère et à bafouiller. - Tu es insupportable, comme type, tu le sais ? Fulmina-t-elle. - Tu me le répètes bien assez souvent.
FIN DU FLASHBACK
Ils continuaient de progresser dans le tunnel, qui s'élargissait peu à peu. Ils débouchèrent finalement sur la cour des miracles, et prirent la direction des réserves pour y entreposer les provisions. Une fois qu'ils eurent tout bien rangé, Liam, resté silencieux jusque là, remercia les deux rebelles, qui partirent. Il resta un instant seul dans la petite salle des réserves, et finit par se laisser tomber sur un gros sac en toile plein de céréales. Son regard était perdu quelque part sur le sol, et son dos était voûté, comme si pesait sur ses épaules tout le malheur du monde. Il se pencha en avant, les coudes appuyés sur les jambes, pour prendre son visage dans ses mains. Il resta ainsi quelques minutes, à ressasser sa douleur. Qu'est-ce qui lui avait pris ?
Je ne t'aime plus, Emy. Après tout ce qui s'est passé, je n'en suis plus capable. Renoncer à mon amour pour toi, ça a été le plus grand de mes sacrifices. De tout ce qu'il avait à lui dire, pourquoi était-ce ça qui était sorti en premier ? Il avait eu un moment de faiblesse, totalement incontrôlable. Il n'avait pas voulu lui avouer tout cela. Pas de cette manière là, en tout cas. Mais il avait repensé à toutes ces choses affreuses qu'elle avait du subir dans son adolescence, et la perspective qu'elle puisse endurer encore pire s'il la relâchait entre les mains de la Milice... Cela l'avait touché. Cela lui avait fait du mal, qu'il veuille l'admettre ou non. Au milieu de toute sa colère et de sa rancoeur était apparue une pointe de peine, trop aiguë pour pouvoir être ignorée.
Liam se redressa sur son sac de grain. Il souffla longuement, en fermant les yeux pour se calmer. Il devait mettre les choses au point dans sa tête. Peu importait les bruits qui couraient sur leur relation passée à travers la cour des miracle ; il devait passer outre. Il devait montrer qu'il était capable d'être impartial, d'être suffisamment fort et déterminé pour ne pas offrir de privilèges, même à une ancienne connaissance. Même à un ancien... amour. Il devait la traiter comme chaque autre prisonnier. Ce qui voulait dire qu'il était aussi hors de question qu'il lui explose à la figure comme il avait pu le faire la dernière fois. Même s'il n'y avait personne autour d'eux sur le moment ; ici plus qu'ailleurs, les murs ont des oreilles. Cette histoire ne les regardait qu'eux deux. Il ne voulait pas que les autres puissent y mettre leur grain de sel. Mais était-il capable de la regarder sans être une nouvelle fois emporté par sa rancoeur ? Il n'en était pas certain. Liam se mordit les lèvres. Peut-être que Candice avait raison. Peut-être que le moment était venu de tout mettre à plat. Mais rien que d'y penser, cela paraissait tellement irréel ! Il avait attendu ce moment pendant des mois sans qu'il vienne. Et là, peut-être que tout allait s'achever, d'un coup ? C'était trop étrange. Peut-être même encore plus étrange que l'idée de ne plus l'aimer. Car une fois qu'il ne lui en voudrait plus... Que lui resterait-il d'elle ? Que deviendraient-ils l'un par rapport à l'autre ? Simplement un rebelle qui retient une prisonnière en otage ? C'était inconcevable. Mais ce petit jeu ne pouvait décemment pas durer pour l'éternité. Il en souffrait plus qu'autre chose, il le savait. En trois jours, il n'avait pas pu fermer l'oeil. Il avait même failli lâcher des provisions, tout à l'heure, car la force physique commençait à lui faire défaut. Sa haine était trop puissante au contact d'Emy. Tout son corps était en alerte, comme agressé. Il fallait que cela cesse.
Il se releva finalement, et sortit de la salle pour déboucher sur la cour des miracles. Il y fit quelques mètres, saluant quelques personnes au passage. Et puis, au loin, il la vit, les menottes au poignet. C'était la quatrième journée qu'elle passait ici. Il avait presque oublié ce que cela signifiait, trop obnubilé par le reste. A partir d'aujourd'hui, elle participerait au travail communautaire. La cuisine, l'entretien, l'infirmerie... Il y avait toute sortes de tâches à accomplir, et souvent trop peu de gens pour les faire. Il y avait des tours, afin que personne ne s'épuise à la tâche. Les rebelles avaient finalement décidé, d'un vote à main levée, que les prisonniers les aideraient pour faire tourner convenablement la cour des miracles.
Il s'approcha de la petite fille, nommée Sue, et d'Emy. Il ne les salua pas, mais afficha un petit sourire dans la direction de la toute jeune rebelle, tout en s'accroupissant pour être à sa hauteur. Autour d'eux, les murmures semblèrent se taire d'un coup, comme choqués. Puis reprendre ensuite... La petite fille le dévisagea avec ses grands yeux ronds, le sourire aux lèvres car il faut croire qu'elle l'aimait bien. Il glissa sa main au niveau de son oreille. - Tu as perdu quelque chose... Et il fit apparaître une pièce de derrière son oreille. Bien sûr, il l'avait tout simplement cachée dans sa manche auparavant ; un tour que lui avait appris Curtis, qui pouvait faire apparaitre et disparaitre à peu près n'importe quoi, comme par magie. Sue regarda Liam avec des yeux émerveillés, et finit par loucher sur la pièce de monnaie. Sa valeur avait beau être très faible, cela devait déjà représenter beaucoup pour la petite, qui avait toujours vécu dans la misère et la mendicité. - Tiens, elle est pour toi. Fit-il avec sa voix de velours, en lui glissant la pièce dans la main. - Merci ! Je vais aller la cacher ! - Ne la perds pas, surtout. La petite Sue hocha de la tête, et partit à toute hâte, un grand sourire aux lèvres. mais après avoir fait un mètre seulement, elle s'arrêta pour faire un petit signe d'au revoir à Emy. Le sourire de Liam s'était estompé, car ses sourires ne duraient jamais bien longtemps, et il jeta un regard à Emy pour observer ses réactions. Elle avait l'air fatiguée. "Comme nous tous" fut-il tenté de penser. Mais il se corrigea ensuite. Nous, pas comme eux tous. Fatiguée comme lui l'était. Il se redressa en voyant Noah revenir vers eux. Il était certainement celui qui avait du la sortir de sa cellule pour l'emmener à son premier travail. Liam haussa un sourcil dans sa direction, l'air autoritaire.
- Alors, on laisse les prisonniers sans surveillance ? Noah s'arrêta à sa hauteur, l'air gêné. Il s'apprêtait à s'excuser quand un sourire moqueur étira les lèvres de Liam. Il lui tapa gentiment l'épaule. Non, c'est bon, je m'en occupe. Noah ne répondit rien, se contentant d'acquiescer d'un geste de la tête. Il les laissa, et Liam fit finalement face à Emy. C'était la première fois depuis qu'il s'était approché qu'il plongeait son regard dans le sien. Il lui fit un signe de tête pour indiquer un recoin de la salle.
- Suis-moi. Sa voix n'était pas colérique, ni particulièrement glaciale, mais elle n'était pas amicale non plus. Loin d'être austère, elle était plutôt sur la réserve, presque sur la défensive. Comme si Liam était chargé d'appréhension, et en réalité, c'était le cas.
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Sujet: Re: All is fair in love and war & L. O'Loughlin Jeu 13 Oct - 15:31
Patiemment, Emy, toujours accroupie au niveau de la petite fille, répondait à chacune des questions que celle ci lui posait comme elle le pouvait. Lorsqu'elle lui demanda ce qu'elle avait fait de mal pour se retrouver là, elle n'avait pas su lui répondre. La vérité était qu'elle s'était retrouvée au mauvais endroit, au mauvais moment. Comme il le lui avait dit, elle n'avait pas de chance. Et c'était tout. Seule la chance s'était immiscée dans toute cette histoire. C'était la chance, ou plutôt la malchance, qui avait mené à toute cette situation qu'elle n'aurait pas cru possible il y a quelques années de cela. Oui, le destin avait joué un grand rôle dans tout ça, elle en était persuadée. Tout était parti trop loin pour que ce ne soit que leur faute à eux, quelque chose de bien plus grand avait du mettre son grain de sel dans les évènements et leur relation, la dégradant un peu plus à chaque fois. C'était le hasard qui avait conduit Rose à savoir la vérité, lui encore qui avait mené Caiterina à Meryton. Lui aussi qui avait répandu une épidémie sur tout le pays, rendant la situation politique incontrôlable. Ils n'avaient été que des marionnettes au milieu de tout ce chaos, et cela couplé à ses erreurs avait conduit à la situation présente. Elle avait toujours été au mauvais endroit, au mauvais moment. Emy reporta son attention sur la petite fille, après avoir eu quelques secondes d'absence. Alors qu'elle allait lui demander son prénom, un grand silence tomba dans la salle, lourd et soudain. Elle fronça les sourcils et se tourna pour voir s'il ne se passait pas quelque chose derrière elle.
Tu as perdu quelque chose... Elle retourna vivement la tête pour regarder à côté d'elle et vacilla légèrement. Elle ne l'avait même pas vu arriver, surement qu'elle commençait à être sérieusement épuisée. Son regard se bloqua sur son visage, qui portait enfin un vrai sourire. Il n'était pas éclatant, mais cela lui réchauffa le coeur. C'était la première fois qu'elle le voyait réellement sourire depuis qu'ils s'étaient revus. Cette fois ci, ce n'était pas un sourire moqueur ou mauvais, juste un sourire. Peut être que tout n'était pas perdu, après tout ? Sans rien dire, Emy regarda la scène, attendrie par la joie de la petite fille devant cette pièce. Il lui sembla qu'autour d'eux les murmures avaient repris, et elle n'arrivait plus à distinguer s'ils la concernaient encore ou non. Son regard s'était finalement détaché de son visage, pour ne se reporter que sur l'enfant. Elle la vit s'éloigner et fut surprise lorsqu'elle s'arrêta pour lui faire un signe d'au revoir. Elle lui répondit par un petit signe, elle aussi, couplé d'un sourire doux. Lorsqu'elle fut finalement partie, le sourire d'Emy s'estompa progressivement, pour laisser de nouveau place à son air fatigué et triste, qu'elle essaya de rendre le plus neutre possible. Maintenant qu'il était là, il n'était plus question de faire étalage de ses émotions.
Elle se redressa elle aussi, voyant Noah arriver. Il allait surement l'emmener autre part, et la sortir de cette situation qui la gênait. Elle n'avait plus réellement envie de se trouver si proche de lui, pas maintenant qu'elle savait ce qu'il ressentait face à elle, c'est à dire rien mis à part de la haine. Elle déglutit à cette pensée, la boule de son estomac se resserrant toujours un peu plus. Un peu à l'écart des deux hommes, elle croisa les bras, et laissa son regard vagabonder, ne les écoutant pas vraiment. Ou du moins, faisant du mieux pour ne pas les écouter. Non, c'est bon, je m'en occupe. Le visage d'Emy se crispa une seconde. Non, non, elle préférait rester avec Noah, quitte à ce qu'il recommence à faire son malin. Elle eut même un mouvement de recul incontrôlable lorsqu'il lui avait fait face. Elle ne voulait plus se faire attaquer psychologiquement, le simple son de sa voix lui rappelait déjà ce qu'il lui avait dit quelques jours plus tôt, elle ne voulait pas endurer cela. Elle soutint son regard, comme toujours, mais cette fois ci on pouvait lire dans le sien beaucoup d'expressions différentes, la pire étant la peur qu'elle ressentait. Elle n'avait pas peur de lui à proprement parler, mais peur de souffrir toujours plus, qu'il l'enterre une bonne fois pour toutes. Suis-moi. Elle ne répondit rien, se contentant d'acquiescer. Intérieurement, elle hurlait son désaccord, mais elle savait qu'elle n'avait pas le choix et elle continuait à se dire que si elle était un minimum docile elle réussirait à sortir de là un jour ou l'autre. Elle l'espérait sincèrement, cette obscurité commençait à sérieusement la bouffer de l'intérieur.
Ils se mirent donc en route, Emy marchait en retrait derrière lui, son regard fixé sur son dos. Une fois de plus, des dizaines de questions envahirent son esprit, et elle recommença à imaginer divers scénarios qui auraient pu avoir eu lieu, et qui expliqueraient un tel changement. Trop occupée à réfléchir, elle ne faisait pas attention où elle mettait les pieds et sa trajectoire dévia finalement. Elle finit par percuter une caisse de pommes - encore et toujours des pommes - déversant son contenu sur le sol. Aussitôt, une vieille femme lui sauta à la gorge.
- Idiote ! Tu ne peux donc pas faire attention à où tu mets les pieds ?!
C'est à cet instant précis que Curtis surgit, arrêtant Liam de ses deux mains. - Ah, Liam, tu tombes à pic ! Tu te rappelles la fille dont je t'avais parlé...
Emy s'était vite baissée pour ramasser les fruits qui commençaient à rouler de partout. Elle avait toujours été maladroite, et d'habitude cela l'amusait, mais cette fois ci ce n'était pas le cas, pas du tout. Elle aurait du faire attention, elle n'avait pas plus envie que ça de se faire remarquer, pour une fois, et voilà que les gens autour la fixait d'un air mauvais. - Je suis désolée, je n'ai pas fait attention où je marchais et... - Oui, et tu as tout fait tomber, je m'en suis rendue compte ! La vieille femme, les mains sur les hanches, regardait Emy d'un air mauvais, il semblait qu'elle était prête à l'étriper sur place. Celle ci était accroupie au sol, ramassant tout ce qu'elle pouvait. Elle se maudissait d'être comme cela. Elle était forte, elle ne devait pas se laisser aller. Il y avait toujours une solution à tout, non ? La situation l'affectait beaucoup trop, elle ne maitrisait plus rien, et détestait cela.
- Et donc, je lui ai dit que j'irais bien creuser un tunnel avec elle, si tu vois ce que je veux dire...
-...Qu'est ce que tu crois ? Qu'on a des arbres, ici, pour les cueillir, ces pommes ? Tu sais comme il est dur pour nous d'en obtenir quelques unes ?... - Je suis vraiment désolée, je n'ai pas fait exprès !
- ...Et donc, on est allés dans mon compartiment et là...
- ... C'est sur que dans ton monde de bourges, tout est facile, tu ne dois même pas savoir ce que c'est, d'avoir faim !
La main tendue vers un des fruits, Emy se figea un instant. Son poing se serra et sa gorge se noua, mais elle ne répondit rien. Elle aurait eu envie d'exploser, de lui raconter, à cette horrible mégère, tout ce qu'elle savait de la vie qu'ils menaient. Elle avait beau vivre chez les "bourges", elle savait ce que c'était avoir faim, elle savait comme la vie était dure pour eux, elle l'avait vu tous les jours, ces derniers mois. Elle se doutait qu'il n'était pas facile, ici, d'obtenir de la nourriture. Son regard, fixé sur le sol, se durcit et lançait des éclairs, et elle resta figée.
Dernière édition par Emily Donovan le Jeu 13 Oct - 22:55, édité 1 fois
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Sujet: Re: All is fair in love and war & L. O'Loughlin Jeu 13 Oct - 22:09
- Suis-moi. Les lèvres à peine refermées, son regard dur plongé dans le sien, il sentit comme une douleur lui envahir le ventre, puis la poitrine. Le regard d'Emy n'était plus celui, noir de colère, auquel il avait eu droit la veille. Il n'avait rien non plus à voir avec celui qu'elle lui avait jeté au cimetière, ou dans ce fameux champ, des semaines plus tôt, et qui lui avait glacé le sang. Il voyait à présent dans ses yeux une sorte de détresse qu'il n'aurait pas soupçonnée pouvoir être si flagrante. Extérieurement, il ne laissa rien paraître de son trouble, car il était devenu très fort au jeu de retenir ses émotions, avec la pratique. Mais intérieurement, son chaos personnel prit une nouvelle dimension. Il savait que cela ne devait pas être facile pour elle, de se retrouver ici. Il avait lui-même connu l'enfermement, et savait donc tout ce que c'était capable de faire au mental d'une personne, aussi forte soit-elle à l'origine. Mais, par dessus tout, il savait que c'était sa colère, ses propos blessants et sa haine qui devaient être à l'origine du malêtre qu'il perçut en quelques millièmes de seconde à peine dans une lueur de son regard. Il ne se sentit pas coupable ; cela aurait été bien hypocrite. Il avait cherché à lui faire comprendre, après tout, de la façon la plus brutale qui soit, tout ce qu'elle lui avait elle-même infligé. Il n'allait pas commencer à jouer les innocents maintenant. Il n'était pas ce genre de lâche, qui se défilait à la moindre difficulté. Au contraire, il soutint son regard, et accepta d'y voir de la peine. Mais, au delà de tout ça, il lui sembla y trouver quelque chose que, pour une fois, il n'avait pas fait en sorte de provoquer : de la crainte. Il était sans doute devenu quelqu'un d'effrayant, en effet. Tout le monde ou presque semblait garder ses réserves avec lui, depuis qu'il était devenu ce qu'il était. Au respect qu'on lui vouait se mêlait une forme de peur, directement reliée à son statut et à son rôle au sein du groupe de rebelles. Mais il ne s'attendait pas à retrouver cela dans les yeux d'Emy. Pas dans ce regard fougueux et téméraire, incendiaire et impitoyable, sauvage et insaisissable. Partout sauf ici. Les idées se mélangèrent et se confondirent dans l'esprit de Liam, qui commença à marcher, Emy à sa suite, en se plongeant dans le silence. L'avait-il détruite aussi rapidement ? Avec quelques mots, qu'il aurait voulu formuler plus tard, mais qui lui avaient échappé, dans un instant de faiblesse et de colère ? L'avait-il touchée de plein fouet, comme ça, d'un coup ? Liam, plongé dans ses pensées, repensait à leurs entrevues, plus que mouvementées, qui s'étaient déroulées à Bath, et même avant cela. Toi comme moi ne pourrons jamais nous rendre heureux. Lui frémit, les yeux écarquillés. Il continua d'avancer comme si de rien était, et il espéra qu'il n'avait rien laissé paraître du choc qu'il venait lui-même de s'infliger. Oui. Oui, les mots peuvent blesser, peuvent détruire. Il en avait eu la preuve. Ces mots, parmi tant d'autres, lui semblaient encore aujourd'hui être les plus lourds à encaisser.
Soudain, Liam fut sorti de ses pensées par un bruit dans son dos. Idiote ! Tu ne peux donc pas faire attention à où tu mets les pieds ?! Il fronça les sourcils et s'apprêta à se retourner, se doutant que la remarque s'adressait à Emy. Difficile d'imaginer une voix si chargée de rancoeur s'adresser à quelqu'un d'autre. Mais deux mains se posèrent sur lui, et son attention se reporta sur la personne qui venait de le freiner dans son mouvement. Curtis ! Et à son air, Liam devina qu'il ne l'arrêtait pas pour lui annoncer une nouvelle d'une gravité extrême. C'était déjà ça. Ah, Liam, tu tombes à pic ! Tu te rappelles la fille dont je t'avais parlé... Liam fut tenté de répondre "Laquelle ?" - il n'y en avait jamais qu'une seule à la fois ! - mais il n'en fit rien. En fait, il était incapable de lui répondre autre chose qu'un simple "Moui" un peu ailleurs, car il entendait toujours à la perfection ce qui se passait dans son dos. En lui, des forces obscures s'affrontaient et le tordaient de toute part. Entre sa haine et sa colère, tout fraîchement refroidies par son profond trouble, il ne savait plus réellement comment se positionner par rapport à la situation. D'autant plus qu'il avait pris la résolution de finalement mettre les choses au clair entre eux, une bonne fois pour toutes. Mais il avait tant d'appréhension par rapport à tout cela, et tant de rage à faire ressortir une dernière fois dans ses explications, aussi, qu'il se sentait de plus en plus tendu. Sans même parler du fait que réfléchir calmement loin d'Emy et se trouver en face d'elle n'avait absolument rien à voir sur le plan émotionnel.
- Je suis désolée, je n'ai pas fait attention où je marchais et... - Oui, et tu as tout fait tomber, je m'en suis rendue compte ! Liam voyait Curtis lui raconter ses histoires de tunnel à creuser en face de lui, mais ne pouvait pas l'entendre. A la place, il avait en tête la voix sincère d'Emy lorsqu'elle s'excusa. Et l'agressivité de la rebelle.Qu'est ce que tu crois ? Qu'on a des arbres, ici, pour les cueillir, ces pommes ? Tu sais comme il est dur pour nous d'en obtenir quelques unes ?... - Je suis vraiment désolée, je n'ai pas fait exprès ! A chaque fois qu'elle avait fait preuve de maladresse, Emy s'était excusée. Mais jamais Liam n'avait senti dans sa voix autant d'effort, presque un rabaissement face à l'autre. Face à cette rebelle haineuse, elle n'était plus qu'un petit animal blessé. Pourtant, personne autour d'elle ne semblait attendri. Personne ne semblait prêt à lui porter secours. Au contraire, la voix éraillée par la vieillesse de la rebelle s'élevait toujours contre elle, avec plus de mépris et de dégoût. C'était cruel. Ce n'était pas un combat à armes égales.
- ...Et donc, on est allés dans mon compartiment et là... - Tu me raconteras tes exploits plus tard. Fit-il alors qu'il n'en avait de toute manière pas écouté la moitié, et qu'il se retournait déjà pour faire face à la scène qui se tramait dans son dos depuis quelques secondes.
- ... C'est sur que dans ton monde de bourges, tout est facile, tu ne dois même pas savoir ce que c'est, d'avoir faim ! Et c'est là que la cruauté de la situation atteignit son paroxysme, et frappa Liam en plein visage. Ce climat constant de haine inter-classe finissait par dicter toute l'attitude des gens. Cette rebelle, une vieille femme, mère et grand-mère de famille, n'aurait en temps normal jamais fait de mal à une mouche. Et voilà qu'elle écrasait de bon coeur le peu de fierté qui pouvait rester à Emy, qui s'était déjà excusée plus d'une fois pour ce qu'elle avait fait. C'était tout bonnement répugnant. Et parmi chaque personne ici présente ou tous ceux qui avaient tourné la tête dans leur direction ; pas une seule n'était prête à lever le petit doigt pour rétablir l'équilibre des choses. Un minimum de justice. Leur rancoeur, leur désir de vengeance... Tout cela les poussait à projeter sur Emy tous les torts de l'ensemble de la Milice et de leurs ennemis, sans même qu'ils soient capables de discerner l'horreur de leur propre comportement. Certes, Liam était de loin celui qui avait été le plus injuste et le plus mesquin avec elle ; mais c'était pour des raisons bien différentes. Son regard alla de la veille femme à Emy, toujours accroupie, et il vit qu'elle s'était figée. Liam soupira lourdement, montrant bien qu'il était agacé. On aurait d'abord pu croire que c'était dirigé contre Emy -c'est surement ce que tout le monde crut, d'ailleurs - mais, sans rien dire, il s'accroupit à ses côtés et ramassa rapidement le restant des pommes pour les remettre dans le cageot, dont il s'empara, pour le mettre ensuite, un peu brusquement, dans les côtes de la rebelle. Il la défiait du regard.
- Elle a bien compris, c'est bon. Et maintenant, si tu allais nous faire de la compote, avec tes précieuses pommes, Martha ? La dénommée Martha soutenait le regard de Liam, outrée qu'il choisisse de mettre fin à sa petite humiliation publique plutôt que de la soutenir. Le duel oculaire dura quelques secondes, pendant lequel un lourd silence s'installa, mais elle finit par se résigner, prendre le cageot et s'éloigner en ne manquant pas de rechigner suffisamment fort pour être entendue. Il leva les yeux au ciel d'exaspération.
Sans la regarder, ni même lui tendre la main pour l'aider à se relever, Liam s'adressa à Emy tout en mettant ses mains dans ses poches.
- Fais attention, la prochaine fois. Sa voix n'avait pas la même sévérité que d'habitude. Elle restait assez lointaine, assez froide, mais sans pour autant faire dans le glacial. Pas la peine d'en rajouter. Néanmoins, cette intervention ne signifiait pas qu'ils étaient soudain copains comme cochons, et l'attitude distante de Liam permettait bien de le lui faire comprendre. A elle, et à tous ceux dont les regards traînaient encore dans leur direction. Ils n'étaient pas tranquilles, ici. Il voulait l'emmener plus loin, là où ils pourraient parler, seul à seul.
- C'est bon ? fit-il pour lui signifier qu'il était prêt à repartir. Lorsqu'il se retourna pour continuer son chemin, il fit un simple signe de tête à Curtis, toujours planté là, mais ne jugea pas bon de lui adresser une parole ou de rester plus longtemps près de lui. Au contraire... Liam savait très bien qu'Iris lui avait raconté, sans doute dans un grand détail, son histoire avec Emy. Il n'avait pas envie que Curtis mette les pieds dans le plat en apprenant qu'il avait finalement la-dite Emy devant lui. Ils continuèrent donc leur route. Au bout d'une petite dizaine de mètres, Liam rompit le silence tendu qui s'était installé.
- Cette guerre transformerait n'importe quel agneau en loup, pour peu qu'il ait encore quelque chose à défendre. Pas vraiment un murmure, cette phrase n'avait pas non plus été prononcée à pleine voix. Un peu comme une réflexion faite à lui-même, qu'il avait néanmoins choisi de lui faire partager. Cela ne ressemblait pas à une excuse, ou à une tentative de justification pour ce que la rebelle venait de lui faire endurer. C'était une réalité. Une réalité bien lourde de sens, en ce qui concerne Liam. Liam... Quel loup sanguinaire il était devenu, pour défendre la vie et la liberté des rebelles !
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Sujet: Re: All is fair in love and war & L. O'Loughlin Jeu 13 Oct - 23:40
A genoux sur le sol, la main toujours tendue vers l'une des pommes, Emy restait immobile comme une statue. Elle ne comprenait pas comment on pouvait être rempli de tant de haine envers quelqu'un que l'on ne connait même pas. Si elle l'avait attaquée personnellement, elle aurait pu comprendre sa colère, et qu'elle la lui crache au visage de la sorte, mais là... Elle n'avait rien fait, à part percuter un cageot qui, lui aussi, se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment. Elle n'avait rien brisé, n'avait fait de mal à personne. Cette femme, et même tout ces gens, devait être dans une plus grande souffrance qu'elle ne l'avait imaginé. Elle avait mal de tout ce qu'elle lui avait dit et ce qui la marqua le plus, ce fut qu'elle sentit combien cette femme avait besoin de trouver un bouc émissaire, quelqu'un du "clan ennemi" contre qui se défouler. Mais cela ne mènerait à rien, en avait elle conscience ? Emy n'allait pas changer les conditions dans lesquelles les autorités les avaient placés. Hurler contre elle n'allait pas ramener les proches qu'ils avaient perdus. C'était de la méchanceté gratuite, après tout, et c'était elle qui en faisait les frais parce qu'elle représentait tous ceux que les rebelles haïssaient au plus au point. Elle ne s'était pas rendu compte d'à quel point tous les gens autour d'elle la maudissaient. Pourtant, elle était en partie comme eux. Elle aurait aimé qu'ils le sachent, qu'elle comprenait ce qu'ils vivaient parce que, pendant longtemps, elle avait été comme eux. Mais cela n'aurait servi à rien de s'énerver, de vouloir s'expliquer et de leur raconter sa vie. Cela n'aurait pas éteint leur colère, au contraire. Elle avait été comme eux, et maintenant elle se trouvait en haut. Elle se doutait bien que cela ne ferait que rajouter des tords à son compte. La fureur dans ses yeux s'était progressivement estompée, et une nouvelle lueur de détresse passa dans son regard. Elle entendait les rires des autres rebelles, ceux qui approuvaient haut et fort ce que la vieille femme disait. Emy avait beau être solitaire et ne pas avoir besoin d'amis pour survivre, se faire lyncher de la sorte en public lui faisait profondément mal, et ne fit qu'accroître le malaise qu'elle ressentait depuis des jours.
Toujours complètement immobile, elle sentit une présence à côté d'elle, et tourna légèrement la tête. Quelqu'un avait donc décidé de l'aider à se sortir de là ? Ou bien on allait l'enterrer une bonne fois pour toutes. Lorsqu'elle vit que c'était Liam, la surprise la saisit et si elle n'eut pas vraiment de réactions, son estomac s'était serré à sa vue. Alors malgré tout, il l'aidait ? Elle savait qu'il n'était pas obligé de le faire. Elle n'était qu'une prisonnière parmi tant d'autres, après tout. Elle avait bien compris qu'elle n'aurait aucun privilège, elle ne ferait aucune exception parce qu'elle n'en était elle même plus une. Comme plus tôt avec la petite fille, elle n'avait pas pu s'empêcher de le regarder, et du se retenir de le suivre du regard lorsqu'il se leva. Elle restait tout de même fidèle à elle même, et montrer tout ce qu'elle ressentait ne faisait pas vraiment partie de son caractère.
Elle a bien compris, c'est bon. Et maintenant, si tu allais nous faire de la compote, avec tes précieuses pommes, Martha ? Lentement, elle baissa la main qu'elle avait gardée suspendue dans le vide, et qui maintenant ne se tendait vers plus rien. Elle fut étonnée de la façon dont il s'adressa à la rebelle. Elle savait qu'il n'aurait pas participé au lynchage collectif, elle en avait eu l'intime conviction, mais elle aurait pensé qu'il l'aurait laissée se débrouiller toute seule. Après tout, c'était ce qu'on faisait avec les gens qu'on avait pas forcément envie de voir, non ? Elle ne comprenait plus rien à son attitude. Elle entendit les récriminations de la rebelle qui s'éloigna, et un sentiment de soulagement envahit son corps. Fais attention, la prochaine fois. Toujours au sol, elle leva le regard vers lui, comme plus tôt, il laissait transparaitre un sentiment étrange et même si elle luttait de toutes ses forces, elle montra à nouveau la détresse qu'elle pouvait ressentir. Mais il fallait se reprendre, relever la tête. Elle reprit l'air le plus neutre possible et hocha la tête pour acquiescer. Elle avait l'impression d'être une enfant qui avait fait une bêtise, et détestait cela. Au son de sa voix, elle avait deviné que ceci n'avait rien changé, que ses sentiments à son égard ne s'étaient pas subitement réveillés. Mais quand même, elle sentait son coeur très légèrement réchauffé. Pas assez cela dit pour oublier ce qu'il lui avait dit trois jours avant.
Emy se releva finalement, et épousseta sa robe, qui était devenue vraiment sale, avec ses mains. Elle se mit à le suivre, et passa devant Curtis qui avait regardé la scène avec beaucoup d'attention, et qui s'était paré d'un petit sourire énigmatique. Lorsqu'elle le vit, Emy fronça légèrement les sourcils, elle avait l'impression de l'avoir déjà vu quelque part, mais ne se rappelait plus où. Elle marchait silencieusement derrière lui, la tête baissée, les bras croisés. Cette fois ci, elle fit bien attention en posant les pieds au sol, elle ne voulait pas revivre un autre drame.
Cette guerre transformerait n'importe quel agneau en loup, pour peu qu'il ait encore quelque chose à défendre. Emy sortit subitement de ses pensées, et leva la tête pour fixer son dos, alors qu'il continuait à marcher devant elle. Elle se mordit l'intérieur des joues, explosant à nouveau à l'intérieur d'elle même.
- Oui, c'est ce que j'ai pu constater... Elle avait parlé à voix basse, son timbre de voix grave ne la quittant pas. Elle ne parlait pas vraiment de ce qu'il venait de se passer, et cela se sentit à l'intention qu'avait eu sa réponse. Elle avait bien pu remarquer que même les agneaux les plus doux se transformaient en loups. N'était ce pas son cas, lui qui avait été la personne la plus gentille qu'elle ait jamais connu ? Lui qui, désormais, frappait ses hommes, faisait des prisonniers ? Plus qu'un loup, il était devenu le chef de la meute.
Emy avait ensuite gardé le silence le long du trajet, se demandant ce qu'elle aurait à faire. Elle le suivit dans une enfilade de couloirs, qui avait été grossièrement creusés, et dont le plafond étaient bas. Toujours très observatrice, elle regardait le moindre des recoins de l'endroit dans lequel elle se trouvait. Elle avait encore du mal à croire que sous les pieds des habitants de Bath se défilait une autre ville. Ils arrivèrent finalement devant une entrée, et Emy le suivit à l'intérieur de la pièce dans laquelle il venait de pénétrer. Elle regarda autour d'elle et vit plusieurs couvertures, des chaises, des tables... Tout cela semblait avoir été récupéré, à la vue de leur état. Elle compris alors qu'elle était dans une sorte de réserve de meubles, et fronça les sourcils.
- Que fait-on ici ? Je croyais que j'étais sensée aider en cuisine ? Sa voix trahissait son trouble de se retrouver seule avec lui dans une pièce qui n'avait aucun rapport avec l'endroit où elle était supposé aller. Et puis, pourquoi l'avait il conduite ici ? Elle sentit une appréhension grandir en elle et resserra un peu plus ses bras contre elle même, le fixant tout de même, le regard interrogateur.
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Sujet: Re: All is fair in love and war & L. O'Loughlin Ven 14 Oct - 2:08
- Oui, c'est ce que j'ai pu constater... Liam ne répondit pas, et se plongea en même temps qu'Emy dans un parfait silence. Il la guida à travers les couloirs étriqués du repère des rebelles, jusqu'à une salle où il savait qu'ils seraient parfaitement tranquilles, et ce pour un long moment. La salle était d'ailleurs assez reculée des endroits les plus fréquentés, donc il ne fallait même pas craindre que quelqu'un puisse surprendre des bribes de leur conversation à cause de l'écho qui se répercutait inévitablement sur les murs, partout sous terre. Liam ferma la porte de la salle derrière eux.
- Que fait-on ici ? Je croyais que j'étais sensée aider en cuisine ? Liam s'appuya contre la porte. Il barrait ainsi le seul passage vers l'extérieur. Pas qu'il en éprouva particulièrement le besoin ; mais cela lui permit de regarder Emy quelques secondes, calmement, sans rien dire. De la voir croiser les bras contre son corps. De sentir l'appréhension dans sa voix. Il ne la quittait plus des yeux, et enfin son regard s'accrocha au sien. Ce fut à ce moment-là qu'il se décolla de la porte pour faire un pas dans sa direction.
- Changement de plan.
Il avança encore vers elle. Et encore un peu plus, jusqu'à se retrouver juste en face d'elle, à une distance à peine supportable. Il monta sa main droite jusqu'au visage d'Emy et se mit à lui tenir fermement le menton, afin qu'elle ne puisse pas se dérober, afin qu'elle ne puisse plus lui échapper. Il continuait d'avancer sur elle, la forçant à reculer par la même occasion. Oppressant, soudainement immense par rapport à elle, il plongeait son regard dans le sien, avec toute l'intensité dont il était capable. Avec toute son âme, toute sa rage, avec tout ce qu'il était. Tout ce qu'elle, puis des semaines de son absence, avaient fait de lui. Le mur du fond de la salle se rapprochait lentement, et bientôt, Emy fut prisonnière entre celui-ci et Liam, qui la tenait toujours.
- Cette fois-ci tu n'as pas d'échappatoire possible. Tu vas écouter tout ce que tu ne m'as jamais laissé dire. Tu vas écouter tout ce que tu as refusé d'entendre depuis des mois. Tu vas me regarder, droit dans les yeux, et tu vas voir tout ce que tu as détruit.
Il finit par lui lâcher le menton, et ses mains allèrent se plaquer brusquement de chaque côté de la tête d'Emy, contre le mur. Il ne faisait même pas exprès d'être menaçant ou effrayant. Mais il tremblait de rage et de fureur. Il tremblait de toutes ces choses qu'il avait emmagasinées et qui ressurgissaient d'un coup à la surface. Sa voix était grave, pesante, lourde de sens et d'émotion. Sa haine bouillait dans ses veines, en doublon parfaitement synchrone avec sa rancoeur. Cette rancoeur abominable, qui lui rongeait l'esprit, miette après miette, depuis des mois désormais. Il lui en voulait tellement, tellement ! Pour ses réactions, pour ses absences, ses erreurs, pour tout ce qu'elle avait fait. Mais il y avait une chose en particulier. Une chose qu'il n'avait jamais pu accepter. Une chose qui avait déchiré son amour pour elle ; cet amour inconditionnel, cet amour aveugle, innocent et néanmoins absolu. Son passage en cellule avait fini d'achever ses sentiments, pour les remplacer par un mélange obscur d'émotions destructrices, mais ils étaient déjà bien entamés auparavant. Endommagés par l'acte ultime, qu'elle avait commis, et qu'il n'était pas en mesure de lui pardonner sans condition, comme il l'avait toujours fait pour tout le reste. Cette chose-là, c'était la source de sa haine. C'en était la source profonde, réelle, presque matérielle. Il savait parfaitement comment cela avait commencé, se souvenait de la façon dont c'était arrivé. Il avait ressassé cet instant pendant des mois, toujours plus meurtri, toujours plus détruit dans l'affection qu'il lui portait encore à ce moment-là, alors qu'il se heurtait à un masque de haine sans appel. Pour être plus précis, c'était plutôt une suite d'événements. Une suite tragique, qui n'avait fait qu'empirer et empirer encore avec les semaines. Il s'était vu piétiné dans son adoration pour elle, écrasé dans ses espoirs, rejeté dans son abandon total à elle. Il avait toujours été prêt à tout pour elle, prêt à tout pour respecter ses choix, pour répondre à ses désirs, pour combler ses attentes. Même à ce qui pouvait à l'encontre de ses désirs, à lui. A l'encontre de ses propres attentes, à l'encontre de ses envies, aussi à celle de ses rêves. C'était la négation même de sa personne. A cette époque, il n'existait que par son rapport avec Emy, et c'est tout. Toutes ces actions n'étaient faites qu'en fonction d'elle, et il en allait de même pour ses pensées. A cette époque, il lui pardonnait la moindre erreur, et les transformait dans son esprit, afin qu'elles deviennent les erreurs des autres. A cette époque, rien n'était jamais de la faute d'Emy. Elle n'avait aucun tort, aucun défaut, aucune part d'ombre. Il avait toujours été de son côté. Il l'avait toujours soutenue. Il avait toujours ravalé sa douleur pour elle. Lorsqu'elle partait sans prévenir, lorsqu'elle se taisait mystérieusement, lorsqu'elle revenait dans un sourire triste... Lorsqu'il apprit qu'elle lui avait menti. Lorsqu'il apprit qu'on l'avait salie, violée, traitée comme une moins-que-rien. Toujours. Même si cela faisait mal. Et, en échange, il ne lui avait demandé qu'une seule chose. Sa confiance.
- Par quoi commence-t-on, alors ? Il y en a tellement, Emy. Tellement de choses que je ne t'ai pas dites. Tellement de choses que j'ai retenues en moi, pour toi. Il secoua la tête de gauche à droite, l'expression de son visage reflétant toute sa douleur, tout son malêtre et toute sa rancoeur. Il plongea à nouveau ses yeux dans les siens. Je crois que j'ai trouvé. Oui, s'il faut commencer quelque part, autant que ce soit par-là. Regarde-moi bien : je n'ai jamais voulu que tu me tournes le dos pour retrouver ta famille. Pas une seule seconde, je n'ai eu envie de te laisser partir. Et tu le savais. Tu savais que je n'agissais que pour toi. Tu savais très bien que sans toi, je n'étais absolument rien. Et ne me contredis pas, parce que je pèse mes mots. Rien du tout. T'envoyer dans les bras de ta soeur, c'était comme un suicide. Et tu sais ce que tu as fait ? Tu as fait comme si je te rejetais, moi, comme si je ne voulais pas de toi. Tu es devenue froide, et méprisante, et d'un coup, je ne valais même plus la peine que tu me dises au revoir. D'un coup, je devenais Liam, celui qui t'avait brisé le coeur en ne te suppliant pas de rester à ses côtés pour toujours. Mais tu sais qui j'étais, en réalité ? J'étais celui qui cessait d'exister à la minute où tu tournais le dos ; mais qui était heureux, parce qu'en faisant ça, je te réconciliais avec une part de toi-même que tu essayais de renier, et qui te faisait souffrir. Ce choix, je l'ai fait pour toi, pas pour moi. Je t'ai envoyée là-bas pour que tu sois heureuse ; parce que toi, contrairement à moi, tu ne pouvais pas te contenter simplement de l'autre. Tu étais incomplète. J'ai fait ce choix pour que tu te réconcilies avec toi-même. Et tu m'as remerciée en me faisant passer pour ton bourreau. Tu m'as remerciée en devenant une personne hautaine et froide, une personne qui était tout sauf toi. En faisant comme si, si je faisais ça, c'était pour essayer d'être heureux de mon côté sans toi. Comme si d'un coup je devenais ton ennemi. Tu m'as rejeté à ce moment-là, Emy, pas l'inverse. Et ne te cache pas derrière l'excuse du fait que c'était pour me protéger. Il s'arrêta un moment, essoufflé par l'ampleur de ses propos, par l'intensité de ces souvenirs. Ses sourcils se froncèrent un instant, puis un sourire ravagé étira ses lèvres. Sa voix perdit en colère, et se fit plus basse, cassée.
- Et tu sais ce que j'ai fait, moi, à ce moment-là ? J'ai continué de t'aimer. Comme toujours. Je t'ai tout pardonné, comme toujours. Ton rejet, ta fierté, ton obstination à ne pas vouloir t'ouvrir, même à moi. J'ai continué de penser à toi chaque seconde de chaque minute. Comme si tu n'étais jamais partie.
Son poing se serra contre le mur, et il frappa un coup dans celui-ci, pour défouler sa colère. Son regard retrouva sa lueur furieuse, et pleine de haine.
- Pas une seconde ! Tu ne m'as pas laissé une seule seconde pour te parler, Emy ! Qu'est-ce qui te donnait le droit d'être aussi injuste, à part toi-même ?! Quand est-ce que, dans toute cette histoire, tu as pensé à quelqu'un d'autre qu'à toi, réellement ?! Quand est-ce que tu as pensé à te sortir des schémas dans lesquels tu t'étais embourbée toute seule, pour enfin entendre ce que le monde avait à te dire ? Jamais ! J'ai eu beau te retrouver entre des centaines de villes dans le pays, j'ai eu beau essayer de t'approcher, RIEN ! Tu ne m'as pas laissé une seule chance ! Est-ce que tu penses vraiment que c'était ce que je méritais ?! Dis-le moi ! Après tout ce que j'ai fait pour toi, après tout ce que je t'ai donné ! Est-ce que je ne méritais pas une seule petite chance de te prouver que je t'appartenais encore, à jamais ?! Est-ce que je ne méritais pas plus que des sous-entendus stupides sur une histoire où j'aurais soi-disant refais ma vie sans toi ?! Je vais te dire quelque chose Emy, et j'aimerais que tu sois bien attentive, parce que ça fait des mois que je meurs d'envie de te le dire. Arrête de te prendre toujours pour la victime. Tu t'es créé ta douleur toute seule. Par contre ça... Il reprit son visage dans sa main et planta son regard dans le sien pour le soutenir sans ciller. Il y avait dans ses pupilles tout ce qui peut-être imaginé comme souffrance. Tout remontait à la surface, à la fois progressivement et violemment, et c'était comme se détruire une seconde fois. Ça, ma douleur... Elle, elle était bien réelle.
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Sujet: Re: All is fair in love and war & L. O'Loughlin Ven 14 Oct - 3:35
Lorsqu'il ferma la porte derrière eux, Emy sentait que quelque chose n'allait pas. Elle sentait quelque chose de malsain dans l'air, quelque chose qui la perturbait encore plus qu'elle ne l'était déjà. Changement de plan. Tous ses poils se hérissèrent et cette fois elle en était persuadée, elle n'aurait jamais du le suivre. Lorsqu'il fit un pas vers elle, elle eut un léger mouvement de recul. Tout son être lui hurlait de s'enfuir de là, mais elle ne pouvait rien faire, ils les avaient pratiquement enfermés dans la petite pièce. Sa gorge se serra et son coeur battit plus rapidement. Tout cela ne prévoyait rien de bon. Alors qu'il continuait à avancer, elle voulut reculer toujours plus, mais son corps restait figé devant l'expression qu'il avait. Elle était complètement tétanisée sur place, et serrait toujours plus ses bras contre son corps mince, comme s'ils allaient l'aider. Elle le voyait toujours plus se rapprocher, jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres d'elle et, si ce rapprochement aurait du l'enchanter, elle eut encore plus envie de s'enfuir que quelques secondes auparavant. Elle ne put rien faire lorsqu'il lui saisit le menton, il avait été trop rapide et elle ne s'était pas douté une seconde qu'il ferait cela. Elle aurait bien essayé de se dérober, mais la pression qu'il exerçait sur elle, et qui la faisait reculer, était trop forte. Complètement paniquée, elle recula, n'ayant pas le choix, mettant ses mains derrière elle, se doutant qu'il y aurait forcément quelque chose qui l'attendait. Elle le regardait, complètement tétanisée. Elle avait peur. Vraiment peur. Finalement, ses mains heurtèrent le mur, contre lequel son dos vint s'appuyer lourdement. Elle se rendit compte que sa respiration s'était arrêtée pendant quelques secondes et inspira de l'air, au bord de l'étouffement. Elle le regardait toujours, le regard empli de crainte et d'interrogation. Elle ne comprenait pas ce qu'il lui prenait tout à coup. Il avait été si agressif, ces derniers jours, pourquoi agissait il de la sorte subitement ?
Cette fois-ci tu n'as pas d'échappatoire possible. Tu vas écouter tout ce que tu ne m'as jamais laissé dire. Tu vas écouter tout ce que tu as refusé d'entendre depuis des mois. Tu vas me regarder, droit dans les yeux, et tu vas voir tout ce que tu as détruit. Sur le coup, les lèvres d'Emy s’entrouvrirent, laissant clairement apparaitre le choc qui venait de la traverser. Il lui sembla que sa peau la brulait lorsqu'il la lâcha, et elle ne put retenir un petit sursaut lorsqu'il posa ses mains de chaque côté de son visage. Elle le voyait tremblant, dans une fureur qu'elle n'aurait jamais soupçonnée, même si elle avait pu constater ces derniers jours qu'il était empli de haine de colère. Elle essayait de garder une certaine contenance, mais c'était tout sauf simple. Elle ne savait pas ce qui allait se passer, comment cela allait se passer... Elle avait peur, oui, réellement peur. Pas qu'il lui fasse du mal, mais peur qu'il lui dise tout ce qu'elle ne faisait que se répéter depuis des semaines, depuis qu'elle avait enfin compris un minimum combien elle était monstrueuse. Son corps tremblait à elle aussi, mais sûrement pas pour les mêmes raisons. Ce qu'il lui disait de faire était horrible. Elle qui regardait toujours les autres dans les yeux ne pouvait pas, cette fois ci. C'était trop dur. Elle savait qu'elle verrait dans son regard toutes les atrocités qu'elle lui avait fait endurer. Et si elle savait comme elle était loin du compte... Elle avait décroisé les bras, et son poing se serra une nouvelle fois, comme pour lui donner du courage. Il lui fallu faire un effort surhumain pour continuer à le regarder dans les yeux.
Par quoi commence-t-on, alors ? Il y en a tellement, Emy. Tellement de choses que je ne t'ai pas dites. Tellement de choses que j'ai retenues en moi, pour toi. Je crois que j'ai trouvé. Oui, s'il faut commencer quelque part, autant que ce soit par-là. Regarde-moi bien : je n'ai jamais voulu que tu me tournes le dos pour retrouver ta famille. Pas une seule seconde, je n'ai eu envie de te laisser partir. Et tu le savais. Tu savais que je n'agissais que pour toi. Tu savais très bien que sans toi, je n'étais absolument rien. Et ne me contredis pas, parce que je pèse mes mots. Rien du tout. T'envoyer dans les bras de ta soeur, c'était comme un suicide. Et tu sais ce que tu as fait ? Tu as fait comme si je te rejetais, moi, comme si je ne voulais pas de toi. Tu es devenue froide, et méprisante, et d'un coup, je ne valais même plus la peine que tu me dises au revoir. D'un coup, je devenais Liam, celui qui t'avait brisé le coeur en ne te suppliant pas de rester à ses côtés pour toujours. Mais tu sais qui j'étais, en réalité ? J'étais celui qui cessait d'exister à la minute où tu tournais le dos ; mais qui était heureux, parce qu'en faisant ça, je te réconciliais avec une part de toi-même que tu essayais de renier, et qui te faisait souffrir. Ce choix, je l'ai fait pour toi, pas pour moi. Je t'ai envoyée là-bas pour que tu sois heureuse ; parce que toi, contrairement à moi, tu ne pouvais pas te contenter simplement de l'autre. Tu étais incomplète. J'ai fait ce choix pour que tu te réconcilies avec toi-même. Et tu m'as remerciée en me faisant passer pour ton bourreau. Tu m'as remerciée en devenant une personne hautaine et froide, une personne qui était tout sauf toi. En faisant comme si, si je faisais ça, c'était pour essayer d'être heureux de mon côté sans toi. Comme si d'un coup je devenais ton ennemi. Tu m'as rejeté à ce moment-là, Emy, pas l'inverse. Le voir ainsi la déchirait littéralement. Il exprimait tellement de douleur, tellement de souffrance... Il avait raison, elle savait déjà tout ce qu'il lui disait. Ou plutôt, elle en savait une partie. Elle ne savait pas combien le fait qu'elle soit retournée vers les siens l'avait anéanti. Elle ne savait pas combien il dépendait d'elle. Elle ne savait pas que lorsqu'elle n'était pas là, il se ne considérait plus comme rien. Elle ne savait pas tout cela ! Elle aurait tellement aimé lui dire tout cela, mais il était dans une telle rage, il semblait tellement persuadé de qu'il disait... Elle ne s'était jamais rendu compte de la force exacte de ses sentiments. Elle avait toujours su qu'il l'aimait, ça oui, mais pas à ce point. Elle s'en était peut être douté plusieurs fois, comme lorsqu'il était allé risquer sa vie en trouvant Cael, mais à chaque fois elle avait mis cette pensée dans un coin de sa tête, parce que cela l'effrayait. Elle n'assumait rien, à cette époque. Encore moins de choses qu'aujourd'hui. Comment aurait elle réussi à porter cet amour ? Elle ne pouvait pas. Voilà pourquoi elle était retournée chez sa famille. Voilà pourquoi elle l'avait fait passé pour le méchant de l'histoire. C'était plus facile, cela lui donnait presque bonne conscience, alors qu'à l'intérieur elle se haïssait. Elle haïssait la personne qu'elle était devenue dans cette ville. Il l'avait tellement bien cernée, la connaissait si bien. Jamais, elle ne s'était plainte de se sentir incomplète et pourtant, il l'avait deviné. Tous les remords qui l'envahissaient depuis des semaines ressurgirent en force, agrandissant toujours plus la boule qui s'était formée dans son estomac. Tout ce qu'il lui disait, elle se l'était répété en boucle durant des heures. Mais l'entendre de sa bouche était bien plus douloureux, même si c'était nécessaire. Chaque mot qu'il prononçait lui lacérait la chair, lui donnait l'impression de s'enfoncer chaque seconde un peu plus dans le sol humide de la pièce. Et ne te cache pas derrière l'excuse du fait que c'était pour me protéger. L'expression d'Emy changea d'un coup, passa de terrifiée à une sorte de panique étrange. Elle se décala de quelques petits centimètres du mur, un air presque désespéré sur le visage.
- Non ! Non ce n'est pas une excuse je... Je pouvais pas supporter tout ça je... Je t'aurais forcément fait du mal, je ne pouvais pas te donner ce que tu voulais je... Sa voix était complètement brisée, et plus grave que jamais. Elle sentait que toute la situation lui échappait complètement.
Et tu sais ce que j'ai fait, moi, à ce moment-là ? J'ai continué de t'aimer. Comme toujours. Je t'ai tout pardonné, comme toujours. Ton rejet, ta fierté, ton obstination à ne pas vouloir t'ouvrir, même à moi. J'ai continué de penser à toi chaque seconde de chaque minute. Comme si tu n'étais jamais partie. Emy referma la bouche, et se relaissa tomber contre le mur froid. Tout son être se déchirait de part en part. Ce qu'il lui disait lui réchauffait le coeur, mais le lui glaçait en même temps. Finalement, il ne resta que la sensation de froid. Sa gorge était si nouée qu'elle lui faisait mal. Elle aurait voulu lui dire qu'elle était désolée, tellement désolée, mais rien n'aurait pu sortir d'entre ses lèvres. Rien à part son souffle inégal. Elle voulait lui dire qu'elle aussi avait pensé à lui, qu'elle avait regretté d'être partie chaque minute depuis qu'elle l'avait fait. Mais cela n'aurait servi à rien, elle était quand même partie, elle l'avait quand même laissé tomber. Dire qu'elle était désolée n'allait surement pas arranger la situation.
Elle eut un vrai sursaut lorsqu'il frappa contre le mur, juste à côté d'elle, et son visage se para à nouveau d'une expression de peur. Elle ne l'avait jamais vu réellement violent, et même si le coup avait été dirigé contre le mur, elle l'avait ressenti comme s'il l'avait directement atteinte.
Pas une seconde ! Tu ne m'as pas laissé une seule seconde pour te parler, Emy ! Qu'est-ce qui te donnait le droit d'être aussi injuste, à part toi-même ?! Quand est-ce que, dans toute cette histoire, tu as pensé à quelqu'un d'autre qu'à toi, réellement ?! Quand est-ce que tu as pensé à te sortir des schémas dans lesquels tu t'étais embourbée toute seule, pour enfin entendre ce que le monde avait à te dire ? Jamais ! J'ai eu beau te retrouver entre des centaines de villes dans le pays, j'ai eu beau essayer de t'approcher, RIEN ! Tu ne m'as pas laissé une seule chance ! Est-ce que tu penses vraiment que c'était ce que je méritais ?! Dis-le moi ! Après tout ce que j'ai fait pour toi, après tout ce que je t'ai donné ! Est-ce que je ne méritais pas une seule petite chance de te prouver que je t'appartenais encore, à jamais ?! Est-ce que je ne méritais pas plus que des sous-entendus stupides sur une histoire où j'aurais soi-disant refais ma vie sans toi ?! Je vais te dire quelque chose Emy, et j'aimerais que tu sois bien attentive, parce que ça fait des mois que je meurs d'envie de te le dire. Arrête de te prendre toujours pour la victime. Tu t'es créé ta douleur toute seule. Par contre ça... Plus il prononçait son prénom et plus elle se sentait mal. Elle avait l'impression que des milliers de poignards s'enfonçaient dans sa chair, la tuant un peu plus chaque seconde. Une fois de plus, elle s'était déjà rendu compte de tout ce qu'il lui disait seule. Mais cette fois encore, l'entendre de sa bouche prenait une toute autre dimension. Ca devenait réel, et concret. Elle ne pouvait même pas se défendre face à tout ce qu'il lui reprochait, parce qu'elle savait que c'était fondé. Mais elle n'avait jamais su à quel point. Et plus il parlait, plus elle se rendait compte de combien elle avait été horrible, égoïste, monstrueuse. Collée contre le mur, elle restait toujours tétanisée, emmagasinant tant bien que mal tout ce qu'il était en train de dire. Elle voulait s'échapper de là. Arrêter cette proximité entre eux.
Ça, ma douleur... Elle, elle était bien réelle. Cette fois encore, elle n'avait pas résisté et c'était laissé faire lorsqu'il avait saisi son visage. Elle n'eut d'autre choix que de regarder ses yeux, et ce qu'elle vit ne fit qu'entériner la lente agonie qui avait commencé à s'insinuer en elle. Elle avait l'impression de manquer d'air, d'étouffer. Elle n'avait jamais vu quelqu'un souffrir autant, avoir tellement mal. Tellement mal... Elle ne pensait même pas que cela était possible. Sa respiration devint légèrement saccadée, sans toutefois être bruyante. Elle ne supporta son regard que quelques secondes et elle, elle qui regardait toujours les gens dans les yeux, finit par les détourner, essayant de regarder ailleurs, de ne plus voir le monstre qu'elle avait créé et qui le rongeait depuis des mois et des mois. Les lèvres tremblantes, elle cherchait désespérément un point fixe à regarder, pour essayer d'échapper à ce qu'il était en train de lui faire subir.
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Sujet: Re: All is fair in love and war & L. O'Loughlin Ven 14 Oct - 17:41
Liam balaya d'un geste de tête les paroles qui s'échappèrent d'entre les lèvres tremblantes d'Emy. C'était trop tard, maintenant. Le mal était fait, et aucune parole qu'elle pourrait dire ne ne le réparerait. Rien ne pourrait annuler ces mois de détresse et de souffrance, rien ne pourrait les lui faire oublier. Une chose restait à accomplir, en revanche, et c'était formuler à voix haute tout ce qui lui torturait le coeur depuis tout ce temps. Rien ne pourrait plus l'arrêter, maintenant. Rien ne pourrait le détourner de ce qu'il s'apprêtait à faire. Car, le jour où sa rancoeur était née, un pacte implicite s'était signé entre ce sentiment ignoble et Liam. Similaire à une vengeance, ce pacte le poussait à rétablir la vérité entre Emy et lui. Il le poussait à ne pas oublier, justement. Il le poussait à revivre aujourd'hui sa chute brutale vers un gouffre infernal, toujours plus sombre et oppressant, afin d'être capable d'affronter finalement du regard la source de tous ses tourments. Cette rancoeur était si puissante, si destructrice, que rien de ce que pourrait faire Emy ne pourrait l'affaiblir, et le convaincre de faire marche arrière. Il se montrerait sans pitié, avec elle. Tout comme elle l'avait été avec lui. Oeil pour oeil, dent pour dent. Aujourd'hui, l'équilibre chaotique de leur relation se retrouvait chamboulé à nouveau. Aujourd'hui, les vérités éclataient, crues, amères, douloureuses. C'était comme parler à coeur ouvert, littéralement. Un coeur sanguinolent, que chaque battement rendait plus enragé, plus détruit. Plongé dans une sorte de transe apocalyptique, Liam tremblait toujours devant elle, son regard planté dans le sien. Dans son esprit, les engrenages de son agonie s'emboitaient, les uns après les autres, brusquement, violemment, pour faire toujours plus mal, pour le pousser toujours plus à ressortir sa colère.
- Je vais te dire ce qu'il s'est passé, après ton départ. Alors que vous avez pu fuir l'épidémie en masse dans vos calèches, nous on restait crever derrière. On a vu les jours s'assombrir, on a vu tout s'effondrer. Heureusement pour nous, on a réussi à partir à temps du village. Mais tout abandonner une seconde fois... Voir que toute sa vie partait en fumée ; voilà ce qui a tué mon père. Son poing se resserra sur le mur, sa mâchoire se crispa. J'étais anéanti. De toute façon, je n'étais plus qu'une ombre depuis ton départ. J'ai à peine remarqué qu'il allait aussi mal. J'ai à peine compris que je le voyais respirer pour la dernière fois. Et quand j'ai finalement réalisé, c'était trop tard. J'avais tout perdu ! Tout autour de moi n'étais plus qu'un immense chaos. Alors ce soir-là, j'ai perdu les pédales. Tu vas voir, c'est drôlement ironique : à ce moment-là, j'aurais pu mourir en t'aimant toujours, et rien de la suite ne serait arrivé. Mais il faut croire que le destin aime bien nous torturer. Alors il a mis Joan sur ma route. Oui, tu sais, Joan. C'est le prénom de la femme que tu as vue chez moi.
Comme Emy avait détourné le regard, il resserra son emprise sur son menton pour redresser son visage, tout en se penchant vers elle de manière à retrouver ses yeux. Il n'accepterait pas qu'elle se dérobe. Il ne lui laisserait pas le choix. - C'était une jeune mariée. Est-ce que tu as vu la brûlure sur son visage, lorsqu'elle t'a ouvert la porte ? Les flammes qui lui ont fait ça ont aussi tué son mari. Elle était tout aussi détruite que moi. Non, elle l'était encore plus. Mais sans la force qu'elle a trouvé ce soir-là, je ne serais plus ici aujourd'hui. Parce que j'avais pris un couteau. Et je me suis éloigné du reste du groupe. De sa main libre, il prit la main d'Emy dans la sienne, et la força à presser ses doigts contre sa gorge. Au fil de ses mots, il enfonçait les ongles d'Emy dans sa propre chair. Et j'ai appuyé le couteau juste là. Je l'ai enfoncé lentement, millimètre après millimètre. J'avais beau t'avoir pardonné ton départ, et t'aimer encore... Je savais que tu ne reviendrais pas. Tu ne m'avais pas dit au revoir, tu m'avais dit adieu. Dans ta tête, tu m'avais définitivement rayé de ta vie. Et ça me tuait. Alors autant en finir pour de bon, je me disais. Il retira sa main de son cou, mais ne la relâcha pas : il la plaqua contre le mur à côté de sa tête, en la tenant fermement. Joan m'a arrêté juste avant que je n'enfonce la lame. Et elle m'a dit exactement ce que j'avais besoin d'entendre. Tu vois, Emy, cette femme que tu as probablement méprisé comme tu m'as méprisé, elle, elle n'avait plus aucun espoir de retrouver celui qu'elle aimait. Pour elle, c'était terminé. Pas pour moi. Tu étais toujours en vie. Il ne tenait qu'à moi de te revoir. Joan m'a giflé avec ces mots. Elle a fait renaître en moi tout juste ce qu'il fallait pour me pousser vers toi à nouveau. Elle m'a rapproché de toi, elle m'a raccroché à toi et elle m'a soutenu chaque jour à partir de là, alors qu'elle n'avait plus rien. Elle a continué à vivre juste pour être à mes côtés, jusqu'au moment où je te retrouverais enfin. Pour elle, tout était fini, mais elle mettait sa fin en sursis pour nous réunir. Il marqua une pause, pendant laquelle il ne détourna pas d'une miette ses yeux des siens. Ses doigts étaient toujours pressés contre les siens, tandis que son autre main finit par glisser de son menton pour revenir contre le mur. Ses yeux étaient noirs dans l'obscurité de la pièce, ils étaient profonds, intenses ; mais ils n'étaient certainement pas impénétrables. Au contraire, ils étaient des fenêtres directes sur son âme, et sur tout ce qu'elle renfermait.
- J'ai couché avec elle. Plusieurs fois. Pas par plaisir, pas par envie non plus. Pour elle. C'était la seule façon qu'elle avait de se rappeler qu'elle n'était pas encore morte, pas tout à fait. Il lui fallait quelque chose d'intense, il lui fallait quelque chose à quoi se raccrocher. Mais je ne l'ai jamais aimée une seule minute. Elle le savait, je le savais. Cet arrangement n'était pas fait pour durer. Tout n'était que provisoire. Elle était le ciment qui me maintenait debout, pour pouvoir te courir après. Je comprends que tu aies pu te faire de fausses idées. Je comprends que tu aies pu te tromper sur ce qui se passait. Je comprends que tu te sois braquée. Tu as une idée tellement faussée du sexe et des rapports entre les hommes et les femmes. On ne peut pas t'en vouloir pour ça, ce n'est pas de ta faute. Tu as vécu tellement de choses affreuses et déplacées que tu vois tout ça comme un tabou. Dans ton esprit, ce n'est pas possible de faire ça autrement que brusquement et violemment. Ce n'est pas possible d'en avoir envie, de ne pas se sentir salie. Pour toi ce n'est pas quelque chose qui rapproche deux personnes, qui leur donne de la force ; ce n'est qu'un déchirement atroce. Et tu conçois encore moins le fait que cela puisse être la femme, qui soit demandeuse. L'idée te répugne. Elle te rappelle tout ce qu'on t'a fait, la façon dont on t'a tout volé, arraché, détruit. Alors en comprenant que Joan vivait sous le même toit que moi, tu en as tout de suite tiré des conclusions. Tu t'es dit que c'était sans doute mieux que j'ai refait ma vie ailleurs, puisque de toute façon tu ne serais jamais capable de répondre à mes attentes, à cause de tout ça. Tu ne m'as pas laissé mon mot à dire, là-dedans. Tu as immédiatement commencé à m'en vouloir. A me détester. Peut-être même que l'idée t'a traversé l'esprit, un moment : finalement, je ne valais pas mieux que tout ceux qui t'avaient fait du mal. Je ne pensais qu'à ça. Et tu es partie, sans attendre la moindre explication. Sans me laisser une opportunité de te rattraper. Tu avais déjà pris tes décisions, toute seule.
Il se mordit les lèvres dans un élan de rage, si fort qu'il en entama la chair et qu'elle se mit à saigner. Sa mâchoire se serra, alors que ses yeux jetaient des éclairs.
- Je pouvais te pardonner ta méprise. Elle était plus que compréhensible. N'importe qui serait arrivé aux mêmes conclusions, je ne te retire pas ça. En fait, je te pardonnais tout le mal que tu me faisais, absolument tout jusque là. Je me sentais même coupable, vis-à-vis de toi, affreusement coupable d'avoir pu te faire de la peine de cette manière. Mais te rappelles-tu ce qui s'est passé, au cimetière, Emy ?! Te rappelles-tu ce que tu as fait, à ce moment-là ?! Parce que c'est ça, c'est exactement ça, que je n'ai pas pu te pardonner. La seule et unique chose, qui a fait naître en moi une colère que je n'aurais jamais pu imaginer auparavant. La pire erreur que tu aies jamais commise.
Voilà, c'était le paroxysme de sa douleur, le sommet de sa rancoeur. Tout menait à cet instant précis. Il la dévisageait, encore. Tellement de choses se mêlaient dans son esprit que cela aurait du lui donner le tournis, mais il restait au lieu de ça parfaitement concentré. Parfaitement sûr de lui, parfaitement ancré dans sa colère et dans sa souffrance.
- Le jour où tu as eu besoin que je t'écoute, j'ai été là pour toi. Ça n'a pas été facile, Emy. De ne pas te tourner le dos alors que je venais d'apprendre tous tes mensonges. Alors que je venais de réaliser ce que tu étais vraiment. N'importe qui aurait tourné le dos à une vulgaire prostituée menteuse. Mais j'ai senti que tu avais besoin de moi, que tu avais besoin que je t'accorde une chance, alors c'est ce que j'ai fait. Tu avais tellement mal que j'ai ravalé ma colère et tout ce que tes mensonges m'inspiraient pour pouvoir te soutenir. Je suis resté de ton côté, alors que même toi, tu t'attendais à ce que je me mettes à te haïr. J'ai fait des efforts parce que c'était toi. Parce que je ne pouvais pas décider seul de subitement détruire tout ce que nous avions vécu jusque là. Parce que nous étions deux, dans cette histoire. Et que je ne voulais pas que tes erreurs réduisent tout à néant sans au moins avoir pris la peine d'entendre ce que tu avais à dire pour ta défense. J'ai accepté de rester et de te faire face, alors que ça me lacérait le coeur. J'avais l'impression de ne plus pouvoir respirer. J'avais chacun de tes mensonges qui me revenaient à la figure, et je t'imaginais en train de souffrir, et c'était tout bonnement atroce pour moi. J'aurais voulu courir loin, très loin. Mais je n'ai pas fui.
Ses sourcils se froncèrent dans un élan de haine et de furie. Sa voix était cassante, méprisante, douloureuse, déformée par le trop plein d'émotions qu'il laissait d'un coup ressurgir, comme une boule furieuse et fulgurante d'intensité, qui explosait soudainement entre eux.
- Où étais-tu, quand j'avais besoin que tu m'écoutes ?! Qu'as-tu fais, quand c'était à ton tour de m'accorder une chance ? Le bénéfice du doute ? Quand c'était le moment où tu devais écouter ce que j'avais à te dire, quand c'était à moi de me faire pardonner mes erreurs ?! Je vais te dire, ce que tu as fait. Tu as fui. Lâchement. Tu as pris la décision pour nous deux, comme une égoïste. Le soir où j'aurais pu t'envoyer la plus grande claque de ta vie en pleine figure, où j'aurais pu décider de t'ignorer à tout jamais ; je t'ai dit que j'étais amoureux de toi, Emy. Toi, tu te souviens ce que tu m'as dit, quand je suis venu vers toi ? Tu m'as dit de ne pas te toucher. Tu imagines comme ça m'a fait mal ?! Tu imagines ce que tu aurais ressenti, si je t'avais rejetée aussi froidement que tu me l'as fait ?! Si je m'étais comporté comme si tu me dégoûtais ?! Tu m'as jeté toute ta haine à la figure, sans être capable d'ouvrir les yeux sur ta bêtise ! Après la chance que je t'avais donnée, tu m'as tout repris. Tu as tout détruit de tes propres mains, en un regard, en quelques mots. Tout était déjà si fragile, et toi, tu as donné là-dedans un grand coup de pied. Ce n'est pas de l'amour ça, Emy. C'est une trahison. Tu as trahi tout ce que nous étions, tu as trahi les enfants qui se couraient après dans les champs, tu as trahi les adolescents qui se sont retrouvés, tu as trahi nos sentiments, tu as trahi les efforts que j'avais fait pour toi, et toi pour moi. Quand tu as du faire un effort pour continuer de croire en nous malgré ta douleur, tu as choisi de refuser, pour ta propre protection. Tu as tout balayé d'un seul geste. Seule. Alors que je ne demandais que ton attention. Que ta confiance. Tu as trahi la promesse que tu m'avais faite de croire en moi. Tu as réduit mon amour à néant. Tu as tout rejeté, tout piétiné, comme si rien n'avait jamais existé. Comme si j'avais pu t'oublier aussi facilement. Tu m'as trahi. J'aurais pu tout accepter. Je l'avais déjà fait. Que tu sois distante, froide, menteuse, égoïste, absente. Mais pas traîtresse. D'un coup, tout m'est revenu à la figure, et c'est ta faute. Tu as pris la décision ; en voilà les conséquences. Tu m'as détruit. Tu as créé ma haine. Tu as créé ma souffrance, et ma rancoeur. Tu m'as retiré tout ce que j'avais de bon !
Sa voix résonnait à travers la salle, forte, brisée, haineuse, absolue.
- Ta trahison. Voilà ce que je n'ai pas pu te pardonner.
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Sujet: Re: All is fair in love and war & L. O'Loughlin Ven 14 Oct - 19:58
Je vais te dire ce qu'il s'est passé, après ton départ. Alors que vous avez pu fuir l'épidémie en masse dans vos calèches, nous on restait crever derrière. On a vu les jours s'assombrir, on a vu tout s'effondrer. Heureusement pour nous, on a réussi à partir à temps du village. Mais tout abandonner une seconde fois... Voir que toute sa vie partait en fumée ; voilà ce qui a tué mon père. J'étais anéanti. De toute façon, je n'étais plus qu'une ombre depuis ton départ. J'ai à peine remarqué qu'il allait aussi mal. J'ai à peine compris que je le voyais respirer pour la dernière fois. Et quand j'ai finalement réalisé, c'était trop tard. J'avais tout perdu ! Tout autour de moi n'étais plus qu'un immense chaos. Alors ce soir-là, j'ai perdu les pédales. Tu vas voir, c'est drôlement ironique : à ce moment-là, j'aurais pu mourir en t'aimant toujours, et rien de la suite ne serait arrivé. Mais il faut croire que le destin aime bien nous torturer. Le regard toujours obstinément détourné, Emy encaissait chacune de ses paroles comme si elles avaient été des coups de poings. Alors qu'il lui racontait la réalité de ce qu'il s'était réellement passé après qu'elle fut partie, elle sentait son malêtre grandir, encore et encore. Il devint encore plus immense lorsqu'il mentionna Frederick. Cet homme qui l'avait recueillie et aimée comme sa propre fille et qu'elle avait abandonné, lui aussi. Elle n'avait même pas pu lui dire au revoir, alors qu'il procédait à sa lente agonie. Elle avait été ingrate envers un homme qui lui avait offert le toit et la famille qui lui manquait. Elle se pinça les lèvres, celles ci tremblant toujours plus fort. Elle avait dans son esprit toutes les images de ce qu'il décrivait et elle les imaginait dans la misère, obligés de fuir leur vie. A la culpabilité de sa mort se rajouta l'autre, plus violente, d'avoir tant dévasté Liam qu'il n'avait pas pu sauver son propre père, s'il avait pu. Elle l'avait abandonné d'une telle façon qu'il n'était plus rien, et cela la tuait. Elle n'avait jamais voulu que cela arrive, jamais. Tout ce qu'elle avait fait partait d'une bonne intention, du moins elle l'avait sincèrement cru sur l'instant. Elle avait écarquillé les yeux lorsqu'il avait dit qu'il aurait pu mourir, ce soir là. Et ce qu'il lui avait dit des jours plus tôt prit tout son sens. Alors il a mis Joan sur ma route. Oui, tu sais, Joan. C'est le prénom de la femme que tu as vue chez moi. Le coeur d'Emy s'était serré, si fort qu'elle eut mal. Elle revoyait le visage de cette femme, ce jour là où la situation avait une nouvelle fois basculé. Ce jour là où elle était venu pour rendre ce collier, et où elle avait espéré qu'ils puissent parler, qu'elle puisse s'expliquer sur ce qu'elle avait. Elle revoyait ce visage qui avait hanté ses cauchemars des moins durant, ce visage qu'elle avait haï, qu'elle tentait d'oublier et qui lui revenait sans cesse à la figure. C'était le jour où elle avait vu ce visage qu'elle avait complètement pété les plombs, et qu'elle avait commencé à réellement devenir la pire version d'elle même. Elle avait instinctivement serré les poings en entendant ce prénom. Elle pensait être passée au dessus de tout ça, que le fait de savoir qu'il était vivant avait effacé toutes les anciennes blessures qu'elle s'était elle même infligées. Mais preuve en était qu'elle gardait un souvenir amer de cette rencontre, qui l'avait démolie.
Cette fois ci lorsqu'il détourna à nouveau son visage, Emy avait essayé de lutter. Elle ne pouvait plus regarder, toute la culpabilité qu'elle ressentait couplée à la haine qu'il lui balançait au visage ne faisait qu’accélérer son agonie. Mais elle n'arriva cependant pas à tenir, et sa tête se retourna alors vers lui sous son impulsion. C'était une jeune mariée. Est-ce que tu as vu la brûlure sur son visage, lorsqu'elle t'a ouvert la porte ? Les flammes qui lui ont fait ça ont aussi tué son mari. Elle était tout aussi détruite que moi. Non, elle l'était encore plus. La gorge d'Emy se resserra à cette révélation, et elle ne put ressentir que de la peine pour cette femme, qu'elle avait si longtemps haïe. Elle pouvait imaginer ce que l'on ressentait lorsque l'être que l'on aimait été mort. Elle l'avait assez bien ressenti ces derniers mois et encore, elle, elle ne l'avait pas vu mourir sous ses yeux. Plus ils parlait et plus elle se sentait mal, ses lèvres tremblaient tellement qu'elle du se mordre pour les arrêter.
Mais sans la force qu'elle a trouvé ce soir-là, je ne serais plus ici aujourd'hui. Parce que j'avais pris un couteau. Et je me suis éloigné du reste du groupe. Les yeux d'Emy s'écarquillèrent, mais avait qu'elle ne puisse avoir la moindre réaction, il avait saisi sa main, et l'avait plaquée contre coup. Horrifiée, ses yeux explosaient de détresse et alors qu'elle voyait qu'il enfonçait ses ongles dans sa chair, elle essaya de se retirer mais il était beaucoup trop fort, et le fait qu'elle essaye de se débattre ne l'aidait pas du tout. Elle avait ouvert la bouche, terrorisée, et tirait faiblement sur son propre bras de son autre main pour qu'il ne fasse plus cela.
- Arrête, arrête... Sa voix était complètement brisée, apeurée, détruite. Ce qu'il faisait là était horrible, elle se sentait encore plus mal qu'auparavant. Son corps tout entier fut pris de tremblements. Et j'ai appuyé le couteau juste là. Je l'ai enfoncé lentement, millimètre après millimètre. J'avais beau t'avoir pardonné ton départ, et t'aimer encore... Je savais que tu ne reviendrais pas. Tu ne m'avais pas dit au revoir, tu m'avais dit adieu. Dans ta tête, tu m'avais définitivement rayé de ta vie. Et ça me tuait. Alors autant en finir pour de bon, je me disais. Et au fur et à mesure qu'il parlait, la respiration d'Emy se faisait de plus en plus saccadée, elle était complètement paniquée, et plus effrayée que jamais. Elle aurait aimé le contredire, lui avouer qu'à la minute même où elle était partie elle avait voulu revenir, mais l'épidémie l'en avait empêchée. Elle aurait voulu dire qu'elle n'aurait jamais pu le rayer de sa vie, mais il continuait à parler, et les mots se noyèrent dans sa gorge. Enfin, il enleva sa main de cou, et la plaqua contre le mur, l'écorchant au passage contre la pierre dure. Elle n'arrivait plus à contrôler sa respiration folle, désormais.
Joan m'a arrêté juste avant que je n'enfonce la lame. Et elle m'a dit exactement ce que j'avais besoin d'entendre. Tu vois, Emy, cette femme que tu as probablement méprisé comme tu m'as méprisé, elle, elle n'avait plus aucun espoir de retrouver celui qu'elle aimait. Pour elle, c'était terminé. Pas pour moi. Tu étais toujours en vie. Il ne tenait qu'à moi de te revoir. Joan m'a giflé avec ces mots. Elle a fait renaître en moi tout juste ce qu'il fallait pour me pousser vers toi à nouveau. Elle m'a rapproché de toi, elle m'a raccroché à toi et elle m'a soutenu chaque jour à partir de là, alors qu'elle n'avait plus rien. Elle a continué à vivre juste pour être à mes côtés, jusqu'au moment où je te retrouverais enfin. Pour elle, tout était fini, mais elle mettait sa fin en sursis pour nous réunir. Au fur et à mesure qu'il continuait, Emy se remémorait le visage de Joan, combien elle avait semblé désolée lorsqu'elle lui avait ouvert l porte, et qu'elle lui avait parlé. Elle n'avait pas paru méchante, ni hautaine, contrairement à Emy. Elle avait eu l'air presque inquiète pour elle, lorsqu'elle s'était décomposée juste devant elle. Mais comment aurait elle pu se douter de tout cela ? Comment ? Elle avait toujours été excessive et impulsive, elle n'avait voulu voir que ce qui se trouvait sous ses yeux, sans poser de question. Même une fois le choc passé, elle n'avait rien cherché à comprendre. Il avait lâché son menton mais tenait toujours fermement sa main, et elle voulait qu'il la lâche, elle voulait que le contact de sa peau ne soit plus une brûlure qui pénétrait son corps tout entier. Elle tirait, presque de toute ses forces, pour qu'il enlève la pression qu'il exerçait sur elle, mais une fois de plus rien n'y fit et elle se sentit subitement étouffer, ainsi bloquée entre le mur et lui, impossible de bouger, impossible d'esquisser ne serait ce que le moindre mouvement. Elle ne supportait plus la vue de ses yeux, mais n'arrivait plus à s'en détourner, désormais. Elle y voyait tout ce qu'elle avait toujours redouté d'y voir, tout ce qu'elle n'avait jamais osé s'avouer.
J'ai couché avec elle. Plusieurs fois. Pas par plaisir, pas par envie non plus. Pour elle. C'était la seule façon qu'elle avait de se rappeler qu'elle n'était pas encore morte, pas tout à fait. Il lui fallait quelque chose d'intense, il lui fallait quelque chose à quoi se raccrocher. Mais je ne l'ai jamais aimée une seule minute. Elle le savait, je le savais. Cet arrangement n'était pas fait pour durer. Tout n'était que provisoire. Elle était le ciment qui me maintenait debout, pour pouvoir te courir après. Je comprends que tu aies pu te faire de fausses idées. Je comprends que tu aies pu te tromper sur ce qui se passait. Je comprends que tu te sois braquée. Tu as une idée tellement faussée du sexe et des rapports entre les hommes et les femmes. On ne peut pas t'en vouloir pour ça, ce n'est pas de ta faute. Tu as vécu tellement de choses affreuses et déplacées que tu vois tout ça comme un tabou. Dans ton esprit, ce n'est pas possible de faire ça autrement que brusquement et violemment. Ce n'est pas possible d'en avoir envie, de ne pas se sentir salie. Pour toi ce n'est pas quelque chose qui rapproche deux personnes, qui leur donne de la force ; ce n'est qu'un déchirement atroce. Et tu conçois encore moins le fait que cela puisse être la femme, qui soit demandeuse. L'idée te répugne. Elle te rappelle tout ce qu'on t'a fait, la façon dont on t'a tout volé, arraché, détruit. Alors en comprenant que Joan vivait sous le même toit que moi, tu en as tout de suite tiré des conclusions. Tu t'es dit que c'était sans doute mieux que j'ai refait ma vie ailleurs, puisque de toute façon tu ne serais jamais capable de répondre à mes attentes, à cause de tout ça. Tu ne m'as pas laissé mon mot à dire, là-dedans. Tu as immédiatement commencé à m'en vouloir. A me détester. Peut-être même que l'idée t'a traversé l'esprit, un moment : finalement, je ne valais pas mieux que tout ceux qui t'avaient fait du mal. Je ne pensais qu'à ça. Et tu es partie, sans attendre la moindre explication. Sans me laisser une opportunité de te rattraper. Tu avais déjà pris tes décisions, toute seule. Emy fut frappée en plein visage par le fait qu'il l'ait si bien comprise, alors qu'elle n'avait jamais abordé ce sujet. Tout ce qui l'avait poussée à partir, à la laisser, tout résidait dans un seul mot. Sexe. C'était cela qui la bloquait tellement, qui l'avait toujours bloquée. Cela qui régissait le moindre de ses mouvements face aux hommes, et même face à lui. C'était ça qui l'avait fait devenir un monstre de froideur et de présomption face aux autres. Elle savait déjà qu'elle avait un gros problème par rapport à tout cela, mais le fait qu'il le lui dise, et de cette façon, l'achevait un peu plus à chaque parole. Elle ne voulait pas en parler, même pas y penser. Elle fut à nouveau saisie d'une peur monstre mais cette fois ci, elle n'était plus dirigée contre lui, elle était dirigée contre son propre esprit, et tous les souvenirs qui l'emplissaient. Tous ces souvenirs qui lui revenaient toujours à la figure, même aux moments où elle avait tout pour être heureuse. Toutes ses pensées sombres qui l'irradiaient chaque jour, à chaque minute. Chaque battement de coeur lui rappelait une nuit différente, une nuit passée à avoir peur, à voir mal. Toute ces nuits qu'elle aurait pu éviter, si seulement elle avait été honnête bien plus tôt, si seulement elle lui avait fait confiance, et qu'elle lui avait dit toute la vérité depuis le début. Il avait raison, elle ne voyait tout cela que comme un immense tabou, et lorsqu'il lui dit qu'il avait couché avec Joan, elle aurait aimé avoir les mains libres pour se boucher les oreilles. Elle ne voulait pas entendre ça, pas de lui, surtout pas de lui. Contrairement à ce qu'il pensait, elle ne l'avait jamais assimilé à tous les autres, ceux qui venaient au bordel. Comment aurait elle pu faire cela ? Mais lorsqu'elle avait vu Joan, et que la réalité l'avait frappée, elle avait préféré courir, loin, plutôt que de l'assimiler, lui, à cette chose atroce et douloureuse. Elle ne pouvait pas l'imaginer faire cela, c'était tout bonnement impossible. Ses entrailles étaient si serrées qu'elle en avait envie de vomir. Quelques secondes avaient passé, et elle avait toujours plus mal. Et pourtant, malgré cette souffrance dévastatrice elle parvenait toujours à le regarder, elle vit le sang perler au coin de sa lèvre, elle vit toute la haine dans ses yeux.
Je pouvais te pardonner ta méprise. Elle était plus que compréhensible. N'importe qui serait arrivé aux mêmes conclusions, je ne te retire pas ça. En fait, je te pardonnais tout le mal que tu me faisais, absolument tout jusque là. Je me sentais même coupable, vis-à-vis de toi, affreusement coupable d'avoir pu te faire de la peine de cette manière. Mais te rappelles-tu ce qui s'est passé, au cimetière, Emy ?! Te rappelles-tu ce que tu as fait, à ce moment-là ?! Parce que c'est ça, c'est exactement ça, que je n'ai pas pu te pardonner. La seule et unique chose, qui a fait naître en moi une colère que je n'aurais jamais pu imaginer auparavant. La pire erreur que tu aies jamais commise. La scène du cimetière revint de plein fouet dans la mémoire d'Emy, et elle essaya de s'en rappeler chaque détail. Mais tout ce qu'elle voyait, c'était toute la douleur qu'elle ressentait à ce moment là. Toute la haine, aussi. Elle n'arrivait pas à se projeter au delà de ça, parce qu'il venait de réveiller des sensations qu'elle pensait oubliées. Si la haine n'était plus là, elle se rappelait parfaitement de la souffrance qu'elle ressentait. Cette souffrance qui l'avait poussée à agir n'importe comment. Cette souffrance qui l'avait poussée à aller dans les catacombes, à se faire violer, une fois de plus. Elle avait beau essayer de toutes ses forces, elle ne comprenait pas de quoi il parlait, parce qu'elle fut, l'espace d'un instant, à nouveau aveuglée par ses propres sentiments, sans prendre en compte ceux qu'il avait pu ressentir. Cependant, elle voyait clairement quels sentiments l'habitaient désormais et ceux ci, elle ne pouvait passer à côté. Ils étaient là, sous ses yeux, et d'une telle puissance qu'ils la submergeaient.
Où étais-tu, quand j'avais besoin que tu m'écoutes ?! Qu'as-tu fais, quand c'était à ton tour de m'accorder une chance ? Le bénéfice du doute ? Quand c'était le moment où tu devais écouter ce que j'avais à te dire, quand c'était à moi de me faire pardonner mes erreurs ?! Je vais te dire, ce que tu as fait. Tu as fui. Lâchement. Tu as pris la décision pour nous deux, comme une égoïste. Le soir où j'aurais pu t'envoyer la plus grande claque de ta vie en pleine figure, où j'aurais pu décider de t'ignorer à tout jamais ; je t'ai dit que j'étais amoureux de toi, Emy. Toi, tu te souviens ce que tu m'as dit, quand je suis venu vers toi ? Tu m'as dit de ne pas te toucher. Tu imagines comme ça m'a fait mal ?! Tu imagines ce que tu aurais ressenti, si je t'avais rejetée aussi froidement que tu me l'as fait ?! Si je m'étais comporté comme si tu me dégoûtais ?! Tu m'as jeté toute ta haine à la figure, sans être capable d'ouvrir les yeux sur ta bêtise ! Après la chance que je t'avais donnée, tu m'as tout repris. Tu as tout détruit de tes propres mains, en un regard, en quelques mots. Tout était déjà si fragile, et toi, tu as donné là-dedans un grand coup de pied. Emy l'écoutait toujours, un peu plus dévastée à chaque mot qu'il prononçait, son regard toujours un plus désespéré de constater que chacune de ses paroles étaient vraies, et qu'il avait raison sur toute la ligne. Ce n'est pas de l'amour ça, Emy. C'est une trahison. Toute la souffrance qu'elle ressentait depuis plusieurs minutes, depuis le premier mot qu'il avait prononcé, explosa dans son regard et les larmes commencèrent à couler incontrôlables, dévastatrices. Elle s'était reproché beaucoup de choses, avait constaté beaucoup d'erreurs qu'elle avait commises mais jamais, jamais, elle n'avait perçu la réelle portée de ses actes. Jamais elle n'avait considéré cela comme une trahison. Elle avait vu tout cela comme de la méchanceté, de l'égoïsme, mais elle n'avait pas perçu que ses actes avaient eu une si grande portée.
Tu as trahi tout ce que nous étions, tu as trahi les enfants qui se couraient après dans les champs, tu as trahi les adolescents qui se sont retrouvés, tu as trahi nos sentiments, tu as trahi les efforts que j'avais fait pour toi, et toi pour moi. Quand tu as du faire un effort pour continuer de croire en nous malgré ta douleur, tu as choisi de refuser, pour ta propre protection. Tu as tout balayé d'un seul geste. Seule. Alors que je ne demandais que ton attention. Que ta confiance. Tu as trahi la promesse que tu m'avais faite de croire en moi. Tu as réduit mon amour à néant. Tu as tout rejeté, tout piétiné, comme si rien n'avait jamais existé. Comme si j'avais pu t'oublier aussi facilement. Tu m'as trahi. J'aurais pu tout accepter. Je l'avais déjà fait. Que tu sois distante, froide, menteuse, égoïste, absente. Mais pas traîtresse. D'un coup, tout m'est revenu à la figure, et c'est ta faute. Tu as pris la décision ; en voilà les conséquences. Tu m'as détruit. Tu as créé ma haine. Tu as créé ma souffrance, et ma rancoeur. Tu m'as retiré tout ce que j'avais de bon ! Les vannes étaient ouvertes et désormais, Emy n'arrivait plus à s'arrêter. Les larmes continuaient de couleur, de plus en plus violentes. Elles roulaient sur ses joues, descendaient le long de son coup pour aller s'écraser violemment contre le sol. Elle n'avait jamais vu les choses sous cet angle, mais maintenant qu'il le lui avait montré, elle ne pouvait se concentrer plus que sur celui là. Elle avait déjà blâmé tout le monde, lui compris, sur le pourquoi de la fin de leur relation. Elle s'était déjà dit qu'elle en était en partie responsable. Mais maintenant, toute la vérité lui explosait à la figure. Maintenant, elle se rendait compte que tout ceci était de sa faute, encore plus qu'elle n'aurait pu l'imaginer. Elle n'avait pas éclaté en sanglots et paradoxalement, sa respiration saccadée s'était calmée. Mais elle ne pouvait plus s'empêcher de montrer ses émotions, elle n'arrivait plus à prétendre qu'elle était surhumaine, que rien ne la touchait. Parce qu'il l'avait touchée, tellement profondément qu'elle savait qu'elle ne s'en remettrait jamais.
Ta trahison. Voilà ce que je n'ai pas pu te pardonner. Ce fut le coup de grâce. Elle aurait préféré qu'il la batte à mort, elle aurait eu surement moins mal. Elle s'en voulait tellement, tellement. Elle ne pouvait même pas mettre de mots dessus, tant la colère qu'elle ressentait contre elle même était puissante. Il l'avait dit, c'était elle qui lui avait tout pris. Elle qui avait créé la personne qui se tenait debout, les yeux explosant de haine. Elle s'était demandé pendant des jours ce qui avait pu lui arriver, ce qui avait déclenché une telle transformation en lui. Elle avait eu la réponse sous ses yeux, tout ce temps. C'était elle. Elle avait été son bourreau, elle avait engendré la mise à mort de la personne qu'elle aimait. Elle avait insinué en lui tous ces sentiments qui la frappaient désormais au visage. Elle avait envie de mourir. Pas pour s'enlever cette culpabilité gigantesque, mais dans l'espoir que cela le soulagerait, qu'elle pourrait expier toutes les fautes qu'elle avaient faites. Mourir d'avoir été un tel monstre.
Elle finit par réussir à libérer sa main qu'il tenait toujours prisonnière. Son corps était toujours secoué de violents tremblements. Pendant quelques secondes, elle le regarda, elle regarda tous les dégâts qu'elle avait fait à quelqu'un qui ne demandait qu'à l'aimer. Ses yeux partageaient toujours la détresse dans laquelle elle se trouvait, et combien il venait, à son tour, de la détruire. Elle continuait à pleurer, silencieusement, ne s'en voulant même plus de l'état de faiblesse dans lequel elle se trouvait. Elle finit par ouvrir la bouche, et sa voix eut des intonations que jamais personne n'avait entendu, pas même elle. C'était la voix de la douleur et de la culpabilité.
- Je n'ai jamais voulu que tout ceci arrive... Je suis désolée. Liam.... Elle n'avait pas prononcé ce prénom depuis des mois entiers. Elle ne s'était même pas autorisée à le penser. Et pourtant, elle savait désormais qu'il se tenait devant elle, contrairement à celle qu'elle avait pu croire, les jours précédents. Elle baissa le regard, consciente que ce qu'elle disait ne changerait rien, absolument rien. Je suis tellement désolée...
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Sujet: Re: All is fair in love and war & L. O'Loughlin Ven 14 Oct - 21:28
- Ta trahison. Voilà ce que je n'ai pas pu te pardonner. Et après ça, ce fut le vide. Essoufflé, les yeux écarquillés et toujours plongés dans les siens, il avait finalement pu épancher sa haine. Il avait finalement pu lui faire entendre tout ce qu'il avait à lui dire. Il avait finalement pu lui montrer à quel point elle l'avait dévasté, à quel point elle l'avait laissé en ruines. Une sensation étrange s'empara de Liam. Pas vraiment douce, mais pas désagréable. De l'accomplissement. C'était comme si on avait passé du baume sur ses blessures, et qu'elles s'étaient enfin arrêtées de saigner. C'était comme une sorte d'illumination. Pas vraiment complète, éclatante ou réjouissante ; mais une illumination tout de même. Il se sentait d'un coup moins lourd. Et il réalisa alors tout le poids que sa souffrance avait eu sur ses épaules. Il y avait été tant habitué qu'il avait fini par s'y accommoder. Se sentir si léger d'un coup le déstabilisa, et il resta immobile et silencieux un moment. Comme choqué par le calme qui se faisait en lui après la tempête qu'il venait de provoquer. Il y était parvenu ! C'était déroutant. Il se savait capable de le faire, de dire tout cela à voix haute, mais y penser et le faire étaient deux choses bien différentes. Trouver les mots pour formuler l'intensité de ce qu'il avait ressenti, cela n'avait pas été facile. Mettre des paroles sur des sentiments aussi puissants. Ne pas se tromper dans ses intentions. Ne pas se perdre dans ses souvenirs. Continuer de la regarder bien en face, alors qu'elle se décomposait à vu d'oeil. Mais il le fallait, et maintenant, c'était fait. Sa rancoeur, noire et impitoyable, était soulagée. Le pacte avait été respecté jusqu'au bout. Maintenant, Liam pouvait avancer. Plus rien ne le retenait, plus rien n'entravait son coeur ou son âme. Il était enfin apaisé. Cela ne voulait pas dire qu'il ne lui restait pas une part de haine, loin de là. Après tout, une bonne part de sa colère ne concernait pas Emy ou ce qu'elle avait pu lui faire. Et Liam restait quelqu'un de sombre. Il avait toujours tué des dizaines de gardes de la Milice. Il restait en quête de liberté, embarqué dans une révolte où il jouait un rôle crucial. Il voulait toujours obtenir gain de cause de ce point de vue là ; il allait toujours se battre, et la mort des victimes continuerait de l'atteindre. C'était inévitable. Seulement, il ressortait comme grandi de cette expérience. Comme s'il pouvait finalement, après des mois passés l'échine courbée, croulant sous le poids de ces souvenirs affreux, se redresser pour faire face au monde.
- Je n'ai jamais voulu que tout ceci arrive... Je suis désolée.La voix d'Emy lui fit un effet fulgurant. Son ventre se serra, en même temps que sa gorge. Il avait devant lui la souffrance personnifiée. Cela lui renvoyait le reflet de ce qu'il était encore, il y a quelques semaines. Quelques minutes. Liam.... Ses yeux s'écarquillèrent et ses lèvres s'entre ouvrirent, en état de choc. Il n'y pensait plus, mais il le réalisait à l'instant : cela faisait un an qu'il ne l'avait plus entendue prononcer son prénom. Cette prise de conscience le terrassa. Il voyait son visage ravagé par les larmes, et il savait qu'il venait de la détruire à son tour. Tout comme elle l'avait détruit. Leurs méthodes avaient simplement été différentes. Sur le mur, ses doigts se refermèrent dans le vide lorsqu'elle parvint à lui retirer sa main, sur laquelle elle tirait depuis le départ. Son contact l'avait brûlé, mais il n'avait pas voulu lâcher prise. Il avait au contraire voulu lui infliger cette morsure de la chair, car il soupçonnait qu'elle était exactement dans le même cas que lui. Il l'avait touchée. Il était allé à l'encontre de sa volonté. Il avait pris la décision, seul. Voilà, Liam s'était vengé. C'était hideux, et il le savait. Il n'allait pas fanfaronner à propos de tout cela. Ce qu'il venait de faire, cela faisait de lui quelqu'un de moche. Paradoxalement, c'était aussi ce qui le rétablissait dans son rôle d'être humain. Personne n'aurait pu supporter tout ce qu'il a été contraint d'endurer sans finir par craquer. Sans avoir besoin de commettre ensuite quelque chose d'aussi fort et d'aussi laid. Il se l'était très clairement dit, dans sa cellule : il ne serait plus un lâche, désormais. Il affronterait en face ses problèmes, et il les vaincrait. Liam était devenu un homme fort, et sûr de lui, mais certainement pas idiot : les sanglots d'Emy résonnaient à ses oreilles, et il ne pouvait y rester insensible. Il entendait sa douleur comme s'il s'agissait de la sienne, et, quelque part, c'était le cas. Je suis tellement désolée... Il se mordit les lèvres avec violence, rouvrant un peu plus la plaie qu'il s'y était faite, et qu'il ne remarquait d'ailleurs que maintenant. Ses deux mains étaient appuyées contre le mur de chaque côté d'elle, et ses ongles en griffaient la pierre humide. Il finit par détourner le regard du visage d'Emy, de ses yeux ravagés et en larmes. Sa voix n'eut plus aucune intonation haineuse. Elle était calme, apaisée par tout cela. Mais elle prenait maintenant des accents douloureux, et désolés.
- Je sais. Il retira lentement ses mains du mur, et son corps reprit une distance raisonnable avec le sien, pour enfin la laisser respirer. Mais j'avais besoin de te dire tout ça. J'avais besoin d'être égoïste, moi aussi, et de mettre les choses à plat. J'espère que tu comprends. Il reporta doucement son regard vers le sien. Plus de haine là non plus. Maintenant, on est quittes. Emy... Son regard dévia vers ses lèvres tremblantes. Ses poings se serrèrent. Tant de souffrance. Le destin les avaient vraiment choisis comme ses souffre-douleurs préférés. Liam replongea ses yeux dans ceux d'Emy. Ses lèvres s'entre-ouvrirent, et seul un murmure s'en échappa. Grave, subtil, juste fait pour lui glisser jusqu'à l'oreille. C'est fini.
Il recula d'un pas. Puis de deux.
- Tu as deux heures. Après, Noah viendra te chercher. Sa voix n'était peut-être plus haineuse, mais elle restait ferme. Il lui tourna le dos pour se diriger vers la porte. Il n'allait pas la ramener avec lui pour l'emmener vers les cuisines comme c'était prévu. Après ce qu'il venait de lui faire subir, il pouvait au moins lui accorder un peu de temps pour elle. Elle ne pouvait aller nulle part, de toute façon. Et elle avait toujours ses menottes, même si le lien entre chaque bracelet de bois était en fait trop long pour la gêner dans ses mouvements. Il mit sa main sur la poignée de la porte, et se figea. De dos à elle, il ne tourna que son visage, pour lui jeter un dernier regard. Il parla alors plus doucement, d'une voix plus mesurée, plus fragile, plus concernée.
- Ne fais rien de stupide, d'accord ? Et il partit sur ses mots, la laissant seule avec une petite bougie pour unique source de lumière.
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Sujet: Re: All is fair in love and war & L. O'Loughlin Ven 14 Oct - 23:57
Emy, toujours debout, immobile et dont les seuls mouvements étaient les tremblements de son corps fatigués, continuait de fixer le sol, comme si elle cherchait quelque chose auquel se raccrocher. Le sol s'était écroulé sous ses pieds, les minutes passées, et elle ne savait plus vraiment où elle se trouvait. Le choc qu'il avait provoqué en elle était d'une telle ampleur qu'elle n'en mesurait pas encore toute la gravité. Elle regardait toujours ce sol, stable en apparence, mais n'y voyait presque plus rien, un voile noir avait commencé à recouvrir ses yeux, rétrécissant petit à petit son champ de vision. Elle sentait qu'elle était glacée de toute part, presque aussi glacée que la mort. Une nouvelle fois, l'air vint à lui manquer, et il lui sembla étouffer dans cette pièce dans laquelle elle aurait préféré ne jamais rentrer. Je sais. Lorsqu'il se retira finalement, elle eut l'espoir que l'air reviendrait, qu'elle pourrait commencer à respirer. Mais rien de cela n'arriva, et elle restait dans la plus grande des détresses. Mais j'avais besoin de te dire tout ça. J'avais besoin d'être égoïste, moi aussi, et de mettre les choses à plat. J'espère que tu comprends. Elle comprenait, bien sûr qu'elle comprenait, comment aurait il pu en être autrement ? Mais comprendre ne diminuerait pas sa peine, cela ne la ferait pas se sentir mieux. Elle se demandait comment il avait pu vivre si longtemps avec tout cela sur les épaules. Surement parce que c'était elle qui ne lui en avait pas laissé le choix, après tout. Maintenant, on est quittes. Emy... Entendre son prénom sortir d'entre ses lèvres enfonçant de nouveau une lame de poignard en plein milieu de son coeur. Tout son corps se tendit, mais elle ne releva pas la tête. Elle se contenta de laisser les larmes couler toujours plus, les yeux résolument baissés vers le sol. Quittes. Oui. Il avait raison. Il l'avait fait souffrir autant qu'elle l'avait fait souffrir. Il lui avait tout balancé d'un coup, la détruisant complètement. C'est fini. Fini ? Pour lui, probablement. Mais pour elle, surement. Ce n'était que le début d'une longue période à venir où allait devoir se reconstruire, apprendre à vivre avec ses erreurs une bonne fois pour toute. Se reconstruire pour ne plus être une ombre. Non, tout cela était très loin d'être fini. Bien au contraire.
Tu as deux heures. Après, Noah viendra te chercher. Alors qu'il lui tournait finalement le dos, Emy se laissa glisser lentement contre le mur de pierres, anéantie. Le poids de la douleur était trop gros à porter, elle ne tenait plus sur ses jambes. Elle releva finalement son regard humide pour le regarder s'éloigner, consciente que c'était probablement la dernière fois qu'ils avaient eu une telle intimité, même si elle avait été négative. Elle aurait voulu se lever et lui courir après, mais son corps ne répondait plus à ses demandes. Ne fais rien de stupide, d'accord ? Elle perçut la différence de ton dans sa voix, et cela la chamboula encore un peu plus. Même dans ces moments là, il percevait ses intentions ? Il avait saisi qu'une fois de plus, elle voulait en finir avec elle, et avec toutes les erreurs qu'elle accumulait ? Sans un mot, elle le regarda sortir et refermer la porte derrière lui.
C'est alors qu'elle craqua vraiment. Ce qui avait été des pleurs silencieux devinrent de véritables sanglots. Elle était dans un état second, ne répondant plus de rien. Il lui semblait qu'elle criait, sans vraiment prononcer de mots. Elle hurlait contre elle même, contre la personne immonde qu'elle était, qu'elle avait toujours été. Contre ce monstre qu'elle avait créé de toutes pièces en lui, et qui l'avait transformé à un point inimaginable. Recroquevillée sur elle même, se tenant les cheveux presque jusqu'à les arracher, elle criait contre l'injustice du destin, qui s'était toujours acharné contre eux. Elle criait contre cette stupide guerre, qui l'avait aussi détruit. Elle passa des dizaines de minutes dans cet état de transe qu'elle n'avait jamais connu. Elle qui avait été toujours sur la réserve, voilà qu'elle était devenue complètement incontrôlable. Si quelqu'un était passé par là, il aurait surement cru qu'elle était folle à lier. Elle laissait exploser sa douleur qui raisonnait dans la petite pièce avec fracas. Il lui semblait qu'elle se vidait de son sang, que ses poumons s’asphyxiaient et que son coeur allait exploser de battre aussi rapidement.
Elle resta longtemps dans cet état de folie, jusqu'à se calmer, petit à petit. Une heure et demie devait avoir passé. Elle savait que bientôt, Noah reviendrait. Elle ne pouvait pas le laisser la voir ainsi, personne ne devait la voir dans cet état. Elle voulut prendre une grande inspiration pour se calmer mais fut prise d'une quinte de toux phénoménale. Elle n'arrivait vraiment plus à respirer. Elle posa sa tête sur ses genoux, essayant de reprendre contenance par tous les moyens possibles. Lentement, elle finit par se calmer. Il ne lui restait plus que quelques minutes pour reprendre une apparence normale. Elle finit par se lever, en s'aidant du mur. Elle avait les jambes qui tremblaient tellement que ses genoux s'entrechoquèrent. Elle jeta un regard sur le mur, et y vit les marques que le poing de Liam y avait laissé. Son coeur se serra, mais elle ne se remit pas à pleurer. Elle s'appuya de nouveau contre le mur, et attendit. Finalement, la porte s'ouvrit, et elle vit la silhouette du rebelle se dessiner dans l'embrasure.
- On m'a dit de venir te chercher. Elle ne répondit pas, et se dirigea lentement vers lui, presque voutée par le poids de tout ce qu'elle venait d'apprendre. Alors qu'elle allait passer la porte, il lui bloqua le passage avec le bras. Dans sa main, il tenait une miche de pain. Tiens. Le garde m'a dit que tu ne t'étais pas nourrie depuis que t'étais là. Emy regarda successivement le rebelle puis le pain, qu'elle finit par saisir. S'affamer ne la mènerait nulle part. - Merci. Sa voix était rauque, mais on pouvait néanmoins distinguer dans celle ci qu'elle était sincère. - Allez maintenant, la cuisine t'attend pour de bon !
FIN.
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