Reputation Famille: O'Loughlins Age du personnage: 24 ans Relations :
Sujet: A whole world fades away # Liam Lun 14 Mar - 22:24
Cela fait une semaine que Liam s'est fait agresser dans la rue en pleine nuit. Il a repris le travail depuis hier. Ses blessures guérissent, lentement mais surement. La plus douloureuse reste sa côte, qui le rappelle à l'ordre dès qu'il reprend son souffle. Tout le temps, en somme. Mais avec le temps, il s'y est habitué, et a trouvé la force de reprendre le travail au Royal Crescent et à la Pump Room, notamment. Il n'a pas d'autre choix : ils sont bien loin de rouler sur l'or...
Liam est sur le chemin du retour, accompagné de Balto. Il est tard dans l'après-midi, et le soleil réchauffe encore la ville, mais plus pour longtemps. Il n'a pas peur de se promener seul. Bien sûr, l'idée qu'il puisse retomber sur les trois inconnus qui l'ont tabassé ne l'enchante pas, mais il ne peut tout de même pas rester reclus à la maison pour l'éternité. Alors il continue de se rendre à son travail et d'en revenir, par les mêmes chemins qu'auparavant, peut-être sur ses gardes, mais voilà tout.
Liam a hâte de rentrer. Son ventre est vide, et il s'impatiente de pouvoir le remplir et de pouvoir enfin s'asseoir pour souffler deux minutes. C'était à croire que ses employeurs n'avaient pas conscience que lui et les autres domestiques étaient des êtres humains, avec leurs limites...
Enfin, il aperçoit la modeste façade de sa maison. Il soupire de soulagement, et pousse la porte d'entrée quelques secondes plus tard. Liam découvre Joan, qui tourne le dos à l'entrée, affairée dans la partie cuisine de la pièce principale. Cela tombait très bien, Liam allait pouvoir finalement soulager son appétit...
Balto aboie gaiement comme pour saluer Joan à la place de Liam, qui ne dit rien. La situation entre eux est étrange, depuis une semaine. Depuis bien plus longtemps en fait, mais plus particulièrement depuis la semaine dernière, il est vrai. Depuis qu'il lui a rappelé à juste titre qu'ils n'étaient pas un couple. L'un comme l'autre prend ses distances. Joan a bien compris le message. Elle s'est rappelé que cette situation n'est que provisoire. Elle se demande parfois comment elle a pu l'oublier. Pourtant, elle n'a jamais pensé à garder les choses comme elles sont pour toujours. Elle n'éprouve même aucun amour, si ce n'est une grande amitié, pour Liam. Mais c'était sans doute l'habitude qui avait agi en sa défaveur... L'habitude et la peur de se retrouver seule un jour, pour de bon.
Liam approche de la cuisine, se place à côté d'elle, puis finit par lui demander comment elle va, pour briser le silence. Les efforts pour maintenir entre eux une relation "cordiale" viennent une fois de l'un, une fois de l'autre, selon leurs humeurs respectives. Mais Joan ne répond pas. Liam remarque qu'elle tient un couteau à la main, une pomme de terre à l'autre, mais qu'elle n'en fait rien. En fait, elle est comme statufiée depuis qu'il est rentré.
- Joan ?
Elle se retourne face à lui dans un petit sursaut. Il l'a visiblement sortie de ses pensées, et vu le regard qu'elle lui lance à présent, celles-ci devaient être tumultueuses.
- Tout va bien ?
Mais Liam n'obtiendra pas de réponse. Joan baisse les yeux, pose ce qu'elle tient sur le petit comptoir en bois de la cuisine et sort de la poche de son tablier un paquet. Elle ne peut pas parler... Elle ne sait pas comment lui dire. Qu'elle est finalement venue. Qu'elle est venue mais qu'il n'était pas là...
Liam ne comprend pas encore le comportement de Joan. Il ouvre le petit paquet contenant le collier de Frederick, puis, en l'espace d'une seconde, tout s'éclaire. Sa poitrine se serre et un frisson le parcourt alors qu'il prend le collier entre ses doigts.
- Elle était là, ose doucement Joan, qui semble avoir retrouvé la parole. - Que... Quoi ? Liam ne réalise pas encore. Il regarde le collier dans sa main, les yeux écarquillés. Son coeur bat n'importe comment et le sang lui vrille aux tempes. S'il reste immobile, déstabilisé, il est en fait plongé dans un état de pure panique. Machinalement, il regarde la porte d'entrée. Il la regarde comme si Emy avait pu se tenir là, à attendre qu'il la remarque enfin. Mais elle n'est pas là. Plus là. - Liam, je... Mais la phrase meurt dans sa bouche. Joan ne sait même pas ce qu'elle voulait lui dire. Elle ne s'était tellement pas préparée à ça ! L'avoir en face d'elle lui avait fait tout drôle. Elle n'avait pas compris immédiatement, mais il lui en avait fallu peu, en fin de compte. Elle avait vu Emy. Celle dont elle entendait parler nuit et jour depuis maintenant huit mois.
- Qu'est-ce que... Est-ce que... Elle a dit quelque chose ? Comment... Elle était... Les paroles de Liam sont trop confuses. Il ne sait pas par quelle question commencer. Il ne sait pas quoi penser. Elle... Elle était venue ! Il ne quitte pas le collier des yeux, comme s'il pouvait lui renvoyer son image. - Liam, tu n'étais pas là. Et... Et Emy, elle... Il n'y avait que moi.
Et tout s'éclaire. Tout s'effondre. Liam redresse la tête pour regarder Joan. Il comprend son air étrange, son air qui dit qu'elle souffre, qu'elle ne va pas bien... Non, Joan ne peut pas aller bien alors qu'elle sait. Alors qu'elle a senti dans le ton d'Emy qu'elle n'appréciait pas du tout sa présence dans la même maison que Liam. Alors qu'elle l'a vu dans ses yeux. Cette tristesse, puis cette froideur...
Liam ne peut plus rien dire. Il sent que sa main se serre sur le collier, alors même que ses bras tombent. Joan n'a rien besoin d'ajouter. Liam réalise tout à fait ce qui s'est passé. Et a-t-il besoin qu'elle lui raconte les détails ? Elle est venue et a trouvé Joan, une inconnue, une femme, sous son toit. N'importe qui en aurait tiré les mêmes conclusions.
Liam sent que le sol s'effondre sous ses pieds. Alors qu'ils étaient arrivés au tournant de quelque chose, voilà que tout... Tout s'effondrait une nouvelle fois. Il perd l'équilibre un moment, le regard dans le vague, et s'appuie contre le mur dans son dos. Il rit. A la place de pleurer. D'un rire triste, douloureux, nerveux. C'était forcément une plaisanterie... Cela ne pouvait pas se passer comme ça ! Cela ne pouvait pas... Que pense Emy de lui en ce moment ? Qu'il a... Avancé sans elle ? Avec une autre qu'elle ? Qu'il l'a oubliée ? Qu'il ne pense pas à elle ? Qu'il l'avait juste mise au courant pour la mort de son père par politesse ?
Liam porte un poing à ses lèvres. Il a un haut le coeur. Pourquoi... Pourquoi n'était-il pas là ? Pourquoi avait-il fallu qu'il travaille à cette heure-là ? Pourquoi n'avait-il pas pu lui ouvrir cette putain de porte lui-même ?! Pourquoi ?... C'est horrible. Il ne veut pas comprendre. Il ne veut pas réaliser. Il tremble d'effroi. Non, ça ne peut pas être arrivé, ça ne peut pas ! Et pourtant, c'est bel et bien le collier de Frederick qu'il a entre les doigts.
De rage, de désespoir, il se cogne l'arrière de la tête contre le mur. Pourquoi avait-il fallu que ça se passe comme ça ?! C'était... C'était injuste ! Après tout ça, tout ce temps, tous ces foutus mois ! Il n'avait attendu qu'une seule chose... Et tout tombait à l'eau ? Parce que Joan lui avait ouvert ? Il n'aurait donc aucune chance de lui parler, de la voir, de lui expliquer ? Aucune chance...
Quelle putain de coïncidence. Quel putain d'acharnement du sort. Liam n'en peut plus. Sa gorge se noue désagréablement. Mais il s'en fout. Il se fout de sa côte qui lui fait mal, il se fout de ce que lui dit Joan en ce moment. Il se fout de savoir s'il va chialer devant elle ou pas. Il... Il s'en fout. Parce que tout s'est effondré d'un coup. Plus rien n'a d'importance. Tant qu'elle le croit capable d'en aimer une autre, tant qu'elle ne sent pas, qu'elle n'a pas son instinct qui lui hurle qu'il l'aime, plus rien n'a d'importance.
- Elle était étrange, comme... perdue et... Les mots de Joan sortent difficilement de sa bouche. Liam est dans un sale état. Il la regarde sans la voir. Il ne l'écoute probablement pas. Et elle ne sait pas quoi faire. Je ne sais pas, Liam... Je crois qu'elle était... Distante.
A-t-elle vraiment cru ce qu'elle a vu ? Aussi facilement ? Comme ça, sans se poser plus de questions, sans chercher à savoir... Elle a juste conclut qu'il avait refait sa vie. Qu'elle avait devant elle celle qu'il aimait désormais. Mais...
« Idiote ! Comment tu peux... C'est tellement irréel ! Comment j'aurais pu t'oublier en huit mois ? Comment j'aurais pu avancer sans toi ? Comment j'aurais... Pu... Arrêter de penser et... Arrêter, juste arrêter... C'est impossible. C'est tellement impossible. Que moi, j'avance sans toi. Que je vive autre chose dont tu ne fais pas partie. Idiote, idiote, idiote ! Mon monde n'a toujours tourné qu'autour de toi ! Et ça, ce serait révolu ? Comme ça, comme par magie ? Mais... Non ! Non, tu ne peux pas croire ça ! Tu... Tu le sais, tu dois le savoir ! Bon sang... Emy... Emy ! Tu l'as toujours su, au fond, non ? Que tu es... Tu es tout pour moi. Alors pourquoi ? Pourquoi ne m'as-tu pas attendu ? Juste une heure ou deux ? Pour m'avoir en face, pour l'entendre de ma propre bouche ? C'était trop long ? Après huit mois interminables, deux heures, c'était trop demander ? Rien que deux heures ! Deux heures et je te le disais... Deux heures et tu savais. Deux heures et je t'aurais enfin retrouvée. Deux heures et "Je t'aime."
Non, tu ne peux pas croire ça... Ce n'est pas... possible... Tu me connais, bon sang ! Qu'est-ce que tu crois ? Qu'est-ce que tu as en tête ? Tu me crois vraiment capable de... Mais comment je pourrais t'oublier ? Tu me hantes ! Je ne peux pas même quand j'essaie ! A quoi est-ce que tu penses, hein ? A quoi est-ce que tu penses quand tu te dis que j'en aime une autre que toi, bordel ?! Tu ne le sens pas ? Qu'il n'y a que toi ? Tu ne le réalises pas, tu ne comprends pas la signification de toutes ces années ? Tu me crois inconstant ? Tu crois qu'en sacrifiant nos liens à Meryton, je me débarrassais de mon amour pour toi pour toujours ? Tu crois que c'est aussi facile ? Je crève pour toi ! JE CREVE, ET TU NE LE SENS PAS, ÇA ? Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu crois avoir si peu de valeur à mes yeux ? Pourquoi n'oses-tu pas te dire que rien ni personne, ni même le temps, ne pourra me détourner de toi ? Pourquoi ne te dis-tu pas que je suis Liam... Que Liam sans Emy n'est rien ? C'est trop dur à concevoir ? Que je puisse t'aimer aussi fort ? »
« Mais c'est ma faute, n'est-ce pas ? Si tu crois toutes ces choses, ce n'est que ma faute. Parce que je n'ai jamais rien fait de suffisant... Je n'ai jamais rien fait pour te montrer à quel point tu comptes. Je n'ai jamais rien fait... Et la seule fois que j'en avais l'occasion, je l'ai laissée filer. J'ai cru que tu avais plus besoin de ta réelle famille, de ta soeur. J'ai cru que tu ne pouvais plus supporter votre séparation, j'ai cru que c'était bon pour toi. J'ai cru... Et j'ai peut-être eu tort moi aussi, de croire. Je ne me suis pas battu pour toi. Je t'ai suivie de loin, j'ai marché dans ton ombre, sans jamais oser te rattraper. Sans jamais oser te confronter et t'avouer ma lâcheté en face. Mais j'avais tellement peur... Tout ça n'était que de la peur. Car en me réalisant si petit, si minable, aurais-tu encore eu des raisons de vouloir de moi ?
Je pourrais me dire que c'est mieux ainsi. Que tu vas avancer de ton côté en me croyant parti du mien. Que tu vas être heureuse. Peut-être que c'est déjà le cas, au moins un peu ? Voilà, tu vas trouver quelqu'un de bien. Tu vas l'épouser et tu l'aimeras et il t'aimera. Peut-être que vous aurez des enfants. Ils seront beaux parce qu'ils te ressembleront. Tu seras heureuse.
Mais vois-tu, je n'ai pas envie. Non, je n'ai pas envie de te laisser croire à une connerie. Je n'ai pas non plus envie que tu sois heureuse sans moi. C'est bête, hein ? Moi non plus, je ne me savais pas si égoïste. Je n'ai pas envie de te laisser partir. Alors je vais te rattraper. Je ne sais pas où, ni comment. Mais je vais le faire. Et tant pis si tu ne me crois pas, tant pis si j'ai perdu toute ta confiance, tant pis si je repars de zéro. Je le ferai. Je le ferai parce que je ne peux pas faire autrement. Je ne peux pas concevoir une autre existence. Je le ferai parce que c'est ce que font ceux qui aiment. Ils se battent sans relâche contre chaque obstacle, quitte à tomber, quitte à mordre la poussière. Mais ils se relèvent sans cesse, non ?